lundi 22 juin 2015 - par Aimé FAY

Le « bank run » en quelques mots

Bank run : courir vers sa banque − ses agences et les distributeurs automatiques de billets − pour y retirer son argent.

Cette expression anglaise est couramment utilisée lorsque le public panique après avoir appris que sa banque est en faillite ou que des rumeurs, fondées ou non, circulent sur sa probable future insolvabilité, fermeture.

Richard Cantillon (v. 1680-1734) notait déjà cet état de crise "[...] les porteurs allaient en foule à la banque pour retirer leur argent [...]." 1

Beaucoup de "bank run" ont émaillé les nombreuses crises bancaires depuis le 18ème siècle 2. Ceux de la crise de 1929 font encore référence. Quelques exemples plus proches de nous :

- les 18 et 19 juin 2015, les banques grecques doivent faire face à un mini "bank run", car beaucoup de Grecs craignent que leur pays sorte de la zone euro et que la drachme soit de nouveau leur monnaie nationale. Si c'était le cas, le cours de la drachme pourrait être fixé arbitrairement à : 1 drachme = 1 euro… ou moins, voire peut-être beaucoup moins. De toute façon, si le cours de la drachme est laissé flottant, c'est le marché des changes (marché international qui fonctionne 24h/24) qui décidera de son cours. Cours fixé en fonction de la qualité de l'économie grecque, de celle de ses dirigeants… et autres multiples considérations.

Pour faire face à ce mini "bank run", la Banque centrale européenne (BCE) a été obligée d'accroître ses liquidités d'urgence aux banques grecques, via la Banque nationale de la Grèce. Liquidités sous forme de monnaie centrale (billets en euros et autres engagements intérieurs bancaires), les fameuses ELA (Emergency liquidity assistance) dont le plafond de la BCE a été exceptionnellement porté à 84,1 milliards d'euros, pour que le système bancaire grec reste in bonis.

- en mars 2013, le système bancaire de Chypre (pays aussi de la zone euro) est en faillite. Les déposants font la queue devant les agences de leur banque et les distributeurs automatiques de billets, dans l'espoir de retirer leurs fonds. Les banques de ce pays resteront fermées durant 12,5 jours (jusqu'au 28 mars midi). L'une d'elles, la Laïki bank, sera définitivement fermée… sans préjudice pour les dépôts inférieurs à 100 000 euros ;

- en septembre 2007, la banque britannique Northern Rock est en faillite. Les files de déposants s'agglutinent devant les portes de ses guichets et vident les distributeurs automatiques de billets. La banque sera finalement sauvée par la Banque d'Angleterre, puis nationalisée en 2008.

1. Essai sur la nature du commerce en général, chap. VIII, p. 171-172.

2. Dont fait état Clément Juglar (1819-1905, docteur et économiste) dans : Des crises commerciales et de leur retour périodique (Éd. 1862)

Crédit photo : A Run on the Bank (in The new Observer).



10 réactions


  • CN46400 CN46400 22 juin 2015 10:23

     « car beaucoup de Grecs craignent que leur pays sorte de la zone euro et que la drachme soit de nouveau leur monnaie nationale. »


    Faux, ceux qui retirent leurs avoir le font car ils craignent la fermeture pure et simple des banques et qu’ils ne veulent pas se retrouver sans liquidités. C’est un acte de défiance vis à vis de la BCE qui est soupçonnée d’envisager de ne plus couvrir les banques grecques bien qu’elles soient toujours, comme toutes les autres banques de la zone euro sous sa protection ! C’est le résultat de rumeurs anti-Syrisa répandues par les milieux bourgeois grecs.

  • HELIOS HELIOS 22 juin 2015 12:42

    On peut même supposer, que pour une periode transitoire, les banques européennes -en général- donc les banques en France, bloquent les cartes grecques,

    Les pays voisins de la grèce verrouillent aussi leurs distributeurs et même, on peut penser qu’une limitation globale des retraits « guichet » c’est a dire direct soient bloquer ne laissant la possibilité aux gens de ne retirer QUE dans leur agence et un montant fortement limité, genre 3000 euros !

  • Auxi 22 juin 2015 16:17

    On se demande bien de quel droit les banques limitent voire interdisent l’accès à un argent qui ne leur appartient pas.


    • mimi45140 22 juin 2015 23:28

      @Auxi
      On se demande comment nous faisons pour être aussi con , pour mettre notre argent dans des endroits aussi risqués.


    • Auxi 23 juin 2015 15:05

      @mimi45140

      Exact, mais avons nous le choix ? Essayez donc de vivre sans compte en banque… La moindre démarche implique qu’on fournisse une identité bancaire.

    • j-p. bédol 23 juin 2015 15:30

      @Auxi

      Parce qu’elles ne l’ont plus. Elles l’ont prêté. C’est le concept de transformation. C’est aussi celui de « monnaie de banque », dite monnaie scripturale. Heureusement, sinon les caves des banques seraient remplies de milliers de tonnes de billets (monnaie fiduciaire).


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