jeudi 25 avril 2013 - par ddacoudre

Le ciel n’est pas bleu, l’économie non plus

Arriverons-nous un jour à faire une humanité intelligente. Ceci ne veut pas dire que nous soyons sots, depuis que je lis des ouvrages sur l’intelligence il ne faut en retenir que la capacité de notre cerveau de faires les associations que commandent nos sens pour la survie de son être.

Cela est fortement réducteur au premier regard pourtant par le développement des savoirs accumulés depuis des siècles et fortement accélérés ses cinquante dernières années nous savons que seuls nos sens ne suffisent pas à qualifier l’intelligence car ils sont trompeurs, mais fortement prégnants. Quand nous regardons un ciel dégagé de nuages nous disons qu’il est bleu et qualifions souvent la planète de planète bleue. Nous savons grâce à la science qu’il n’en est rien, c'est-à-dire qu’une raison vitale a poussé un certain nombre d’entre nous toujours dans son intérêt individuel de chercher la raison des choses et de trouver une association qui s’insère dans le déroulement de l’existence collective qui est la nôtre. Le ciel n’est donc pas bleu puisque cette déduction trompeuse n’est dû qu’à notre regard alors que la science nous dit que c’est l’épaisseur des gaz de la couche atmosphérique qui lui donne cette teinte. Ainsi chaque fois qu’un être nait nous devons lui apprendre cela, comme nous lui apprenons que la couleur du ciel qu’il voit est bleue, parce que nous avons qualifié ainsi par un mot la vision de ce ciel que les gaulois parait-il ne voulaient pas recevoir sur la tête certainement quand il était chargé de lourds nuages noirs.

Il semble donc que notre intelligence se mesure à la capacité d’associer les informations que l’on reçoit et à ne pas rester aliéné à leur désignation. Tout est donc relatif et crée de la sorte un conflit naturel entre la nécessité d’être assuré de la vision de notre monde et son déroulement malgré toutes ses erreurs qui ne se font jour qu’au fil du déploiement de leur connaissance dans un curieux processus dont nous ignorons les règles précises. Toutefois nous avons au moins compris que savoir que le ciel est bleu n’est pas nécessaire à l’existence de l’humanité, sinon cela s’inscrirait dans nos gènes comme un caractère inné.

Malgré cela à force de chercher le pourquoi des choses nous en sommes arrivés à être capable de leurs modifications et créer ainsi des espèces nouvelles par la main humaine. Nous trouvons cela extraordinaire est nous pensons que notre intelligence à réorganiser des savoirs accumulés chez certains d’entre nous n’est pas une œuvre naturelle qui appartient à la vie planétaire dont nous sommes un élément actif comme tout ce qui s’y trouve. Il n’en est rien, notre activité humaine modifie la vie et la planète comme la pollinisation a modifié des variété de plantes.

Nous savons aujourd’hui que tout ce qui y vit a subi depuis des millénaires des mutations donnant des variétés au détriment d’autres qui s’appauvrissent et disparaissent si elles ne peuvent s’insérer dans une « collaboration » réciproquement profitable.

Si nous rapportions cela à l’existence humaine je pourrais dire que nous ne sommes attentif qu’à ce qui s’oppose, des dominant et des dominés, car c’est le regard primitif et ne percevons pas, puisque nous sommes des acteurs intégrés dans la perception de cette vision, de tout ce qui concours à notre insu à une collaboration profitable.

Je n’ai bien sûr pas fait une découverte en disant cela, puisque l’axiome d’Adam Smith le développe : « Chaque individu met sans cesse tous ses efforts à chercher, pour tout le capital dont il peut disposer, l’emploi le plus avantageux : il est bien vrai que c’est son propre bénéfice qu’il a en vue, et non celui de la société ; mais les soins, qu’il se donne pour trouver son avantage personnel, le conduisent naturellement, ou plutôt nécessairement, à préférer précisément ce genre d’emploi même qui se trouve être le plus avantageux à la société… », « A la vérité, son intention en général n’est pas en cela de servir l’intérêt public, et il ne sait même pas jusqu’à quel point il peut être utile à la société…. », « Il ne pense qu’à son propre gain en cela, comme dans beaucoup d’autre cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler.  » (A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.)

N’empêche que le déroulement de l’activité humaine nous démontre que ce n’est pas tout à fait cela, sans que pour autant il ait totalement tort, hormis de l’avoir défini comme processus d’un développement de la richesse des nations, car la pollution qu’elle a engendré déroule une évolution destructrice de notre civilisation industrielle et progressiste actuelle.

 

Alors pouvons-nous dérouler un raisonnement qui nous conduirait à dire que l’espèce Humaine, de par sa capacité destructrice intra-espèce qui émane de chaque individu, est vouée pour être en harmonie à vivre isolément et ne se retrouver que pour la copulation sélective ?

Et ne peut-il y avoir de communauté que parce que l’Un est capable de soumettre les Autres à partir de l’instant où l’homme a dû se regrouper pour chasser ?

 

Certainement je peux oser le dire pour imaginer l’origine de nos comportements qui se sont structurés autour d’interdits afin d’assurer une cohésion et une sociabilité du groupe ; et partant de là considérer que toute organisation et idéologie qui conduiraient à favoriser l’individualisme égocentrique et la famille mono parentale (mère enfant exclusivement) nous rapprocherait de nos origines comportementales.

Sauf qu’aucune trace d’étude paléoanthropologique ne permet de le dire, hormis le constat suivant : « Avec les premiers hommes naît une notion nouvelle formée de la flexibilité adaptative, c’est à dire la possibilité de s’intégrer au groupe, et de l’homogénéisation par la culture ; dans la mesure où l’apport culturel pèse plus que le milieu naturel ».

Mais voilà cela nous ramène à idéologique Africanus entre 2 et 3 millions d’années, avant l’homo habilis 2 millions d’années qui lui déjà vivait en groupe et utilisait des outils qui se transmettent par l’appris, preuve d’une. Aujourd’hui nous avons une conscience culturalisée, qu’elle soit due ou non à une erreur de l’évolution, qui est capable de « tromper » l’innée, de tromper l’inconscient. C’est à dire que nous sommes capables de lui donner une image de lui, de lui donner une projection de lui-même recomposée par notre activité cognitive.

 

C’est cela que nous faisons en ayant développé une activité culturelle, et cette activité se trouve souvent en confrontation avec l’inné, duquel nous exigeons qu’il se plie aux usages culturels. Nous demandons à la réalité sensible (biologique) de se conformer à l’image de la réalité qu’elle a traduite (cognitive) pour donner une nouvelle réalité « bio cognitive » qui affectera à nouveau le biologique et le cognitif.

Sauf que les évolutions demandent des millions d’années avant de s’inscrire peut-être dans les gènes, et que durant ce laps de temps ceux-ci veillent à reproduire les structures pour lesquelles ils ont été conçus.

Ainsi l’individualisme égocentrique ne serait qu’un retour aux sources, et il ne supporterait pas l’Autre. Il se serait ou aurait été contraint à s’identifier dans la famille, le clan, le groupe, la culture, il se serait ou serait sorti de la soumission à l’autre, et il ne manquerait qu’à lui permettre se s’associer pour le conduire à l’espèce.

Pourquoi alors un égocentrisme qui nous aurait conduits à l’évolution durant 2 millions d’années en quelque 4000 ans (premier charnier de l’âge du bronze), nous mène à l’auto destruction ? Peut-être parce que l’égocentrisme s’accommode fort mal d’une organisation économique construite autour de lui et définie par l’axiomatique d’Adam Smith. C’est à dire que l’égocentrisme permet de faire face aux situations qu’il juge lui être hostile pour le développement de l’organisme biologique qui le porte.

On peut donc en conclure que son expression ne tient qu’au constat de la perception d’un environnement hostile, or aujourd’hui celui-ci est le produit et la création d’une conscience, d’une intelligence, que nos sens seuls ne peuvent plus décrypter sans apprentissage, sans intelligibilité du global par le local, du monde par l’Homme, sauf que c’est l’Homme qui regarde le monde et en donne une définition (le ciel bleu). Et cet apprentissage va lui proposer des schémas de fausses certitudes sans cesse hostiles, que l’on doit en permanence anticiper, car toute organisation va se désorganiser et créer une incertitude ressentie comme hostile. Et si nous regardons l’univers, notre monde, nos cultures, nos États, nos régions, nos communes, nos villes, nos groupes, nos clans, nos familles, un individu, une cellule organique, tous répondent à cette constante. Cela correspond au principe de la géométrie fractale découverte par Mandelbrot que tout ensemble est composé dans l’infiniment petit de la même structure que l’ensemble qu’il compose : d’une invariance d’échelle. Ainsi, rien n’échappe à l’égocentrisme, ni nous, ni nos États, ni nos cultures, ni le monde, et c’est de notre habileté à l’ordonner que dépend notre bonheur éphémère sans cesse renouvelé.

 

Il n’y a donc aucune raison à notre regard que nos organisations économiques ne soient autre chose que le reflet inconscient de l’Un qui soumet les Autres ou de l’Un qui veut vivre seul. Nous pouvons donc nous interroger pourquoi elles ne conduisent pas à un épanouissement harmonieux malgré le confort qu’elles ont apporté. Et à travers elles, nous mettons donc en danger cette fabuleuse capacité qu’est la conscience qui nous donne la faculté de nous associer, de synthétiser les informations que nous captons pour nous associer, parce que nous baignons dans une « structure » qui nous le permet. Et en cela il n’y a rien de contre nature, car la nature c’est notre universalité, l’univers de forces physiques en mouvement qui favorisent la création par l’organisation biologique.

Cette évolution Humaine, certains la qualifient d’hominisation, mais les individus n’en seront porteurs que si l’environnement est de nature à exiger l’adaptation de l’inné, c’est à dire que cela peut venir d’une activité « collectiviste » de ses membres, « du culturel événement en soi ». Je ne pense pas qu’il y ait un déterminisme absolu, mais plus une dynamique « dépense » aléatoire du traitement des informations qui nous constituent, que nous devons ajuster à la mémoire originelle universelle de ce que nous sommes, notre inconscient qui génère l’égocentrisme.

Les maîtres anciens de l’Inde et de la chine l’appelaient « le Vieil homme » ; celui qui se cramponne à cette conscience qu’il a durement acquise après que sa vie ait traversé d’innombrables souffrances et plaisirs anonymes pour être ce qu’il est. Et qui ne voulant pas abdiquer se cramponne dans notre mémoire (inconscient), et agit dans ce sens en notre insu. 

Il est donc nécessaire de comprendre que quelqu’un qui dispose d’une certitude absolue peut se suicider car il est déjà mort. En fait c’est un mort vivant qui ne pourra plus rien apporter au monde, hormis sa destruction, car pour vivre il ne peut développer que la mort qu’il porte.

 

Le débat et les manifestations contre le mariage homosexuel ont démontré comme quoi nous sommes beaucoup plus attachés à la couleur du ciel que nous voyons et dont nous avons fait l’apprentissage qu’à la recherche de la réalité de ce qu’est la vie par les Savoirs d’elle que nous découvrons.

Ce raisonnement vaut aussi pour la politique économique que nous vivons et l’on ne peut pas dire que ce soient des citoyens non instruits qui s’attachent à ce bleu libéral capitalistique, mêmes si les Savoirs nous disent que nous avons modifié la vie sur la planète et que nous devrons nous ajuster aux résultats de nos actions.

Pourtant la plupart d’entre nous restent attachés à cet intérêt individuel qu’Adam Smith, définit par les Savoirs de son temps comme essentiel au développement de la richesse des nations.

Si mon article va dans ce sens également, est-ce parce que mon regard serait plus juste qu’un autre ou simplement parce que un jour j’ai appris le sien. Beaucoup ayant appris le sien l’on adapté au déroulement de la vie économique et de la richesse qui en découlent sans s’occuper de tous ces gaz, toutes ses milliard d’actions d’acteurs économiques qui participent à la couleur de l’économie qu’ils voient bleu, et son incapable d’en changer car ils s’organisent par apprentissage pour qu’elle soit bleue, s’instruisant des mêmes choses, lisant les mêmes choses, comme le rapporte le Papalagui.

Si nous signifions encore notre part d’ignorance par l’existence d’une main invisible, de plus en plus sa visibilité nous la confions à des machines intelligentes qui aussi performantes soient-elles nous aliénerons un peu plus à la couleur qu’elles nous donnerons. Elles viendront dangereusement remplacer ce « Pères » à la recherche duquel nous sommes perpétuellement.

Pourtant des « machines » intelligentes il y en a 7 milliards, il suffit de remplir leurs cerveaux des Savoirs disponibles et ce sera, non une machines intelligente que nous aurons, mais 7 milliards, milliards d’individus qui ont une place unique et une singularité unique, nous aurons ainsi « pollinisé » des cerveaux dont il ne peut surgir que de la diversité puisque chacun est singulièrement unique.

 

C’est notre défi dans ce siècle, les Savoirs ne peuvent être enseignés dans le laps de temps qui est celui de la scolarisation actuelles, et les familles n’en disposent quasiment pas car elles ne lisent pas ou peu et la vulgarisation nécessaire est limitée. La vulgarisation des Savoirs ne trouve pas de place dans l’existence des individus qui consacrent leur temps au travail, aux loisirs, aux temples de la consommation, et ne les reçoivent qu’épisodiquement dans un déferlement d’informations tronquées, manipulées voire fausses durant les périodes électorales.

 

En peu de temps nous avons édifié un monde d’initiés, de spécialistes qui creusent l’écart qui les séparent du citoyen lambda malgré qu’ils soient globalement plus instruit qualitativement, c’est du moins ce que démontre le contenu des débats et l’approche de nos problèmes. Il ne s’agit pas donc de dire que les citoyen manquent de bon sens ou d’intelligence, mais seulement qu’ils ne peuvent tenir compte que tout ce qu’ils n’ont pas appris. Ils chercheront donc dangereusement celui en qui ils les trouveront, non comme possesseurs des Savoirs, mais de ce qu’ils se font comme idées de leurs espérances en fonction des leurs.

Si nous voulons le changement, ce n’est pas en votant que nous l’aurons, mais en développant un enseignement pour adulte de tous les éléments qui composent la couleur de notre ciel d’aujourd’hui.



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