lundi 28 janvier 2019 - par Roland Gérard

Le climat, sujet du « porteur de parole »

On peut dire qu’on a vécu un moment sympa. On a été actifs pendant presque 3h, on a rencontré un tas de monde, les échanges avec des inconnu(e)s ont été cordiaux et on a beaucoup appris. La technique du porteur est à la porté de tous et surtout elle est très attrayante autant pour ceux qui animent que pour ceux qui répondent à la question. Cela se fait très naturellement.

La situation

Le samedi matin à Saint-Gely du Fesc (34) c’est marché. Détendus, sympas, plus sur le mode promenade que sur le mode, je fais mes courses vite fait, les gens sont nombreux et ils ont un peu de temps. On s’est mis en haut du marché, un endroit où pratiquement tout le monde passe, nous étions sept.

La question

Quelques semaines avant, avec juste quelques échanges à 3 ou 4 nous avions convenu de la question. Fondamentale la question pour une porteur de parole. Et on s’est mis d’accord pour : « Vous sentez-vous menacé ici par le changement climatique ? » Elle a très bien fonctionné cette question. La parole venait toute seule, il y avait juste à noter.

La technique

Comme on voit sur la photo il suffit d’afficher la question à deux ou trois endroits, de tendre une corde à linge. Les enquêteurs vont à la rencontre des gens et leur demandent leurs réponses. Ils reformulent et prennent bien note de ce qui est dit. Ils demandent aussi le prénom et l’âge de la personne interviewée. La feuille de carnet est alors déchirée et transmise à un(e) scribe qui a la vocation de bien écrire et même très lisiblement sur une feuille A3 colorée. Ensuite on dispose les feuilles sur la corde à linge, ou on la scotche au mur. Curieux, les gens qui passent lisent.

Des perles

Certaines réponses sont très fortes et remarquables, l’émotion est là : Léana 11 ans nous dit qu’elle se sent menacée, sa réponse est : « Oui, parce que après, ce sera la fin du monde ». Jean 67 ans nous dit : « Je suis en colère et désespéré ». L’émotion est palpable là aussi : « Très touchée, Faut agir, ça s’accélère » Sylvia 39 ans. Parfois une réponse nous fait sourire : « Oui, la menace dans notre région c’est la montée des eaux. On aura des « migrants » palavasiens et de la Grande Motte d’ici 50 ans » Maurice 69 ans.

Pas de climatosceptiques mais des défaitistes 

Il est à noter que sur environ 50 personnes interviewées pas une n’a nié la réalité du réchauffement. On comptait encore 35% de climatoseptiques en 2013 en France, on dirait qu’en 2019 les derniers sont entrain de disparaitre. En revanche certains pensent que les humains n’y sont pour rien… ou qu’on y peut rien : « Non, je ne me sens pas menacée, c’est une évolution normale des temps. On n’y pourra rien. Ici avant il y avait de l’eau » Marie-Thé : « C’est inéluctable, on ne peut pas l’arrêter » Michèle 70 ans.

L’argent et le sens

Plusieurs personnes ont dit que c’était l’argent de problème. L’idée c’est que tout tourne trop autour de l’argent dans notre monde et il y a cette réponse aussi de ceux qui voudraient bien faire et ne le peuvent pas à cause de quelques centaines d’euros : « Marre de manger des choses mauvaises, mais pas assez d’argent pour faire autrement » Marine 24 ans. Et si on supprimait la TVA sur les produits bio de première nécessité ? Christian 75 ans dit : « On fonce, on fonce… la croissance c’est pas la finalité ».

La confiance plus là, mais là encore

Souvent on a constaté le manque total de confiance dans les dirigeants politiques et économiques : « Certaines grandes entreprises ne font rien. Ça démoralise, ça énerve. On nous rabache de beau discours » Carole et Louis 30 ans. « Oui il y a urgence à ce qu’il y ait des vraies mesures » Maurice 67 ans. « Oui, j’ai signé la pétition « l’affaire du siècle ». Y en a marre qu’ils ne fassent rien tous ces dirigeants » Danielle 70 ans. Félix 24 ans dit : « La planète est attaquée tout le monde doit y mettre du sien. La planète est forte, les racines d’un arbre soulèvent le goudron. Ayons confiance en nous. »

Agir, se battre, les solutions

Certains sont dans l’action : « Je me sers du vélo et de mes jambes » Joelle 69 ans. « On est mal barrés. Faut se battre ! » dit Vincent 35 ans. « Oh oui ! Pour mes petits enfants surtout. Je suis militante engagée depuis longtemps. Ça avance doucement » Paulette 78 ans. « On ne sait plus que faire ; C’est en haut que ça doit bouger. Nous on fait à notre petite échelle, je trie, j’achète local, on est inquiet pour ceux qui arrivent » Martin 79 ans, Martine 65 ans et Aline 63. « Il faut faire l’éducation des gens » Véronique 50. « Il n’y a pas 36 solutions DECROISSANCE changer de modèle » Jean-Luc 56 ans. "J'oeuvre pour le changement j'ai réduit ma consommation de viande" Charlotte 32 ans.

On le refera !

La police municipale était sur zone, très bienveillante, nous avons eu quelques échanges cordiaux. Nous n’avions pas fait de déclaration à la mairie. Il faut dire que c’est vraiment bon enfant comme action. On peut le voir comme une animation culturelle. Parfois les gens nous demandaient pour quelle organisation nous agissions. On leur répondait pour aucune en particulier et que nous étions engagés dans plusieurs associations qui luttent pour le climat, ou l’éducation populaire. Comme on s’est bien amusés et qu’on trouve ça utile de faciliter l’expression des gens qui ne s’expriment nulle part, on le refera !

 



14 réactions


  • rogal 28 janvier 2019 12:03

    Réchauffement climatique : anthropique ou naturel ? Ou plutôt : quelle part pour chacun d’eux ?


  • leypanou 28 janvier 2019 12:04

    On comptait encore 35% de climatoseptiques en 2013 en France, on dirait qu’en 2019 les derniers sont entrain de disparaitre 

     : voulez-vous dire que le monde est en train de se cr.tiniser à vitesse V ?

    Une jeune suédoise de 16 ans à décidé de sécher les cours tous les vendredis pour « forcer » son pays à prendre des mesures pour le climat : des quartier entiers en Suède sont devenus des zones de non-droit à cause d’une politique d’asile stupide faisant venir des milliers de parasites qui n’ont rien à y faire et la priorité de cette jeune fille est la lutte pour le climat !!! (cf propagande à fond hier dans l’émission « C politique »)

    L’oligarchie a trouvé là une excellente diversion pour la petite bourgeoisie sans culture politique, en confondant la lutte contre les pollutions et pour la biodiversité et le prétendu réchauffement climatique dû à l’homme.

    Un rappel sur le GIEC pour ceux qui ne l’ont pas lu.


  • floyd 28 janvier 2019 14:07

    « Il est à noter que sur environ 50 personnes interviewées pas une n’a nié la réalité du réchauffement. On comptait encore 35% de climatoseptiques en 2013 en France, on dirait qu’en 2019 les derniers sont entrain de disparaitre. »


    Les climato-sceptiques n’ont jamais nié le réchauffement climatique, mais ils doutent sur la cause de celui-ci. De toute façon le climat a toujours changé de façon naturelle. Maintenant on peut dire que la propagande des médias a fonctionné à merveille et que les gens sont totalement conditionnés par celle-ci. Les gens ne sont pas curieux et ils gobent tous ce qu’ils voient à la télé et dans les journaux. Par contre même si les gens sont pour lutter contre le ’réchaufffement’, dans la pratique il ne faut surtout qu’on touche à leur portefeuille.


  • Christian Labrune Christian Labrune 28 janvier 2019 15:35

    à l’auteur,

    Vous avez tout à fait raison de vous alarmer de l’évolution du climat : depuis 2.5 millions d’années, la Terre a connu pas moins de 17 périodes glaciaires, chacune se prolongeant entre entre 50 et 100 mille ans, séparées par des périodes chaudes de 10 à vingt mille ans.

    Le dernier réchauffement a commencé il y a -20000 ans, Il aura permis, à partir du néolithique, le développement des civilisations, mais nous sommes de toute évidence à l’extrême fin d’une période chaude et à l’aube d’une nouvelle glaciation.

    Ces transitions sont en général assez lentes, mais plusieurs faits sont quand même particulièrement préoccupants : la chambre magmatique du volcan de Yellowstone, qu’on croyait à peu près vide, est pleine à craquer. Le sol des champs Phlégréens, dans la baie de Naples, s’est soulevé en peu d’années de plusieurs dizaines de centimètres. L’éruption de l’un de ces deux volcans, qu’on n’a aucun moyen d’empêcher, déterminera en quelques semaines un considérable refroidissement de l’ensemble de l’atmosphère, aussi dramatique que celui d’un hiver nucléaire.

    La très faible quantité de chaleur dégagée par l’activité humaine ne parviendra jamais à enrayer un processus cyclique dont la régularité a été attestée par toutes les études géologiques. Certains auteurs expliquent la disparition des néandertaliens par une éruption des champs phlégréens et le refroidissement brutal qui en a résulté. Evidemment, Nous n’en sommes plus à vivre au fond des cavernes, et nous pourrons toujours construire des villes souterraines bien chauffées, mais le niveau de la mer va baisser de plusieurs mètres, et on ne pourra plus sortir sans un cache-nez.

    Sur le marché de Belleville, on trouve encore des bonnets de laine qui seront bientôt tout à fait indispensables, même en été. J’en ai acheté plusieurs. Je conseille ceux qui sont de couleur noire parce qu’ils absorbent mieux la chaleur du soleil quand il est visible !


  • baldis30 28 janvier 2019 17:12

    parole, parole, parole

     curieux ... je ne vous ai jamais vu sur les bords de l’Aude après les 12/13 novembre 1999, pas plus que sur les bords des différents cours d’eau gardois après l’épisode commençant le 8 septembre 2003 , ni vu vos écrits subséquents sur ces sujets avec des analyses historiques des événements ...

    Vous étiez peut-être là pour l’épisode de 1958 dont les photos peuvent être confondues avec celles de septembre 2003 !

     Ces experts sont amusants ... entre gens souvent sur le terrain, pourvu d’un certain bagage et ayant montré quelques aptitudes il y a longtemps que par unanimité nous avons refusé le titre d’expert ... en voici un ... admirons le ! c’est beau un expert en environnement ....


    • Christian Labrune Christian Labrune 28 janvier 2019 18:24

      @baldis30
      je trouve un peu déplacées vos moqueries. L’auteur de cet article a tout à fait raison de vouloir informer les jeunes générations de ce qui les attend. Evidemment, il ne faut peut-être pas dramatiser exagérément. Les hommes de la préhistoire crevaient de froid, et sans le réchauffement climatique, les villes et les civilisations n’auraient jamais pu apparaître. Sans l’optimum climatique médiéval, dans les quatre cents premières années du second millénaire, qui a permis une augmentation des rendements agricoles et une véritable explosion du commerce et des échanges, le monde industriel n’aurait peut-être jamais vu le jour. Une glaciation serait survenue à ce moment-là (le « petit âge glaciaire » de la fin du XVIIe siècle avait été une fausse alerte) la civilisation n’aurait probablement pas pu perdurer. Fort heureusement, nous n’en sommes plus là, et quand la température, demain, tombera de vingt ou trente degrés en Europe, on saurai très bien s’adapter. Il n’y a donc pas lieu d’apeurer les imbéciles en leur faisant croire qu’on va vers la fin du monde.
      D’autant plus qu’il y a beaucoup plus grave que la glaciation qui nous pend au nez : l’intelligence artificielle forte devrait émerger bien avant le milieu de ce siècle. Les spécialistes qui prévoient cela pour la prochaine décennie peuvent évidemment se tromper de quelques années, mais ça va arriver nécessairement. Ce sera non pas la fin de l’intelligence, qui va au contraire se développer comme jamais, mais la fin du bipède à petit cerveau que nous sommes. Certes, on pourra toujours essayer de « l’augmenter », comme on dit, cette pauvre bête, mais ce se sera aussi peu satisfaisant que d’installer un moteur de voiture de course sur un carrosse du XVIIe siècle pour en faire tourner les roues plus rapidement !
      J’ai quand même l’impression, de plus en plus, que le thème d’une glaciation dans les prochains siècles sert surtout à dissimuler ce qui va, beaucoup plus rapidement, résulter de l’émergence de l’IA forte dont le public médiocrement cultivé et soumis aux seules modes médiatiques n’a toujours pas la moindre idée.


    • baldis30 28 janvier 2019 18:58

      @Christian Labrune

       informer comment et à partir de quoi ? Avec quelles connaissances .... facile de se dire expert ! surtout en la matière ... ! Des spécialistes j’en connais et j’en ai embauché dans des stages quitte après à en réfuter au moins un aucun n’a prétendu au titre d’expert , et pourtant ....
      Vous connaissez l’avenir ? .... avec par exemple quelques séismes possibles sur la faille Nord-Pyrénéenne ....
      Le premier devoir en matière de risques c’est la référence au passé ... par exemple , et je suis sûr que vous connaissez ce que Théophraste Renaudot écrivit dans l’une de ses premières gazettes sur une certaine crue qui faillit emporter un roi et une reine ...
      Alors qu’on commence par le commencement .... ce qui est connu ... et vous verrez que le pire qu’on peut proposer s’est déjà produit ( exemple mondial connu il y a 318 ans et un jour pour « the big one » en Californie ...) 

       La double contrainte en la matière se résument en deux mots : ni angélisme, ni catastrophisme.


    • Christian Labrune Christian Labrune 28 janvier 2019 20:06

      @baldis30

      Je ne comprends pas votre scepticisme.
      Dans ma première intervention, je me suis trompé. La fin de la dernière période glaciaire ne remonte pas à vingt mille, mais à vingt et un mille ans. C’est dire que nous bénéficions d’un sursis, mais nous ne pouvons pas nous faire trop d’illusions : il viendra bien un moment où on pourra de nouveau aller en Amérique à pied par la banquise, et cela pour au moins une cinquantaine de milliers d’années si on ne fait rien pour essayer de réchauffer la planète. Cela dit je crains que, même en brûlant ce qui reste de combustible fossile et en produisant en grande quantité de la vapeur d’eau pour obtenir un effet de serre, on n’arrivera à rien de bien significatif.

      De toute façon, dans quelques siècles, l’homme biologique actuel aura disparu, et les composants qui servent de substrat à l’IA sont à peu près insensibles aux questions de température. Je consulte assez souvent les notices de composants électroniques, et ils fonctionnent très bien à des températures dépassant la centaine de degrés. Le froid extrême ne les dérange pas plus : des engins qu’on a envoyés dans l’espace ont parfaitement fonctionné pendant des années à des températures voisines du zéro absolu. Les ordinateurs à Qbits, qui progressent doucement, utilisent l’effet Josephson qui permet, à ces sortes de températures, de bénéficier de la supra-conduction. Plus il fera froid, mieux ça vaudra, mais s’il faisait beaucoup plus chaud, ce qui n’est malheureusement pas ce qu’on doit prévoir, ce serait exactement la même chose.

      Laissons les obsédés de la température avec leur thermomètre dans le cul, et pensons donc à des choses un peu plus sérieuses.


    • baldis30 29 janvier 2019 10:00

      @Christian Labrune
      « Je ne comprends pas votre scepticisme. »
      bonjour
       Le risque il est sur le terrain et pas au fond d’un bureau sans fenêtre à travers un écran d’ordinateur !
      Le bureau reste utile, seulement pour mettre au clair les constats et tenter les corrélations ... Il ne peut rien sans le terrain !
      Ils seraient bien en peine les experts autoproclamés de dire à partir de quelles définitions ils raisonnent et pourquoi dans quelles conditions ... et en quoi les quatre principales convergent .... en vue d’espérer ( fol espoir) l’ombre du début d’une solution ...


  • JC_Lavau JC_Lavau 28 janvier 2019 18:59

    En ce temps là, les connaissances astronomiques des voltaïques étaient très inférieures à celles des Mayas. Une religieuse en mission d’évangélisation en Haute Volta décrivit leur affolement lors d’une éclipse de Lune : ils firent un ramdam de tous les diables pour effrayer le chat qui mangeait la Lune.

     

    Cela ne ressemble en rien à l’affolement des sorciers qui opèrent en ce Doduduba devant la perspective d’une fluctuation climatique comme il y en a déjà eu des centaines de milliers auparavant. Ils font un raffut de tous les diables pour effrayer la méchante fée Dioxyde de Carabone dont la longue pénurie étranglait la végétation depuis si longtemps.


    • Christian Labrune Christian Labrune 28 janvier 2019 20:22

      la méchante fée Dioxyde de Carabone dont la longue pénurie étranglait la végétation depuis si longtemps.

      ==========================
      @JC_Lavau

      Ca me rappelle ce que je lisais dans le récent bouquin du climatologue François Gervais : une plus grande concentration de CO2, depuis 70 ans, aurait eu pour conséquence une augmentation de 20% de la biomasse terrestre, et les rendements agricoles, ces dernières années, ont atteint des records. Si ça continue, les zones désertiques vont régresser. Quelle horreur !

      Beaucoup d’amateurs d’aquariums et de poissons exotiques utilisent depuis longtemps des bombonnes et des diffuseurs de CO2 : la croissance de la végétation aquatique augmente alors de façon spectaculaire.

      Moi, je préfère quand même l’oxyde carbone de mes cigares. CO se contente d’un seul atome d’oxygène, et je laisse généreusement l’autre aux écolos. Parce que j’aime vivre un peu dangereusement.


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