lundi 8 avril 2019 - par C’est Nabum

Le concert pour les matelots de la vie

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Comme si vous y aviez été

La salle des fêtes du Poulinguen s’était parée d’un décor de fête. La chorale des Fous de Bassan avait mis les petits plats dans les grands, avec une sonorisation digne des grandes tournées, une table de mixage relevant davantage de la cabine de pilotage d’un Airbus que d’un concert ordinaire. Un vidéo projecteur et un écran géant ajoutaient à l’imposant dispositif tandis qu’une équipe de vidéastes avait investi la salle avec 4 caméras pour ne rien manquer.

J’avoue avoir été impressionné par le décorum d’autant plus que 400 chaises attendaient de recevoir le public espéré. Seule inquiétude au tableau, un soleil printanier venait proposer terrible concurrence dans une cité balnéaire. Qu’importe, le moral des troupes était lui aussi au beau fixe, ce qui est la moindre des choses quand il s’agit de se produire pour une fort belle action.

Je sentais bien un peu d’inquiétude chez le président de la chorale. Comment le Bonimenteur allait-il se comporter ? N’allait-il pas perturber le bel ordonnancement d'un tour de chant rôdé depuis si longtemps ? C’était une première en effet pour les choristes de devoir partager la scène avec un trublion.

Pour le rassurer je lui dis mon intention de m’installer au pied de la scène, pour laisser toute la place aux vedettes du jour : les chanteurs. De cette place, je tiendrais mieux mon rôle de simple présentateur qui vient glisser de temps à autre un conte qui se doit de n’être pas trop long. Ce choix s’avéra finalement discutable puisqu’à l’entracte, les opérateurs vidéo me prièrent de passer en pleine lumière lors de mes récits, donc forcément sur la scène.

Dès l’ouverture des portes, une heure avant le début du voyage enchanté, des spectateurs entraient. Ce fut ainsi un flot ininterrompu jusqu’aux propos liminaires du président. Un public qui avait préféré participer à cette belle action plutôt que de se prélasser au soleil. Nous ne pouvions que nous en féliciter avec une salle presque pleine. Le spectacle pouvait commencer !

Je tins mon rôle d’aiguillon avec plaisir, apportant un peu d’humour et de fantaisie dans la belle succession des chants. De temps à autre, je partais sur les chemins du conte, m’accordant quelques minutes de liberté dans le bel ordonnancement des bassans. Dans l’assistance, la surprise passée, l’émotion était au rendez-vous, preuve si besoin qu’il suffit de surprendre le public pour qu’il se découvre une âme d’enfant.

Dès l’entracte, les commentaires accréditaient la pertinence de cette proposition commune. Les appréhensions des uns et des autres étant tombées lors de la première partie. La suite fut tout naturellement un enchantement, d’autant plus que les images des croisières précédentes des matelots de la vie touchaient aisément les larmes.

Le final fut à ce titre un grand moment d’abandon lacrymal sans que les forces de l’ordre n’en fussent pour rien. D’une part, le répertoire avait été minutieusement choisi afin de placer le concert dans une sorte de gravité joyeuse, loin des habituels succès des chants de marins. La poésie, la nostalgie étaient plus à leur place que la manœuvre et le graveleux.

La dernière chanson, une composition commune entre la chorale et votre serviteur, ayant été largement modifiée pour évoquer véritablement le projet de l’association « Matelots de la Vie » C’est alors que les bénévoles de cette belle œuvre laissèrent couler leur trop plein d’émotion tandis que leur président, la gorge trop nouée pour parler au micro, ne put que remercier tous les participants.

 

Un film retracera ce moment. L’essentiel est ailleurs, chaque participant a, ce jour-là, déposé un petit caillou sur un chemin de vie. La chanson, la musique et le conte donnant un cadre à ce merveilleux dessein : emmener des enfants malades en croisière pour leur donner goût à la vie. Puissiez-vous, à votre tour, d’une manière ou d’une autre, favoriser ce magnifique projet. Merci à tous !

Caritativement vôtre

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