lundi 23 avril 2012 - par Henri Diacono

Le Coran, la religion et l’Argent

La Tunisie dite nouvelle, et par là même la majorité de son peuple, sont en passe de découvrir, avec une certaine stupeur compte tenu de leur foi et des qualités modernistes de ses élites, l’utilisation de certaines sourates du Livre Saint que font sur leur propre territoire des musulmans comme eux.

 Ainsi selon le site local « Kapitalis » en date du 21 avril et sous la signature d’Imed Bahri, il est révélé qu’un important investisseur saoudien a été reçu récemment en audience privée par l’actuel premier ministre du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali issu de la mouvance islamique Ennhada actuellement majoritaire dans le pays.

 A cela rien de bien exceptionnel, sinon qu’avec le Qatar, l’Arabie Saoudite, principale alliée moyen-orientale de qui vous savez, courtise abondamment cette petite nation depuis qu’elle a eu le mérite d’enflammer, dans la délivrance d’une dictature, bien des pays arabo-musulmans. Le visiteur en question, Cheikh (qui signifie en arabe grand homme respecté pour son âge et pour ses connaissances scientifiques et religieuses) Mohamed Souleimane Mhisni, ou bien encore Sheikh Mohammed Ibn Sulayman al-Mohaisany, s’est dit, selon « Kapitalis » prêt à consacrer « de gros investissements en Tunisie dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme, de l’immobilier et des programmes de logements sociaux. »

 Ce qui l’est moins est que ce vénérable individu est considéré comme un musulman « islamiquement correct »( ?!), c'est-à-dire en harmonie avec la religion, alors que devenu financier de haut vol, avec tout ce que cette fonction comporte d’irréligieux, il est également « un homme qui a amassé une grosse fortune en exerçant le métier, très juteux en Arabie Saoudite, de psalmodieur (dire d’une voix monotone) du Coran. »

 « Agé de de 47 ans , poursuit Kapitalis, Sheikh Mohammed Ibn Sulayman al-Mohaisany est l’un des plus célèbres prédicateurs et psalmodieurs du Coran d’Arabie saoudite. Il est aussi l’imam de la mosquée Al-Qotri à la Mecque. Son œuvre comprend essentiellement des enregistrements de ses récitations et psalmodies du Coran. » Alors qu’i l ne figure nulle part dans le « Livre » qu’un prédicateur ou un imam puisse tirer un profit financier de sa fonction, voilà que de simple commerçant de tissus, il serait devenu ainsi, « … président du conseil d’administration de l’Entreprise Al-Mohaisany pour l’investissement et le développement, un groupe spécialisé dans la construction de tours (à La Mecque et Médine), d’ensembles résidentiels modernes. Mais aussi dans l’élevage, l’agriculture et même le transport maritime ». Pas mal pour le ressortissant d’un pays qui pratique – uniquement pour son peuple bien sûr – l’islam dans son sens le plus radical ! Très surprenant par contre pour le tunisien qui, selon sa foi, a pour habitude de gratifier les psalmodieurs ou imams, souvent appelés pour bénir les demeures, de quelques boissons et friandises, ainsi que d’une poignée de dinars, la monnaie du pays, destinés à l’entretien de la mosquée.

 Reste à savoir si cet homme respectable, « islamiquement correct », aurait l’intention de faire don à la Tunisie des gros investissements évoqués via sa holding, ce qui parait très improbable. A moins d’associer le parti religieux du pays aux éventuels bénéfices de son entreprise. Pourquoi pas, les affaires étant les affaires ?

 Donc, en conclusion, lorsqu’on y regarde de très près, l’Islam ne semble pas différer des deux autres les religions monothéistes, quant au rapport avec l’argent des hommes destinés à enseigner ou propager la foi. Qu’ils soient disciples de Moïse, Jésus ou Mahomet, ils restent avant tout des hommes. Et au sein de chacune d’elles existent aussi les banques, juives, catholique ou islamiques, ces nouveaux temples qui bien souvent pratiquent des taux d’intérêt qui feraient rougir de honte… ou de colère, Dieu lui-même.

  Ô vous qui croyez ! Ne vivez pas de l’usure produisant plusieurs fois le double, craignez Dieu, peut-être serez-vous heureux. » (Coran - Sourate 3 - Verset 130).

 Alors, de grâce, ô vous qui me lisez, abstenez vous de jeter l’anathème sur seulement l’un ou bien l’autre des trois « messages » adressés à la Terre par le même Dieu. A quelques virgules et mots près, ils sont identiques, surtout lorsqu’ils sont pratiqués dans les sphères gouvernantes, par des prédicateurs, ou des bergers si vous préférez, chargés de les diffuser aux peuples. Ceux là ne sont pas des ascètes mais tout simplement des hommes avec le défaut de la cupidité. Et ils le resteront toujours.  

 



24 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 23 avril 2012 11:12

    Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ». Autrement dit, Dieu et la Richesse, car Mammon est l’ange de la richesse. Cet avertissement de saint Mathieu met en garde aussi bien contre la manière de gagner de l’argent, que la manière de le dépenser !
    Ceci est evidement valable pour toute les religions, meme si le texte ci-dessous ne parle que du Dieu chretien, mais comme tout le monde a le meme Dieu...
    http://2ccr.unblog.fr/2011/04/11/et-dieu-dans-tout-ca/


    • intel intel 23 avril 2012 15:58

      Il n’y a qu’un seul Dieu : Il est celui des chrétiens, des juifs, des musulmans, des bouddhistes et du reste de l’humanité, heureusement pour nous tous  smiley


    • docdory docdory 24 avril 2012 09:51

      @ Intel

      Il n’y a qu’un seul dieu ? Ah bon ? Pourtant les hindouistes ( 1 milliard d’habitants sur Terre ) ont au moins trois dieux ( Brahma, Çiva et Vishnou : c’est ce qu’on appelle la « trimurti », je crois ) et des dizaines d’autres selon les variantes de cette religion. Les shintoïstes ont des dizaines de dieux. Les animistes ( Plusieurs centaines de millions de personne sur Terre en ont des quantités.Les bouddhistes ( 1 milliard d’habitants sur Terre ), contrairement à ce que vous affirmez, n’ont aucun dieu à proprement parler.

      Les athées ( au moins un milliard d’habitants sur Terre ) n’ont aucun dieu.

      Comme il est impossible de démontrer que les religions à un seul dieu sont plus « vraies » que les religions à plusieurs dieux ou que l’athéisme, ce que vous dites n’a pas de sens. 

      Quand à votre hypothèse selon laquelle les chrétiens, les juifs et les musulmans auraient le même dieu, c’est une vue de l’esprit. Ce serait un dieu singulièrement inconséquent que celui qui aurait inventé successivement deux religions dont les idées et préceptes sont aussi manifestement opposés et incompatibles entre elles que le sont ceux du christianisme et de l’islam !


  • Merci pour ce « précieux » rappel Gil ! Donc nous avons raison, du moins sur ce sujet de l’argent, primordial hélas.
     Coran = Evangile. 
    Petite anecdote. Un ami, jeune entrepreneur dont l’activité nécéssite le recours aux banques, se plaint de la somme d’intérêts qu’il avait dû verser aux instituts bancaires en 2011 . Comme il est musulman pratiquant, je lui dit de s’adresser aux banques islamiques qui ne doivent pas, en principe, prendre d’intérêts. Sa réponse a été un éclat de rire avant d’ajouter avec un mépris certain que « ces banques là au contraire, pratiquaient le taux d’usure ».
    Sous les soutanes comme sous les djebbas, cupidité, toujours cupidité.


  • Wykaaa 23 avril 2012 13:26

    La religion et le fric sont les deux principaux cancers de l’humanité.


  • Aimeci 23 avril 2012 13:36

    J’ai lu et relu votre article et j’avoue que je reste perplexe ! Déjà que j’avais hésité à le lire, rien qu’en lisant le titre, on peut dire que le contenu est à la hauteur des préjugés que j’avais....

    J’ai du mal à voir où est-ce que vous voulez en venir, pouvez-vous m’éclairer ?

    Alors, je vous demande, quel est le problème que soulève cette histoire pour vous :
    Est-ce le fait qu’un religieux vit confortablement, au point d’être à la tête de grands groupes ?
    Est-ce le fait qu’un prédicateur musulman et récitateur du Coran soit riche ?
    Est-ce le fait qu’En-nahda préfère se tourner vers l’Orient plutôt que vers l’Occident pour chercher de nouveaux investisseurs ?
    Est-ce le fait qu’il ait pu touché une rémunération pour la lecture du Coran ? C’est bien le seul point qui peut être sujet à polémique selon moi, du fait, qu’il y a divergence parmi les savants musulmans quand à la licéité ou pas de cette pratique.
    Quand bien même c’est ce point qui vous poserait un problème, je ne vois pas en quoi un cas particulier vous permettrait de conclure de façon générale sur les religieux musulmans en général !

    Ah, et quand aux banques islamiques, il faudrait savoir exactement de quoi on parle et de quels produits financiers... Chaque produit financier étant différent et pouvant être jugé ou pas comme étant licite par certains savants ou pas par d’atures. Et islamiquement parlant une banque islamique n’est pas un institut charitable mais un commerce avec tout ce que cela implique, et n’a donc pas vocation à distribuer des prêts à intérêts à taux nuls (sauf éventuellement de petites sommes)... et elle n’a évidemment pas pour vocation de faire des prêts à intérêts cela étant interdit. Mais effectivement, du fait de son activité commerciale, elle se base sur les taux d’intérêts habituellement proposés pour calculer sa marge dans certains contrats, notamment ceux de type Murâbahah. D’où peut-être le malentendu avec votre ami. ;)

    ps : vous ne devez pas avoir écouté beaucoup de « psalmodieurs » pour écrire que psalmodier est le fait de réciter d’une voix monotone le Coran. ;) Le fait de psalmodier le Coran consiste à le lire en respectant scrupuleusement les règles de lecture du Coran en terme de prononciation des lettres, des sons, des pauses etc tout en embellissant sa voix. Bref, on est assez loin de la monotonie en général. ;)


    • Aimeci 23 avril 2012 13:55

      Ah, et je rajoute ceci, vu que je suis parti lire également votre source (l’article de kapitalis.com) après que ma connexion ait daigné enfin pu se connecter.
      Voilà, que je lis exactement ceci sur l’article :

      "L’œuvre d’Al-Mohaisany comprend essentiellement des enregistrements de ses récitations et psalmodies du Coran.

      L’homme, qui n’a pas fait d’école de commerce ni n’a suivi le parcours habituel d’un entrepreneur, se trouve aujourd’hui, grâce à sa belle voix et sa profonde piété, à la tête d’un groupe d’entreprises.

      De simple commerçant de tissus prospère, il est devenu, aujourd’hui, le président du conseil d’administration de l’Entreprise Al-Mohaisany pour l’investissement et le développement, un groupe spécialisé dans la construction de tours (à La Mecque et Médine), d’ensembles résidentiels modernes. Mais aussi dans l’élevage, l’agriculture et même le transport maritime. Qui a dit que les études coraniques n’enrichissent pas son homme ?"

      Ce passage soulève un problème car il ne dit pas, ce dont, vous, au contraire, vous n’hésitez pas à écrire : qu’il ait touché de l’argent pour ses récitations du Coran.
      Le fait qu’il soit connu pour son activité principale de prêcheur et de récitateur du Coran, autrement dit que ce soit son oeuvre principale, ne prouve nullement qu’il ait touché de l’argent pour cette activité.
      J’avoue que sur ce point, l’auteur du premier article est en faute, et m’excuse auprès de vous si je me suis un peu laissé emporté dans mes propos, car ces propos ne sont pas clairs et incitent à la confusion pouvant à la fois être interprétés comme signifiant qu’il ait gagné de l’argent par ce biais comme pouvant signifier qu’il est principalement connu pour cela sans nous avancer sur le fait qu’il ait pu ou pas toucher de l’argent pour cette activité.


    • Aimeci,
      Tout ce que j’ai voulu écrire tient dans la totalité de vos questions.... sans les points d’interrogation. Vous avez donc bien compris tout en ayant eu beaucoup de mal à vous plonger dans cette lecture.
      Quant à votre seconde mise au point, en consutant le site Kapitalis vous avez certaienemt oublié de lire le passage où il est dit que ce genre de presonnage est très bien rétribué en Arabie Saoudite. J’imagine très bien d’autre part que les disques et enrgeistrements n’ont pas été distribuéa gratuitement et que, compte tenu, de son rôle à la Mecque le dit bonhomme a pu certainement tisser une liste de personnages importants qui peuvent lui être utiles. J’ai entendu bien des psalmodies du Coran et de tout autre texte sacré d’autres religions et je conçois qu’une fois le plaisir des premières strophes ou sourates passées, le reste n’est que monotonie du genre de celles qui provoquent de temps à autre...des transes. 
      Ceci dit, il n’y a pas que dans l’Islam où les religieux font très bon ménage avec l’argent.
      Bien à vous.


  • Bulgroz 23 avril 2012 14:30

    La réponse est peut être là car, le coran est une source infinie de progrès. 

    Peut on souffler sur la nourriture ?

    Le 1 Avril 2008, abdelmalik (du 94) pose la question fondamentale suivante (on est sur un site Français) :

    "salam aleikoum. je voulais savoir si il est permis de souffler sur la nourriture quand elle est chaude afin de la faire refroidir car j entend des choses dans ma famille mais sans preuve religieuse barakallahou fikoum.« 

    Réponse de farid el_makky, le grand savant de l’Islam qui donne 4 raisons pour ne pas souffler sur la nourriture, je donne la quatrième :

     »l’Imam el Mounawy a dit dans son livre faydh elquadir (volume /6 page /346 ) apres avoir citer ces dalilles ; le faite de souffler dans la nourriture chaude prouve la precipitation (de la personne qui souffle) qui guide vers un mal et de ne pas avoir de patience et prouve aussi la mauvaise conduite..wa Allahou a3lam ."

    La suite est ici :  http://www.darwa.com/forum/showthread.php?t=23329


    • Bulgroz,
      A question saugrenue réponse idiote sur le site que vous citez.
      L’imam dans la religion musulmane comme le curé, le rabin, le moine ou le gourou, dans bon nombre de religions, croyances ou sectes, se croit obligé d’expliquer aux adeptes, et surtout aux incultes, tous les « accidents, inepties ou incidents » de la vie selon une réponse divine, ce en quoi il s’agit d’une somptueuse tartufferie la plupart du temps (il faut garder les fidèles disent-ils).
      Dans le cas que vous soulevez, le site - aussi bête que ceux qu’il cite - fait état de hadiths qui par principe ne sont pas dans le Coran, car nullement dévoilés par l’ange Gabriel, mais des r"éflexions des compagnons du prohète ou de lui-même. En outre les quatre réponses sont données par quatre imams différents dont un seul a paru utiliser le bon sens sans oublier néanmoins de citer ses sources, celles venues ...d’un un livre soi-disant saint.
       


    • Nethan 23 avril 2012 22:43

      Les religions sont identiques surtout dans les sphères gouvernantes pour reprendre l’auteur, quand il s’agit de tondre les adeptes ^^ mais elles sont différentes sur la méthode d’y parvenir. Le christianisme joue plus sur la naïveté de nos jours que sur la peur que les deux autres pratiquent encore par exemple.

      Or ce qui est inquiétant n’est pas tant dans le fait que certains imams expliquent les actes quotidiens selon une vision divine, mais plutôt qu’il y ait une demande pour cela, sinon ils auraient fait faillite...

      Une des contradictions de l’islam est que bien que se prétendant jouer de la raison, il veut faire monter une certaine peur/crainte de dieu chez l’adepte et donc par extension de la mort... Or la raison supporte mal le combat contre les émotions, et cette peur peut devenir si forte qu’elle peut conduire à l’envie d’externaliser sa raison vers des cheiks et autres « savants » pour ne pas se tromper, avec les dangers que ça peut entraîner.

      Ici le cheikh est sympa, il a juste usé de ses adeptes pour devenir riche ^^ et il en profite. Il aurait tord de s’en priver ^^


    • Vous avez peut-être raison Nethan. Je crois qu’à la place d’un immam privilégié ou d’un cardinal à la mode XVI° au XIX° siècles j’en aurai fait de même : m’en mettre plein les poches en exploitant la naïveté ou le manque de culture de mes ouailles.
      Tiens je viens de prendre connaissance sur internet d’une étude sur l’électeur du FN. Plus de 40% de cet électorat aurait eu une carrière scolaire très courte. De quoi se poser de sérieuses questions.
      Il n’y a pas que les religieux qui profitent de l’humain !


  •  C BARRATIER C BARRATIER 23 avril 2012 15:41

    Qui peut croire que le pouvoir, donc l’argent qui y contribue, ne joue pas un rôle primordial dans la totalité des philosophies de domination qui marchent main dans la main. La principale réussite des moines, imams, reclus, et leurs semblables est de se faire nourrir, loger, assister par des gens qui n’ont pas toujours de grands moyens ...et qui en plus les remercient de leur piquer leur fric ou leur bol de riz. Les remercient à genoux ou à plat ventre, en totale obéissance !

    Pouvoir et religion sont inséparables :

    Et on n’a encore nulle part trouvé la solution pour leur résister !
    Voir dans la table des news :

    « République : Résister à la pieuvre libérale et intégriste »

     http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=204

     


    • Vous savez Barratier, l’homme n’étant pas parfait, loin s’en faut, tous les chefs et groupes qui ont utilisé l’argent pour pouvoir le dominer ou essayer de le canaliser ont hélas pris l’habitude de continuer à s’installer dans l’argent. Les religions ont en outre inventé la Grande Peur celle de l’Inconnu qui règne sur l’Univers et qui Voit tout, Entend tout et Punira.en conséquence lorsque ...la terre aura éclaté. Du moins celles dites monothéhistes.
      Et dire que pour celà, il y a des milliards d’individus qui tremblent tout au long de leur vie. Remarquez, à bien y regarder, heureusement qu’existe le « Chatiment Divin », car nulle organisation intelligente des communautés dont la République fait partie, n’a encore trouvé la solution d’une paix intégrale sur terre ! 
      Malheureusement pour nous, la pieuvre libérale et intégriste ne craindra jamais la foudre venue du ciel. Car c’est elle qui l’a inventé.


  • intel intel 23 avril 2012 16:12

    Le message de Dieu est PARFAIT mais pas l’être humain. Que Dieu nous pardonne tous, nous préserve contre nous-même et nous guide sur son droit chemin.


    • Jusqu’à présent dans toute l’histoire de l’humanité, il faut croire que le chemin qu’il nous a indiqué est loin d’être parfait ou alors que l’homme, sombre ignorant qui souvent se prend pour Dieu ou le Guide, ne sait pas lire les écriteaux qui jalonnent la bonne route. Et toute porte à croire qu’il restera analphabète, du moins en ce qui concerne les messages divins, jusqu’à ...la fin des temps. 
      On a donc de quoi tourner en rond pendant longtemps.


    • Simak Simak 24 avril 2012 00:44

       Il y a une contradiction dans votre message. 

       L’être humain est imparfait, je veux bien l’accepter sous réserves : dès lors, admettons que dieu soit notre point de comparaison, incarnant la perfection. 
       Seulement, comment des êtres fondamentalement imparfaits comme nous pourrions connaître l’essence de la divinité qui est d’être parfaite ?

       Partant de là, je crois que vous n’énoncez aucune vérité en disant que dieu est parfait : seulement une opinion, largement discutable (je le dis sans vouloir vous vexer, la question est réellement intéressante).


  • Aimeci 24 avril 2012 08:36

    J’ai donc bien fait de poser ces questions afin d’éviter tout malentendu, je tâcherais donc modestement d’essayer de vous répondre sur ces quatre points.

    Sur le fait qu’un religieux vit confortablement, au point d’être à la tête de grands groupes ou d’une importante fortune personnelle.
    Cela n’est nullement interdit en islam, les exemples de savants musulmans reconnus unanimement pour leurs connaissances religieuse, leurs piétés et leurs ascétismes.
    tout en ayant eus une situation aisée sont légions. Je me contenterais juste de citer, deux des plus fameux exemples de ce type de situation :
    -l’imam Abou Hanifa, de lui et de ses élèves découle une des quatres écoles de jurisprudence sunnite
    -l’imam Djounaïd Al-Baghdady, considéré comme un éminent savant et un pieux parmi l’ensemble de la communauté sunnite. Il est particulièrement connu pour son ascétisme, à tel point qu’il est une référence pour beaucoup de cheminants sur la voie de la perfection spirituelle notamment chez les soufis.
    A partir du moment où quelqu’un respecte les règles de l’islam en matière de transaction financière et commerciale, qu’il donne l’aumône obligatoire, aucun reproche ne peut lui être fait sur sa fortune tant qu’il ne devient pas « esclave de l’argent » au point qu’amasser des biens devient la première des priorités de sa vie.
    Donc islamiquement parlant, cela n’est pas un problème, après si cela vous dérange que d’autres aient de l’argent je n’y peux rien.

    Quant au fait qu’un prédicateur musulman et récitateur du Coran soit riche, si ses biens proviennent d’autres activités (comme cela semble être le cas pour le Shaykh) il n’y a aucun mal à cela non plus comme on l’a écrit plus haut. Les deux savants que j’ai cité étaient commerçants par exemple.
    L’islam ne recommande ni la pauvreté ni la richesse aux musulmans en général, et aux porteurs des sciences islamiques en particulier.
    Bref, si vous voulez approfondir la question d’un point de vue islamique, je vous conseille la lecture de cet article ->
    L’islam recommande-t-il d’être pauvre ou, au contraire, de chercher à être riche : http://www.maison-islam.com/articles/?p=223
    Cela vous permettra également de corriger l’idée que vous avez de comment l’islam et les prêcheurs voient la pauvreté...

    Quand au fait qu’En-Nahda préfère se tourner vers l’Orient plutôt que vers l’Occident pour chercher de nouveaux investisseurs.
    Je ne maîtrise pas suffisamment la géo-politique, et l’économie pour pouvoir vous apporter une réponse satisfaisante.
    Mais cela est peut-être dû au fait qu’avec le départ de Ben Ali et de son régime, certains investisseurs du golfe reconsidèrent le fait d’investir en Tunisie ?
    Ou que la Tunisie souhaiterait diversifier la provenance des investisseurs ...
    Ou couper en partie les ponts et tourner le dos à certains pays qui ont soutenus jusqu’au bout un régime dont je me garderais de faire le moindre commentaire à son sujet.

    Quand à la question de la rémunération pour la lecture du Coran, il me faudrait plus de détails sur son cas personnel et ce qui se fait en Arabie-Saoudite pour pouvoir vous répondre.
    Comme par exemple, connaître s’il touche de l’argent pour chaque cd de lui vendu, ou encore pour chaque prière dirigé à la mosquée ou si au contraire il touche une pension de l’état saoudien pour ses activités.
    Ce n’est pas parce qu’un article (votre source) qui se veut polémique affirme une chose, que je me devrais de le reconnaître, d’autant plus qu’aucune preuve n’est avancé pour étayer le fait qu’il ait fait fortune grâce à des activités liés au culte.

    Sachant, que s’il touche ou a touché une pension (pour couvrir ses besoins) versé par l’Etat, enfin, le trésor public, alors, cela est unanimement permis par les savants musulmans.
    Il est tout à fait possible qu’il ait touché à une période de sa vie une pension versée par l’état saoudien et qu’il a utilisé cet argent pour se lancer dans le commerce de tissus (comme l’article l’affirme) puis qu’il ait choisi de se diversifier.
    Bref, plutôt que de tirer des conclusions hâtives sur quelqu’un (comme l’auteur de l’article qui vous sert de source) j’estime que garder le silence sur ce sujet est mieux.

    Quant au fait de toucher de l’argent pour un acte lié au culte en islam, je vous prie de lire l’article suivant, vous constaterez qu’il y a des nuances et des divergences entre savants musulmans sur certains points :
    Toucher un salaire pour une activité constituant du culte ou un service du dîn (qurba) : www.maison-islam.com/articles/ ?p=465

    Bien à vous.


    • Merci Aimeci pour toutes ces explications (comme aurait dit Pujadas), sincèrement merci.
      J’ignorais les grandes lignes de ce que vous affirmez mais à mon tour je me pose des questions. Il est vrai que l’Islam, du moins ce que j’en connais accepte la richesse, mais au fil des ans est-ce que les divers courants de l’islam (et il en existe aussi nombreux sinon plus que dans la chrétienté n’est-ce pas) les interprétations des textes ou...des hadiths qui ne sont pas le Coran différent selon les mouvances.
      En outre lorsqu’un imam vient dans un pays pour proposer via sa Holding de construire et d’investir largement dans l’immobilier, je ne pense pas qu’il le fait par charité. 
      Celà me fait penser fortement aux investissements du...Vatican dans le monde entier.
      Quand aux investissements du Moyen Orient, ils n’ont jamais été aussi importants « dans les propositions » que depuis que les chefs du parti religieux « modéré » au pouvoir provisoire en Tunisie ont « visité » Washington et le Qatar. Notez bien que le premier investisseur dans le pays demeure la France, non pas dans l’immobilier, mais dans des manufactures et entrerprises. 
      Au plaisir de vous lire à nouveau. 


  • Aimeci 24 avril 2012 23:45

    Du peu de ce que j’ai pu lire et apprendre ça et là, il y a jamais eu, à mon humble connaissance encore je le rappelle, de grandes divergences d’interprétations et de divisions parmi les savants musulmans quant au rapport que devrait avoir les musulmans et la richesse et l’argent.
    La seule exception notable étant peut-être présente, chez certains « soufis » et « ascètes », du fait qu’ils ont constatés que les gens étaient absorbés par la poursuite de la réussite matérielle et les richesses de ce bas-monde, ils ont eux, au contraire, encouragés une certaine forme d’abstinence vis-à-vis de la poursuite des richesses...
    Malheureusement, certains parmi eux sont tombés à l’extrême opposé en allant jusqu’à pratiquer la mendicité, chose qui n’est nullement recommandé en Islam, loin de là. Cet ascétisme (allant jusqu’à la mendicité) poussé à l’extrême, n’est islamiquement pas correct.

    Effectivement, son investissement, il ne le fait sans doute pas par charité, mais il n’y a aucun mal à cela du moment que l’argent qu’il a obtenu il l’a obtenu de façon licite et qu’il investit cet même argent de façon licite. Il est, du point de vue de l’islam, libre de disposer de son argent tel qu’il le souhaite.
    Après, c’est sûr que s’il fait le choix de construire un immeuble par exemple et qu’il l’offre à quelqu’un d’autre ou une association caritative, cela est un acte méritoire. D’ailleurs, beaucoup de bâtiments (autre que les mosquées) faisant partie des waqf (bien de main-morte) sont des biens que les gens décident d’offrir.

    Car, dépenser en donnant de son argent ou ses biens, sans non plus le gaspiller, pour soi, sa famille, ses proches, la communauté, en faisant des dons etc, est un acte qui a été vivement recommandé (et à plusieurs reprises) dans le Coran et par le prophète (paix sur lui). Et je ne parle pas ici de l’aumône obligatoire sur chaque musulman ayant les moyens qu’est la zakât.


    • D’accord avec vous, Aimeci, pour les savants, mais qu’en est-il des peuples bien souvent naïfs au point de ne rien comprendre du tout aux croyances qu’ils pratiquent pourtant. A ma connaissance d’une part, les chiites, les sunnites, les malékites, les soufis et d’autres que j’ignore celà fait déjà pas mal comme interprétations du « message » divin dans les faits. D’autre part, les connaisances que j’ai du Livre Saint Musulman le sont au travers de traductions car, malheurseument, je ne ne pratique pas la langue arabe, et là, comme toujours dans tels cas, d’une traduction à l’autre les mots changent croyant donner un sens général qui n’est somme toute qu’une déformation. Enfin pour savoir comment la Coran a été établi dans sa forme définitive et éternelle, j’y vois une intrusion non négligeable de l’homme au détriment des révélations originelles. Vous me direz à juste titre que le chistianisme dans ce domaine est pire encore. Mais lui a eu l’intelligence de se « moderniser » au fil du temps (rassurez-vous je ne « professe aucune religion officielle » sinon celle de la tolérance et de l’équité).
      Tout ce que vous me dites sur la charité et le comportement de l’individu vis à vis de l’argent dans l’Islam ne m’est pas inconnu, mais la cupidité même et surtout lorsqu’elle est teintée de « religion » m’a toujours inquiété.


    • Aimeci 25 avril 2012 09:16

      De manière générale, la cupidité est un défaut, je serais presque tenté de dire, inhérent à tous les hommes...
      Donc, dans la pratique, oui, vous avez des musulmans, qui bien que très strict quant à l’application de certaines exigences coraniques (ex : les 5 prières) et qui seront dans le même temps très laxiste eu égard à d’autres recommandations de l’islam (ex : recours à l’intérêt pour financer son commerce...). Inversement, vous pouvez trouver des musulmans parfois négligents sur des points fondamentaux (tjs l’exemple des 5 prières) et absolument pointilleux et respectueux des règles liés au commerce et l’argent etc. Les deux comportements n’étant pas corrects d’un point de vue religieux.

      Ce que vous dites sur les traductions est absolument vrai ! J’ai pas lu toutes les traductions existantes en français donc je me garderais bien d’émettre un commentaire à ce sujet, idem pour les traductions anglais auxquelles j’ai parfois recours.
      Ceci étant, la connaissance de la langue arabe et de ses subtilités, en plus d’autres connaissances, est absolument primordiale pour interpréter et comprendre certains passages coraniques. Mais de manière générale, la meilleure façon de comprendre le Coran reste d’aller poser des questions aux personnes compétentes -dont je ne fais pas partie soit dit en passant- et se référer aux différents commentaires existants.
      Après, vous ne pourrez pas échapper aux interprétations différentes sur certains versets, de même que vous ne pourrez pas échapper à une unique interprétation sur d’autres versets (ex : ceux parlant de l’unicité divine).

      Quant à la question de la « codification » du Coran, je ne peux m’empêcher de vous recommander cette lecture si vous souhaitez connaître le point de vue de la majorité des musulmans sunnites sur la question :
      Le Coran : rédigé 20 ans seulement après la mort du prophète ? Quelle différence entre copie préparée sous Abû Bakr et copie préparée sous Uthmân ?

      ps : les malékites sont des sunnites, idem pour les soufis (du moins une large majorité...). ;)


  • A Desperadoprim,
    Avec mon épouse musulmane, nous ne plantons pas de choux dans notre jardin face à la mer, mes des figues, oignons, ail, raisin, vrais maïs et quelques ...cactus qui font mal lorsqu’on les approche de trop près.
    Ensuite je ne vous ai pas attendu pour savoir ce qu’était la charité et la codification du rapport avec l’argent dans l’Islam. Je n’’ai pas attendu que vous me l’appreniez avec votre morgue habituelle, à la limite de la vulgarité car j’ai consulté votre palmarès de « contributions » vierge de tout article « où vous auriez, vous aussi, raconté n’importe quoi » à condition que vous soyez capable de rédiger.
    Bonsoir ou Beslem


  • Aimeci, je constate qu’à mon image vous avez du temps de libre de bon matin. A moins que soyiez en vacances.
    Ceci dit, « ce n’est pas du jeu » comme je le disais, enfant, à un camarade qui essayait de me tromper. Vous m’invitez à consulter un texte publié dans un site religieux sur l’Islam, afin de me convaincre que la mise forme du Coran, je dis bien la mise en forme, n’a pas été effectuée humainement par Othman, plusieurs années après la mort du prophète.
    En tant qu’ancien journaliste et sur la foi d’historiens fiables, je persiste à croire que la chronologie actuelle du texte, comme le condensé de plusieurs sourates en un seul texte sont le fruit d’une intervention humaine.
    Peu importe. Il le fallait peut-être afin d’essayer de faire vivre les hommes ensemble et en paix de préférence.
    En outre, pour être né et y avoir vécu ma jeunesse en Tunsie et y vivre à nouveau depuis plus d’une quinzaine d’années, je savais que malékites et soufis qui sont la majorité des musulmans ici, sont issus du sunnisme auquel toutefois ils ont apporté quelques variantes proches du paganisme (ce mot pour moi n’a pas valeur d’insulte ici) comme les soufis par exemple. 
    Sur ce l’ami, je vais aller me promener, les pieds dans l’eau, le long d’une immense plage de sable blanc du Cap Bon, solitaire face à la Nature, ma religion.


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