lundi 26 décembre 2011 - par Paul Villach

Le cri de désespoir d’un artiste de rue à Florence ?

Que restera-t-il dans cent ans de l’art appelé aujourd’hui contemporain ? Qu'adviendra-t-il de toutes ces croûtes et de ces bric-à-brac qui encombrent aujourd’hui les musées dits d’art moderne ? On se posait la question cet été de Vienne à Rome en passant par Venise et Florence.

De l’ironie à l’indignation

L’heure n’est plus à l’ironie quand on voit le Kunsthistorisches Museum de Vienne bousculer ces collections ou les masquer pour exhiber les barbouillages d’un Jan Fabre (1). Elle ne l’est pas davantage à Venise où l’Église d’Andrea Palladio, San Giorgio, offre sa nef aux tuyauteries d’un Anish Kapoor (2), et où le milliardaire Pinault expose devant le Palazzo Grassi sur le Canal Grande ses charognes en ferraille et, à la pointe de la Dogana, devant un des plus beaux panoramas urbains du monde, ce grand baigneur blanc circoncis brandissant un crapaud par la patte, sous l’œil d’un vigile affectés à sa sauvegarde.

Car c’est l’indignation que redoutent ces barbares de la part du public qu’ils ne parviennent pas à circonvenir par les leurres de l’argument d’autorité et de la pression du groupe . Il ne suffit plus de hausser les épaules et de se dire que l’artiste que retient la postérité, est rarement celui qui a joui en son temps des faveurs des pouvoirs, comme le montre le cas de Van Gogh  : qui voulait, en effet, de ses toiles quand il avait tant besoin de les vendre pour vivre ? Il n’en aurait vendu qu’une durant sa vie. Or, aujourd’hui, la moindre d’entre elles mise aux enchères vaut une fortune !

L’inculture des élites d’aujourd’hui ?

Il fut un temps pourtant où les artistes officiels, appelés à leurs côtés par les pouvoirs civils ou religieux pour magnifier leur majesté, rivalisaient d’excellence. Ils avaient beau être aux services de leurs mécènes, leur art ne paraissait pas souffrir de cette proximité corruptrice.

Qui contesterait Michel-Ange, le sculpteur de « Moïse », le peintre de « La Chapelle Sixtine » et l’architecte de la coupole de Saint Pierre de Rome ou de la place du Capitole ? Le Tintoret est-il moins performant quand il peint « Le Paradis » dans la Salle du Grand Conseil au Palais des Doges à Venise ? Et les toiles du Titien, de Véronèse et de tant d’autres, qui ont servi les grandes familles vénitiennes et les corps ecclésiastiques, ne sont-elles plus toujours aussi géniales quatre siècles après ? Et Gian Lorenzo Bernini, qu’il sculpte « Apollon et Daphné » (4), qu’il compose une fontaine comme « Les Quatres fleuves », place Navona à Rome, ou édifie une église comme Saint-André-au-Quirinal, n’a-t-il laissé après lui que des oeuvres sans intérêt ?

D’où vient qu’aujourd’hui les artistes prisés par le marché ou choyés par les pouvoirs, genre Buren avec ses colonnes pour zèbres qui défigurent une cour du Palais Royal à Paris, ne peuvent être comparés à leurs prétendus pairs des siècles passés ? Serait-ce l’inculture des élites politiques d’aujourd’hui en regard du goût raffiné des aristocraties d’autrefois ? Un marchand milliardaire n’aurait-il d’yeux que pour ce qui se vend, et resterait-il indifférent à tout ce qui saisit, charme et nourrit l’esprit ?

Le cri de désespoir d’un artiste de rue ?

Au hasard d’une promenade dans les rues de Florence en août, on se posait ces questions à la vue d’un artiste accroupi peignant à la craie à même les dalles grises de poussière (voir photo ci-contre). Qu’avait-il choisi d’offrir aux passants pour les enchanter ? Non pas un Picasso dont pas moins de sept musées se disputent les produits, mais un Vermeer et un Leonardo da Vinci.

Impossible de ne pas les reconnaître ! Ici « La jeune fille à la perle » dont luit la boucle au lobe de l’oreille quand elle tourne la tête, là, « Mona Lisa » que l’artiste achevait de faire sourire. Tandis que des ponts d’or sont offerts à des barbouilleurs de croûte, voici qu’un artiste de rue couchait sur les dalles sales de la rue deux symboles les plus achevés de la peinture européenne. N’était-ce pas un cri de désespoir qui montait des dalles elles mêmes pour prendre les passants à témoins ? Voyez, croyait on entendre, où en est réduit un peintre d’aujourd’hui rompu aux techniques de la peinture des plus grands maîtres européens quand les Jan Fabre, Anish Kapoor et autres protégés des marchands à la Pinault peuplent désormais les musées ? Paul Villach 

(1) Paul Villach, « Les barbares dans la cité (I) – Jan Fabre au Kuntshistorischesmuseum à Vienne  », AgoraVox, 9 août 2011

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-barbares-dans-la-cite-i-jan-98748

(2) Paul Villach, « Les barbares dans la cité (II) - « Ascension » d’Anish Kapoor, sous la coupole de San Giorgio à Venise  », AgoraVox, 10 août 2011

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-barbares-dans-la-cite-ii-98805

(3) Paul Villach, « Les barbares dans la cité (III) – Les produits d’appel du milliardaire Pinault, marchand de Venise.  », AgoraVox, 11 août 2011

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-barbares-dans-la-cite-iii-les-98860

(4) Paul Villach,

« L’art abstrait et l’affliction collective des Nord-Coréens  », AgoraVox, 22 décembre 2011.

« À Rome, « Apollon et Daphné », une œuvre du Bernin à couper le souffle », AgoraVox, 13 septembre 2010.

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-rome-apollon-et-daphne-une-81158

 



21 réactions


  • Ariane Walter Ariane Walter 26 décembre 2011 11:26

    Je me suis fait « la biennale d’art contemporain de Lyon » qui a pour titre « une terrible nouvelle beauté est née. »

    Premier lieu, une usine désaffectée, on est accueilli par une odeur de poulailler. C’est un poulailler , en effet, avec des poules à qui l’artistU a collé des plumes de couleur. une trentaine de poule.
    Alors on me dit que ce n’est pas une nouveauté et qu’il y a souvent des animaux dans ces installations. Dois-je en être consolée ?
    le reste des oeuvres me fait découvrir le point commun d’un certain art contemporain : le branquignole. Les cadres ne sont pas droits, les clous sont mal plantés, les peintures débordent, il faut que ce soit, rfoissé, de guingois, en un mot : mal réalisé. je me demande si je n’ai pas une grande carrière qui m’attend car quand je bricole je laisse toujours tout inachevé et de traviole.En fait, je fais sans le savoir de l’art contemporain.
    Au Musée d’Art contemporain de Lyon, un étage est couvert de plâtres, de bois, de murs explosés, un chaos d’objets bizarres qui veulent sans doute dire que notre monde est un chaos...
    Un truc chic : imaginez un mur en placo : on a découpé de grands cercles dedans et ces cercles sont posés par terre devant le mur. (Est-ce pour dire que la vie est tjrs inachevée ?)
    Il y a aussi, dans une autre usine, un homme à poil, le malheureux, attaché à des cordes qu’il tire dans un mouvement inutile et régulier...Ca caille. Les scolaires regardent son kiki en douce. Il est payé combien pour faire ça ? Mais là aussi la nudité et les installations , c’est courant...

    Il y a aussi les fameuses vidéos dont la règle est d’être insipide, incompréhensibles et mal filmées. Ou ridicules. Ainsi, « une artiste a peint son corps en rose et est allée jouer de la guitare au pied du mur des lamentations.... »une voix souligne son courage. Elle aurait pu se faire arrêter. je note surtout que l’endroit est totalement désert et qu’absolument personne ne l’a vue. Ni police, ni témoins ! Chapeau pour l’audace. Le tout filmé par quelqu’un qui venait d’avoir sa première caméra monoprix.

    Et puis, des oeuvres énormes, immenses et très belles : du moins une, car ça doit coûter un max. Une immense bibliothèque de la Pologne oubliant les cimes nazis. Avec à l’intérieur de cette bibliothèque que l’on découvre de haut, des milliers de vieux bouquins dont certains sont brûlés, plus une myriade d’objets, on dirait un décor dans un grand film américain.
    D’autres œuvres me plaisent : de superbes dessins au crayon, très classiques ,en fait. C’est bien dessiné, le cadre est doit,comment se fait-il qu’ils aient été sélectionnés ????

    je pense que la première erreur est d’appeler ces expos « art contemporain ».
    Car le mor « art » renvoie trop à une certaine forme d’expession qui entend surtout une réalisation unique et exceptionnelle.
    Appelons cela : « surprises contemporaines » Batifolage d’aujourd’hui « Pensées secrètes abandonnées sur le sol de nos cours ». je peux leur trouver des titres s’ils veulent. mais qu’ils laissent le mot « art » de côté.

    par ailleurs, ce qui est possible en peinture et en sculpture, serait-il possible pour l’opéra ou la cuisine par ex ? Supporterait-on, pendant une heure, un orchestre qui jouerait faux avec une cantatrice à poil qui se branlerait avec saxo ? Supporterait-on dans son assiette du caca de poule et de la bouillie de poubelle, car l’alimentation moderne n’est pas saine ???

    On devine que traumatisés par l’histoire des impressionnistes refusés par les salons parce qu’ils n’étaient pas compris, nos docteurs de la culture acceptent l’incompréhensible en disant « que c’est une terrible beauté nouvelle ».

    Que nenni.
    ce sont des gags, ce qui me gêne, proposés sur un mode très sérieux. il faudrait appeler ça des « lol » expositions !

    Il y a certes de belles oeuvres contemporaines. Il faudra demander à sandrine Lagorce de nous en parler.

    En ce qui me concerne je n’ai fait que traîner ma jambe de soupirs en soupirs.

    Un détail amusant, quittant le musée je tombe sur une table laissée dans un coin . un apéritif a eu lieu, c’est le désordre total . Rien n’a été touché. Et mon œil un instant l’enregistre comme une nouvelle installation de ce musée !

    En fait c’est aussi un moyen cool, pour la nomenclature culturelle, d’acheter à prix d’or les oeuvres d’amis qui étant tout aussi loufoques que d’autres pourront parfaitement être décorées de ce nom « d’art contemporain », l’adjectif contemporain , à la suite de cet emploi, devenant plus glacé, plus froid, plus vide qu’un trou noir de notre galaxie.

    L’importance des noms dirait Confucius.


    • Ariane Walter Ariane Walter 26 décembre 2011 13:29

      Cassino,

      Je me demandais justement combien cette petite plaisanterie avait pu coûter....
      J’ai vu aussi les élèves qui traînaient les pattes dans cette expo...
      Qunat à votre vidéo, vous semblez suggérer qu’elle est bien filmée ! Alors, malheureux que vous êtes, comment voulez-vous vous faire reconnaître !! Filmez de travers et sans lumière , de préférence un plan unique avec une musique bourdonnante et là, si vous connaissez quelqu’un à la mairie, vous aurez toutes vos chances !


    • velosolex velosolex 26 décembre 2011 19:15

      Auparavant il fallait avoir du talent pour exposer, et même pour faire un honnête peintre en bâtiment.
      Maintenant il suffit de se faire parrainer.

      C’est peut-être difficile, sauf pour les fils de famille, mais le talent n’est pas obligatoire.
      Pire, je pense que ce peut-être un obstacle. Un écho de figuration, un cadre droit comme vous le dites, et boum, vous retombez dans la catégorie des « artisans ».
      Vous filez à la case prison...Dépêchez vous de trouvez un petit blasphème pour vous en sortir et retrouver grâce aux yeux des critiques.
      Attention, certains sont plus dangereux que d’autres, et auraient tôt fait de vous immortaliser en artiste maudit.
      Ou alors dégotez vous un grand écorché, on en trouve sur le marché chinois et peut être sur le marché Libyen, à des prix très bas.
      Vous aurez tôt fait de faire cent fois la culbute

       Car cela se porte très bien rue de Rivoli par les temps qui courent derrière monsieur Pinault et ses chevaux encastrés dans les murs dans son grand palais de Venise.
      Qui font maintenant ceux en bronze de la basilique Saint marc des bourrins insignifiants peu susceptible de remporter un tiercé.
      Tiercé, un mot qu’il ne faut pas dire dans ce milieu où l’on fait descendre ses sacs poubelle « Louis Vuitton », et qui dévoile mes références de bas du front.

      Mais pour en revenir à Venise,on a beau dire, quand même, une ville pareille, si kitsch et décadente, ça fait quant même un bel écrin à nos projections qu’il ne faudrait pas confondre avec des vomissures au nouvel an.
      Pareil pour les hôtesses des galeries qui sont canons, des vrais Vermeer ambulantes ; elles sont pas du tout déconstruites, des beautés tout à fait classiques qui vous susurrent à l’oreille des chiffres, si vous le demandez le prix de ses horreurs.
      Le charme de leur voix vous fera peut-être craquer.
      Mais vous en aurez pas davantage, et en guise de Vermeer, ce sera comme cette histoire des mille et une nuit où au matin on se retrouve au matin avec une gueule de bois, le palais enfui, et une sorte de méchant génie assis en face de vous qui vous susure des obscénités, enfermé dans un méchant cadre mal dégrossi.

      Avertissez la femme de ménage de ne pas foutre tout ce bric à brac à la poubelle !

      Ce sont des œuvres d’art, pas des emballages, des restes de fête.
      Un retrait faramineux, sur votre carte bleue, vous assurera que vous n’avez pas rêvé tout ça !


  • Michel DROUET Michel DROUET 26 décembre 2011 11:51

    Que restera t-il dans cent ans... ?

    Peu de choses sans doute, hormis beaucoup d’argent échangé sur ce « marché de l’art » et des couillons qui auront achété au prix fort des croûtes qui ne vaudront plus rien et d’autres qui vivront bien de ces entourloupes.

    Ce « marché » ne se distingue en rien des autres : on achète avec une visée spéculative et on perd sa chemise fréquemment.


  • Fergus Fergus 26 décembre 2011 13:13

    Bonjour, Paul.

    Le grand problème, en matière d’art, tient au fait qu’au cours du 20e siècle le concept a pris le pas sur la qualité créative. Et c’est ainsi que l’on a pu s’extasier sur des « boîtes de merde ou sur des »peintures vaginales". Impossible désormais de se faire un nom sur ses seules qualités artistiques : aussi doué soit-il, le peintre qui refuse de faire du conceptuel, n’a aucune chance de faire parler de lui. D’où des mélanges de peintures et d’excréments ; ou de sang ; ou de sperme !

    L’art est évidemment bafoué, et cela avec la complicité des grands musées qui ouvrent leurs salles d’exposition temporaire à des oeuvres tout droit sorties d’une décharge industrielle. Mais il faut se faire une raison : de nos jours, le plus minable élève des Beaux-Arts se prend pour un génie et prétend révolutionner tout ce qui a été fait fait avant lui au motif que c’est devenu totalement ringard. On est bien loin de ces artistes du Seicento qui, avant de voler de leurs propres ailes, apprenaient d’abord, puis apprenaient encore, au contact d’un Maître. Et les innovations apportées par les uns ou les autres au fil du temps ne visaient pas à faire du radicalement nouveau, mais à améliorer ici les compositions, là les couleurs, ailleurs le rendu des perspectives ou bien celui des drapés ? C’est ainsi que l’Art s’est construit : par petites touches successives qui ont amené à des formes de perfection. Et c’est pourquoi un Vermeer sera toujours un chef d’oeuvre alors que l’oeuvre de Warhol aura depuis longtemps sombré dans les abysses de l’oubli.

    Cordialement.


    • Marc Bruxman 26 décembre 2011 20:00

      Bonjour Fergus,

      Vous exagérez un peu. Si l’on fait du conceptuel depuis le XXème et plus du beau, c’est avant tout parce que la peinture se voyait concurrencée par la photographie. Peu de gens aujourd’hui même riches ont chez eux un portrait d’eux mêmes peint. Beaucoup ont par contre fait réaliser une photo par un photographe de renom. De même pour les paysages, etc, etc, ... Et les peintres se sont donc demandés quel était le sens de leur métier. D’autant que l’on savait depuis longtemps peindre du beau avec des niveaux de détails très chiadés et que cela trouvait ses limites pour ce qui est de se faire connaître. Les impressionnistes sont une premiére pierre dans l’édifice : On passe de la peinture réaliste à un concept. Et cela a marché. Les artistes venus après se situent dans la ligne droite de ce courant. Si une peinture « rapide » d’un paysage qui aurait auparavant au mieux était considéré comme une esquisse pouvait être considéré comme de l’art, alors cela ouvrait la voie au Picasso et autres Kandinsky, aux suréalistes et à tout ce qui a suivi. En clair, puisque la technique permettait de produire du beau sans effort, l’artiste se réfugiait dans sa bulle. De toute façon, avec de bonnes écoles d’art, il y aurait eu trop de monde qui savait faire du beau pour que cela ait encore un sens.

      Problème : Alors que l’on pouvait apprécier l’art ancien facilement (il suffisait d’avoir des yeux), il devient plus difficile d’apprécier certaines oeuvres d’art contemporain. D’autant que rarement le concept derriére n’est expliqué. Disons le, les conservateurs de musée font un travail de merde !

      Pourquoi en effet exposer l’urinoir de duchamp sans explications ? Bien sur que n’importe quel couillon peut aller à Leroy Merlin acheter une pissotiére et la signer. Mais l’artiste avait quelque chose à dire sur les millieux artistiques au travers de cette pissotiére. Ceux qui ont cru qu’il suffisait de provoquer pour être un artiste n’ont pas vraiment compris.

      De même pour Warhol qui au travers de ses célibritées stylisées et tirées dans un nombre d’exemplaire relativement importants nous amenaient à nous questionner sur les rapports entre la société de consommation et ses idoles. Idoles qui pouvait d’ailleurs aussi être communistes ;) Pour cette raison Warhol ne sombrera peut être pas dans l’oubli. Car il incarne très bien l’esprit de son époque, cette société de consommation et la déification des « stars ». Et ce n’est pas désagréable à regarder en fait ;)


  • docdory docdory 26 décembre 2011 14:42
    CherPaulVillach
    1°) Je suis frappé par le fait que les cours de dessin ( pardon « d’arts plastiques » ) se sont dramatiquement transformés depuis l’époque fort lointaine pendant laquelle je fréquentais le collège.
    Lorsque j’étais au collège, un élève arrivé en fin de troisième était censé savoir dessiner n’importe quel objet selon une perspective à trois points de fuite, mettre les ombres et les lumières sur le dessin d’un objet, dessiner un visage, des mains et faire des dégradés. On savait, à la fin du collège, utiliser avec plus ou moins de bonheur le lavis, le fusain, l’encre de Chine, le crayon,noir et couleur, la gouache.
    Malheureusement , mes enfants n’ont pas eu cette chance, on leur faisait faire des copies de tableaux plus ou moins facile à reproduire de Matisse ou de Picasso, ou bien on leur apprenait à peindre à la façon de ceux-ci, sans leur donner la moindre base technique.
    Evidemment, ce que l’enseignement artistique oublie, c’est que l’on ne eut s’affranchir que des règles que l’on connaît.
    Le résultat de cet enseignement calamiteux, c’est qu’aucun de mes enfants ne connaît les bases les plus élémentaires du dessin ! Inutile que la cinquantaine d’heures par an pendant trois ans qui est utilisée à faire des « arts plastiques » au collège ne sert pratiquement à rien.
    Cent cinquante heures perdues pour en définitive ne rien apprendre de ce qui est essentiel, c’est consternant !
    2°) Je pense que ce que la postérité retiendra des artistes du XXI ème, ce ne seront pas ceux qui se pavanent à la FIAC, ni les artistes « officiels » genre Buren et autres imposteurs. En effet, ceux qui savent réellement peindre ou dessiner actuellement savent très bien que ce talent ne leur rapportera rien dans la plupart des galeries d’art.
    Ces véritables artistes, on les retrouve maintenant parmi les dessinateurs de bandes dessinée, parmi les concepteurs de dessins animés, les créateurs de jeux vidéos, les concepteurs de décors et personnages en images de synthèse au cinéma etc ... Ce sont dans ces endroits-là que l’on peut trouver les véritables Léonard de Vinci du XXI ème siècle. Voire même parmi les auteurs de tags : c’est rare , mais il y a parfois quelques pépites artistiques au milieu de graffitis dont la plupart sont, il est vrai, inintéressants.
    Malgré toutes les tentatives de l’éducation nationale et de « l’imbécillentsia » artistique, il restera toujours des talents artistiques, mais en général, pas dans les galeries d’art dit « contemporain ».


  • PANDORERH 26 décembre 2011 15:56

    Triste constat effectivement !


  • hopeless 26 décembre 2011 19:05
    J’ai été invité il y a quelques années par une personne de mon entourage à la « Foire d’art contemporain de Metz », et j’y suis allé ... sans conviction, plutôt pour ne pas la décevoir, alors qu’elle semblait vraiment emballée et connaissait par ailleurs mon allergie à une certaine forme d’ « art ». Depuis j’y retourne chaque année avec beaucoup de plaisir.
     
    Bon, il faut d’abord bien comprendre que cette foire est une foire d’artistes contemporains, ce qui n’est pas du tout la même chose que l’art contemporain bien sûr. Le principe est que des artistes réservent - et payent chéro - quelques m2 pour présenter leurs œuvres pendant les 4 jours que dure cette manifestation. Ils sont pour la plupart présents, et sont ravis de répondre aux questions des visiteurs/acheteurs, éventuellement en anglais pour les artistes étrangers. Il y a vraiment de très belles choses, et tout est à vendre. Les prix sont raisonnables dans la mesure où ces artistes sont dans l’ensemble peu connus. Certains ont déjà une réputation internationale, et sont faciles à repérer, ils suffit de regarder les prix !
    Peinture surtout, mais beaucoup de sculpture aussi.

    Si vous étes intéressés, le mieux semble-t-il est d’arriver le dimanche matin à l’ouverture, 11h, alors qu’il y a encore peu de monde. Prochaines dates : du 23 au 26 mars 2012. 

    PS : ne vous découragez pas en allant consulter leur site internet, il est très mal conçu en effet, et n’incite pas vraiment à une visite ! 


  • antonio 26 décembre 2011 19:08

    J’ai visité en 2010 la Biennale Internationale de la Céramique à Vallauris :
    excepté parfois quelques belles couleurs, la plupart du temps des horreurs incompréhensibles
    (entre autres un « vaginoir » (!))...mais heureusement et ouf !, à l’étage on pouvait voir les céramique de Picasso : la beauté, la simplicité, la gaieté du génie immédiatement accessibles ......quel bon moment j’y ai passé...je n’en pouvais partir !


  • etienne64 26 décembre 2011 19:13

    Cher Paul,

    Ce que vous vouliez dire c’est que c’est de l’art contant pour rien ?
    Je voulais dire coutant cher, pour ceux qui comptent…
    Enfin bref je me perd. Pour moi l’art c’est : L’art est beau quand la main, la tête et le coeur travaillent ensemble. Ou y a-t-il du savoir faire de la technicité, en même temps que de la sensibilité et de l’amour dans l’art contemporain ? 


  • Marc Bruxman 26 décembre 2011 19:34

    Bonjour Paul,

    Dans un siécle, le temps aurait fait son office et il aura sélectionné ce qui restera dans l’histoire et ce qui ira à la poubelle. C’est pour cela que le contemporain nous parait toujours « inférieur » au passé. Car pour un Mozart, a son époque combien ont écrit et joué de la merde ? De même pour les peintures du temps de Rubens, combien ont peint des croutes que l’histoire n’a pas retenues ? Peut être même que certains de ces tableaux « mauvais » ont trouvé preneur chez des riches marchand et que leurs enfants s’en sont séparés.

    Maintenant au XXème siécle, il y a eu une recherche du concept plutôt que de la beauté. En fait cela a commençé dès le XIXème siécle. Certains artistes l’ont mieux abordés que d’autres : Je ne cracherai pas sur un Kandinsky chez moi si j’étais riche ;) De même pour l’oeuvre de René Magritte : Il ne cherchhait pas la beauté mais était il pour autant insignifiant ? Que nous apprends son oeuvre sur son époque ? Surement beaucoup de choses en fait !

    La question est plutôt : Est ce que nos concepts seront toujours compréhensibles dans 300 ans. Le seront ils par des gens non diplomés en histoire de l’art. La réponse risque fort d’être négative et cela va poser un problème de transmission des oeuvres. Mais ce problème arrive aussi pour l’art ancien. Car en dehors du fait que c’est beau et que la technique de peinture est exceptionnelle, comment apprécier nombre de musée occidentaux sans des connaissances religieuses et mythologiques solides ? Si vous vous contentez d’apprécier la beauté des images, je trouve que l’intérêt d’un musée s’émousse assez vite. A ce titre, les musée d’art contemporains comme les musées plus classiques ne mettent pas assez en avant l’idée derriére chaque oeuvre et c’est dommage. L’art sorti de son contexte devient une simple décoration.


    • Fergus Fergus 27 décembre 2011 09:29

      Bonjour, Marc.

      Laisson en effet le temps faire le tri dans les productions artistiques. Mais vous avez grand tort d’établir un parallèle entre le présent et le passé car ce parallèle est pour le moins abusif. Au temps de Mozart en musique, et de Rubens en peinture, seuls des artistes de grande qualité pouvaient prétendre vivre de leur art, et encore étaient-ils très peu nombreux à le réussir car les clients et les mécènes étaient rares.

      Qui plus est, ces musiciens ou ces peintres n’étaient pas, comme de nos jours, des artistes auto-proclamés ou des personnes créées par un marketing inexistant, mais des passionnés qui avaient travaillé dur, durant des années, auprès de grands maîtres, pour maîtrise les techniques. Et lorsque vous parlez de croûtes du 17e siècle, sans doute faites-vous allusion à des toiles anonymes ou signées par des petits maîtres oubliés. Des croûtes, ces toiles ? Certainement pas. Il suffit à cet égard de vister les petits musée de province pour s’en convaincre.


  • Emile Mourey Emile Mourey 26 décembre 2011 23:04

    Une mine d’or vient d’être mise au jour sur le mont Beuvray. Cette découverte, on s’y attendait. On sait en effet que la Gaule regorgeait de ce métal précieux. Ainsi pourraient s’expliquer les prodigieuses murailles que les Gaulois avaient élevées sur la hauteur pour protéger leur magôt. Il suffirait aujourd’hui de décaper 5 mètres de terre pour retrouver le filon. Avec la crise de la dette, cela tombe bien.


    • Fergus Fergus 27 décembre 2011 09:32

      Bonjour, Emile.

      Intéressante nouvelle. Elle me rappelle le fait que, naguère, dans mon Auvergne, il y avait des orpailleurs dans le lit de la Jordanne, la rivière qui arrose Aurillac. On les appelait les « pesco Luno », les « pêcheurs de Lune ».


  • Mattsoud - Artiste Photographe Mattsoud 29 décembre 2011 17:05

    Marc Bruxman, merci d’éclairer un peu ce débat. Même si je suis un adepte de l’art classique, cela ne m’empêche pas de savoir apprécier le conceptuel. Même si il y a un tas de merdes qui courent de nos jours (il y a eu en tout temps, mais on ne s’en rend pas compte, les merdes ne passant pas à la postérité), nous avons de très bons artistes, rarement les plus connus effectivement. Je pense que le problème ne viens pas d’une « inculture des élites » (puisque vous sembler pensez que l’art est fait par les élites pour les élites), mais de celle du public. Sachez que je ne reproche pas cette inculture à ce dernier, c’est certains que les oeuvres devraient plus souvent être présentées avec des explications. Mais ça casse un peu la chose...

    Avant, on peignait des figures réalistes et faciles d’accès parceque les gens ne savaient pas lire et n’étaient pas instruits, on leur faisait passer des messages simples en images. Maintenant les concepts sont plus complexes et il est certains qu’il ne suffit pas de jeter un oeil à une oeuvre d’art contemporain pour la comprendre. Cela nécessite un peu plus de réflexion.


  • bo bo 1er janvier 2012 11:33

    Paul

    L« art » est tout simplement un produit comme une lessive, aux mains d’un certain nombre d’ensemble financiers spéculateurs.
    C’est dans ce cadre que se situe ce qui était l’Art et le commerce (très spéculatif) a fait évoluer progressivement la notion d’Art pour agrandir le marché....
    La négation du figuratif s’est aussi inscrite dans un mouvement plus vaste de négation de l’homme en tant qu’individu....jusqu’à la promotion de l’art conceptuel qui est d’être là à un moment précis.
    Toutes ces foutaises ont été financièrement et médiatiquement bien orchestrée.... par exemple en France : : de l’inauguration en fanfare républicaine de l’opéra de La Bastille où les cocktails bleu (au bleu de méthylène pour rappeler le fameux bleu « Klein »...qui était en promotion ce jour là) ....et ou un chantre politicien dans son discourt....osa proférer :...ce grand moment que nous partageons...se prolongera quand vos urines bleues...
    Que dire de la FIAC, il y a quelques années où il fut vendu en quelques heures 2000 toiles vierges dans un emballage carton avec un numéro et « made in china »... (prix de la dite toile plusieurs milliers d’euros). avec certificat bien sur (portant l’heure de l’achat ) ?
    ...La presse spécialisée c’est émerveillée de cette notion d’Art conceptuel.....(ce jour là ce fut ma dernière visite à la FIAC).
    Et le pire, c’est que tout ce business est soutenu en partie par notre argent à travers des subventions données pour des expositions où le « bon peuple » se précipite...et en France, chaque année le Ministère de la Culture achète un bon millier d’œuvres....qui sont directement stockées dans des hangars ...au titre du soutien de l’art contemporain.

    Tout cela est le reflet de notre société.......

    A lire sur ce sujet :, de François Chevallier "La société du mépris de soi, de l’urinoir de Duchamp aux suicidés de France-telecom". (chez Galimard)

    Bien amicalement et meilleurs voeux


    • Paul Villach Paul Villach 1er janvier 2012 16:17

      @ Bo

      Je souscris évidemment à ce que vous écrivez. Je vous présente aussi mes meilleurs voeux. Paul Villach


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 1er janvier 2012 23:00

    Merci à Marc Bruxman pour ses commentaires, qui remettent bien les choses en place.

    Merci aussi à Paul Villach de n’être pas resté, sur le même sujet, sur son très mauvais article du 22.

    Et encore merci pour son excellent article suivant, celui du 28, sur un autre sujet.

    Pour que l’année soit bonne, donnez-nous en 2012, Paul Villach, des articles comme ceux du 26 et du 28.

  • Zebron 20 janvier 2012 11:05

    Tels financiers qui ont voué leurs vies aux chiffres n’ont pas eu le temps de se cultiver. Arrivés à l’âge des désirs d’honorabilité, ils pensent à la culture. Mais la culture est le voyage d’une vie… Alors ils s’achètent la culture. Une culture dont ils maîtrisent la valeur et la plus value… Ça leur permet en outre de ridiculiser le peuple : quoi, vous ne « comprenez pas ? ». Et en vertu du fait que Cézanne n’a pas été compris en son temps, ils laissent planer le chantage au ridicule sur nos têtes. Pendant que Jack Lang décorait tout ce qui bouge…


    Une théorie de l’Art permettrait cadrer et trier. Mais vous n’y pensez pas ! D’abord personne n’a été capable de cerner le phénomène artistique et puis cerner, cadrer c’est contraire à la Création… et l’Art est Création, cad hors cadre. Donc, exit toute tentative de cadre structuré… C’est faux mais ça arrange tout le monde : escrocs créatifs, galeries, financiers, critiques…

    D’autre part, l’Art comme creuset d’artisanat (fierté de l’Homme par son savoir-faire et la technique) et creuset de nouvelles spéculations formelles qui sont ensuite métabolisées dans d’autres arts et la Pensée, voire les Sciences, a été évacué. Ruiné par la Science qui extrude tous les concepts possibles et jeté par l’industrie dont la perfection zéro défaut dépasse, croit-on, la patine artisanale, l’Art erre sonné et sans but. Duchamp, sale gosse râleur privé de sa Fonction d’Artiste a donné un coup de pied dans le mur avec son urinoir. C’est devenu un mouvement au lieu de demeurer un acte critique… Aujourd’hui tout le monde fait ça. Et dans le scato si possible.

    L’universalité de l’œuvre d’art a été oubliée… Pourtant, une œuvre est universelle et ne requiert aucune explication ou n’est pas. Je peux admirer une œuvre de 5000 ans dont je ne connais rien de la culture d’origine. C’est ça l’universalité de l’Art. C’est ça le Parler Humain plutôt que le comique de groupe local. Et ça… c’est cruellement absent. Ce seul critère devrait suffire à jeter pratiquement tout le l’art actuel dans le sac des déchets ménagers de notre époque…


    MNX


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