samedi 29 décembre 2018 - par Breton8329

Le destin des Français et l’échec de la politique

Dans les années 80, certains auteurs de sciences fiction voyaient un monde dans lequel l’homme serait dégagé des servitudes du travail grâce aux technologies. Au même moment, alors que notre société de consommation atteignait son régime de croisière, la télévision qui avait conquis tous les foyers affichait la réalité d’une Afrique en proie à la pauvreté la plus extrême. Aujourd’hui, il semble que notre futur converge vers celui de l’Afrique d’alors tandis que les perspectives d’une révolution technologique au service de l’homme s’éloignent. Pourquoi en est-on arrivé là et comment sortir de l’ornière ?

Lorsque j’étais plus jeune, dans les années 80, je ne me souciais pas trop de la politique, ni même de l’économie. Je trouvais un peu ridicule les apparitions à la télévision de ces hommes guindés à la voix plaquée or qui déclamaient sur un ton compassé des trucs que je ne faisais pas beaucoup d’effort pour comprendre. Ce qui me frappait le plus, finalement, c’était l’étrangeté de leur attitude, de leur posture ou de leur langage : Georges Pompidou avec sa gauloise et sa coiffure d’acteur de série B, Georges Marchais avec ses emportements burlesques et Giscard, qui n’aurait pas dénoté s’il avait porté une perruque poudrée. Je ne les voyais qu’à la télé et ils me semblaient tellement artificiels, tellement éloignés de mon univers que j’avais l’impression qu’ils jouaient une pièce de théâtre. Pour ce qui concernait l’économie, à défaut d’une compréhension précise, soutenue par une culture théorique, j’avais identifié quelques incohérences. La recherche des incohérences et de leur cause a toujours été un guide dans mes réflexions et malgré l’indigence de mon bagage théorique, j’ai rapidement acquis la certitude qu’il y avait un ou deux trucs qui clochaient tant en politique qu’en économie.

Tout d’abord, il y avait les africains. Si tous les hommes étaient égaux, pourquoi étaient-ils si pauvres ? Il est probable qu’une majorité des français de cette époque aurait répondu que nous étions plus riches parce que nous étions plus intelligents et plus travailleurs. Le gouvernement du président Giscard n’affirma-t-il pas qu’« en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées » ? Je ne connaissais pas d’africains mais je connaissais quelques français et ces deux arguments ne me semblaient pas très convaincants. Ensuite, il y avait la guerre froide. Comment pouvait-on être doué de raison et tolérer un affrontement de cette nature ? Le coup de grâce est venu avec le socialisme. C’est à ce moment-là que j’ai perdu foi dans la capacité de mes concitoyens à gérer leurs problèmes. Car en effet, si le socialisme est un projet planétaire, pourquoi devrait-il se préoccuper davantage des travailleurs français que des travailleurs des pays pauvres, y compris africains ? Et dans ce cas, n’était-il pas risqué de confier notre destin à des socialistes ? Très tôt, j’ai perçu qu’il y avait une tension fondamentale entre la notion de nation et le socialisme : l’un et l’autre m’ont toujours semblé incompatible, ce qui n’a pas empêché une majorité de français de voter pour Mitterrand.

Aujourd’hui, cette tension me semble toujours présente, à tel point que l’ultralibéral Macron a pu déclarer qu’il était socialiste. En réalité, la phase d’expansion du socialisme est parfaitement compatible avec le projet mondialiste puisque tous deux luttent pour affaiblir leur adversaire commun : l’Etat. Le socle du socialisme est la suppression des barrières érigées par les Etats entre la communauté mondiale des travailleurs et le libéralisme entend supprimer l’Etat en tant que principal intermédiaire entre l’entreprise et le marché, y compris du travail. L’une des conséquences de cette situation fut l’absence de volonté, à gauche comme à droite, de réguler un flux migratoire qui répondait aux intérêts matériels des mondialistes, puisqu’il tirait les salaires vers le bas et régulait la pression sociale, et aux intérêts idéologiques des socialistes. J’y reviendrai mais c’est là l’une des limites de notre démocratie.

Aujourd’hui, il me semble que tout cela est largement connu. Les africains sont toujours aussi pauvres, toujours plus nombreux mais la normalité, c’est que les français sont en train de les rejoindre dans la pauvreté, ce qui tord le cou à l’idée que notre richesse serait le fruit de notre intelligence et de notre travail. L’illusion d’un destin exceptionnel n’aura duré que le temps pour les socialistes et les mondialistes de s’accorder sur la destruction de cet Etat qui assurait bonheur et prospérité aux « salopard à casquette » (expression utilisée par la bourgeoisie pour qualifier le peuple à partir de 1936). La France qui se profile sera finalement assez semblable à l’Afrique que je voyais à la télévision dans les années 80 ; ce sera un océan de pauvreté avec quelques îles de richesse. Les villes de province convergent progressivement vers leur format définitif : les impôts augmentent, puisqu’il faut bien que Paris vive, les commerces disparaissent, les hôpitaux ferment et les habitants perdent progressivement tout le confort dont bénéficiaient leurs parents. La prochaine étape sera cette protection sociale dont seuls bénéficieront ceux qui pourront se payer une assurance privée. Ce sera enfin la victoire de la classe sociale des privilégiés, des aristocrates de l’argent, qui a compris que la principale entrave à son totalitarisme procède de la solidarité des classes laborieuses.

Dès lors que cette classe aristocratique aura affermi son autorité sur les classes laborieuses, sa principale préoccupation deviendra la perpétuation de son mode de vie et c’est là qu'apparaissent les considérations écologiques. Aujourd’hui, les principales craintes des très riches, bien avant la sécurité, sont la surpopulation et la pollution. Et puisque la pollution est directement liée à la surpopulation, nul besoin d'être devin pour imaginer ce que nous réserve un futur dirigé par une aristocratie de l'argent.

Pour autant, et puisqu’il faut bien conclure, il me semble qu’il existe d’autres voies qui permettraient d’éviter les scénarios cauchemardesques que nous promettent à la fois les archaïsmes du socialisme et la brutalité du libéralisme. Le travail des robots, par exemple, plutôt que de créer du chômage, devrait être vu comme une opportunité pour dégager l’homme des contraintes du travail. Toutefois, il reste encore à inventer le système qui permettra de partager la richesse produite plutôt que de la concentrer entre des mains toujours moins nombreuses. La disparition des magasins offre l’opportunité de mettre un terme à cette société de consommation tant conspuée. La fin de la voiture pour tous permettra peut-être de sortir de l’individualisme qui a détruit les liens sociaux. Aujourd’hui, avant d’être matérielle, la faillite de notre société me semble davantage intellectuelle et elle ne concerne pas que les dirigeants.

A ce titre, les personnes saines d’esprit auront compris qu’il ne faut rien attendre du politique. Les hommes politiques semblent totalement dépassés par la complexité de la société et l’ampleur des enjeux. Leur système de sélection, héritage d’un monde dont il faut sortir, favorise les candidats consensuels et serviles au détriment de ceux qui seraient créatifs et déterminés : aucun changement n’est donc à espérer de ce côté-là. Les élections en France sont une caricature de démocratie, un peu comme si les électeurs avaient le choix entre Burger King, Quick ou Mac Donald. Si les français peuvent choisir la marque de leur restaurant, ils mangeront, quel que soit leur choix, du burger.

Le changement ne viendra pas des élites et il appartient probablement à chacun de saisir les fruits des nouvelles technologies, comme autant d’opportunités pour éviter le destin funeste que nous réservent les combats d’arrière-garde. Plutôt que de se battre contre un système, il serait certainement plus habile de créer un nouveau système et c’est, d’une certaine façon, ce que semblent sur le point de réaliser les gilets jaunes qui ont retrouvé, dans la protestation, la route du vivre ensemble. Il reste maintenant à trouver le chemin du construire ensemble. Quant à savoir si la France doit faire partie de notre futur, c'est une question qui ne devrait concerner que les Français.



5 réactions


  • batmou 29 décembre 2018 12:26

    Ce qui complique encore la compréhension de ce monde dans lequel nous vivons, c’est que la corruption, l’incompétence et l’escroquerie dénaturent les idéologies, qu’il s’agisse du socialisme ou du libéralisme. Finalement, ce sont souvent les intérêts personnels et les intérêts de caste qui l’emportent.


    • Breton8329 Breton8329 29 décembre 2018 12:41

      @batmou oui, c’est vrai et cette situation est permise par l’idéologie qui soutient l’ensemble, c’est elle qui canalise les forces pour permettre sa réalisation. On le voit aujourd’hui, avec les gilets jaunes, que notre système politique est capable de dépenser une énergie considérable, de s’affranchir même de la légalité, sans même parler de la légitimité, pour défendre ses fondamentaux. Ce qui veut dire que son absence de réaction face à d’autres situations, tel que le blanchiment, le crime organisé, les trafics de drogues, l’évasion fiscale, l’immigration illégale, la résurgence d’une aristocratie, l’extension de la charia dans les citées, etc. découle avant tout d’un choix politique. Au final, le contraste entre la force utilisé pour lutter contre ces problèmes et celle utilisée pour lutter contre les gilets jaunes révèle ce qui menace l’idéologie dirigeante. Mauvaise nouvelle pour nous : ce sont les français...


  • zygzornifle zygzornifle 29 décembre 2018 17:43

    Le mauvais Karma des Français s’appelle Macron ....


    • batmou 29 décembre 2018 18:49

      @zygzornifle Pas certain que le Karma y soit pour quelque chose. Tout cela me semble plutôt relever d’une mécanique parfaitement huilée. Jusqu’à présent, les français faisaient confiance à leurs représentants politiques pour défendre au mieux leurs intérêts. Désormais, ils savent que ces politiques agissent pour les intérêts d’une minorité et qu’ils utilisent tous les moyens à leur disposition, y compris les médias que possèdent la caste qui les intronise, pour atteindre leurs objectifs. Le Karma s’appelle l’ingénieure sociale.


  • lloreen 31 décembre 2018 10:41

    Pour 2019, ayons un objectif commun:La divulgation complète.

    Voici un trésor à partager.

    https://vimeo.com/304030726


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