Le doux regard d’Ouest France pour l’Islamisme ?
Le journal Ouest France a livré, le 22 novembre, sur son site Internet, une information qui intrigue : dans sa rubrique de Lamballe en Côtes-d’Armor, un gros titre et une photo accompagnent de toute leur surface un article de moins de quatre lignes pour annoncer le refus du maire de Pommeret, ville près de Lamballe, de servir un menu sans porc à la cantine scolaire locale à un enfant de maternelle de famille musulmane : « On n’a pas voulu faire d’exception pour un motif religieux », explique-t-il. La maman voit là un acte de discrimination, » conclut le journal (1). La présentation de cette information est assez insolite pour deux raisons.
1- Une place disproportionnée accordée à une décision normale
Le premier problème qu’elle pose est la place disproportionnée qui lui est accordée. On sait que chaque jour, un flux considérable d’informations se déverse et qu’en regard, le temps ou la surface de diffusion disponibles dans les médias sont exigus. Autant essayer de transvaser le contenu d’un tonneau dans une bouteille. Les informations font donc l’objet d’un tri draconien qui rejette plus qu’il ne garde. Cette application de la laïcité par un maire et la protestation d’une mère qui crie à la discrimination, sont donc apparues pour Ouest France comme une information importante justifiant d’être retenue de préférence à d’autres.
Or, cette observation obligatoire de la loi française par un maire dans une cantine publique, méritait-elle de prendre tant de place dans le journal ? Ne serait-ce pas le contraire qui eût mérité d’être signalé ? Doit-on signaler les trains qui arrivent à l’heure et s’en plaindre ?
Et l’accusation de discrimination portée à la légère par la mère était-elle si importante à faire connaître ? Mieux encore, une photo de cette mère avec ses enfants s’imposait-elle pour illustrer l’information ? Qu’ajoutait-elle au respect du principe de laïcité par un maire et à sa contestation par une citoyenne ?
2- Le parti pris de Ouest France
Se pose dès lors une seconde question dans le sillage de la première : quel parti pris insinue donc le journal en présentant de la sorte ce conflit ?
- On peut penser d’abord que Ouest France a choisi de faire connaître le courage d’un maire : il ose aller, en effet, à l’encontre de mauvaises habitudes qui tendent à se banaliser en France au mépris de la laïcité, comme l’introduction dans les cantines publiques de régimes spéciaux exigés par des croyances religieuses. Mais dans ce cas, pourquoi n’avoir pas publié une photo de ce maire courageux ? Ne la méritait-il pas ? Mais peut-être, on l’accorde volontiers, était-ce le désigner à la vindicte de certains islamistes fanatiques.
Fallait-il pour autant publier la photo de la mère qui conteste la laïcité française ? En lui accordant autant d’importance, le journal ne vise-t-il pas à la présenter en victime ? Par métonymie, l’effet présenté, qu’est la mère enlaçant tendrement ses deux petits, ne découle-t-il pas de la cause supposée de son innocence ? Au surplus, par l' effet d'une autre métonymie, en se présentant ainsi à visage découvert sans aucun signe religieux ostentatoire dans son intérieur, ne paraît-elle pas bien intégrée ? Que vient-on lui chercher noise à cette brave femme ?
En somme, on serait en présence d’un leurre d’appel humanitaire où cette pauvre mère avec ses deux enfants paraît brimée pour ses croyances religieuses - fussent-elles absurdes - par un maire respectueux d’une laïcité qui passe pour intolérante. Et, comme il se doit, la victime stimule un réflexe de compassion et d’assistance à personne en danger tandis que son bourreau déclenche un réflexe de condamnation.
Il ne fait aucun doute que la place disproportionnée accordée par la photo à la mère plutôt qu’au maire, trahit un soutien affiché du journal à la première et un désaveu symétrique du second. Le choix de l’hypocoristique « maman » - au lieu du mot « mère » - n'est pas anodin : totalement impropre en dehors du contexte spécifique qu'est le cercle familial entre parents et enfants, il confirme une empathie du journal envers cette femme.
Toutefois, cet apparent parti pris en faveur de cette mère qui rejette la laïcité, ne peut être partagé que par le lecteur ignorant du contexte de la guerre sournoise que mène l’Islamisme contre les lois de la République française. Pour qui en est averti, la distribution manichéenne des rôles s’inverse : c’est le maire qui devient le héros de cette histoire pour avoir fait respecter la loi républicaine contre l’intégrisme et la mère, la coupable, pour voir tenté de la transgresser. Paul Villach
(1) « À Pommeret, pas de menu spécial pour le petit musulman », Ouest France, 22 novembre 2011