jeudi 16 mai 2019 - par Mohamed Belaali

Le Fichage des blessés « jaunes »

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« Nous, médecins, rappelons notre attachement viscéral au secret professionnel. C’est pourquoi nous refusons le fichage des Gilets jaunes blessés arrivant aux urgences. De même que nous nous opposons à tout autre fichage des patients sans leur consentement, visant à une transmission des données en dehors de l’hôpital à des fins autres que médicales » (1). Ainsi commence le texte de cent médecins qui refusent le fichage des Gilets jaune blessés.

La bourgeoisie française non satisfaite d'avoir éborgné et mutilé des Gilets jaunes, exige maintenant qu'ils soient fichés lorsqu'ils arrivent blessés aux urgences. Ce fichage, réclamé par le pouvoir, se fait évidemment sans le consentement des patients. La bourgeoisie veut ainsi transformer la science médicale et les médecins en complices, en simples supplétifs de la police. Le secret professionnel, la déontologie et l’éthique médicale n'ont de valeur que lorsqu'ils servent ses propres intérêts. Précisons que toute transgression du secret professionnel peut entraîner des poursuites pénales ou disciplinaires. L'article R. 4127-4 du code de la santé publique dit clairement que « toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme participant à la prévention et aux soins a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant ». « Ce qu'on nous demande de faire est illégal, un médecin n'a pas à ficher ses patients », s'insurge un médecin urgentiste de l'AP-HP (2). Mais pour cette classe, la loi c'est toujours la loi du plus fort. Pour elle, les Gilets jaunes ne sont pas des blessés, des patients, mais des opposants qu'il faut réprimer, traquer, ficher même dans les hôpitaux. Réclamer la justice fiscale et sociale dans la France d'aujourd'hui est une revendication devenue insupportable pour la classe dirigeante. Les barrières juridiques s'effacent progressivement laissant place à un régime autoritaire ne tolérant aucune opposition, aucune contestation populaire d'envergure comme c'est le cas en ce moment avec les Gilets jaunes.

Mais le fichage des blessés « jaunes » n'est que le symptôme, parmi tant d'autres, de la société capitaliste d'aujourd'hui. Le fichage n'est pas une dérive, mais une politique volontariste d'un système qui, pour se maintenir et se perpétuer, a besoin d'étendre sa surveillance, son contrôle sur l'ensemble des citoyens notamment les plus pauvres et les plus conscients d'entre-eux. Les contrôles, facilités par les technologies du numérique, se généralisent et touchent tous les domaines.(3).

Ce fichage « jaune » dont les médias bourgeois ne parlent plus, est en soi une autre forme de violence (4) faite aux Gilets jaunes et à tous les mouvements sociaux. Le but non avoué de ce silence est de rendre toute cette violence d'Etat invisible, inexistante. On ne parle plus du fichage des blessés « jaunes » comme on ne parle plus de Zineb Redouane, des yeux crevés, des mains arrachées, des centaines de signalements déposés à l'IGPN sans résultat, des mensonges répétés du pouvoir etc.etc. Dans l'immédiat, il faut créer chez les citoyens un sentiment, une impression que tous ces événements n'ont pour ainsi dire jamais existé. La bourgeoisie tentera par la suite de les effacer de la mémoire collective qui représente toujours une menace, un danger pour les régimes autoritaires. Il lui sera plus facile plus tard de réécrire sa propre vérité, légitimant et perpétuant son pouvoir.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://reporterre.net/Cent-medecins-refusent-le-fichage-des-Gilets-jaunes-blesses

(2)https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2019/04/24/fichage-des-gilets-jaunes-ce-quon-nous-demande-est-illegal-temoigne-un-urgentiste-de-lap-hp_868245

(3) Il existe d'innombrables articles sur ce sujet. Voir entre autres :

https://www.uspsy.fr/IMG/pdf/le_Fichage_des_patients_en_psychiatrie_LLPF_no195.pdf

(4).https://reporterre.net/Gilets-jaunes-La-question-de-la-violence-revele-une-crise-democratique?fbclid=IwAR2d93oMDXD6nof-yzeYSTC7TfLsqlLtTzoO6UvsBpF9yj37m_UT7j1qmTE

 



9 réactions


  • MagicBuster 16 mai 2019 11:45

    Pour lutter contre l’insécurité , le fichage des muzz apparait comme la seule solution.


  • Taverne Taverne 16 mai 2019 15:23

    Je souscris pleinement à cette cause en ma qualité de juriste connaisseur de la question. Les données personnelles sont protégées par le RGPD et les lois et, plus particulièrement, les données dites sensibles. Le fichage est extrêmement réglementé.

    Il est interdit sous peine de poursuites de mentionner des données de nature médicale dans les zones libres du logiciel de fichage. Le secret médical continue même après le décès (délai de 25 ans pour la plupart des cas).

    Seul l’intéressé peut avoir accès à ses données de santé, pas les tiers.

    Dans les rares cas légaux où elles sont accessibles à certains tiers autorisés, les éléments médicaux transmis doivent être nécessaires à la réalisation de l’objectif invoqué. Le critère de la nécessité et de la finalité sont donc prépondérants ici. A cela s’ajoute la question du respect rigoureux du secret professionnel dont les manquements peuvent être sanctionnés par la loi pénale.


    • Taverne Taverne 16 mai 2019 16:09

      La CNIL rappelle avec constance depuis toujours que le numéro de sécurité sociale (appelé NIR dans le jargon administratif : numéro d’inscription au répertoire des personnes physiques) est une « donnée sensible ».

      La raison est la nature très identifiante de ce numéro (en raison de sa construction : date et lieu de naissance, etc.)

      La mise en commun de cette donnée entre administrations est donc proscrite sauf pour les établissements et services sociaux et médico-sociaux et elle se limite aux finalités poursuivies dans le cadre de leurs missions. Le décret 2019-341 du 19 avril 2019 définit les catégories de responsables de traitement et les finalités pour lesquelles les traitements peuvent être mis en œuvre. Là encore, comme on le voit, le critère du but poursuivi dans le cadre de la mission est appliqué (critère de finalité). La Cnil a d’ailleurs retoqué ce décret dont une expression trop large risquait de conduire à des abus (Délibération CNIL n° 2019-029, 14 mars 2019).


    • Dom66 Dom66 16 mai 2019 18:50

      @Taverne

      Désolé Monsieur le juriste connaisseur de la question ! J’ai lu vos deux commentaires aussi :

       Je vous donne une info importante : Le père Noel n’existe pas

      En macronie les décrets ne servent à rien. CNIL= de la mrd, du pipo (eau)

      La justice n’existe pas, si non cela ce saurait.

      bien à vous


    • Dom66 Dom66 17 mai 2019 00:07

      @Cadoudal

      Oui je suis d’accord et en plus ceci :

      " Son réveil dans un pays du tiers monde en faillite n’en sera que plus douloureux..."

      Nous y somme dans un pays du tiers monde.....J’ai pu apprécier ce Week-end pour quelqu’un de ma famille les urgences à l’hôpital...et ensuite hospitalisation....et bien pour un pays qui possède la bombe atomique, qui veut faire la guerre un peu partout et qui ouvre sa grande gueule, ça fait pitié...déplorable, minable, sale, manque de place, personnel en sous effectif, enfin le tiers monde.

      Par contre les politiciens sont bien payés....Oui les gugus comme Taverne croient sincèrement encore habiter un pays ou l’administration fonctionne, et bien c’est ça qui nous gonfle un max.

      Pauvre France


    • foufouille foufouille 17 mai 2019 07:36

      @Dom66
      c’est normal car taverne est un fonctionnaire gagnant 4000€.


  • MagicBuster 16 mai 2019 16:41

    Les services de police françaises sont-ils autoriser à interroger les fichiers du Mossad ou de la CIA  ?

    Il y a surement plus d’informations . . . que dans les fichiers de la France qui interdit de ficher avec les critères logiques qui s’imposent.

    En attendant, on criminalise le citoyen ordinaire qui dépasse les 30 Km/h .. ..

    ==> Justice ridicule qui protège les terroristes ( à nos frais )


  • zygzornifle zygzornifle 17 mai 2019 09:01

    C’est les cadres de la direction qui consulte les dossiers et qui donne les infos au gouvernement , le personnel soignant a autre chose a faire que de la délation , ils bossent comme des esclaves ....


  • zygzornifle zygzornifle 17 mai 2019 09:05

    Bientôt ce con de mougeon viendra de lui même se faire pucer et après il couinera que ses infos perso se baladent un peu partout sur le net , aussi con que ceux qui se mettent en situation de débile sur fesse de bouc ou ceux qui roulent a 250 et mettent la vidéo sur you bulbe rachidien ....


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