Le Hirak algérien entre Élan vital et Volonté de puissance. Émergence d’une nouvelle lecture de l’histoire de l’humanité
Dans son livre-essai, « Pour sortir du XXe siècle », publié par l’Édition française L’Herne, Edgar Morin, sur la quatrième couverture (dernière page extérieure), présente sa vision du monde d’aujourd’hui. Il écrit : « Nous approchons de l’an 2000. Nous ne savons jamais ce qui arrive, et c’est cela qui nous arrive. Comment voir, savoir, prévoir ? Que croire, qui croire, peut-on encore croire ?
Nous devons comprendre que nous sommes, non aux portes de l’âge d’or, mais au cœur de l’âge de fer planétaire, non dans l’ère des Lumières mais dans la préhistoire de l’esprit humain. Que dans l’agonie du siècle, crise, progression, régression, révolution se mêlent, muent et se transmettent les unes dans les autres. Que notre mode de penser nous aveugle plus qu’il nous éclaire, en mutilant, fragmentant, dissociant le réel. N’est-il pas vital, aujourd’hui, de réviser nos croyances, nos conceptions, nos méthodes ? »
Ce que dit l’auteur est plus que sensé, mais la réalité est là, il faut que la réalité du monde opère le processus qui régit et fait avancer le monde. Que les êtres humains ne peuvent faire autrement qu’exister comme ils ont été conçus sur cette Terre bénie. L’histoire de l’humanité ne peut être domestiquée, c’est elle qui domestique l’homme, c’est elle qui trace son itinéraire dans la marche du temps. C’est comme si l’histoire faisait et fait l’histoire dans le cours du temps. Par conséquent, ce que dit Edgar Morin sur ce que « Nous ne savons jamais ce qui arrive, et c’est cela qui nous arrive » et cette impuissance de la puissance humaine est simplement parce que c’est tracé, et cela fait partie de la destinée de l’homme.
Sur le plan heuristique, c’est-à-dire sur le « apprendre de l’homme », celui-ci, comme c’est tracé son itinéraire y compris son libre-arbitre dans le déroulement de l’histoire, doit penser, doit tenter de découvrir par lui-même ce qui lui réserve la destinée, et il ne peut le faire que très partiellement en faisant appel à sa raison et à son intuition. Il ne lui ait pas donné de connaître totalement sa destinée sinon le sens de l’existence serait faussé et lui-même n’aurait pas raison d’être puisqu’il sait ce qu’il est dans le continuum du temps. Donc c’est une situation existentielle tout à fait naturelle que l’homme a subi, subit et continuerait à subir, depuis qu’il fut « jeté » dans l’étant terrestre.
Une autre question qui complète son étant terrestre. D’où lui viennent la raison et l’intuition ? Ne viennent-elles pas de la pensée ? Et c’est cette pensée qui appelle à sa raison, à son intelligence. L’homme n’est en fin de compte que l’interface entre la pensée qui pense en lui et qu’il pense dans un même acte, et cette pensée qui communique avec les deux instances intérieures, sa « raison » et son « intelligence » toutes deux pensées par sa pensée et l’ « éclairent » sur son existence. Deux instances qui ne lui sont révélées que par sa pensée. C’est sa pensée qui « raisonne » dans sa raison, et c’est aussi sa pensée qui « intellige » son intelligence, et dans ce processus, il est en fait « décidé » par sa pensée, « décidé » par la nature même de son essence qui est humaine.
Donc, que Edgar Morin cherche à aller au-delà du « connaître », en posant ses questions dans le « Comment voir, savoir, prévoir ? Que croire, qui croire, peut-on encore croire ? » ne pourrait avoir de réponses que ce que sa pensée aurait à élaborer et à lui communiquer ce qu’il en est et uniquement par la pensée qui trône en lui, qui « fait son esprit ». Autrement dit c’est l’esprit qui est en lui qui le fait exister par le biais de sa pensée. Et c’est pourquoi, dépendant de la constitution métaphysique de son être. Edgar Morin qui s’interroge sur l’existence humaine n’a de réponse que ce que son être peut lui insuffler.
Cependant, demeurant conscient de la complexité du monde, il l’exprime par le nous, englobant l’humanité, et l’affirme par sa pensée. « Que notre mode de penser nous aveugle plus qu’il nous éclaire, en mutilant, fragmentant, dissociant le réel. N’est-il pas vital, aujourd’hui, de réviser nos croyances, nos conceptions, nos méthodes ? » La réponse que l’on peut faire à sa pensée empreinte d’angoisse, faut-il le souligner, vu l’importance des enjeux auxquels sont confrontés les peuples, est « Oui, c’est juste mais comment ? »
Aussi, pour entrer vite dans le vif du sujet, en lien avec les questions angoissées d’Edgar Morin, il faut d’abord définir l’homme non pas l’homme lui-même, mais les hommes, les peuples dans le sens « qui ils sont dans l’histoire », et quelle portée doivent-ils entrevoir dans l’existence, quelles forces agissantes qui sont en eux, qui travaillent en eux et sont susceptibles de les transformer précisément dans cette existence qu’ils subissent, et qu’ils n’ont pas demandé. Elles entrent dans leurs destinées.
Précisément, penser seulement l’avenir de ce qui va arriver et qui peut transformer les peuples serait insuffisant et ne pourrait leur apporter des réponses fiables et dignes d’intérêt à leur devenir. Et ce qu’on doit comprendre, c’est que la complexité du sens de l’existence humaine est telle qu’elle montre que les hommes, les peuples avancent dans l’histoire, font l’histoire mais ne connaissent pas la finalité, les buts de l’histoire qu’ils font. Ils ne la connaissent qu’ensuite lorsque leur histoire leur apparaisse totalement changée, qu’ils la vivent comme ils l’ont fait cette histoire sans prendre conscience que ce n’est pas cette histoire qu’ils ont visée mais cependant devait s’opérer elle-même selon ce qui était en puissance en elle.
Doit-on s’étonner à ce que les hommes font l’histoire et que l’histoire leur rend bien, puisqu’ils la font avec ce qui leur est donné, et par conséquent, l’histoire se fait aussi avec elle-même et ce qui est décrété aux hommes et aux peuples. Il est évident que l’étonnement n’est que relatif, qu’il existe bien une Raison universelle dans l’histoire que l’on peut comprendre par la raison même de cette Raison dans l’histoire, que tout ce qui arrive doit arriver parce que cela relève de la Nécessité-monde, et cette exigence de l’histoire s’inscrit dans le Progrès du monde. L’évolution du monde est donc toujours ascendante, toujours en progrès, et « crise, progression, régression, révolution se mêlent, muent et se transmettent les unes dans les autres » participent positivement dans la marche de l’histoire. Une régression, une ruine d’un système ne peut qu’être suivie d’une reconstruction d’un système plus performant eu égard aux enjeux du monde qui ne sont pas statiques mais changent au cours du temps.
Pour étayer cette approche métaphysico-historique sur le devenir des peuples, et montrer qu’il y a réellement un sens rationnel et positif dans la marche du monde, prenons un événement exceptionnel très récent, le Hirak algérien. Comment a-t-il pu surgir un jour, le 22 février 2019 ? Comme sorti de la terre, ce Hirak a vu le peuple algérien dans pratiquement toutes ses composantes sortir pour manifester dans les rues, pour crier son ras-le-bol sur la politique menée par le gouvernement. Ces marches populaires qui se sont généralisées à travers le territoire et qui ont été de ce jour, une date historique relatant un événement incroyable, inimaginable et ce, se reproduisant chaque vendredi pendant des mois, et rien ne l’a arrêté ni le jeûne du Ramadan ni les grandes chaleurs de l’été. Le Hrak a changé le cours de l’histoire algérienne et continue de le changer. Avec un impact sur les autres peuples du monde, qui regardent ce prodige et suivent fidèlement cette révolution pacifique, cette révolution du « sourire ». Et cette révolution est véritablement une « révolution du sourire », puisque partie d’une revendication pacifique, tranquille et surtout massive, et ne revendique qu’un état de droit, ce qui est naturel pour le peuple algérien et aux yeux des peuples du monde qui tous y aspirent.
Cependant, il est nécessaire de s’interroger comment ce mouvement de contestation pacifique a pu être possible en Algérie ? Surtout que rien ne laissait transparaître cette sortie extraordinaire du peuple algérien ? Le gouvernement qui avait d’autres projets a été pris de court. Pour avoir une idée d’ensemble du Hirak, et donc ce qui a prévalu dans ces marches pacifiques, il faut avant tout retenir la « volonté collective massive et inattendue » dans le surgissement du Hirak. Par un simple appel des réseaux sociaux mais insistant, le peuple algérien a étalé au grand jour sa force, sa puissance dans les rues des villes algériennes, démontrant qu’il est en dernier recours l’acteur central dans la marche et le fonctionnement de l’État algérien. C’est par le peuple que l’Algérie est nation. C’est lui qui personnifie la nation. Et cette volonté populaire collective s’est vite imposée aux décideurs algériens les amenant à annuler le projet d’un cinquième mandat pour le président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Ainsi qu’une série d’arrestations tout azimut de personnalités qui ont occupé de hauts postes de l’État et accusés de prédation de richesses de l’État, pour calmer la colère du peuple exprimée dans la rue.
Cela va de soi que cette volonté massive et collective du peuple algérien sur les élections présidentielles ne peut que s’assimiler à une « volonté de puissance ». Et ce concept nous rappelle ce que le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, dans son œuvre « Par-delà le bien et le mal », prélude d’une philosophie d’avenir, publiée en 1886, entend par « volonté de puissance ». Lisons au point 36 ce qu’il écrit.
« En admettant que rien de réel ne soit « donné », si ce n’est notre monde des désirs et des passions, que nous n’atteignons d’autre « réalité » que celle de nos instincts — car penser n’est qu’un rapport de ces instincts entre eux, — n’est-il pas permis de se demander si ce qui est « donné » ne suffit pas pour rendre intelligible, par ce qui nous ressemble, l’univers nommé mécanique (ou « matériel ») ? Je ne veux pas dire par là qu’il faut entendre l’univers comme une illusion, une « apparence », une « représentation » (au sens de Berkeley ou de Schopenhauer), mais comme ayant une réalité de même ordre que celle de nos passions, comme une forme plus primitive du monde des passions, où tout ce qui, plus tard, dans le processus organique, sera séparé et différencié (et aussi, comme il va de soi, affaibli et efféminé —) est encore lié par une puissante unité, pareil à une façon de vie instinctive où l’ensemble des fonctions organiques, régulation automatique, assimilation, nutrition, sécrétion, circulation, — est systématiquement lié, tel une forme primaire de la vie. — En fin de compte, il est non seulement permis d’entreprendre cette tentative, la conscience de la méthode l’impose même. Ne pas admettre plusieurs sortes de causalité, tant que l’on n’aura pas poussé jusqu’à son extrême limite l’effort pour réussir avec une seule (— jusqu’à l’absurde, soit dit avec votre permission), c’est là une morale de la méthode à quoi l’on ne peut pas se soustraire aujourd’hui. C’est une conséquence « par définition », comme disent les mathématiciens. Il faut se demander enfin si nous reconnaissons la volonté comme agissante, si nous croyons à la causalité de la volonté. S’il en est ainsi — et au fond cette croyance est la croyance à la causalité même — nous devons essayer de considérer hypothétiquement la causalité de la volonté comme la seule. La « volonté » ne peut naturellement agir que sur la « volonté », et non sur la « matière » (sur les « nerfs » par exemple) ; bref, il faut risquer l’hypothèse que, partout où l’on reconnaît des « effets », c’est la volonté qui agit sur la volonté, et aussi que tout processus mécanique, en tant qu’il est animé d’une force agissante, n’est autre chose que la force de volonté, l’effet de la volonté. — En admettant enfin qu’il soit possible d’établir que notre vie instinctive tout entière n’est que le développement et la différenciation d’une seule forme fondamentale de la volonté — je veux dire, conformément à ma thèse, de la volonté de puissance, — en admettant qu’il soit possible de ramener toutes les fonctions organiques à cette volonté de puissance, d’y trouver aussi la solution du problème de la fécondation et de la nutrition — c’est un seul et même problème, — on aurait ainsi acquis le droit de désigner toute force agissante du nom de volonté de puissance. L’univers vu du dedans, l’univers défini et déterminé par son « caractère intelligible », ne serait pas autre chose que la « volonté de puissance ». »
Comme le conclut Nietzsche, « l’univers vu du dedans », et donc l’Algérie vu du dedans, « l’univers défini et déterminé par son caractère intelligible », et donc l’Algérie qui est aussi un univers national limité par ses frontières et aussi défini et déterminé par son « caractère intelligible », et l’on doit comprendre son histoire, sa place géographique, politique, économique et culturelle dans le monde et ce qu’elle rayonne sur le monde , ne serait pas autre chose que sa « volonté de puissance ». Et toute nation est une « volonté de puissance » qui lui est conférée par ce qui la caractérise en dedans sauf que son univers est traversé par ce qui se passe dans les autres univers, c’est-à-dire les autres nations. Mais les volontés de puissance se différencient selon les traits intérieurs et extérieurs de chaque nation, et c’est ce qui fait leur différenciation dans leurs places dans l’univers terrestre global.
Si un tel mouvement en l’occurrence le Hirak en Algérie est possible dans cette nation, c’est que la volonté de puissance agissante est plus forte dans ce pays que dans d’autres où la volonté de puissance peut être moindre ou encore plus forte. Et par moindre ou plus forte, il faut considérer le contexte politique, économique, géostratégique... et autres facteurs qui caractérisent chaque pays pour comprendre que la volonté de puissance diffère entre les peuples, et donc propre et intrinsèque à chaque peuple dans l’univers humain global.
Pour comprendre la différenciation de « volonté de puissance » entre les peuples, prenons le peuple de Hong Kong. Le mouvement de contestation estudiantin hongkongais, appelé aussi mouvement des « parapluies » pour se protéger des gaz lacrymogènes, a commencé en 2014, suite à un projet de loi imposé par Pékin pour limiter la démocratie dans l’île de Hong Kong. Et ce mouvement a atteint des sommets et toujours avec la même ardeur révolutionnaire, et surtout aidé par des citoyens, pratiquement la majorité du peuple. En 2019, le mouvement de contestation des « parapluies » reprend suite à un projet de loi d’extradition par le gouvernement de Hong Kong vers la Chine. Le 16 juin 2019, « près de 2 million de Hongkongais » ont participé, la plus grande manifestation dans l’histoire de Hong Kong. Il est évident que le peuple de Hong Kong est en train de jouer son avenir dans ce bras de fer avec la Chine. Les manifestants ont compris que la loi si elle vient à être votée va transformer Hong Kong en « prison noire » à ciel ouvert.
Nous avons donc ici deux volontés de puissances, la volonté de puissance du peuple de Hong Kong qui affronte la volonté de puissance du gouvernement chinois. En Chine, il faut scinder la volonté de puissance en deux, celle du peuple chinois et celle de l’Etat chinois qui dispose de tous les rouages pour commander à la destinée du peuple de Chine. Et on comprend pourquoi l’État chinois est fort et mène d’une main de fer le peuple de Chine. Dès lors que l’État chinois assure la stabilité et la croissance économique à la nation, les deux volontés de puissance agissent en synergie et peu importe la poigne de l’Etat et du PCC sur le peuple chinois. L’essentiel est que les 1,4 milliard du peuple de Chine arrivent à subvenir à leurs besoins, et donc travaillent, aient un salaire et leur quotidien est stable. Ce qui n’est pas le cas du peuple de Hongkongais qui lui est habitué à vivre en démocratie et donc libre de « penser son existence » et se retrouve dans la crainte par la loi d’être « enfermé » brusquement dans un système totalitaire.
Cependant, à Hong Kong, il faut aussi comprendre que les deux volontés de puissances – celle du gouvernement pro-Pékin et celle du quasi-peuple pro-démocratie –, qui s’affrontent, portent en elles deux enjeux extrêmement préjudiciables. Et ça le sera pour la partie qui perdra face à l’autre qui l’emportera. Par conséquent, c’est tout le devenir de la Chine et de Hong Kong qui est suspendu dans ce bras de fer. Le premier enjeu, si Hong Kong l’emporte dans le temps de l’histoire, les conséquences seraient catastrophiques pour Pékin. La puissance de la volonté de puissance du parti communiste chinois s’amenuisera et se transférera progressivement vers la volonté de puissance du peuple chinois. Une situation qui aura des conséquences catastrophiques pour le gouvernement de Chine, qui sera alors forcé de procéder à sa mue. Les conséquences seront quasi mondiales, tant en Asie que sur l’ensemble des pays du reste du monde. Ce sera un véritable tournant pour l’histoire de l’humanité. Le deuxième enjeu, si c’est le peuple de Hong Kong qui perdra, le monde et l’Asie sera encore plus dangereux. Ce sera évidemment le tour de Taïwan, et plus tard l’effet domino sur toute l’Asie et sur le reste du monde. L’Occident sera alors « cerné » face aux nouvelles donnes du monde.
On comprend alors que la Volonté de puissance du peuple de Hong Kong dépasse de très loin la volonté de puissance du peuple d’Algérie, non pas que le peuple algérien en est incapable mais les enjeux entre Hong Kong et la Chine qui dépassent la Chine et la région administrative spéciale qu’est Hong Kong sont de niveau mondial.
Une autre volonté de puissance est celle du peuple palestinien qui dépasse de très loin la volonté de puissance du peuple d’Israël. Non pas que le peuple israélien en est incapable mais la situation de pression que vit le peuple palestinien, une situation de guerre quasi permanente, et les armements dont il dispose dérisoires par rapport à l’armement israélien font que seule la « volonté de puissance » du peuple palestinien qui est vitale, morale, surhumaine, peut s’opposer à la puissance militaire d’Israël. Et là il faut encore préciser que la volonté de puissance vient toujours de l’âme d’un peuple, et peut atteindre des sommets lorsque le peuple se trouve menacé dans sa survie jusqu’à son existence. Et on comprend pourquoi la forte volonté de puissance de l’Etat israélien vient compenser l’affaiblissement de la volonté de puissance du peuple israélien. Et on comprend aussi pourquoi cette situation a provoqué la longévité de Benjamin Netanyahou au poste de Premier ministre. Et malgré les faits de corruption, le peuple israélien face aux dangers extérieurs et les guerres à ses frontières n’a pas d’alternatives que de se remettre à l’homme de la situation. Comme l’écrit France 24, le 26 septembre 2019, dans l’article « Israël : le président charge Benjamin Netanyahu de former le prochain gouvernement ». On y lit :
« Le président israélien Reuven Rivlin a chargé, mercredi 25 septembre, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu de former le prochain gouvernement et ainsi tenter de sortir le pays de l'impasse, les élections législatives n'ayant pas réussi à dégager une majorité claire.
« La responsabilité de former le prochain gouvernement sera donnée au Premier ministre et leader du Likoud Benjamin Netanyahu », a déclaré la présidence dans un communiqué. "Celui qui a le plus de chances c'est Netanyahu (...) », a expliqué plus tard dans la soirée Reuven Rivlin lors d'une conférence de presse aux côtés de Benjamin Netanyahu. [...]
Le plus pérenne des Premiers ministres israéliens, avec 13 années à la tête du gouvernement – dont les dix dernières sans discontinuer –, doit être entendu début octobre pour répondre d'accusations de « corruption », « fraude » et « abus de confiance » dans trois affaires. [...]
La société israélienne semble profondément divisée entre les partisans du « roi Bibi »et ceux qui veulent tout faire pour le voir céder la place. »
On comprend dès lors que ce ne sont pas les performances du Premier ministre israélien qui ont été les causes de sa longévité mais la situation de faiblesse du peuple israélien face aux dangers qui se jouaient dans cette région, une des plus chaudes du monde, et qui ont été à l’origine de sa longévité. D’où la nécessité de la volonté de puissance dans le maintien du gouvernement israélien personnifié par le « roi Bibi » qui compense la faiblesse de celle du peuple israélien. En clair une nécessité appelait une nécessité.
Et les exemples sont légion dans ce concept de « volonté de puissance ». Prenons le mouvement de contestation des « Gilets jaunes » en France. C’est certainement une forte « volonté de puissance » des Français, mais elle reste très marginale. Le peuple français n’a pas soutenu. Et c’est la raison pour laquelle ce mouvement contestataire devait s’effondrer. Cependant cela reste un avertissement pour la société française.
Enfin citons la politique menée par le président Donald Trump face à l’Europe et surtout la Chine. Les États-Unis, il faut le rappeler, ont essuyé échec sur échec entre 2000 et 2016. Sur le plan militaire, la campagne menée par l’armée US en Irak et en Afghanistan a été un terrible fiasco et qui s’est soldé par des dépenses tout azimut par la première crise du siècle, la crise immobilière et financière de 2008. Et aujourd’hui encore, en 2019, ses effets n’ont pas totalement disparu. C’était sous l’administration Bush junior.
De nouveau avec le printemps arabe en 2011, et l’embrasement du monde arabe sous le choc des islamistes radicaux dont les groupes sont soutenus en armements et en logistique par les États-Unis et les monarchies du Golfe. La Syrie, transformée en théâtre de guerre internationale, une destruction programmée, ne doit son salut qu’à la Russie qui entre dans le conflit à ses côtés, le 30 septembre 2015. Elle vient contrebalancer les forces occidentales et leurs alliées. De nouveau, un échec très préjudiciable pour les États-Unis, qui s’est opéré sous l’administration de Barack Obama.
Il est évident que les États-Unis se sont trouvés confrontés à une double « volonté de puissance » qui a fortement affaibli la nation américaine. Le peuple américain qui a trop fait confiance à son administration centrale, et l’administration centrale qui a affaibli la nation américaine par les guerres tout azimut dans le monde musulman. L’enjeu était le pétrole sur lequel était adossé le dollar US – le « pétrodollar ». Et tous les pays arabes facturent leurs exportations pétrolières en dollar. Ainsi se comprend l’importance des pays arabes et les guerres qui s’y jouent dans la stratégie planétaire des États-Unis.
L’arrivée de Donald Trump, l’homme anti-système, à la Maison Blanche, ne peut être qualifiée que d’herméneutique. Pourquoi ? Ancrant sa politique durant sa campagne sur le concept néo-mercantiliste d’« America first », c’est-à-dire « L’Amérique d’abord »), thème principal qui l’a porté à la présidence, le milliardaire devait « donner la priorité aux Américains ». Ce qui signifie que, dans la nouvelle configuration du monde, avec une Chine devenue deuxième puissance mondiale et aspire à être la première, Trump devait rehausser la « volonté de puissance » de l’Amérique.
Pour les États-Unis, il n’y avait pas d’issue, l’équilibre était précaire dans sa notoriété en tant première puissance mondiale. Le nouveau président devait par conséquent recoller les morceaux éparpillés depuis au moins deux décennies. Et la politique protectionniste menée par de Donald Trump face à l’Europe et à la Chine devait répondre à cette situation de déclin.
Le bras de fer avec la Chine peut être assimilé à un bras de fer de deux volontés de puissance des deux hyperpuissances économiques. Les États-Unis forts de la première monnaie internationale du monde et du premier consumérisme mondial et la Chine du faible consumérisme mondial mais devenue la première puissance exportatrice de biens et services dans le monde. En clair, la Chine dépend des États-Unis sur le double plan consumérisme et dollar américain. L’Amérique de même dépend par ses importations de biens et services les moins chers du monde que la Chine produit. On comprend dès lors que les États-Unis ne peuvent unilatéralement mener une politique protectionniste sans qu’ils aient aussi à en souffrir de la Chine. Ce qui explique les négociations et compromis incessants.
Néanmoins, il demeure que Donald Trump enregistre des succès dans sa politique d’élever la « volonté de puissance » des États-Unis, comme le confirme l’affaiblissement de l’économie chinoise qui apparaît comme un aboutissement de la politique trumpienne, tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Et un réajustement de la volonté de puissance de la Chine qui est inhérent aux nouvelles donnes de l’histoire.
Compte tenu de la marche de l’histoire aujourd’hui, on peut même pronostiquer que Donald Trump sera réélu en 2020, avec une probabilité de 99,9999999999... sauf bien sûr s’il meure, ce qu’aucun homme n’est garant e sa vie ni ne commande l’heure de sa fin. Et peu importe les tentatives de destitution du président américain par les démocrates, bien plus, ils le renforcent sur le plan médiatique. Le peuple américain sait où est son intérêt. Ce pronostic n’est pas donné par l’auteur mais par la « volonté de puissance » en cours aux États-Unis et dans toutes les parties du monde.
Ceci explicité sur la « volonté de puissance », concept formulé par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, et utilisé pour comprendre la marche de l’histoire, il reste à nous dire si cette « volonté de puissance » exprime tout de la marche du monde. Or, si on regarde le Hirak algérien, on constate bien que c’est le même processus de la « volonté de puissance » qui joue, cependant il n’explique pas d’une manière formelle, consensuelle l’éruption du mouvement de contestation populaire, né le 22 février 2019. Et les manifestations se sont répandues comme une traînée de poudre aux grandes villes et les villes d’intérieur.
Aussi, peut-on dire qu’il y a une intelligibilité dans le Hirak algérien. En effet, si on part de sa genèse, les mêmes causes, comme on l’a vu dans les situations précédentes, produisent les mêmes effets. Les quantitative easing monétaires massifs menés, à partir de 2008, par la Banque centrale américaine (Fed), pour juguler la crise et relancer l’économie américaine, ont pris fin en 2014, provoquant un contrechoc pétrolier. Depuis cette date, l’Algérie a souffert et souffre toujours de cette chute des prix du pétrole, l’amenant année après année à puiser dans ses réserves de change qui s’amenuisent sans cesse. D’environ 190 milliards de dollars en 2014, ses réserves de change ont chuté à environ 70 milliards de dollars, en 2019. Les mesures draconiennes prises par le gouvernement en matière de limitations des importations, de nombreux projets économiques et urbanistiques à l’arrêt, la hausse des prix, le gel des salaires et la baisse du pouvoir d’achat, ont provoqué un marasme au sein de la population. Et comme on l’a énoncé, toute situation politique d’une nation est tributaire de ce qui la caractérise, en particulier sa stabilité politique qui généralement est conditionnée par son économie.
Or, sur le plan économique, la situation devient de plus en plus difficile en Algérie. Une colère sourde dans la population mais elle est rentrée et ce, eu égard à la décennie noire qui est encore dans les esprits. De plus les conflits armés dans le monde arabe qui ne cessent pas n’inspirent pas la quiétude. Et on comprend pourquoi le concept de « volonté de puissance » a tout son sens dans ce qui dépeint le peuple algérien. Il est très faible et n’augure pas une sortie de crise. Mais le phénomène qui touche le peuple algérien ne vient pas seul, le mandat du président Abdelaziz Bouteflika qui vient à son terme en avril 2019, les décideurs, ne se mettant pas d’accord sur un candidat qui prendrait la relève, n’eurent d’autre alternative que de renouveler le mandat du président sortant. Et c’est cette option du cinquième mandat qui va mettre le feu aux poudres et provoquer le Hirak.
En effet, parti d’une « volonté de puissance affaiblie » de la nation, le maintien d’un cinquième mandat d’un président de surcroît gravement malade vient accentuer à la baisse de la « volonté de puissance » de la nation, donnant en plus une image négative de l’Algérie dans l’inconscient des peuples et des gouvernements du monde. Alors que l’Algérie, contre une France surarmée, a arraché son indépendance les armes à la main avec un sacrifice de plus d’un million d’Algériens tués, durant 7 ans et demi de guerre. L’Algérie est devenue, dans les années 1970, la Mecque des révolutionnaires du monde entier. C’est dire la richesse de l’histoire d’Algérie.
L’Algérie, ces dernières années, ressemblait un peu aux États-Unis puisqu’elle était aussi confrontée à une double « volonté de puissance fortement affaiblie ». Comme Donald Trump est venu à l’Amérique, le 22 février 2019 avec les manifestations massives du peuple est venu à l’Algérie. Que s’est-il passé pour que le peuple intervienne dans cette double négation ? La réponse que l’on peut apporter est que dans tout peuple il y a en lui un « élan vital » et que c’est lui qui répond à cette « baisse de volonté de puissance » qui en fait est une « baisse de la vitalité » du peuple, et donc de la nation. Comme on l’a dit pour le peuple palestinien, « une situation de guerre quasi permanente, et les armements dont il dispose dérisoires par rapport à l’armement israélien font que seule la volonté de puissance du peuple palestinien qui est vitale, morale, surhumaine, pouvait s’opposer à la puissance militaire d’Israël. » Aussi peut-on dire que le même processus a joué en Algérie.
En effet, l’« élan vital » comme l’a développé le philosophe français Henri Bergson dans « L’évolution créatrice (1907) » est, en réalité, enfoui dans chaque être depuis sa naissance, durant toute son existence et jusqu’à sa mort. L’être humain ne sait pas qu’il est par une force vitale appelée « vie ». Et qu’est-ce que être si ce n’est vivre, être une vie. Par conséquent le peuple algérien était mû par cet élan vital, qui est aussi moral mais lui vient du « sur-humain ». Et c’est lui qui lui disait marcher. Ce « sur-humain » qui vivifie l’élan vital existe en chaque être et nous suit en permanence sans que nous le sachions. Que nous pouvons sentir, et même palper par l’esprit, et pour cela, il faudrait discuter avec soi, parler au « sur-humain » qui est en nous. Ce qui n’est pas donné à tout être puisque cela relève de la constitution métaphysique de chaque être.
Ce qui fait que le peuple algérien a marché et des conséquences ont fusé dans la sphère des décideurs, parce que c’était attendu et nécessaire que le pouvoir devait se « réveiller », sortir de la « torpeur » dans laquelle il était. Que le peuple devait enfin malmener parce que c’était nécessaire, surtout qu’il porte encore les cicatrices de la décennie noire. Mais la marche de la nation est désormais en marche avec ses marches pacifiques et joyeuses. Pourquoi a-t-on appelé le Hirak algérien la « Révolution du sourire » ? Pour la simple raison que le peuple a toute liberté de l’Essence par laquelle il doit son existence, que cet élan vital lui fait dire que « djeich-chaab khawa kahwa », i. e. « Armée-Peuple frères frères ». Et qu’est-ce que l’armée algérienne dont le sigle est Armée Nationale Populaire (ANP) est avec le peuple, sinon que la dénomination parle d’elle-même. Une armée issue du peuple et qui protège le peuple ne peut que protéger le peuple qui marche, et oblige aussi le pouvoir à marcher avec lui, à répondre positivement à ses demandes et c’est ce qu’il a fait et entrain de faire.
De l’affaiblissement de la volonté de puissance du peuple, avec le sursaut populaire à partir du 22 février 2019, cette volonté de puissance a atteint des sommets. Et surtout que le peuple bénéficie de la « loi du grand nombre ». Il sait que c’est lui la nation, il ne peut que montrer sa joie lors des marche chaque vendredi au point qu’il a créé un néologisme, le verbe « vendredire ». Le peuple ne marche pas, il vendredit chaque vendredi. Parmi les slogans, il y a celui-ci : « Lebled bladna, ndirou raina, makanch l vote ! » (Ce pays est le nôtre. On fera ce qu’on veut. Il n’y aura pas de vote) On comprend dès lors non seulement le pacifisme mais l’humour dans les revendications. La peur « héritée » de la décennie noire n’existe plus, elle est dépassée, et bien dépassée.
Qu’en est-il pour le pouvoir ? Il n’a pas le choix que d’abdiquer, ce qui explique le nettoyage massif des prédateurs dont une grande partie, des personnalités de haut rang, qui étaient des « intouchables », se retrouver du jour au lendemain en prison. C’est presque un rêve ce changement radical de la situation politique algérienne. Des personnalités en Europe comme Patrick Poivre d’Arvor, dans une interview, a affirmé que le peuple algérien mérite un prix Nobel de la paix. Mais le prix Nobel, le peuple algérien l’a déjà parce qu’il lui a été donné par l’Esprit qui gouverne le monde, le Dieu, Allah le Tout-Puissant, Créateur de l’univers.
Évidemment, le pouvoir ne peut abdiquer totalement et montrer sa faiblesse surtout qu’il s’agit de l’institution militaire qui est la garante de la nation. Et c’est elle qui gère la transition après deux reports de l’élection présidentielle en avril et juillet 2019. Par la responsabilité sur la sécurité nationale, sur la stabilité nationale, et malgré les revendications populaires, elle ne peut et ne doit en aucun cas permettre des débordements, et doit, tout en agissant le plus prudemment possible, protéger le pacifisme du peuple algérien dans ses marches, dans ses revendications légitimes.
Cependant, si, par exemple, l’armée algérienne avait acquiescé aux revendications et laissé le peuple, et ses élites de la classe politique toutes tendances confondues, et les représentants du Hirak que personne n’a délégués, avec un changement comme demandé par le peuple du gouvernement Bédoui, rien ne garantirait que la situation politique et économique va rester stable. Il faut le dire, ce serait véritablement un « saut vers l’inconnu », c’est facile de le revendiquer par les marches, mais le mettre sur pied serait certainement extrêmement difficile. Pourquoi ? Parce que des tiraillements vont fuser de toutes parts, et le risque va guetter le Hirak même d’implosion. Au lieu d’une révolution pacifique, l’Algérie risquerait de déboucher sur une situation politique ingérable puisque chaque partie va s’ériger en sauveur de l’Algérie. Ce sera une déstabilisation grave pour l’Algérie.
Et c’est la raison pour laquelle le Hirak qui a bien commencé doit continuer. Évidemment, en lien avec le formidable « élan vital » qui a propulsé le peuple au-devant de la scène politique nationale t internationale. Il est certain que ce qui a commencé doit continuer, et comme on l’a énoncé, il y a du « sur-humain » dans cette révolution du peuple, et seul le « sur-humain » que personne ne peut approcher ni ne peut connaître mais lui « connaît » qui agit réellement et continuera d’agir dans cette avancée nationale.
Le pouvoir, par la gestion difficile de la nation et des mesures salvatrices qu’il prend, rehausse lui aussi la « volonté de puissance » de la nation. Il est loin aujourd’hui le temps laissé libre aux prédateurs qui étaient au sommet de l’État et qui ont dilapidé une bonne part des richesses nationales. Par conséquent, nous assistons à deux volontés de puissance en hausse au sein de la nation tant du peuple que du pouvoir qui a la charge de gérer cette transition. Et le rendez-vous pour les élections présidentielles, le 12 décembre 2019, et malgré le rejet massif par les manifestations du peuple, sera tenu et sera le premier jalon d’une nouvelle marche de l’Algérie dans l’histoire.
Même avec un très faible score, les élections présidentielles seront tenues inévitablement, il n’y a pas d’issue pour une sortie de crise. Là encore il faut se référer à la métaphysique-monde qui énonce que dans la marche de l’histoire, les hommes font l’histoire, mais l’histoire fait aussi l’histoire des hommes. En clair, l’homme créé et jeté sur Terre ne peut être seul sur cette Terre. Il ne s’est pas créé lui-même, dès lors il ne peut être libre du « sur-humain ».
Aussi, que ce soit Benflis, Tebboune ou un autre algérien, on peut dire que les élections présidentielles sont déjà pliées, et qu’une des personnalités les plus en vue serait le premier président de l’Algérie dans ce tournant de l’histoire. L’histoire qui va entrer à partir du 12 décembre 2019 en Algérie sera véritablement une « renaissance », mais une « renaissance » qui sera « transformatrice ». Pourquoi ? Parce que le Hirak est un événement historique, certes central, qui a ébranlé le système politique algérien, et donné un nouveau souffle à la nation, mais surtout porte en lui les prémices de ce que sera l’Algérie de demain, une nation moderne, démocratique et qui doit compter sur soi.
Certes, ces aspirations seront certainement un espoir du peuple et constitueront de « vraies directives », la « feuille de route » pour le futur président dans la gestion de la nation, mais nous ne pouvons pas écarter les embûches qui attendent l’Algérie dans les deux ou trois années à venir. Les réserves de change qui vont continuer à reculer, et à fondre donc, le prix du baril qui restera à des niveaux bas eu égard à la guerre économique qui oppose les grandes puissances depuis 2014, entraîneront une situation économique encore plus difficile pour le peuple algérien.
Il faut se rappeler les pénuries d’huile, du café, de la semoule durant la période de Chadli dans les années 1980, et de nouveau les mêmes pénuries durant le programme d’ajustement structurel du FMI, en 1994, l’Algérie se trouvait en pleine décennie noire. Cette situation va certainement revenir et affecter durement la nation, et donc le peuple algérien. Et ce sera un miracle si les prix du pétrole vont repartir durablement à la hausse.
Précisément, le Hirak algérien reste une véritable opportunité pour le peuple et le pouvoir pour se préparer à cette situation, et donc penser à toutes les possibilités qu’offre la nation aux capitaux extérieurs. Et le seul moyen, c’est de sortir de cette dépendance pétrolière qui est redoutable en cas de chute durable des cours, et prospecter ce qui est susceptible de favoriser la relance, la croissance économique, et par conséquent d’atténuer la crise qui vient.
Parce que si la crise est violente, forcément la « volonté de puissance » et l’« élan vital » vont être malmenés, et donc fortement baisser, ce qui risque de replonger de nouveau la nation dans la crise et le marasme. Et toutes les voies seront ouvertes alors pour un régime politique dur, parce qu’il faudra pour le pouvoir de maintenir la stabilité et la sécurité du pays. Régime qui sera sans perspectives, avec un appauvrissement galopant qui fera perdre espoir au peuple algérien.
Et on comprend pourquoi l’avènement du Hirak aujourd’hui, et sa « fonction » dans l’histoire qui apparaît comme une chance donnée par le « sur-humain » pour se préparer à un monde de plus en difficile à venir. Il est évident que la crise à venir ne touchera pas que l’Algérie mais une grande partie du monde, y compris les grandes puissances, bien sûr à un degré moindre parce qu’elles sont plus armées économiquement. Ce qui n’est pas le cas de l’Algérie qui est mono exportatrice et dépendante des seules recettes pétrolières.
Les deux concepts « aléa vital » et « volonté de puissance » et aussi le « sur-humain » moins visible, plus élevé mais toujours proche de l’humain sauf qu’il n’est pas senti alors qu’il existe dans l’être, ces trois donc concepts que nous avons utilisés ont leur intérêt dans la lecture des forces historiques en prise dans le monde. Ils permettent de mieux la dynamique de la configuration mondiale qui est en permanence en transformation. De plus, ils montrent la vitalité des peuples qui souffrent, comme ceux qui écrasent d’autres peuples, et ce qui est induit comme la dévitalisation des autres pays qui sont menacés précisément par les conséquences de cette dévitalisation.
Ainsi, par ces concepts, on peut même suivre les lignes de forces dans le sens de ce qu’elles peuvent inférer sur les peuples et ce qu’elles laissent, en termes d’avenir, entrevoir pour ces pays. Une volonté de puissance d’un peuple, d’une nation qui baisse doit absolument pousser cette nation à retourner la situation, sinon elle se trouvera atrophiée et durablement faible. Avec toutes les conséquences sur le plan national et international.
Et les grandes puissances, même mieux armées, subissent les contrecoups de la dévitalisation. Par exemple, pour les États-Unis, le président américain Donald Trump lutte contre cette dévitalisation de la nation américaine qui se trouve prisonnière dans le consumérisme financé par la puissance du dollar américain. Et il cherche à ériger un « mur » pour éviter que les États-Unis soient envahis par les immigrants. De même pour l’Europe et le Japon, la puissance de leurs monnaies internationales et le vieillissement qui les guette.
Il en va de même pour la Chine dont l’économie s’essouffle et qui se trouve être le seul régime communiste avec quatre autres dans le monde. Très dépendante de l’essor économique dans le monde dont elle tire profit, mais les progrès du monde et les échanges révolutionnés par les NTIC ouvrent voie à des bouleversements insoupçonnés qui ne manqueront pas de survenir. Le monde ne peut rester dans l’état actuel comme il n’est pas resté dans les états antérieurs, il a fortement évolué. Le monde change inexorablement, une loi de la nature de l’existence humaine, confirmée par l’histoire.
Quant à l’Algérie, comme toute nation, elle peut influer sur son devenir surtout si elle a des possibilités et vise à changer son système politique et économique. Et l’Algérie en est dotée, il ne lui appartient qu’à regarder le bon sens de l’histoire, et espérer au « sur-humain » qui est en elle.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective