Le Médiafoirus foire son lancement
On nous l’avait annoncé en grande pompe, le Média, une Web TV créée par des membres de La France insoumise a vu le jour officiellement le 15 janvier 2018. On ne peut pas dire que ses fondateurs dont le célèbre psychanalyste cathodique Gérard Miller, petit marquis aux allures de cuistre de la gauche caviar, se soient creusé les méninges pour nommer leur chaine You Tube.
Même si de mauvaises langues ont déjà baptisé le bébé insoumis la Télé Mélenchon, tandis que d’autres esprits chagrins évoquent à son propos une Télé-Pravda, le nom choisi, d’une grande sobriété et qui peut paraître paradoxal pour ces mutins de pacotille dont le chef écrit dans son blog « La haine des medias et de ceux qui les animent est juste et saine » nous a semblé néanmoins pertinent.
En effet, pour Mélenchon, combattre ce « parti médiatique qui inocule chaque jour la drogue dans les cerveaux » impose sans doute à la manière de l’entrisme trotskyste, de rentrer dans l’arène médiatique pour administrer à nos encéphales atrophiés par un matraquage quotidien jupitérien une salutaire cure détox.
Ce faisant, le lider maximo de la FI fait une erreur d’analyse en surestimant l’influence des médias dominants et des élites dont il fait, quoi qu’il en dise partie, sur le ressenti populaire. Ce n’est pas son média-anti-médias financé comme un club de foot par des socios qui changera la donne en comblant le fossé entre ceux d’en haut et ceux d’en bas comme l’illustrent parfaitement sous d’autres cieux l’exemple du Brexit et l’élection de Trump.
Le Média qui entendait selon l’ancienne directrice de communication de la campagne de Mélenchon Sophia Chikirou proposer « un regard différent par rapport à celui véhiculé par les médias dominants », et se voulait« coopérative indépendante, pluraliste, humaniste et antiraciste, féministe, écologiste et progressiste » vient de se prendre les pieds dans le tapis de sa touchante profession de foi en évinçant brutalement sa présentatrice Aude Rossigneux .
Comme pour valider cette gracieuse formule de Chirac, ‘’les emmerdes, ça vole toujours en escadrille’’, la couverture par Claude El Khal, correspondant de la chaîne sur la guerre en Syrie se refusant à diffuser des images de massacres commis dans la Ghouta orientale, au prétexte qu’elles ne seraient pas « vérifiées de manière indépendante » a provoqué une cascade de défections parmi la bobosphère politico-pipolesque.
Outre les deux journalistes Catherine Kirpach et Léa Ducré qui ont quitté la rédaction à la suite de Noël Mamère, Le Media est atteint d’une soudaine hémorragie de soutiens qui ne pourra même pas être endiguée par l’ineffable urgentiste Patrick Pellous qui quitte lui aussi le navire au mépris de toute déontologie médicale.
Terminons sur une note rassurante, malgré des recherches actives, et bien que les pratiques managériales ressemblent à s’y méprendre à celles en vigueur dans les autres groupes de presse, la rédaction tient à nous rassurer et nous informe qu’aucune trace de la présence de Bolloré n’a été constatée dans ses couloirs.