Le militantisme : c’est du plaisir !
- Des militants sincères qui croyaient changer le monde se sont fatigués.
Ils ont préféré se déclarer fidèles à leurs idées tout en succombant -un peu- à la tentation.
Je pense à ces militants de l’Ecole Emancipée, cette tendance révolutionnaire de la FEN puis de la FSU.
Ils ont combattu pendant des dizaines d’années, pour leurs convictions, s’opposant aux bureaucrates : réformistes classiques et staliniens.
Je raconte dans mon petit livre « un itinéraire militant une page d’histoire personnelle quand pour prendre la parole, il fallait parfois monter sur les tables.
Un jour même, il y a longtemps, las d’essayer de convaincre mes camarades à continuer à venir dans les instances, j’ai proposé que l’on s’exprime sur le rapport d’activité de la FEN de Seine et Marne avec une guitare…..
Les dirigeants syndicaux, militants du PCF n’ont pas apprécié, nous : si.
Plus tard, la vieille Ecole Emancipée, prise en main par la fraction enseignante de la Ligue Communiste révolutionnaire a décidé de composer avec les Unités et Action (tendance « PCF ») :
La FEN avait éclaté, la FSU se construisait et pour ces militants Ecole Emancipée, on pouvait militer autrement : assurer des responsabilités, rentrer dans la direction….
Je pense aujourd’hui que ces camarades étaient sincères….Ils en avaient assez d’être dans l’opposition à quelques années de la retraite et aspiraient à être aux affaires dans le syndicat.
J’ai fait un autre choix : celui de rester sur les positions traditionnelles, c’est-à-dire de refuser la cogestion du syndicat.
L’Ecole Emancipée s’est toujours battue contre le syndicalisme corporatiste et pour un seul syndicat de la maternelle à la faculté… donc pour moi il n’était pas possible d’accepter que la FSU soit comme la FEN un regroupement de syndicats catégoriels.
J’ai donc participé à la construction d’une Ecole Emancipée maintenue, appelée l’Emancipation, restant sur les principes initiaux de ce courant.
- D’autres militants ont préféré s’adapter complètement, préférant leur plan de carrière personnel :
Ils s’appellent Cambadélis, Weber, Dray et autres Jospin….Hier révolutionnaires, aujourd’hui installés et bien installés dans le libéralisme.
- Il existe des cas d’espèce comme Gérard Filoche qui, tout en n’étant plus révolutionnaire a refusé les palais et continue à défendre les mêmes idées mais d’une autre façon.
D’autres comme moi, poursuivent leur militantisme originel mais en agissant sur d’autres terrains que le strict politique : ils sont dans des associations, ils participent aux mobilisations sociales et cherchent le concert avant tout.
Pourquoi militent-ils parfois plusieurs dizaines d’heures par semaine, même à la retraite ?
Il y en a qui disent qu’ils agissent pour les autres…..
Peut-être….certainement même.
Ce qui me motive personnellement, ce n’est pas l’altruisme, c’est le plaisir de faire, de monter des projets et de les réussir….
Quel plaisir que celui de voir une famille être relogée alors qu’elle était « expulsable » !
Quel plaisir de se sentir utile, surtout quand des personnes comme moi se sont battus pour une révolution sociale qui n’est pas venue…..
Quand le lieu où je « siège » n’est que du faire valoir, j’abandonne ce siège car je n’aime ni les strapontins ni les fauteuils de salon !
Je refuse toute représentation de « prestige » non pas parce que je serais sans reproche mais parce que j’aurais peur de m’y ennuyer !
Jean-François Chalot