jeudi 2 juillet 2020 - par Bernard Dugué

Le mythe du monde d’après le Covid-19

 

1) Dès le 17 mars 2020, le confinement amorcé, les observateurs comprirent la rupture de cet authentique jour d’après, mais anticipèrent un peu trop vite, par la suite, l’avènement d’un monde d’après substantiellement différent. Pour satisfaire l’esprit, fut convenable de penser que ce monde serait meilleur. En revanche, Michel Houellebecq, pour qui la littérature ne doit pas avoir de vertus dormitives, convint que le monde d’après, pour autant qu’il arrive, risque d’être le même que l’ancien mais en pire. En réalité, cette crise a engendré deux impacts, l’un sur le système (société, Etat, économique) ; l’autre sur les consciences. Avec des différences. Selon la position dans le système, l’impact sera plus intense et selon le vécu pendant le confinement, la conscience aura subi des facteurs plus ou moins impactant. Les uns ont continué à travailler comme avant, les autres se sont appliqués au télétravail à domicile, ou alors sont restés chez eux en chômage technique. Pour tous, le confinement fut une expérience inédite. Avec quelles conséquences ?

 

2) Ce que nous avons vécu s’appelle une crise. Autrement dit, une instabilité dans notre existence, qui au lieu de suivre un cours réglé par notre volonté, a été encadrée et déstabilisée, à l’image d’un cycliste ayant crevé et obligé de poursuivre son chemin à pied. Le paysage est alors perçu différemment. Le confinement a engendré un vécu inédit mais tous n’ont pas été secoués de la même manière. Trois possibilités se présentent dans ce cas de figure où une instabilité se produit puis s’estompe, ce qui est arrivé après le confinement. L’instabilité peut faire sortir des défauts, des caractères, des traits de pensée qui s’accentuent ; ou alors mobiliser le système psychique de résilience pour faire écran, vivre une parenthèse, puis reprendre à peu près comme avant, en retrouvant marques, repères et feuille de route ; ou enfin faire émerger un « mode d’existence » enfoui, avec des possibilités auxquelles nous n’avions pas pensé, en trouvant un sens nouveau à la vie devenu tout d’un coup saillant, avec des nouvelles évidences placées sous les yeux. C’est cette troisième possibilité qui est la plus intéressante car elle est une source de changement profond, de progrès, parfois d’élévation spirituelle ou d’invention matérielle, culturelle. Une instabilité offre trois possibilités ; détruire ce qui n’était pas consolidé ou mal ajusté, faux en quelque sorte ; consolider une situation établie, réglée par les habitudes et la marque profonde de l’expérience ; ou laisser émerger un chemin, création, révélation, comme si une faille fracturait la conscience et laissait transparaître un éclat de lumière intérieure.

Ces trois options ont été vécues et nombre de témoignages sont accessibles, ne serait-ce que pour cet élément mythique de notre vie, le « couple ». Le confinement fut l’occasion pour nombre de couples de réaliser que le duo était en vérité bancal, pas vraiment assorti, si bien que des séparations et des divorces se sont produits. A l’inverse, quelques rares couples se sont révélés comme unis par des liens spirituels plus puissants qu’ils ne l’avaient imaginé, avec des sentiments se révélant comme plus intenses et parfois des projets communs placés dans l’inconscient avant la crise. Pour la majorité des couples, la crise n’aura pas engendré de grands changements. Ces considérations sont aisément transposables à l’échelle de la société, notamment au niveau des idéologies et des idées politiques se combinant à des pratiques collectives de la société civile, à l’écart du coaching public proposé par l’Etat. Des solidarités ont émergé à cette occasion, des incivilités aussi.

 

3) La société d’après sera à l’image des couples d’après. Des activités et des secteurs économiques, culturels, verront une désaffection, à l’image d’un divorce au sein d’un couple. D’autres secteurs seront consolidés, l’écologie, la croissance verte, sans oublier les secteurs en résilience, tourisme, aéronautique, automobile, restauration, croisières, transports, musées, parcs. L’Etat ne veut pas divorcer avec les secteurs jugés clés, voire historiques, faisant partie du patrimoine industriel français et reflétant l’identité d’un mode de vie sévèrement impacté par la crise. La vie d’après pourrait être réinventée, orientée vers des réponses enfin actées, pour la planète, pour la santé, pour la solidarité. C’est ce que pensent les optimistes, croyant à l’action des hommes. Je ne crois pas à ces espoirs constituant une sorte de nouveau mythe moderne et scientifique. Il manque un éveil spirituel, une remise en cause des fondamentaux matériels, scientifiques, sociaux et politiques, une méditation sur l’existence de l’homme déterminée par une essence de fonctionnaire dans le parc planétaire. Bref, il manque un retrait des saillances sautant aux yeux dans les cerveaux, au profit d’horizons issus de la profondeur de l’âme, autrement dit, l’éveil du réseau RMD collectif, capable de voir des sens nouveau, de révéler une clarté inédite, un sentiment de complétude, de spiritualité, un accroissement d’être plutôt que d’agir, comme dans les années 1970, une certaine génération. Autrement dit, agir pour être et non pas être pour agir dans la machine planétaire. La France comme d’autre pays se trouve face à un choix, que la plupart ne voient pas, un choix d’ordre spirituel. Ce n’est parce que la décroissance sera verte que les gens auront une nouvelle spiritualité, mais l’inverse, il faut se transformer intérieurement avant de songer à changer les conditions scientifiques et techniques du monde.

 

4) Le monde qui arrive risque d’être dur, terrible, avec une casse sociale sans précédent. Rien de commun avec la crise de 2008, résorbée en quelques années. La crise de 2020 n’est pas une récession, c’est une dépression. Les ressorts pour redémarrer ne sont pas présents dans les âmes décomposées par des décennies d’insouciance et de croyances aux modes et valeurs du parc humain productif et ludique. Les observateurs avertis ont publié des papiers sur ce thème. Mais vous pouvez continuer à dormir. Les activistes verts, gauchistes ou souverainistes du monde d’après vous manipulent, vous font croire qu’ils sont la solution au chaos qui arrive, alors qu’ils contribuent à renforcer ce chaos. Si vous vous sentez, finalement, morts, dormez, braves gens, ou réveillez-vous !

 



7 réactions


  • bernard29 bernard29 2 juillet 2020 14:37

    le monde d’après le Covid, c’est le monde d’avant la grippe porcine ……


  • Gollum Gollum 2 juillet 2020 15:27

    Il manque un éveil spirituel


    Là dessus je vous rejoins...


    Les ressorts pour redémarrer ne sont pas présents dans les âmes décomposées par des décennies d’insouciance et de croyances aux modes et valeurs du parc humain productif et ludique.


    Exact.


    Même les « spirituels » sont assez dégradés aussi pour la bonne raison qu’ils vivent de façon assez semblable aux autres... avec confort, peu d’épreuves réelles et donc une incapacité à subir des coups du sort...


    Ceci dit ma perception est peut-être fausse car j’ai souvent vu des familles simples, ayant perdu maison suite à intempéries le prendre assez bien, du moins devant les caméras...


    Quoiqu’il en soit pour qu’il y ait mutation spirituelle collective il faut une crise d’ampleur c’est inévitable...


    Les deux prochaines années vont être cruciales.


  • Francis, agnotologue JL 2 juillet 2020 16:48

    L’après Covid ? Des choses sérieuses, peut-être ?

     

    L’art de ne pas regarder une épidémie : « Comment se fait-il que, dans une société fondée sur le traitement de l’information et la collecte de données, il soit si difficile d’expliquer la multiplication effrénée de certains cancers ?

    Voilà un fait étonnant : on ne sait pas combien de cancers surviennent en France chaque année. Ce chiffre n’existe pas, il n’a pas été produit. On ne sait pas exactement combien de cancers surviennent, on ne sait pas où ils surviennent. Quand Santé publique France, l’agence de veille sanitaire, annonce, par exemple, 346 000 cas de cancers pour l’année 2015, il s’agit d’une estimation réalisée à partir des registres des cancers, qui couvrent entre 19 et 22 départements selon le cancer étudié, soit 22 % de la population. »


  • Odin Odin 3 juillet 2020 10:52

    Bonjour,

    « Les activistes verts, gauchistes ou souverainistes du monde d’après vous manipulent, »

    Manipulation il y a, l’auteur se trompe sur ses origines.

    Elle se situe beaucoup plus haut dans cette pyramide néo-libérale mondialiste avec des intermédiaires véreux qui lui donne une fausse image scientifique étant corrompu jusqu’à la moelle. 

    http://www.francesoir.fr/societe-sante/top-13-des-revenus-annuels-recents-verses-par-lindustrie-pharmaceutique


  • lesage 3 juillet 2020 11:39

    A l’Auteur

    Merci pour cet article certes pessimiste mais très réaliste. Je crois que vous avez été fortement inspiré pour avoir pondu une analyse pareille. Cela nous change des mythes philosophiques oiseux, récurrent sans véritable portée existentielle.

    Cette fois-Ci, Bernard Dugué, vous avez été très fort, et j’ai lu mot à mot votre article, et tout se tient. Seul point où je peux ajouter une opinion c’est le point 4.

    C’est vrai. "Le monde qui arrive risque d’être dur, terrible, avec une casse sociale sans précédent. Rien de commun avec la crise de 2008, résorbée en quelques années. La crise de 2020 n’est pas une récession, c’est une dépression. Les ressorts pour redémarrer ne sont pas présents dans les âmes décomposées par des décennies d’insouciance et de croyances aux modes et valeurs du parc humain productif et ludique. Les observateurs avertis ont publié des papiers sur ce thème. Mais vous pouvez continuer à dormir.« 

    Entièrement d’accord avec vous. Sauf que vous n’expliquez pas les ressorts de cette crise planétaire qui va tomber sur les peuples du monde entier.

    Vous ajoutez »Les observateurs avertis ont publié des papiers sur ce thème. Mais vous pouvez continuer à dormir. Les activistes verts, gauchistes ou souverainistes du monde d’après vous manipulent, vous font croire qu’ils sont la solution au chaos qui arrive, alors qu’ils contribuent à renforcer ce chaos.«  

    Là aussi vous avez raison de l’affirmer. Et vous concluez »Si vous vous sentez, finalement, morts, dormez, braves gens, ou réveillez-vous !« 

    Le seul reproche que je vous fais c’est votre conclusion qui est aussi juste, sauf que »réveiller les braves gens", que va donner cette interpellation aux braves gens ? Peuvent-ils quelque chose ? Sert-elle quelque chose cette apostrophe dit avec tant d’emphase.

    D’autre part vous n’expliquez pas d’où va venir le chaos pour que ces braves gens se réveillent, réagissent.

    Enfin si vous pouvez précisez votre pensée sur le chaos, donnez des pistes pour que l’on puisse vous comprendre, si vous l’avez affirmé intuitivement et donc vous ne pouviez l’expliquer, en ce qui me concerne et beaucoup d’autres j’en suis sûr. C’est ce qui va advenir. Espérons seulement que les peuples quels qu’ils soient n’auront pas trop à souffrir.

    Un grand Merci pour l’Auteur pour cette analyse éclatante, même sans preuves, sur le devenir du monde.


  • ZenZoe ZenZoe 3 juillet 2020 14:30

    Le monde ne va pas changer comme ça. Une fois la poussière retombée, tout le monde reprendra ses vieilles habitudes, bonnes et mauvaises.

    En revanche le confinement aura permis de constater pour beaucoup de gens combien vivre avec soi-même est compliqué et même angoissant. Plus d’activités, plus de rencontres permettant de détourner l’attention de tout ce qui grouille au fond de nous comme peurs viscérales que nous ne voulons pas regarder en face.


  • Francis, agnotologue JL 5 juillet 2020 08:52

    ’’Les activistes verts, gauchistes ou souverainistes du monde d’après vous manipulent, vous font croire qu’ils sont la solution au chaos qui arrive, alors qu’ils contribuent à renforcer ce chaos.’’

     

    « verts, gauchistes ou souverainistes », c’est pas un peu un cortège de carpes et de lapins ?

     

    « activistes du monde d’après » ? Le Monde d’après quoi ? De cet épisode grippal érigé en pandémie mondiale ?

     

     Lire là un autre point de vue :

     

     « La dictature (chinoise) a donné au(x) CDC et à l’OMS ce qu’ils voulaient ardemment : une raison de se lancer dans un dîner de con.
    Le leadership chinois : « Permettons à nos « amis » globalistes de créer une fausse pandémie et d’enterrer les nations. Nous n’aurons besoin que de quelques coups sur l’échiquier, et ils feront le reste. Je suggère que nous appelions l’opération virus Sun Tzu .

    Dans le cas de cette illusion de pandémie, le gouvernement chinois serait heureux de contribuer à ce que les nations enferment leurs populations et ferment leurs activités économiques. Pourquoi ? Parce qu’il en résulterait un affaiblissement significatif des nations que le régime chinois considère comme des opposants ou des satellites potentiels.

    L’affaiblissement des nations est aussi l’ambition des élites globalistes, c’est certain. Les pays en difficulté sont plus faciles à piloter, plus faciles à convertir en une nouvelle technocratie, un Meilleur des Mondes. »

    (par le Saker Francophone, avril 2019)

     

    La catastrophe, ou plutôt les catastrophes qui nous menacent ce sont les moyens mis en œuvre par les zélites globalistes pour faire aboutir leur projet de gouvernement mondial.


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