vendredi 10 août 2018 - par Bruno Hubacher

Le quatrième pouvoir

La concentration du pouvoir médiatique en main du grand capital n’est pas une particularité française. 

Nos voisins les gaulois vivent un été chaud et croustillant, découvrant les dessous insoupçonnés de leur monarchie présidentielle, grâce aux médias. Après avoir contribué grandement à l’élection du dernier des Bourbons, après l’avoir encensé depuis son sacre, soudainement un 18 juillet de l’an 2018, ils le laissèrent tomber comme une patate chaude. Honi soit qui mal y pense.

Jadis soigneusement camouflé derrière l’équilibre journalistique, plus connu sous le nom de “pensée unique”, le capital affiche dorénavant sa puissance sans fausse pudeur, un peu comme le font les politiques qui utilisent la porte tambour entre la fonction publique et le monde des affaires, au vu de tous, le modèle étant encore et toujours celui des Etats-Unis.

En effet, le 29 février 2016, Leslie Moonves, président directeur général du géant des médias américain, CBS, déclara devant un parterre de la “Morgan Stanley Technology, Media and Telecom Conference” à San Francisco, au sujet de la candidature aux présidentielles de l’outsider Donald Trump :”Cette campagne présidentielle est un cirque dont l’ampleur dépasse l’entendement. La candidature de Donald Trump a beau être une catastrophe pour l’Amérique, mais pour CBS c’est du pain béni.”

Deux semaines plus tard, le 15 mars 2016, le New York Times publie une statistique au sujet du temps d’antenne offert par les chaînes câblées aux trois candidats finalistes. A cette date, la campagne du candidat Bernie Sanders avait déboursé la somme de 28 mio USD en frais publicitaires et obtenu du temps d’antenne gratuit d’une valeur de 321 mio USD. La candidate Hillary Clinton se retrouvait avec 28 mio USD de frais publicitaires et 746 mio USD de temps d’antenne offert, tandis que le candidat Trump avait déboursé à peine 10 mio USD pour obtenir 1’898 mio USD de temps d’antenne gratuit. Lors de l’élection du dernier, ce chiffre avait atteint la somme de 5 mia USD (The Street).

Le moment clé de cette grande farce, du goût de Leslie Moonves et ses semblables, fut sans doute le fameux épisode du “podium vide”. Le 3 mars 2016, les trois grandes chaînes câblées, CNN ; MSNBC et Fox News avaient transmis, pendant 30 minutes, un podium vide, attendant une conférence de presse, annoncée par le candidat Trump, annulée ensuite, par le candidat Trump. Pendant ce temps se tenait à Lincoln, la capitale du Nebraska, un meeting du candidat indépendant Bernie Sanders avec des milliers de supporteurs.

Actuellement, deux ans plus tard, le président américain, à l’instar de son pendant français, est tombé en disgrâce. La guerre médiatique est ouverte. Outre Atlantique c’est la présumée interférence des services secrets russes dans les élections présidentielles de 2016 qui servent d’épouvantail. Les services secrets américains disposent pourtant d’une longue expérience en matière d’interférence, notamment en Amérique Latine.

La chasse aux sorcières est ouverte et l‘establishment du DNC (Democratic National Committee) espère regagner au moins une des deux chambres lors des élections de mi-mandat au mois de novembre. L’objectif n’étant pas le changement de politique mais le maintien du statu quo, ce qui va dans le sens des médias et les puissants contributeurs du parti. Malheur aux journalistes qui oseraient mettre en doute la doxa. Ils seront bannis des écrans et des rédactions. C’est le Maccarthysme revisité

Lors d’un forum du think-tank “Council on Foreign Relations” (CFR), sur le thème “Comment combattre désinformation et fake news dans les médias” le 20 avril dernier, l’ancien éditeur du magazine TIME (2006-2013), également ancien sous-secrétaire d’état du gouvernement Obama entre 2014 et 2016 (porte tambour), Richard Stengel, avait défendu la thèse selon laquelle les médias devaient servir d’outil de propagande “pour la préservation de l’intérêt supérieur de la nation.” Tout est dit. 

Dans ce contexte on apprécie les récentes et soudaines découvertes au sujet de l’interprétation un peu particulière de la fonction présidentielle par Louis XVI bis et on ne peut s’empêcher de penser que celui-ci, à l’instar du président américain, ne joue finalement qu’un rôle mineur dans cette pièce. Un communiqué de presse, diffusé par l’organisation non gouvernementale britannique Oxfam du 16 janvier dernier sur son site internet, selon lequel une poignée de 8 individus détiendraient autant de fortune que les 3,6 mia d’habitants les plus pauvres de la planète, la moitié de l’humanité, soutiendrait cette thèse.



39 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 10 août 2018 14:47
    Mon cher voisin,

    Je ne peux qu’approuver votre constat.

    Mais ce n’est qu’un constat. Alors, permettez-moi de plagier : que faire ?

    • amiaplacidus amiaplacidus 10 août 2018 14:51
      Je complète.

      D’autant plus que contrairement à mon plagiat, je ne crois pas trop à une avant-garde éclairée (cette avant-garde devient rapidement oppressive).
      Je crois au contraire aux luttes de terrain, au syndicalisme.

      Malheureusement, en France, les syndicats sont encore plus dans le pétrin que les partis politiques qui se disent de gauche.

    • Le421... Refuznik !! Le421 11 août 2018 09:27

      @amiaplacidus

      Les partis politiques qui se disent de gauche.
      Ça, ça ne manque pas.
      On est socialiste, on est de gauche, on crée le CICE !! Entre autre.
      Maintenant, ils sont carrément de droite et ne le disent pas.
      Un putain de gros nez rouge !!
      Avec des menteurs et des hâbleurs de cet acabit, on est bien « campés », comme on dit en Périgord.

    • lejules lejules 12 août 2018 10:29

      @Le421
      Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (ou CICE


    • mmbbb 13 août 2018 15:39

      @Le421 et pourquoi le PS s est casse la gueule ? 


  • Clark Kent Dr Faustroll 10 août 2018 14:52

    La question est : pourquoi Macron est-il tombé en disgrâce ?


    pour Trump, on sait qui est derrière le NYT et le parti démocrate contre Trump : Sorros etdivers lobbys de fonds de pensions favorables à la mondialisation dont Trump veut sortir pour mettre en place des relations bilatérales dans lesquelles c’est toujours le plus fort (lui) qui gagne, une version moins subtile du même scénario.

    pour Macron, quels seraient les lobbys qui voudraient le faire tomber ? la presse en France est moins diversifiée : les 10 propriétaires concernés n’ont pas d’autre poulain que le petit marquis ! à moin que ce dernier n’ait pas compris qu’il devait renvoyer l’ascenseur et qu’il garde pour lui et les Tragnuex le pognon de dingue sans partager ?

    va svoir Charles

    • Clark Kent Dr Faustroll 10 août 2018 14:59

      @Dr Faustroll

      Heureux pays que la Suisse où les banquiers ont la sagesse d’assurer une redistribution supportable de leurs profits, ce qui donne aux citoyens un confort moral d’autant plus appréciable que les votations sur la couleur du papier à lettres des services fiscaux leur permettent de se prononcer sur les destinées de leur démocratie modèle sur des questions décisives.

    • Arogavox Arogavox 10 août 2018 17:09

      @Dr Faustroll

      Pourquoi Jupiter est-il tombé en disgrâce ?

       Le bon sens voudrait que ce soit tout bêtement parce que l’inadmissible ne peut être maintenu sans sombrer dans un ridicule suicidaire ...
      cf histoires de : Marc Granié, ou de Laurent CUENCA, ou de Brice , ... etc ... 
       
        mais pour honorer l’intelligence supra-complexe des puissances de l’ombre dont la présence incontournable est permanente depuis des décennies sous les feux de la rampe médiatique, nous nous devons d’imaginer que Celui qui avait prédit (peut-être avant-même le ’frère’ de Lyon) l’avènement jupitérien, est devenu impatient de nous gratifier de sa nouvelle trouvaille mutante : la très prochaine Présidente de la République dont l’identité ne sera déflorée qu’en temps voulu. (Effet de surprise : faudrait pas trop que le populo n’ait le temps de mieux se renseigner tout de même !)

    • Attila Attila 10 août 2018 18:23

      @Dr Faustroll
      « pourquoi Macron est-il tombé en disgrâce ? »
      C’est la presse étrangère qui a vendu la mèche : le journal britannique « the Guardian » a ouvertement critiqué Macron d’avoir fourni 44 tonnes d’aide humanitaire à la Syrie et de s’être entendu avec Poutine pour la faire transporter par un avion cargo russe.
      Le médias français ne pouvaient pas reprocher publiquement cette aide humanitaire car les citoyens français ne l’auraient pas compris ni approuvé. Ils ont donc joué au billard en attaquant Macron par la bande : on tape sur Benalla et ça atteint Macron.
      Mais si l’affaire Benalla n’avait pas existé ils auraient trouvé autre chose.

      Macron a vendu son âme à Poutine
      .
       L’Occident ne doit pas jouer selon le scénario de Poutine

      .


    • sirocco sirocco 11 août 2018 00:14

      @Dr Faustroll

      « La question est : pourquoi Macron est-il tombé en disgrâce ? »

       
      Qui vous a dit que Macron était tombée en disgrâce ?
      Pour le moment il s’emploie à soigner son image auprès des Français en vacances. L’affaire Benalla est en sommeil, personne n’a souligné que le récent et monstrueux carnage de dizaines de civils et d’enfants au Yémen a été rendu possible grâce aux armes vendues à l’Arabie Saoudite par le régime de Macron. On ne parle plus des choses qui fâchent.

       
      Il y a une trentaine d’années en Afrique, dans ces anciennes colonies françaises devenues indépendantes sous la férule de dirigeants mis en place par la Françafrique (vous savez les Houphouët-Boigny, Biya, Omar Bongo, Eyadema... et j’en passe) le journal télévisé commençait toujours par 15 minutes (au moins) consacrées à raconter en détails tout ce que le président avait fait de sa journée. Tout juste si on ne mentionnait pas quand il était allé pisser.

       
      On dirait qu’on en revient là avec Macron. Il ne veut pas se montrer aux caméras mais il a chargé les médias qui se traînent à ses pieds de parler de lui chaque jour en long, en large et en travers. Et en bien, histoire de lui redorer le blason ! Bref il continue à occuper le terrain.


    • lejules lejules 11 août 2018 08:31

      @Dr Faustroll


      La question est : pourquoi Macron est-il tombé en disgrâce ?

      proposition de réponse le capitalisme n’est pas un bloc uni : on peut distinguer un capitalisme financier mondialiste uni polaire représenté par Clinton et Soros et un capitalisme productif souverainiste multi polaire et isolationniste représenté par Trump et stephan Banonn, multi milliaidaire chargé de campagne de Trump et délégué par celui ci a Bruxelles pour saboter l’Europe et dégommé Merkel et Macron.ces deux formes de capitalisme s’affrontent a couteaux tirés. en dégommant Macron on s’attaque a l’empire Rothschild.
      ceci est un scenario possible qui se vérifiera peut être. en tout cas c’est une piste de compréhension vraisemblable

    • Le421... Refuznik !! Le421 11 août 2018 09:32

      @sirocco

      En attendant, le mal est fait.
      Et ça ne reviendra pas tout seul.
      Et les taxes déguisées et en tous genres qui pleuvent comme à Gravelotte vont sérieusement écorner la « confiance aveugle » des quelques français encore macron-compatibles...

      Sans honte, France-Intox annonce que la limitation à 80 a fait fortement chuter le nombre de morts en Juillet !!
      Mais pas le prix de l’essence et le coût des déplacements.
      La hausse de 200-300 % des PV n’y est pour rien non plus.
      Même pas honte !!

    • Clark Kent Dr Faustroll 11 août 2018 12:01

      @lejules

      « ceci est un scenario possible qui se vérifiera peut être. en tout cas c’est une piste de compréhension vraisemblable »

      c’est en tous cas une réflexion bien plus intéressante que beaucoup d’articles et qui mériterait d’être étayée et développée !

    • lejules lejules 11 août 2018 21:06
      @Dr Faustroll
      pour compléter ce que j’ai dit
      article :
      michel Onfray a fait aussi une vidéo analysant les luttes intestines du capitalisme désolé je ne retrouve plus le lien

    • Legestr glaz Ar zen 13 août 2018 12:08

      @Dr Faustroll

      Mais aussi sur l’initiative « monnaie pleine », mais aussi sur « l’immigration de masse », mais aussi sur « l’adhésion de la Suisse à l’UE », en somme, rien que des sujets sans importance.

    • mmbbb 13 août 2018 15:37

      @Attila je vous rappelle ce lien a propos du glyphosate et vos argumentaire de l autre jour
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/08/11/proces-du-glyphosate-monsanto-condamne-a-verser-289-millions-de-dollars-a-un-jardinier_5341423_3244.html
      Ce fut repris par la presse . Vous qui affirmiez l innocuité de ce produit C ’est hors sujet mais un rappel.


    • Attila Attila 15 août 2018 00:23

      @mmbbb
      Oui, c’est hors sujet ce qui n’est pas sympa pour l’auteur de l’article.

      Cependant, il y a un aspect qui est dans le sujet. Dans les médias corrompus, on n’hésite pas à accuser sans preuve : la Russie d’être intervenue dans l’élection de Tump, Bachar el Assad d’avoir gazé son peuple. Les politiques en font autant.
      Une société dans laquelle on trouve « normal » d’accuser sans preuve est un danger pour tous les citoyens : puisqu’il n’y a pas besoin de preuve pour proférer une accusation publique, tout le monde peut se retrouver accusé de n’importe quoi un beau jour.
      Pour le glyphosate, des études scientifiques indiscutables ont montré qu’il n’était pas plus toxique que le sel de cuisine et, surtout, que les professionnels exposés au glyphosate n’avaient pas plus de cancers que les autres, le glyphosate n’est pas cancérigène.
      Ce n’est pas MOI qui affirme l’innocuité de ce produit, ce sont les conclusions des études scientifiques. Les conclusions des études scientifiques sont des preuves.

      .


  • Pere Plexe Pere Plexe 10 août 2018 19:25

    Les médias ne sont plus le quatrième pouvoir.


    Ils sont l’arme première d’un pouvoir unique, d’une oligarchie consanguine qui occupe tous les postes de pouvoir : finance, industrie, commerce,politique, et bien sur médias.
    Le seul contre pouvoir, la démocratie, en est réduit à une illusion tant elle est conditionné par l’information. 

    • Arogavox Arogavox 10 août 2018 23:16

      @Pere Plexe

       Confusion !   Voilà alors le 1e pouvoir  
       (l’idéal démocratique n’est pas un ’contre pouvoir’ ...
         dêmos : peuple, kratos : pouvoir, autorité )

            
       Maintenant que tout le monde sait que ’révolution’ ça ramène au point de départ ... par définition

       ... reste à réaliser que ce « quatrième pouvoir » est inséparable du 1°
          

       bis repetita : 
       « mais la ’richesse’ n’est rien en regard du Pouvoir (qui contrôle la richesse) qui n’est lui-même rien en regard de l’information (qui contrôle le pouvoir). Pour s’en convaincre, il suffit de se figurer les capacités magiques de la rétention d’information, (y compris codes secrets de tous ordres, dont culturels ) ou , plus immédiat : des « délits d’initié » ... Information elle-même conditionnée par le langage (« Au commencement était le Verbe ... ») d’où le dévoiement savant des mots et les fourberies verbales (du genre « démocratie représentative » , « égalité des chances », « il faut se vendre » , etc, etc ... ) »
             
       ... dévoiement et confusion qui conduisent les dévoyeurs eux-mêmes et aussi leur descendance pour le futur de l’humanité vers l’excellence finale de Idiocracy  !

       


    • Arogavox Arogavox 10 août 2018 23:47

        
       ... alors, dans la hiérarchie des pouvoirs, ce n’est qu’en dernière position, ou pouvoir zéro que se retrouvent en fait les ’forces de l’ordre’ et leur « management Mac’ Do » 

      comme en témoigne cette vidéo fort instructive : https://youtu.be/1ucOpgzP6jg
       (noter le témoignage de ’ressenti’ au sujet de suicides, internements psychiatriques ... et se faire une religion quant aux a priori de ’théorie du complot’ ... )
        
        ( de là à penser que les gérants de Mc Do pourraient avoir toutes leurs chances dans l’encadrement des forces de l’ordre ? ) 

    • Legestr glaz Ar zen 11 août 2018 08:34

      @Pere Plexe

      le substantif « démocratie » devrait être utilisé avec de grandes précautions. C’est un mot valise qui semble dire quelque chose mais qui ne signifie absolument rien.

      Qu’avez vous voulu exprimer en écrivant « démocratie » ? Parlez vous d’une démocratie « représentative », d’une démocratie « semi-représentative » ou d’une « démocratie directe » ?

      Si je vous parle d’ un chat, quelle image voyez vous ? Si je vous parle d’un chat huant comment l’imaginez-vous ? 

      Ceci dit, « les médias » sont bien l’arme la plus efficace des puissances de l’argent. Les médias assurent la promotion constante du spectacle de la marchandise. Relire Guy Debord ou écouter Fran !s Cousin.

      « Alors que dans la phase primitive de l’accumulation capitaliste « l’économie politique ne voit dans le prolétaire que l’ouvrier », qui doit recevoir le minimum indispensable pour la conservation de sa force de travail, sans jamais le considérer « dans ses loisirs, dans son humanité », cette position des idées de la classe dominante se renverse aussitôt que le degré d’abondance atteint dans la production des marchandises exige un surplus de collaboration de l’ouvrier. Cet ouvrier soudain lavé du mépris total qui lui est clairement signifié par toutes les modalités d’organisation et surveillance de la production, se retrouve chaque jour en dehors de celle-ci apparemment traité comme une grande personne, avec une politesse empressée, sous le déguisement du consommateur. Alors, l’humanisme de la marchandise prend en charge « les loisirs et l’humanité » du travailleur, tout simplement parce que l’économie politique peut et doit maintenant dominer ces sphères en tant qu’économie politique. Ainsi « le reniement achevé de l’homme » a pris en charge la totalité de l’existence humaine ».

  • Legestr glaz Ar zen 11 août 2018 08:24

    Vous écrivez : « Actuellement, deux ans plus tard, le président américain, à l’instar de son pendant français, est tombé en disgrâce. La guerre médiatique est ouverte ».

    Et pourtant « Trump » n’était pas dans les petits papiers des journalistes ! Sur 200 médias américains, 194 soutenaient Hillary Clinton.


    https://www.lesinrocks.com/2016/11/10/actualite/200-medias-americains-194-avaient-soutenu-hillary-clinton-11878874/

    • Abou Antoun Abou Antoun 13 août 2018 10:11

      @Ar zen

      Et pourtant « Trump » n’était pas dans les petits papiers des journalistes ! Sur 200 médias américains, 194 soutenaient Hillary Clinton.
      C’est bien de le remarquer et de le faire remarquer.

  • Clark Kent Dr Faustroll 11 août 2018 08:27
    Dans La fabrique du consentement, Noam Chomsky et Edward Herman montrent comment, à travers cinq filtres, le conditionnement opère sans que le sujet ait conscience de s’inoculer lui-même le traitement via les médias qui diffusent avant tout une propagande au bénéfice d’un groupe de dominants. Loin de constituer un « quatrième pouvoir » en démocratie, la principale fonction des médias est de traiter et de manipuler l’information afin de servir les intérêts des élites politiques et économiques qui les élites possèdent et les contrôlent, soit directement à travers les financements (capital et subventions d’Etat), soit indirectement à travers les sources d’information labellisées, les autres diffuant des « fake news ». 
    Les outils sont :
    - L’effet de masse : la taille d’un média résulte de sa capacité à attirer des investissements, et détermine en retour sa capacité à se doter des technologies nécessaires à l’obtention d’une audience effectivement massive. Sont pénalisés les médias dont les lignes éditoriales ne coïncident pas avec l’idéologie dominante parmi les potentiels actionnaires.
    - Le poids de la publicité : la majeure partie des ressources des médias provient de la publicité et non des ventes ou subventions. Ils ne sont pas économiquement viables sans le soutien des annonceurs, et les annonceurs agissent comme une autorité de régulation permettant à tel ou tel média d’opérer ou non. Donc, les médias doivent tenir compte des convictions économiques et politiques des annonceurs qui les financent. Sont pénalisés les médias dont les audiences ne sont pas rentables du point de vue des annonceurs.
    - Les sources d’information, les « think tanks » : les grandes entreprises et agences gouvernementales qui subventionnent les principaux médias réduisent pour eux le coût d’accès à l’information en produisant eux-mêmes et de manière routinière de l’information, au travers de déclarations, dépêches, et conférences de presse. Sont pénalisées les sources d’information qui ne sont pas intégrées dans ce circuit fermé.
    - L’arsenal juridique : la perspective de provoquer un « contre-feux » dévastateur de la part de personnes ou institutions puissantes suffit à engendrer un phénomène d’auto-censure parmi les médias. Sont pénalisées les opinions qui seraient de nature à mettre en difficulté les intérêts de ces personnes ou institutions.
    - La guerre contre le terrorisme : toute opinion considérée dangereuse sera taxée de « complotiste » et combattue sous la bannière de la guerre contre le terrorisme, terme fourre-tout qui inclut tout ce qui entrave l’avancée du rouleau compresseur des groupes transnationaux et a fini par remplacer l’épouvantail du communisme de la période de la guerre froide. 


    • JC_Lavau JC_Lavau 11 août 2018 11:00

      @Dr Faustroll. Ta contribution semble ne pas plaire à la foule.


    • Clark Kent Dr Faustroll 11 août 2018 12:04

      @JC_Lavau

      «  Elle marche d’une manière 

      Qui amuse les passants, 
      Comme, comme si on vivait pour plaire 
      Sous leurs applaudissements »

      Cabrel - le cygne blanc

    • mmbbb 13 août 2018 15:53

      @Dr Faustroll certes mais l auteur presente des titres Le MONDE ,LE POINT, LE FIG est absent , seul bémol, l auteur ne sait peut être pas, sans la dotation de l etat ces canards auraient fait faillite C ’est d autant plus savoureux que le POINT LE MONDE LE FIG sont des medias d opinion liberale Donc leur taux d audience n est pas si eleves La presentation est mal faite les medias qui ont de l influence sont les medias TV , ceux qui regardent BFM en boucle par exemple. Quant à Macron, il n a pas été finaud, il a été méprisant envers les médias apres son élection. C ’est de bonne guerre. L affaire Benalla est tombe a point . Macron est arrogant c est connu, Entre la lecture et la passivite du regard devant un ecran il y a deux mondes. Les médias papier cités demandent toujours une analyse une reflexion et renvoient toujours a d autres etudes ou donnent la voix a des personnes Par exemple Chevenement dans le FIG concernant la crise de l Urkraine, Jamais il n aurait pu s exprimer ainsi sur TF1 ou BFM .


  • zygzornifle zygzornifle 11 août 2018 09:29

    il y a un « pognon de dingue » en jeu , des subventions élevées et des places avec des salaires de dingue et pleins d’avantages fiscaux donc les médias lèchent le cul du gouvernement sans état d’âme , le peu de journalistes qui ne le font pas se retrouvent a la chronique des chats écrasés .... 


  • Legestr glaz Ar zen 11 août 2018 09:34

    Commentaire (choisi) de Guy Debord sur la société du spectacle :


    Le pouvoir du spectacle, qui est si essentiellement unitaire, centralisateur par la force même des choses, et parfaitement despotique dans son esprit, s’indigne assez souvent de voir se constituer, sous son règne, une politique-spectacle, une justice-spectacle, une médecine-spectacle, ou tant d’aussi surprenants « excès médiatiques ». 

    Ainsi le spectacle ne serait rien d’autre que l’excès du médiatique, dont la nature, indiscutablement bonne puisqu’il sert à communiquer, est parfois portée aux excès. 

    Assez fréquemment, les maîtres de la société se déclarent mal servis par leurs employés médiatiques ; plus souvent ils reprochent à la plèbe des spectateurs sa tendance à s’adonner sans retenue, et presque bestialement, aux plaisirs médiatiques. On dissimulera ainsi, derrière une multitude virtuellement infinie de prétendues divergences médiatiques, ce qui est tout au contraire le résultat d’une convergence spectaculaire voulue avec une remarquable ténacité. 

    De même que la logique de la marchandise prime sur les diverses ambitions concurrentielles de tous les commerçants, ou que la logique de la guerre domine toujours les fréquentes modifications de l’armement, de même la logique sévère du spectacle commande partout la foisonnante diversité des extravagances médiatiques.

    Le gouvernement du spectacle, qui à présent détient tous les moyens de falsifier l’ensemble de la production aussi bien que de la perception, est maître absolu des souvenirs comme il est maître incontrôlé des projets qui façonnent le plus lointain avenir. Il règne seul partout ; il exécute ses jugements sommaires.

    La première intention de la domination spectaculaire était de faire disparaître la connaissance historique en général ; et d’abord presque toutes les informations et tous les commentaires raisonnables sur le plus récent passé. Une si flagrante évidence n’a pas besoin d’être expliquée. Le spectacle organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l’oubli de ce qui a pu quand même en être connu. Le plus important est le plus caché. Rien, depuis vingt ans, n’a été recouvert de tant de mensonges commandés que l’histoire de mai 1968. D’utiles leçons ont pourtant été tirées de quelques études démystifiées sur ces journées et leurs origines ; mais c’est le secret de l’État.

  • Attila Attila 11 août 2018 10:11

    Apparemment, le pire est à venir :
    " Une étude du Pew Research Center le prouve, les réseaux sociaux sont en train de gagner leur match contre les médias classiques et deviennent le premier moyen d’information. Un constat triplement inquiétant : la matière en est très sommaire, concentrée en peu de mains, et facilement orientée, comme l’ont prouvé de récents scandales chez Facebook et Twitter. "

    On ne peut même pas se réjouir de la chute des médias si c’est pour tomber dans des réseaux sociaux qui censurent et orientent encore plus les cerveaux et sont concentrés dans quelques mains. Lien.

    .


    • Arogavox Arogavox 11 août 2018 11:07

      @Attila

       intéressant !

      «  si c’est pour tomber dans des réseaux sociaux qui censurent et orientent encore plus les cerveaux et sont concentrés dans quelques mains »

       Ce qui ramène à la question :
       - pourquoi, en France, paradoxalement et particulièrement, tout le monde se fout du ’logiciel libre’ ?
       (qui aurait du devenir le terreau de réseaux vraiment sociaux, conçus et gérés, maintenus, contrôlés vraiment démocratiquement , sans pub et sans ’back-doors’ )
        
       - pourquoi, dans ce pays où la jeunesse est dite ’mutante’, et où n’importe qui a sous le coude, dans son entourage, un ’petit génie de l’informatique’ , pourquoi n’a-t-on pas inventé , réalisé et utilisé des techniques de démocratie dignes de notre époque ?
          
       Cette fois, plutôt que de suggérer mes réponses, je préfère endurer la curiosité de découvrir les réponses proposées, si jamais il s’en trouve de plus pertinentes que les haussements d’épaules que je crois connaître ...


    • Arogavox Arogavox 11 août 2018 13:03

      @Self con troll @Attila

      la puissance de l’argent n’est cependant qu’un effet d’optique (comme explicité dans une de mes précédentes réactions) ; mais cette remarque est doublée, sous ce lien (https://journals.openedition.org/quaderni/139), par ces mots 
      « La grande majorité des consommateurs de logiciels libres ne possèdent pas les compétences nécessaires à l’accomplissement du « don technologique » »
            
       
      Mais au-delà même de la perception du fait que la ’culture du don’ peur receler des motivations ambiguës, ( triple mouvement donner – recevoir – rendre),
       ne reste-t-il pas à savoir comment est perçue et mise en oeuvre la prétention démocratique non seulement dans la majorité extérieure, mais aussi au sein même de la minorité visant à un accomplissement de « don technologique » ? ...

    • Attila Attila 11 août 2018 13:22

      @Arogavox
      « « La grande majorité des consommateurs de logiciels libres ne possèdent pas les compétences nécessaires à l’accomplissement du « don technologique » »
       
       
      Mais au-delà même de la perception du fait que la ’culture du don’ peur receler des motivations ambiguës, ( triple mouvement donner – recevoir – rendre), »

      Intéressant : pour voir ce triple mouvement, il faut parfois prendre un peu de recul. Un exemple personnel : J’ai bénéficié de l’aide bénévole d’une association d’utilisateurs de logiciels libres pour choisir et installer le système Linux sur mes ordinateurs. Cela m’a permit de rendre à mon tour une aide bénévole pour une maladie rare en créant un site web spécialisé.
      On aide les uns qui, ensuite, en aident d’autres qui, à leur tour en aident encore d’autres, etc.

      .


    • Arogavox Arogavox 11 août 2018 13:50

      @Attila

       bravo, et bien sûr pas question de remettre en cause les bienfaits évidents qui rendent séduisante cette perspective de ’culture du don’ ...
       mais est-ce que la ’prise de recul’ (constructive, j’entends bien) doit s’arrêter là ?

  • Attila Attila 11 août 2018 11:28

    Je propose une explication très partielle : la puissance de l’Argent.
    Le logiciel libre n’est financé que par des mécènes plus ou moins désintéressés. Le logiciel commercial fait de l’argent, il a des moyens pour se développer et se faire connaître. Ils sont parfois soutenus par les États comme Google financé par la CIA à ses débuts.

    .


    • Lugsama Lugsama 12 août 2018 00:50

      @Attila

      Le logiciel libre est souvent plus compliqué et parfois plus cher à deployer, quand je fait un serveur de partage de fichier pour poste windows je prend Samba, avec Rsync j’ai ma sauvegarde incrémentale de qualité professionel pour 0€, mon patron est content. Mais combien cela aurait coûté à mon patron s’il n’avait pas un ancien technicien info linux dans ses bureaux ? Moins cher de prendre une licence windows avec un technicien « bas de gamme » à l’occasion qu’un contrat de maintenance linux pour... 3 postes administratif.

    • Abou Antoun Abou Antoun 13 août 2018 10:09

      @Lugsama

      Vous avez partiellement raison. Cependant la maintenance de systèmes linux ne nécessite pas forcément une grande compétence et une grande qualification au départ, mais elle peut prendre beaucoup de temps en recherche de documentation et expérimentation, et en entreprise le temps se paie.
      Moins cher de prendre une licence windows avec un technicien « bas de gamme » à l’occasion qu’un contrat de maintenance linux pour... 3 postes administratif.
      C’est exactement en ces termes que le problème se pose en entreprise. Par ailleurs l’effet de marque joue, dans le passé les entrepreneurs préféraient acheter des PS avec la marque IBM que des compatibles Taïwanais deux ou trois fois moins cher. Aujourd’hui encore en s’équipant microsoft ils ont l’impression d’acheter une sécurité ce qui est complètement illusoire dans la mesure où 95% des machines objets d’attaques virales appartiennent au parc windows.


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