lundi 9 avril 2012 - par Emin Bernar

Le radio-philosophe pour les nuls

L’émission « Répliques » d’Alain Finkielkraut cette semaine sur France Culture avait pour sujet « Toutes les civilisations sont-elles égales ? ». La référence était claire -et revendiquée : les propos de M. Guéant devant une association d’étudiants il y a un mois, en lancement de la campagne du Président-candidat.

La question est : pourquoi Finkielkraut fait-il tant d’honneurs aux propos que Guéant a tenu devant ces étudiants de droite extrême ? Pourquoi leur consacrer une émission qui se prétend culturelle et philosophique ? Car il ne s’agissait pas de faire la critique de ces propos . Au contraire Alain Finkielkraut a voulu en faire la promotion ! On connaît la «  méthode » qu’il utilise depuis plus de vingt ans : inviter deux personnalités du monde intellectuel pour parler d’un sujet et tout de suite, en début d’émission , prendre parti de tout son poids pour l’un des deux ! Voila qui est assez loin de l’ambition affichée par Finkielkraut sur le site web de France Culture à propos de son émission : « pour se faire une opinion personnelle, on a besoin d'être éclairé par d'autres et d'écouter silencieusement des conversations qui prennent leur temps et qui problématisent le monde ». ce n’est pas ce que fait Finkielkraut dans son émission ...  Cette semaine Finkielkraut voulait nous démontrer que les propos de Guéant sur la supériorité de «  notre civilisation  » étaient tout à fait justes, qu’il y a bien une civilisation supérieure et d’autres inférieures ! Françoise Héritier, anthropologue, l’une des deux invités, a mis en cause avec humour l’ «  ignorance  » de Guéant ; mais Finkielkraut s’est appuyé sur l’autre invité , Paul Thibaud, directeur de la revue Esprit, pour soutenir la thèse du ministre !

Tout ceci ne serait pas bien grave s’il n’y avait pas le contexte politique actuel ! Alain Finkielkraut a de tout temps affirmé, et il a d’ailleurs repris l’idée dans l’émission de cette semaine, la supériorité de Mozart sur les musiques des pays lointains ; ou encore la supériorité de l’artiste et de l’écrivain sur l’artisan bottier ! On se rappelle aussi les propos de Pierre Boulez, star de la musique dodécaphonique, dévalorisants et stigmatisant pour le jazz ! Ce qui est le plus désagréable dans ce genre de propos c’est que leurs auteurs n’admettent pas qu’on puisse ne pas être d’accord avec eux ! Et pourtant la thèse opposée de l’égalité entre Thélonious Monk et Webern, ou entre tel écrivain illustre et tel hôtelier est tout à fait défendable : cela n’a rien à voir avec un quelconque relativisme ou idéalisme de gauche comme Guéant , Finkielkraut ou Thibaud voudraient le faire croire .

Le problème est tout autre : Finkielkraut est un habitué de la proximité idéologique avec la droite : déjà à la fin des années 80, il s’était illustré dans la controverse sur les jeunes lycéennes de Creil qui s’étaient faites exclure, parce qu’elles avaient porté un foulard en classe, par le proviseur du lycée, futur député RPR de la ville ! Finkielkraut avait alors défendu le proviseur contre ces lycéennes au nom de la laïcité républicaine ! Comme s’il était laïque de venir au lycée avec un pull Chevignon ! Et cette année, dans la période pré-électorale c’est reparti : Finkielkraut a défendu dans son émission la loi Boyer qui voulait sanctionner par un an de prison et 45 000 euros d’amende la négation ou la minimisation du «  génocide  » arménien ! Aujourd‘hui que le Conseil constitutionnel a annulé cette loi, Finkielkraut a voulu se racheter une vertu en affirmant qu’il ne soutenait pasla loi Boyer ! Il suffit de relire mon dernier blog sur Agoravox «  Sauver la liberté d’expression : mission impossible  » pour vérifier ce qu’a vraiment dit Finkielkraut ce jour-là .

Cette semaine notre Finkielkraut national a poursuivi ses obsessions antiturques : dans le genre «  les Turcs prétendent que leur histoire est parfaite  », «  les Turcs ont pendant cinq siècles colonisé les arabes et ont fait d'eux esclaves  », on se croirait dans une publication du lobby arménien !

Et la semaine dernière on a eu la surprise du chef : entendre Finkielkraut au beau milieu d’une émission sur «  l ’humour roi  » dire que le peuple français n’avait pas eu le droit d’un vote démocratique sur l’immigration ! Est-ce que M. Finkielkraut, philosophe enseignant à l’école Polytechnique, n’est pas capable de comprendre que dans la période pré-électorale il n’a pas à tenir de tels propos sur France Culture les samedis matins ! Et le citoyen Finkielkraut, ne le comprend-il pas ? Et dernière question : pourquoi M. Finkielkraut occupe-t-il toujours depuis plus de 20 ans ce créneau sur France-Culture, une radio de Radio France qui a pourtant connu tant de Directeurs et hélas tant de changements depuis ces années .

M. Finkielkraut ne lira pas ce blog : il ne lit pas les mails qu’on lui envoie sur le site de France Culture. En revanche il lit les lettres des auditeurs…quand elles vont dans son sens : cette semaine on a eu droit à un extrait savoureux sur notre civilisation supérieure qui a inventé, je cite (ou à peu près), les beaux-arts et la chirurgie : vous avez rêvé d’entendre de la philo pour les nuls sur France-Culture ! Finkielkraut l’a fait !



15 réactions


  • Christian Labrune Christian Labrune 9 avril 2012 10:11

    Il arrive que Finkielkraut m’agace un peu. Sa propension à justifier son propos par des citations est telle qu’à une certaine époque, ayant publié un bouquin sur Péguy, il l’évoquait à tout propos. C’est passé, mais il continue à citer Hannah Arendt et lorsqu’il est question du développement de la technique, il y a toujours un moment où l’on se dit qu’il va probablement se référer à l’abominable Heidegger. Il est rare que la prévision ne soit pas confirmée. Mais tout le monde a ses manies et s’il exaspère, c’est sans doute aussi que ses analyses tranchent avec la niaiserie de l’idéologie dominante et bien-pensante. Quand on faisait appel aux pédagolâtres pour détruire l’école en France - maintenant c’est chose faite - il a été un des rares à voir le danger et à donner la parole à ceux qui essayaient d’empêcher le naufrage.
    L’émission que vous évoquez n’était pas des plus passionnantes ; il est vrai que je l’écoutais dans des conditions qui ne favorisent pas l’attention : dans la rue, sur un baladeur. S’il fallait que j’en écrive d’une manière vraiment rigoureuse, je l’écouterais une nouvelle fois, mais je n’en ai pas le courage et vous m’excuserez d’en rester ici à l’impression.
    Le point de vue de Françoise Héritier m’a paru terriblement prédéterminé par une position de principe qui relève de la bien-pensance. Elle a cru pouvoir s’autoriser néanmoins de sa « science » pour poser que la phrase de Guéant révélait son « ignorance », mais elle s’est très vite enlisée dans des considérations tellement absconses, pour ne pas dire fumeuses, qu’elle a bientôt préféré battre en retraite, ajoutant ça et là son grain de sel aux développements des deux autres. Mais c’était seulement pour régler un peu les éclairages : la mise en scène du dispositif analytique lui échappait désormais totalement.
    Il faut bien dire que c’était une véritable sottise que de vouloir faire un procès à Guéant à propos d’une affirmation aussi évidente que triviale. Il n’est pas impossible que le ministre ait délibérément tendu un piège à ses contradicteurs potentiels pour avoir une bonne occasion de les ridiculiser. Je ne reviens pas sur un débat qui a déjà eu lieu ici et dans lequel j’ai pris parti aussi nettement qu’il était possible. J’ajouterai simplement que les partisans du relativisme devraient désormais tâcher d’obtenir un passeport tunisien et, lorsqu’ils ont quelque chose à publier sur les questions de croyance religieuse, essayer de trouver là-bas un éditeur plutôt qu’en France. Les athées résolus n’y risqueront - comme on vient récemment de le voir encore - que cinq ou six années de prison. Ca, c’est la vraie Civilisation, avec un grand C. Au panier, la philosophie des Lumières et son universalisme. Tout ça, c’est le passé. Soyons résolument modernes et même post-modernes ! 


    • Emin Bernar Emin Bernar Paşa 9 avril 2012 15:31

      j’aurais dû titrer : le philosophe à droite, droite ...


    • Christian Labrune Christian Labrune 9 avril 2012 16:05

      @ Emin Bernar Paş  »j’aurais dû titrer : le philosophe à droite, droite ...« 

      Les choses sont-elles aussi simples ? Je sais bien qu’on a classé Finkielkraut parmi les »nouveaux réactionnaires« , mais j’évoquais, en vous répondant, la défense de l’école républicaine. Sa position sur la question était tout à fait progressiste. En revanche, la destruction des grandes structures républicaines, dont l’école, à qui la devons-nous ? Aux socialistes. Leur politique a été »de gauche" et="et" de="de" la="la" fin="fin" du="du" gouvernement="gouvernement" en="en" ensuite="ensuite" a="a" grande="grande" qui="qui" devait="devait" ouvrir="ouvrir" sur="sur" un="un" sans="sans" social="social" que="que" constituait="constituait" par="par" eux="eux" 10="10" juillet="juillet" bernard="bernard" tapie="tapie" comme="comme" pour="pour" tous="tous" ces="ces" jeunes="jeunes" venait="venait" priver="priver" le="le" avait="avait" depuis="depuis" ne="ne" peut="peut" rien="rien" concevoir="concevoir" plus="plus" ni="ni" cynique="cynique" pareille="pareille" vous="vous" me="me" direz="direz" les="les" socialistes="socialistes" sont="sont" droite="droite" une="une" minimum="minimum" imposait="imposait" devenus="devenus" laquais="laquais" des="des" je="je" vous="vous" contredirai="contredirai" mais="mais" si="si" aviez="aviez" je="je" serais="serais" parlez="parlez" pas="pas" nostalgiques="nostalgiques" totalitarisme="totalitarisme" stalinien="stalinien" ou="ou" janus="janus">p>


    • Melara 9 avril 2012 16:28

      Il semble pourtant qu’il y a une vrai gauche héritière de la philosophie des Lumières et de son universalisme, du moins si on prend le temps d’écouter M. Mélenchon sans a priori.


    • Christian Labrune Christian Labrune 9 avril 2012 17:51

      @Melara
      "Il semble pourtant qu’il y a une vrai gauche héritière de la philosophie des Lumières et de son universalisme, du moins si on prend le temps d’écouter M. Mélenchon sans a priori."

      Mélenchon est moins inculte que ses concurrents, il connaît ses classiques et maîtrise plutôt bien une certaine rhétorique tribunicienne, mais son projet ressemble à celui des sophistes : persuader avant tout. La question de la vérité est pour lui très secondaire et en un sens il peut tout à fait se permettre ces sortes de fantaisies : il ne sera pas président et il ne risque aucunement d’être jamais contredit par les exigences du réel. C’est un marchand de rêves... ou de cauchemars.
      Les Lumières ne sont pas non plus un bloc et j’ai peut-être eu tort de m’y référer comme je l’ai fait, sans trop nuancer. On le voit bien lorsqu’on regarde ce que font de toutes ces idées les révolutionnaires de 89. La révolution commence très bien, la déclaration des Droits de l’homme, l’abolition des privilèges, tout cela est fort généreux, mais je ne pense pas que les philosophes du XVIIIe eussent beaucoup approuvé les Marat, les Robespierre, et encore moins la terreur qui résulte de leurs agissements. Rousseau peut-être, mais je n’en suis même pas sûr. Or, la corde qu’essaie constamment de faire vibrer Mélenchon, c’est celle du ressentiment ; il ne lui manque que la guillotine, et c’est ce qui fait de lui un populiste de la pire espèce, et tout le contraire d’un philosophe au sens cette fois le plus général du terme.


    • Emin Bernar Emin Bernar Paşa 9 avril 2012 20:31

      au centre peut-être ?

      l’important c’est res publica...


  • modesto modesto 9 avril 2012 22:33

    Finkielkraut a besoin de se dresser contre des méchants : les jeunes (souvent), les progressistes et bien-pensants, les Turcs, les gauchisants, les jesaisplusquoi... comme si on pouvait sous couvert d’être philosophe et non pas historien placer une telle généralisation à l’encontre de tous les Turcs et non d’une ligne politique bien identifiée, issue de la Turquie post-kémaliste, qui réfute les thèses allant à l’encontre de son positionnement politique à usage interne. un peu comme si on disait que « les Français » sont racistes sous pretexte qu’une range de la droite française l’est..

    finkielkraut est notre « néo-cons » français. par contre que france-culture, média sérieux de service public alimente des sous-débats alimentés par des « petites phrases » vaseuses de campagne électorale me choque beaucoup !

  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 avril 2012 06:02

    @ l’auteur

    Article bienvenu car il pointe la médiocrité de ce qui passe pour de la pensée et qui n’est qu’une des formes de l’endoctrinement de « l’Empire ».

    Sous ce rapport la discussion que tente Christian Labrune passerait facilement pour ce que les philosophes (français) appellent de l’enculage de mouche, ce qui se vérifie même dans sa critique pourtant fort bien sentie à l’égard de Mélenchon.

    Est enculage de mouche tout ce qui se trompe gravement de cible et devise sur ce qui, en comparaison, n’est que futilités. Deviser sur Finkelkraut sans évoquer son statut d’aboyeur de l’Empire, sans référence à la construction d’une réthorique du N.O.M, sans nommer le projet sioniste auquel il est adossé et qu’il étaie constamment, c’est bel et bien de l’enculage de mouche. Désolé mais cet expression (consacrée par l’usage) dit bien ce qu’il faut dire je crois.

    Pour bien donner à entendre le contexte dans lequel nous devons penser, je trouve cette petite vidéo (8mn) de l’historien Guillemin tout à fait saisissante (merci à Lloreen qui l’a postée ailleurs) :
    L’histoire méconnue de la BANQUE DE FRANCE par l’historien Henri Guillemin (droit à l’essentiel) - YouTube


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 avril 2012 13:20

      @Luc-Laurent Salvador
      Je suis d’une nature trop bienveillante pour infliger jamais aux mouches le douloureux traitement que vous décrivez. Laissons donc voltiger à leur gré ces charmants diptères.
      Puisqu’il faut préciser, précisons :
      On appelle aujourd’hui « réactionnaire », après le grand renversement des valeurs opéré par la « gauche » dès en 83, quiconque s’oppose à l’Ordre Nouveau et prétend conserver ce qui, de l’ordre ancien, pourrait continuer à donner satisfaction. En ce sens, vouloir conserver un système d’enseignement qui continue de permettre la promotion sociale, c’est être réactionnaire, c’est-à-dire qu’on s’oppose au nouvel ordre libéral, lequel veut qu’il y ait désormais une école pour les pauvres et une école pour les riches, ce que la « gauche » français a très bien su réaliser en vingt ans, pour la plus grande satisfaction de la droite.
      La gauche française, sous couvert d’antisionisme, s’est appliquée depuis plus de dix ans, à ressusciter un très vieil antisémitisme. Le misérable torche-cul d’un Stéphane Hessel s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires. Et tous les crétins ignorants des réalités au Moyen-Orient de s’indigner en choeur, de faire par là le jeu du Hamas et du Jihad islamique, deux organisations extrêmement humanistes, tant par leur idéologie que par les efforts considérables qu’elles font quotidiennement pour assurer la paix dans cette région du monde. Je ne sache pas que Finkielkraut ait jamais soutenu des positions aussi infectes, qu’il ait jamais dénoncé je ne sais quel apartheid imaginaire en Israël ni glorifié de parfaits assassins, comme trop d’irresponsables acquis d’avance à l’islamo-nazisme dans la presse française.
      Bref, Finkielkraut est un type qui prend le risque de penser par lui-même au lieu de répéter comme un perroquet les slogans qui, à un moment donné, enchantent une frange particulière de l’opinion. Il peut m’agacer quelquefois, il peut dire des conneries, comme vous et moi, mais il n’est pas le diable en personne. Il me semble qu’il serait tout de même grand temps de mettre un bémol au manichéisme et de substituer la réflexion et la critique aux invectives et aux injures.


    • Emin Bernar Emin Bernar Paşa 10 avril 2012 14:08

      il est clair que finkielkraut avec ses affirmations étonnantes du genre « le problème de la France c’est l’immigration » sert « l’idéologie du pouvoir » : Pierre Nora l’en a explicitement accusé lors d’un « Répliques » en début d’année


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 avril 2012 17:26

      @Emin Bernar Paşa
      Il y a dix ans, j’aurais peut-être pensé comme vous, mais on est arrivé à une situation où l’immigration commence à poser effectivement de sérieux problèmes. Non pas la présence en France de gens qui seraient venus d’ailleurs : la France a toujours été, et c’est très bien, une sorte de melting pot, mais l’Islam est devenu singulièrement dangereux puisqu’il est le premier obstacle, désormais, à une intégration réussie. Depuis quelques années, c’est même à une dés-intégration qu’on est en train d’assister  : les musulmans convaincus deviennent de plus en plus visibles, multiplient, par une espèce de provocation, toute sorte de signes qui disent un refus d’adhérer au consensus républicain. Quand on est à gauche, c’est embarrassant de parler de la question parce qu’il y a la xénophobie du FN qui a fini par générer une espèce de tabou : tout bien-pensant doit donc affecter de ne s’être aperçu de rien : circulez, il n’y a rien à voir ! Or, il est maintenant très clair qu’il existe deux xénophobies : celle du FN et celle, aussi, des populations réislamisées à la sauce salafiste pour qui les « Céfrans », comme ont dit dans les banlieues, sont devenus l’ennemi . Les deux xénophobies sont tout aussi détestables ; il faudrait être complètement masochiste pour accepter que la tolérance soit toujours univoque et accepter de subir cela comme une manière de punition légitime résultant du passé colonialiste de la France.
      Dimanche prochain, il y aura à Paris une manifestation des français musulmans hostiles à l’islamisme. J’espère qu’ils seront nombreux mais je crains tout de même de ne pas pouvoir être aussi optimiste qu’il le faudrait. Au congrès de l’UOIF, dimanche passé, les 40000 participants (les hommes d’un côté, les femmes de l’autre !) ont été prêchés par le frère Ramadan qui les a remis dans la bonne voie de l’orthodoxie islamique made in Arabie Saoudite. C’est-à-dire que l’espèce d’aggiornamento qui serait absolument vital pour l’Islam français n’aura probablement pas lieu. Les religions modernes sont devenues vaguement déistes : les chrétiens se font désormais une sorte de cocktail spiritualiste en mélangeant toutes les croyances qui passent à leur portée. C’était un peu le cas aussi pour les musulmans il y a vingt ans : du jeûne du Ramadan on n’entendait jamais parler et rien ne distinguait une immigrée d’une européenne, dans la rue - et encore moins dans les piscines !

      A côté de cela, les crétins utiles de la plupart des partis « de gauche », au nom d’un relativisme imbécile, encouragent le fanatisme autant qu’ils le peuvent : que des femmes se fassent lapider à quelques milliers de kilomètres, qu’on les oblige à se voiler sous la menace des coups, peu leur chaut pourvu que cela ne se passe pas devant leur porte : toutes les coutumes sont légitimes et se valent bien, n’est-ce pas ? Sur une autre page d’Agoravox, une intellectuelle tunisienne décrit la situation abominable dans laquelle son pays est en train de sombrer. Il se trouve des lecteurs sans doute supérieurement intelligents pour lui représenter que c’est ce que les Tunisiens ont démocratiquement voulu, qu’Ennahda est probablement un mal nécessaire, que c’était pire sous Ben Ali ou Bourguiba, etc. C’est accablant.

      Finkielkraut ne dit pas autre chose que ce que je viens de vous répondre. Ca bousille un peu les illusions de la bonne conscience qu’on aimerait avoir, mais penser le réel, c’est quand même d’abord le voir tel qu’il est sans se raconter les histoires lénitives qui servent à endormir les petits enfants.

      Je tiens à vous préciser, puisqu’on est constamment ramené ici à la campagne présidentielle, que je ne voterai pas pour la droite, mais pas non plus pour une gauche désormais introuvable. Mieux vaut rester chez soi que d’aller assurer la carrière politique d’un crétin.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 avril 2012 19:37

      @ Christian Labrune

      La question est toujours de savoir ce sur quoi on porte l’attention. Votre critique d’un certain islam et des complaisances dont il fait l’objet ici ou là peut facilement faire consensus même avec des lecteurs de Soral, dont je suis.

      Le problème voyez-vous, c’est qu’il est facile de se trouver un bouc émissaire commun pour faire alliance. Mais précisément, je ne souhaite pas porter attention sur ces questions. Car aussi sérieuses qu’elles soient, elles ne sont rien en comparaison de ce que nous affrontons, que Soral désigne comme l’Empire et dont Finkelkraut est un laquais diligent.

      Quand vous serez capable d’appeler un chat un chat, cad l’apartheid israelien un apartheid, un vrai, non pas un fantasme, nous pourrons échanger. Là, j’ai peur que nous soyons allé au bout de l’espace de dialogue dont nous disposons. Je le regrette, mais c’est ainsi.


    • Christian Labrune Christian Labrune 10 avril 2012 20:11

      @Luc-Laurent Salvador
      Je vois que vous avez des goûts bizarres. Non seulement les mouches, mais maintenant l’extrême droite la plus calamiteuse.
      Vous feriez mieux de lire Taguieff ou Tarnero, ça vous changerait de ces sortes de propagandes, et cela ne représente que quelques milliers de pages.
      Au moins, quand vous serez occupé à ça, les mouches seront plus tranquilles. Pauvres bêtes !
       Adieu et bon courage


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 avril 2012 16:16

      Taguieff ?
      Et puis quoi encore ?


  • Emin Bernar Emin Bernar Paşa 11 avril 2012 13:50

    « l’Islam est devenu singulièrement dangereux puisqu’il est le premier obstacle, désormais, à une intégration réussie » ???

    le sujet d’un prochain numéro de Répliques peut-être ???

    Nous sommes sans doute au bout de ce dialogue. Un Turc dirait « neyse » ce qui peut se traduire par : passons à autre chose ; ou « bos ver » : «  laisse tomber »


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