samedi 7 janvier 2012 - par Emile Mourey

Le sacrifice humain au temps des druides gaulois

Les Gaulois ne sacrifient jamais sans qu'un druide soit présent. On cite plusieurs formes de sacrifices humains chez eux : par exemple, on tue certaines victimes à coup de flèches, ou on les crucifie dans les temples...(Strabon IV, IV, 5, au Ier siècle av.J.C.). Un siècle plus tard, Pomponius Méla précise que de son temps, on s'abstenait en Gaule d'immoler des hommes, mais qu'on ne refusait cependant pas ceux qui se dévouaient.

Première observation suite à mes précédents articles :

Je suis étonné que les historiens ne fassent pas le rapprochement avec les prescriptions de l'ancien judaïsme : Ce qu’un homme consacre à Yahvé ne pourra plus être vendu ou racheté ; être humain, animal, champ hérité, tout ce qui est consacré par anathème devient très saint et Lui est réservé exclusivement. Et même s’il s’agit d’un être humain, on ne pourra pas le racheter : il devra être mis à mort (Lévitique 27, 28-29).

Le témoignage de César ne va-t-il pas dans ce sens ? : Les Gaulois pensent que la colère des dieux immortels ne peut être calmée que si la vie d'un homme est donnée en échange de la vie d'un autre homme. C'est pourquoi ils immolent une victime humaine quand ils sont atteints de maladie grave. De même, ils font vœu d'en immoler quand ils se trouvent en péril au milieu des combats. Pour ces sacrifices, ils font appel au ministère des druides...(DBG VI, 16). 

Deuxième observation suite à mes précédents articles :

Dès lors que nous situons la véritable Bibracte à Mont-Saint-Vincent, dès lors que nous faisons remonter la construction de son église à une date bien avant J.C., il s'ensuit que cette église est un temple, que des sacrifices humains ont pu y avoir lieu et que cela a pu se passer également dans d'autres édifices cultuels toujours existants.

Visiteurs, réfléchissez avant de franchir le porche de certaines de nos églises dites romanes ! Rendez grâce aux Romains et au christianisme d'avoir supprimé cette coutume barbare ! Craignez de marcher sur quelques dalles encore tachées de sang !

Pour minimiser mes écrits, il arrive souvent qu'on me dise : que l'on mette Bibracte au mont Beuvray ou à Mont-Saint-Vincent, qu'est-de que cela change ? Que l'on mette Gergovie ici ou ailleurs, quelle importance ? Eh bien, cela change tout simplement notre compréhension du cours de l'Histoire et de l'héritage que nous avons reçu. En voici un exemple.

Sacrifice d'Isaac par Abraham ou sacrifice druidique ?

Mon explication. Sur le tympan de l'église de San Isidoro en Espagne, Dieu est là, sous la voûte céleste, au centre du ciel, invisible dans la pierre. Sa main droite, seule, indique sa présence. Elle repose sur sa poitrine, à l'emplacement du cœur, dans un geste plein de dignité et de douceur. Sa main gauche se confond avec la main du personnage assis à l'entrée du tympan. Cette main fait le geste d'accueil.

L'agneau, magnifié dans sa mandorle, symbolise le sacrifice à Dieu et le passage de l'esprit du sacrifié de la terre au ciel. Sa patte avant droite hiératiquement retournée soutient la croix, symbole du sacrifice. Porteurs également de croix, les anges, la jambe en extension forcée comme dans la constellation du ciel, indiquent du doigt un point au-delà de la voûte céleste. Ce point correspond à la tête de Dieu.

Le portier du ciel, à l'extrémité gauche de Dieu, est assis. D'une main, il accueille, de l'autre, il fait signe d'attendre ; du regard, il veille à maintenir un débit régulier dans la colonne.

Le cavalier, manifestement, a effectué un long voyage. Ses épaules s'affaissent sous le poids de ses fautes et sa monture hésite.

Devant lui, un homme jeune quitte ses chaussures. En abandonnant ses vêtements, il se libère de ses péchés. En arrière-plan, le sculpteur a représenté les vêtements-péchés dont se sont débarrassés ceux qui sont déjà “passés”.

Le personnage “dont c'est le tour”, nu et pur, s'offre volontairement au sacrifice. Il s'abandonne à Dieu. En mourant, il voit dans le ciel la Divinité qui l'attend. Les mains liées derrière le dos, il est à l'image de l'agneau sans défense, mais il sait que son sacrifice lui ouvrira la porte de la mandorle par laquelle il passera dans l'autre monde.

Le sacrificateur, de la main droite, en un geste rituel, plonge l'arme du sacrifice dans la poitrine de celui qui s'offre à la mort, tandis que de la main gauche, il tire la chevelure de sa victime pour lui tourner le visage en direction du ciel. L'attitude du personnage est solennelle, sa dignité, exemplaire. Son regard, volontairement tourné en sens contraire de son geste cruel, symbolise le passage de la gauche à la droite de Dieu, d'un monde terrestre à un monde céleste, d'une vie à l'autre.

La partie du tympan, à la droite de Dieu, est l'image symbolique de l'autre monde. Le personnage principal est assis sur un siège de sénateur. Il voit Dieu, et son visage en rayonne de joie. L'auréole symbolise l'aura de son esprit et ses ailes montrent bien qu'il est l'hôte du ciel. De la main gauche, il rend gloire à Dieu et de la droite, il touche le bélier reproducteur céleste placé dans l'arbre de vie, signifiant par ce geste sa foi dans la réincarnation.

Derrière lui, son serviteur qui l'a suivi dans la mort, suivant la coutume des Gaulois rapportée par César, rayonne également de joie tandis que le Sagittaire les protège tous deux de son arme.

A quel niveau de symbolisme ou de réalisme faut-il comprendre la scène, je ne sais pas. Faut-il y voir un service d'euthanasie offert aux malades et aux désespérés ? Ou aux criminels pour qu'ils se fassent rectifier avant de redescendre pour une autre vie ? Je ne sais pas, mais j'ai tout de même du mal à croire que des Gaulois aient pu se porter volontaires sans raisons sérieuses.

Bref, je ne dis pas que tout est du même style dans cette église. On voit bien que son tympan de la descente de croix est plus récent, mais on ne voit pas pourquoi ses chapiteaux auraient éte tous remplacés.

Explication du site de San Isidoro : http://www.sanisidoro.de/deutsch/cordero/popup/tympanon_unten.html

Le sacrifice druidique de Perrecy-les-Forges en Saône-et-Loire.

Nous sommes sur les lieux du sacrifice. Grandi par son rôle sacré, le sacrificateur divin lève le coutelas avec lequel il va frapper un saint homme - Gésocribate ? Cléopas ? ou ? - par le travers du dos, suivant l’usage que rapporte Diodore de Sicile : lorsqu'il s'agit de délibérer sur une chose importante, les druides immolent un homme en le frappant avec un coutelas par le travers du dos. Après qu'il soit tombé, ils pronostiquent l'avenir en observant les palpitations de ses membres et l'écoulement de son sang (livre V). En guise d’introduction préliminaire,le sacrificateur exécute une danse rituelle pendant que sa victime auréolée de sainteté, toujours encouragée par l’ordonnateur de la cérémonie, se prépare à la mort. A l'arrière-plan, le petit personnage donnera le signal d'un coup de gong.

Au chapiteau suivant, le sacrifice a été consommé. Nous voici de nouveau dans le ciel. La troupe a repris la route derrière Gésocribate sacrifié et toujours auréolé. Il serre contre sa poitrine le Livre de vie. Les guides célestes accueillent le cortège des élus. S'appuyant sur son bâton, le bouvier/berger du ciel montre le chemin. Le gardien dresse la grande clef avec laquelle il ouvre et ferme la porte de l'oppidum. Enfin, la constellation de la Petite Ourse est sortie de l'enceinte pour venir à la rencontre de nos élus. http://bibracte.com/images/stories/epitre_hebreux/ciel_antique_5.htm.

En haut du ciel, à la partie supérieure du tympan, dans sa mandorle cosmique, Dieu trône. http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/jesus-2007-ans-apres-33849. Textes et dessins de l'auteur.  



37 réactions


  • le sacrifice chez les celtes ou gaulois est aussi difficile a prouver que le sacrifice d’enfants a

    CARTHAGE.............................et la crucxificion....mort la plus horrible était un supplice romain.........


    • Mimimomu 9 novembre 2016 02:56

      @TOUSENSEMBLE retraité FRONT DE GAUCHE EX DP sante social

      Si ça te fait plaisir de le penser.
      Et quel rapport avec la crucifixion ? Tu sautes toujours du coq à l’âne comme ça ?

  • bruno-beauvois 7 janvier 2012 11:52

    Les seuls récits de sacrifices sont ... ceux des conquérants romains, au niveau objectivité et impartialité on fait mieux. Il n’y a pas de preuve irréfragable de sacrifices humains


    • Mimimomu 9 novembre 2016 03:34

      @bruno-beauvoisEtant donné que c’est par les conquérants romains qu’on connaît la quasi totalité de leurs coutumes, s’ils ne sont pas objectifs là-dessus, alors ils ne le sont pas non plus sur tout le reste, et il faut admettre qu’on ne connaît rien de ce peuple. Sinon, ce serait bizarre de prendre certaines choses de la part des témoignages romains, et de laisser le reste.Manque de bol, l’archéologie semble plutôt confirmer ce que les romains ont dit là-dessus. Il faudrait aller faire un petit tour du côté des ouvrages publiés par les archéologues... http://news.nationalgeographic.com/news/2009/03/090320-druids-sacrifice-cannibalism_2.html


  • Antenor Antenor 7 janvier 2012 12:22

    Le tympan de San Isidro semble être un rappel de l’interdiction des sacrifices humains dans l’eglise chrétienne. Ce qui signifie qu’à l’époque où il a été sculpté, ils étaient encore pratiqués de manière clandestine. L’ange y rappelle aux sacrificateurs que Dieu n’a pas voulu qu’Abraham lui sacrifie son fils et lui a substitué un mouton.

    A l’extrême gauche de l’ange, le personnage à cheval menace le sacrificateur de son arc. Le sacrificateur impie sera tué à la fois sur terre par les soldats de l’évêque et son âme abattue une seconde fois dans le ciel par la constellation du Sagittaire connaîtra la mort éternelle. La main de Dieu désigne le sacrificateur comme cible au Sagitaire. Dans une conception platonicienne de l’univers, l’évêque est le représentant de l’ange sur terre et les soldats de l’évêque sont ceux du Sagittaire


  • Pierre-Marie Baty 7 janvier 2012 12:26

    Bonjour Colonel,

    Félicitations une nouvelle fois. Vous éclairez notre histoire sous un jour horrible selon nos valeurs actuelles mais passionnant.

    Je suis convaincu qu’affronter ce passé pour le comprendre ne peut nous faire que le plus grand bien.

    En ce qui concerne votre étonnement devant l’absence de réticence apparente des sacrifiés, savez-vous que dans certaines civilisations précolombiennes, ces sacrifices étaient consentis ?

    La théorie actuelle veut qu’ils aient été consentis « plus ou moins » : on fait intervenir la consommation de drogues avant le sacrifice.

    Mais on a retrouvé des tombeaux de sacrifiés dont l’analyse prouve de manière indubitable que leur mort, si elle fut violente, a néanmoins été consentie — et ces victimes par la suite honorées.

    Les hommes de cette époque, de par l’importance de la notion de tribu dans un monde dangereux, avaient certainement une toute autre notion que nous de ce que signifie le dévouement au bien commun. Et si leur foi leur commandait de se sacrifier pour le groupe, je pense qu’il n’est pas impossible qu’ils y aient consenti.

    Et bonne année smiley


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 14:08

      Pierre-Marie Baty

      Bonjour et merci pour votre commentaire qui montre que le sacrifice volontaire était déjà, à cette époque, quelque chose qui n’était pas anormale. Je ne connais pas bien les civilisations précolombiennes mais sans remonter jusque-là, nous avons l’exemple des Kamikazes islamistes qui s’envoient joyeusement au ciel en entrainant malheureusement avec eux un certain nombre de gens beaucoup moins pressés de s’y rendre.

      J’avoue que je suis trés déçu par les explications du site dont j’indique le lien. Autant cette nouvelle technologie - invention allemande évidement - pour présenter le patrimoine ancien est absolument merveilleuse, autant les textes explicatifs manquent de profondeur et d’élan.

      Nous sommes, ici, en présence d’un pur chef-d’oeuvre, d’intelligence, de composition, d’expression et de sculpture. L’auteur de ce tympan est un Michel-Ange, un artiste hors du commun dont on ne connaîtra jamais le nom.

    • Pierre-Marie Baty 8 janvier 2012 12:47

      Ah, mais permettez que je vous reprenne.

      On dit « MON colonel » quand il s’agit de votre supérieur.

      On dit simplement « colonel » quand il ne s’agit pas de votre supérieur, mais d’une personne tierce que vous appelez par son titre, comme vous diriez « bonjour docteur » à un médecin qui n’est pas le vôtre.

      Pour finir, sachez que je suis très loin d’être friand du cinéma américain comme vous semblez le penser. Bonne journée smiley


    • Francis, agnotologue JL1 8 janvier 2012 13:34

      Kerjean, Baty,

      un civil n’a aucune obligation à s’adresser à un militaire en citant son grade, pas plus qu’il n’est tenu de dire maître à un notaire ou un avocat, docteur à un toubib.

      Quant à dire mon colonel, là on frise le ridicule.

      Désolé, je n’ai pas pu résister.


    • Pierre-Marie Baty 8 janvier 2012 17:35

      Ce n’est pas une obligation, juste une convenance et une marque de politesse. Tout comme on dit « bonjour maître » à un avocat. Il n’y a rien de ridicule à cela : en disant « bonjour maître » à un avocat, vous ne vous asservissez pas pour autant à lui que je sache ?

      Mais c’est vrai que de nos jours, les convenances et la politesse, c’est un peu désuet. smiley


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 janvier 2012 20:48

      @ kerjean

      En ce qui me concerne, peu importe. Mais dans ma famille militaire (père colonel du génie, dix trous de balles dans la peau), les hommes et les enfants disaient mon..., les femmes ne disaient que le grade. C’était l’usage.

    • Emile Mourey Emile Mourey 9 janvier 2012 14:57

      @ kerjean

      Les garçons disaient « mon » mais les filles, étant la modestie même, se contentaient d’une petite génuflexion. Je vous parle du milieu que j’ai connu.

    • Mimimomu 9 novembre 2016 03:40

      @JL1 ça s’appelle un usage, une politesse, pas une obligation. Personne ne vous oblige à dire « monsieur » avec un canon pointé sur la nuque, pourtant, tout le monde reconnaît que c’est plus poli. En général, quand on s’adresse à son avocat, on dit maître, quand on parle d’un médecin, on dit docteur Machinchose, mais toujours pas de canon sur la nuque. C’est prétendre le contraire qui frise le ridicule.


  • Antenor Antenor 7 janvier 2012 13:35

    Sur la première scène de Perrecy-les-Forges, le grand personnage de gauche orné d’une large auréole dépourvue de croix, représente peut-être le puissant clergé du culte solaire (Sol Invictus) se suicidant, dépassé par les petits apôtres du christianisme.


    • Antenor Antenor 7 janvier 2012 13:39

      Le personnage de taille moyenne représenterait l’Empereur se ralliant au Christ et tournant le dos au culte solaire.


    • Antenor Antenor 7 janvier 2012 14:06

      Le petit Christ et le grand personnage auréolé portent des vêtement très longs, ce qui indique qu’il s’agit de clercs. Le personnage de taille moyenne porte un vêtement plus court, ce qui confirme qu’il s’agit bien d’un puissant laïc changeant de religion.


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 14:38

      @Antenor

      Comme je viens de l’écrire, nous avons là, sous nos yeux, à mon avis, un des plus grands chefs-d’oeuvre de l’Antiquité. La qualité de la sculpture ne peut s’accompagner que d’une très grande clarté dans le message qui s’y trouve. Nous connaissons bien, par la Bible, l’histoire du sacrifice d’Abraham. De nombreux artistes l’ont représenté en s’inspirant de ce texte. Or, ici, si tel était le cas, l’oeuvre serait un vrai cafoullis. Les attitudes, expressions ne se comprendraient plus. Il n’y aurait pas de sens de lecture. C’est intellectuellement impossible.

      En revanche, si on étudiait un peu mieux l’histoire de la région, ce que je n’ai pas fait, on devrait y identifier certainement une capitale antique. De ce fait, il serait logique que se soit élevé à San Isidoro un temple ibère digne d’une capitale, à l’image de ce que nous avons trouvé en Gaule. Ce serait le contraire qui serait illogique. Strabon n’a jamais dit que l’Espagne était en retrait par rapport à la Gaule ; bien au contraire, c’est bien en Espagne qu’il signale le plus de colonies phéniciennes.

      Je n’ai jeté qu’un coup d’oeil sur l’histoire de l’édifice mais tout me laisse à penser qu’il a dû subir moult vicissitudes, suivies de reconstructions. Or j’ai déjà constaté que si les toits souffrent beaucoup, les ouvrages en pierre résistent beaucoup mieux et sont souvent réemployés. La différence entre l’autre tympan plus tardif en est l’indice.

    • Antenor Antenor 7 janvier 2012 15:27

      @ Emile

      Le cavalier, l’homme qui se déshabille (il tourne le dos aux tables de la Loi ! ) et le sacrifié sont le même personnage pressé de mourrir. Il est l’incarnation du naïf qui pense qu’il suffit de mourrir héroïquement pour que ses péchés soient pardonnés et monter au ciel. Sujet toujours d’une brûlante actualité.

      Cependant dans sa précipitation à rejoindre le ciel, il a oublié de retirer un vêtement, celui qui cache son sexe. Il ne se présente donc pas nu et sans péché devant Dieu. 


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 16:18

      @ Antenor

      C’est un peu ça. Nous sommes dans une suite qui veut donner l’illusion du mouvement. Je pense que le sculpteur a eu raison de laisser sa culotte au supplicié ; cela donne un peu plus de corps et de mouvement au personnage. Que signifient ces étonnants signes sur ce qui semble être le battant de la porte ? La Torah ? Un carré magique babylonien ? Un registre de compte ?

    • Antenor Antenor 8 janvier 2012 14:56

      Plutôt que des portes, je pense qu’il s’agit des tables de la loi de Moïse. Le jeune aristocrate représenté croit qu’en mourrant héroïquement, il sera absous de ces péchés. Mais à y regarder de plus près, non seulement ses vêtements-péchés dont il croit se débarasser, restent accrochés à l’arbre de la vie éternelle réduit à l’état de vulgaire porte-manteau (il retrouvera donc ses vêtements-péchés dans le ciel) mais en plus ils lui cachent une partie du texte de la loi.

      En bas à droite du tympan, le personnage qui se tient devant la porte nous fait signe ne pas suivre cette voie.

      Le message général du tympan pourrait être le suivant : « Jeunes aristocrates, rappelez-vous que Dieu a refusé le sacrifice d’Isaac, ne croyez donc pas qu’une mort héroïque vous le rendra favorable. »

      L’ange en haut à droite rappelle en pointant le doigt vers le ciel que c’est Dieu qui décide et que nul sacrifice ne donne automatiquement droit à un quelconque traitement de faveur.


    • Antenor Antenor 8 janvier 2012 15:06

      Je pense que le commanditaire de ce tympan voulait dénoncer la politique des anciens de la communauté qui envoyaient les jeunes au carnage. Le personnage derrière l’ange représente les mères excédées de voir leur fils mourrir à la fleur de l’âge. Elles vont donc chercher du secours chez l’évêque/ange.


  • dom y loulou dom y loulou 7 janvier 2012 13:39

    bonjour monsieur Mourey


    pourriez-vous nous expliquer comment les rabins expliquent cette phrase alambiquée ?

     Ce qu’un homme consacre à Yahvé ne pourra plus être vendu ou racheté ; être humain, animal, champ hérité, tout ce qui est consacré par anathème devient très saint et Lui est réservé exclusivement. Et même s’il s’agit d’un être humain, on ne pourra pas le racheter : il devra être mis à mort (Lévitique 27, 28-29).

    c’est gore vraiment, ce mélange de mercantilisme associé au culte du sacrifice humain, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire « consacrer par anathème » ? C’est en soi un contre-sens complet, non ?

    ce bas-relief espagnol ne comporte pas un seul symbole celtique par contre

    c’est clairement une vision dite judéo-chrétienne avec ces barbaries de mises à mort rituelles et d’un dieu qui se complait à voir le sang des aom couler pour les voir béats voltigeant en apesanteur, une pure vue de l’esprit qui éloigne les vivants de leur base naturelle et des beautés du cosmos vivant. Je pense qu’Antenor fait une lecture très précise de ce bas-relief, oui on voit la main de l’ange qui met le sacrificateur dans la peau de Abraham retenu de justesse avant l’irréparable.

    Cette vision du monde n’a vraiment rien de celtique et les divinités celtes de la nature n’étaient pas demanderesses de telles forfaitures à ce que je sache. Une toute autre logique qui règne dans l’esprit d’un celte.

    Si la judéo-chrétienté a envahi les esprits c’est par la force brute et des mises à mort par millions et son culte de la mort à l’infini, visualisant ces endroits célestes complètement abstraits. Le ciel naturel, lui, est d’une beauté divine, sans anges voltigeurs qui susurrent comme des démons dans nos têtes amenant les hébreux à dire que « le poisson pourrit par la tête »

    certainement une pierre angulaire de protection pour les aom d’aujourd’hui submergés de conneries télévisées et qui font bien de s’en protéger des programmations mentales.

    les celtes ne pratiquaient pas le sacrifice humain, cette pratique datait de temps bien plus anciens quand le nord était tenu par Inanna babylonienne, dite Morgane en bretagne, une folle qui trucidait ses amants dont je vous avais déjà parlé je crois, elle érigea un culte du sang dans l’âge du taureau, en grande bretagne que les druides vinrent abolir plus tard. 

    Mais je ne me souviens aucunement, nulle part, dans le récit des Tuatha de Danaan, le récit des héros demi-dieux qui régnèrent en Irlande, qu’il y soit fait mention de sacrifices humains de type babyloniens

    Et n’oubliez pas que le rôle de César était quand même de conquérir et pour cela il fallait bien que les tribus « terroristes » soient vues comme des barbares, même s’ils ne l’étaient pas et c’est le propre de tout conquérant de projeter sa propre connerie sur son ennemi pour se justifier de sa cruauté. D’autant plus que les légionnaires certainement craignaient les récits de magie attribués aux druides, il fallait à César de leur montrer que « ils ne sont que des hommes comme nous et tout aussi cruels »


    notre temps ne fait pas exception à cette barbarie intellectuelle-là malheureusement.

    bonne journée

    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 14:56

      dom y loulou

      Le mot anathème a de nos jours le sens de malédiction mais dans le texte cité, il s’agit de toute évidence d’un serment fait devant Dieu, comme on prête encore aujourd’hui serment sur la Bible l Cela permettait au pouvoir judaïque de donner aux actes de propriété, aux donations etc... le poids qu’aujourd’hui nous donnons aux actes notariés.

      Concernant l’être humain, je ne sais pas, mais s’il s’agit d’un homme donné par exemple pour le service du culte, on pourrait, à la rigueur, comprendre que c’était une intimidation pour que l’ancien propriétaire ne le reprenne pas.

    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 16:09

      @ De la hauteur

      Je ne dis pas que le sacrifice d’Abraham est un sacrifice druidique mais que la sculpture représente un sacrifice druidique et non celui d’Abraham.

  • suumcuique suumcuique 7 janvier 2012 16:47

    La description du choix des victimes suggère que le sacrifice humain était simplement synonyme de peine de mort dans le monde gaulois. Tacite indique que les traitres et les déserteurs sont pendus à des arbres. Diodore rapporte que les Gaulois sacrifient des prisonniers de guerre. Les Germains avaient coutûme de noyer les homosexuels. Il y a mille ans, les Islandais jetaient les renégats du haut de falaises.


  • suumcuique suumcuique 7 janvier 2012 17:12

    « Les celtes ne pratiquaient pas le sacrifice humain, cette pratique datait de temps bien plus anciens quand le nord était tenu par Inanna babylonienne, dite Morgane en bretagne, »

    Il semble en effet que des populations du Moyen-Orient aient migré vers l’Irlande vers le onzième sècle avant notre ère, important avec elles leur culte, une variante de celui de la grande mère. Ce qui pourrait expliquer que le christianisme - une autre variante du culte de la grande mère, une variante d’autant plus pernicieuse pour les socétés patriarcales qu’elle se cache sous des oripeaux masculins - ait triomphé en Irlande et que les Irlandais aient été, avec les Anglais, parmi les plus ardents zélateurs du christianisme. Ce qui pourrait aussi expliquer pourquoi c’est dans les pays anglo-saxons que le « paganisme » a connu un « revival » il y a peu. Ce « paganisme », avec les Wiccans à leur tête, n’est qu’une manifestation post-moderne du culte de la grande mère, qui renoue avec les éléments les plus troubles et les plus telluriques du christianisme.

    Le sacrifice sanglant au sens strict est une composante essentielle de tous les cultes de fertilité, chez tous les peuples chez qui la grande mère est la divinité suprême. Il semble que Morgane soit un de ses noms.


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 janvier 2012 21:05

      @ De la hauteur

      J’ai jeté un coup d’oeil sur vos liens dont je vous remercie mais je n’y trouve rien de contradictoire avec mon article hormis le fait qu’on y conteste le témoignage de César et des auteurs que j’ai cités, ce qui, pour moi, est le contraire d’une démarche scientifique quand ces témoignages écrits se recoupent, et cela plusieurs fois. Il est bien évident que si ces auteurs signalent le fait, c’est surtout parce qu’eux-mêmes ne le pratiquaient pas. Les textes évoquent les prisons romaines mais je n’ai pas l’impression qu’ils en évoquent chez les Gaulois. Les sanctions devaient être probablement pécuniaires ou physiques, y compris l’exécution capitale et il n’y a rien d’étonnant à ce que cela se fasse dans les temples à la vue de tous pour servir d’exemple.

      Quant aux sacrifices humains volontaires, nous sommes exactement dans l’air du temps où il s’agissait d’effacer le péché d’Israël. Dès lors que j’ai montré l’influence de la diaspora juive en Gaule, ce volontariat est non seulement compréhensible mais très certainement sollicité par les autorités, d’où ces sculptures qui, d’ailleurs, ont pu très bien précéder l’arrivée de César en Gaule.
       
      Concernant Saint Marcel dont je pense connaître les origines, s’il existe des liens avec ce qu’on trouve en Irlande, cela ne peut être qu’en partant de la Gaule.

  • suumcuique suumcuique 7 janvier 2012 20:26

    L’orientalisation, la levantinisation du continent européen, comme il semblerait que vous vous efforciez de le suggérer avec une certaine poèsie, a effectivement débuté il y a bien longtemps.

    Pour ne pas quitter l’Irlande, terre de poètes comme chacun sait, doit-on s’étonner que du sang irlandais coule dans les veines de tous les présidents yankees depuis le début du « rêve americain » - y compris dans celles du bien nommé, de l’heureux élu, de l’ineffable O’Bama.


  • Emile Mourey Emile Mourey 8 janvier 2012 21:14

    Bertrand ’Nash’ Russel

    Oui, j’ai lu ce qu’on dit de lui sur le web mais je n’ai pas lu ses ouvrages et ne pense les lire. A mon niveau, je me contente de replacer des documents dans le contexte des écrits antiques et d’essayer de comprendre ce que leurs auteurs ont voulu dire.

  • irishbeerfan 9 janvier 2012 09:16

    il y a certaines choses qui me gênent dans votre article.

    1) on ne peut comparer le judaisme qui apparait au Iè siècle av. J-C et le culte celtique/gaulois qui connait son apogée au IVè siècle av. d’une parce qu’il est antérieur et deux parce que l’un est polythéiste et l’autre monothéiste.

    2) s’appuyer sur la guerre des Gaules de Jules César est un peu léger, surtout quand on sait qu’il l’a écrit pour justifier son invasion et surtout pour montrer que les Romains sont civilisés et pas les Gaulois (appelés barbares à l’époque).

    3) bibracte est bien au mont Beuvray (lire les nombreux écrits archéologiques) et oui il y avait un fanum qui n’est autre qu’un temple où était vénéré des Dieux mais l’existence d’un temple ne signifie pas forcément sacrifice humain.

    4) je rappelle que les cultures celtiques n’utilisent pas l’écrit, ce qui rend difficile toutes découvertes archéologiques et toute interprétation des vestiges, il faut attendre la romanisation de la gaule pour commencer à avoir de l’écriture.

    hormis cela, votre interprétation est votre et je n’y adhère pas. lisez J-L Brunaux, J-P Guillaumet et W. Kruta. ce sont les spécialistes de la question celte et gauloise (bien que les deux termes marquent une redondance), ils vous éclaireront énormément sur la question du sacré chez les gaulois.

    sur ce, bonne semaine à vous.


    • Emile Mourey Emile Mourey 9 janvier 2012 13:23
      @irishbeerfan
      Bienvenue dans le débat 

      Je connais très bien les écrits de J-L Brunaux, J-P Guillaumet et W. Kruta et même de beaucoup d’autres, mais vous ne cherchez pas à connaître les miens, et d’un.

      Le mot « celtes » désigne, à l’origine, les habitants de Nuerax, le mot « Gaulois » les habitants de 
      la Gaule, et de deux.

      Les spécialistes n’existent pas ; seuls comptent les documents et les arguments, et de trois.

      Dites plutôt que les Celtes n’écrivaient pas parce qu’ils n’avaient pas appris à lire, et de quatre.

      Dans la bibliothèque du Centre archéologique, il n’existe aucune étude argumentée justifiant la localisation de Bibracte au mont Beuvray et même Bulliot n’argumente pas.

      Le mont Beuvray ayant toutes les caractéristiques d’un site mystique, et encore jusqu’à Mitterrand, il aurait été anormal qu’il ne s’y trouva pas un édifice religieux.

      Le mot « barbare » de cette époque, signifie seulement qu’on n’était pas romain. César est d’une très grande fiabilité. Ses Commentaires sont notre principale source et juge de paix en même temps.

      Le Ier siècle avant J.C. voit s’opposer en Palestine un judaïsme traditionnel de Jérusalem soutenu par les Romains à un judaïsme galiléen de pensée essénienne. Les écrits des auteurs grecs et romains ne disent pas que la religion des Celtes ait été en déclin lorsque César arrive en Gaule. Bien au contraire, il y est dit que le peuple gaulois est un peuple très religieux. Polythéisme, monothéisme, où est la limite ? Et de huit.

      Bon après-midi.

  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 9 janvier 2012 19:22

    Les peuples Indo Européens pratiquaient le sacrifice humain, y compris les Romains lorsqu’ils avaient le dessous lors des guerres puniques ou lors de rituels funéraires ( Scythes, Indiens - notamment madame jusqu’à récemment - , Thraces, Etrusques - qui évolua en combats de gladiateurs , voire également les Achéens )

    Les Gaulois étant des Indo Européens, il est dés lors probable qu’ils effectuaient des sacrifices humains lorsqu’ils estimaient que leurs divinités réclamaient un présent de prix.

    Au Moyen Age et jusqu’au dix huitième siècle, on brulaît de temps à autre une sorcière voire un hérétique pour les mêmes raisons : calmer ce qui était perçu commé étant une manifestation de la colère divine.


  • Emile Mourey Emile Mourey 9 janvier 2012 22:10

    Alois Frankenberger

    En effet, il ne faut pas se voiler la face.

  • suumcuique suumcuique 10 janvier 2012 16:50

    D’autant plus qu’elle est déjà bien voilée.


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