mercredi 10 mai 2017 - par axalinencele

Le salaire universel ou le grand tournant de la valeur

6 %, le plus bas depuis Gaston Defferre, c'est bien sûr le score le score du « fils de Brest » bien moins courageux d'ailleurs que la « fille de Brest ». Son ambiguïté par rapport au grand cadavre à la renverse nommé ps qui par son incapacité à fusionner avec les insoumis pour des intérêts personnels précipita l'entrée du loup de wall street dans Paris. Il faut ajouter à ceci une exacerbation du « je » latente sous une apparente modestie, faisant in fine le jeu des « gens de bien » et non des gens biens dont il était censé être le représentant ainsi qu'un manque non plus latent mais manifeste de charisme qui l'ont conduit à cette humiliante défaite. Ce candidat aura eu cependant le mérite d'inscrire au centre de son programme une mesure révolutionnaire et dans une société où les mots sont devenus la source de nos maux, le combat pour les idées est plus que jamais important et précède le combat politique.

Le matérialisme historique nous permet d'appréhender les nouveaux rapports de reproduction

Dans « capitalisme contre capitalisme, » Michel Albert écrivait que la finalité inconsciente du néolibéralisme était tout simplement l'absence de finalité et donc de tout projet. La chute du Mur de Berlin et de l'URSS ont en effet entraîné le recul des grandes idéologies utopistes du 20 ème siècle, ce que Francis Fukuyama nomma « la fin de l'histoire », idée selon laquelle démocratie et marché deviendraient inséparables, s'étendraient progressivement à l'ensemble de la planète et n'auraient plus aucune entrave dans le futur. En ces temps troubles où l'on assiste à un retour de l'histoire avec l'élection de Donald Trump, le Brexit, la montée des régimes autoritaires, des populismes de droite et de gauche en Europe, il peut être intéressant de réexaminer les grandes théories du passé…

La dialectique marxiste entre d'une part la vie matérielle et d'autre part les modes de production associés constitue toujours une aide précieuse pour nos analyses contemporaines. Dans cette vision de l'histoire, ce sont les modes de production dans leur relation intrinsèquement conflictuelle avec les forces productives qui sont déterminantes pour appréhender le fonctionnement des sociétés. Ainsi la révolution néolithique et la naissance de l'agriculture permirent l'asservissement de la nature par l'homme bien avant Descartes mais également de l'homme par l'homme, ce qui aboutira ensuite à la mise en place de la division progressive du travail et de sociétés patriarcales et hiérarchiques plus ou moins esclavagistes. La religion va quant à elle également accompagner ce processus en s'institutionnaliser progressivement (animisme, polythéisme, monothéisme....) et paradoxalemant le monothéisme par sa vision linéaire de l'histoire rompant avec les visions cycliques renvoyant à un mythe primordial, pose les prémices du progrès. L'introduction de la jachère, de l'assolement triennal et de la rotation des cultures permettent le passage du mode de production esclavagiste à un mode de production féodal basé sur le servage. Ensuite les révolutions industrielles entraîneront la mutation du mode de production féodal vers le capitaliste caractérisé par le salariat. Aujourd'hui ce dernier semble néanmoins à bout de souffle dans les pays occidentaux du fait de la désindustrialisation, des délocalisations et des flux financiers impliquant une mutation des emplois industriels vers les zones où la main d'oeuvre est de moindre coût.

D'autre part de plus en plus d'emploi sont voués à disparaître du fait de la robotisation croissante et de la dématérialisation des activités menant probablement à la fin du travail décrite par J Rifkin et remettant en cause par la même occasion l'idée « schumpéterienne » d'un capitalisme dynamique où les destructions d'emploi sont compensées en permanence par des créations….Enfin nous assistons à l'émergence de ce que ce même Rifkin nomme dans son dernier livre l'émergence du coût marginal 0 » : logiciels libres, linux, wikipédia imprimantes 3D, couchsurfing, énergie verte, économie de la connaissance….Ainsi dans l'absolu une économie du partage pourrait se subsituer à celle de l'achat et développer le capital social avec une primauté de la réciprocité et de la coopération, le capitalisme tentera toutefois d'étouffer ce mouvement en créant toute sorte de barrières.

La diversification des forces productives couplée à un mode de production de plus en plus obsolète appellent donc à une refondation théorique. Le salaire universel n'est-il pas la condition logique d'un mode de production post-salarial ?

 

Le paradoxe de la valeur économique

Le débat économique des 100 dernières années peut se résumer à une simple controverse entre politique de l'offre et politique de la demande, en somme entre Keynes et Hayek. D'une part les tenants de la politique de l'offre s'inscrivent dans cette vieille idée d'Helmut Schmidt selon qui « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après demain » (en prenant soin d'oublier la déformation progressive de la valeur ajoutée au détriment de l'investissement et au profit de l'actionnariat). Il s'agit donc dans cette optique de limiter les coûts salariaux et les entraves (salaire, pouvoir des syndicats, des conventions collectives et cotisations...) dans le but de faciliter la vie des entreprises et créer de l'emploi. D'autre part les keynésiens suite à la crise de 1929 et à la grave dépression des années 30, prennent le problème dans le sens inverse et proposent de raisonner à partir de la « demande effective », c'est à dire des anticipations de profit des entrepreneurs. Si le chômage est élevé, c'est parce que ces dernières sont faibles, ce qui entraîne un sous emploi impliquant lui même une sous consommation des ménages. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut par conséquent augmenter leurs revenus afin de solvabiliser la demande mais également mener de politiques de relance budgétaire et monétaire afin de remplir le carnet de commande des entreprise et encourager les banques à baisser leurs taux d'intérêts. La vidéo ludique ci-dessous illustre bien ce « faux combat » :

 

Ces deux courants ont donc façonné le débat économique durant des décennies mais laissent toutes deux de côté les aspects qualitatifs de la création de valeur : ces théories omettent en effet chacune la finalité et l'utilité de la production, en considérant in fine que toute création de valeur économique est positive indépendamment de tout autre considération (éthiques, morales, utiles….). Ainsi la destruction de l'environnement, la spéculation sur les matières premières entraînant des famines, les ventes d'armes émanant des complexes militaro-industriels, les créances douteuses induites par la titrisation, la commercialisation de toute sorte de produits fortement chargés en perturbateurs endocriniens, produisent de la valeur économique dans le cadre actuel. En revanche le bénévolat à travers les associations ou le travail domestique présentent une grande utilité pour la société mais ne créent pas de valeur au sens de la comptabilité nationale. Ainsi un chômeur qui s'investit auprès des déshérités est considéré du point de vue des économistes orthodoxes comme inutile. En revanche un cadre commercial chez Bayer ou Monsanto, un lobbyiste défendant l'extraction du gaz de schiste ou d'uranium par areva au Niger au détriment des population locales, un trader cocaïné de de la Défense sont tous trois considérés comme créateurs de valeur économique... Une famille qui s'occupe d'un parent âgé ne crée pas de valeur et ne gonfle pas le PIB, en revanche si ils décident de le placer dans un foyer logement, il en créent d'un point de vue comptable. Si je fais mon ménage et répare ma voiture, je ne crée rien. En revanche si j'embauche une femme de ménage ou envoie ma voiture chez le garagiste, alors je crée de la valeur…..

 

Au delà des nouveaux rapports de production : Une vision hétérodoxe de la valeur économique s'impose permettant de reconnecter progressivement valeur d'usage et valeur d'échange

Les théoriciens de la valeur d'Adam Smith à Walras, De keynes à Delaisi en passant par Maurice Allais, bien que différents, ont toujours défendu une vision quantitative et assez étroite de la valeur économique, laissant de côté les facteurs plus qualitatifs : solidarités création de lien social, bien être des populations, santé…. Si le monde s'est désenchanté, si l'influence des grandes religions monothéistes et abrahamiques sur les individus et les sociétés tend à diminuer, nous sommes pourtant dans une forme de « monothéisme du marché » où la volonté générale est censée résulter de l'atomisation des individus et de l'addition des vices privés. L'expression n'est pas de moi mais d'un brillant communiste converti à l'islam qui eu tort d'avoir raison avant tout le monde et qui au crépuscule de sa vie commis de graves errements, pardonnés sans doute lors du jugement dernier, le tribunal des cieux n'étant pas celui de la 17 ème chambre. Je lisais d'ailleurs récemment « l'appel aux vivants » déniché à tout hasard par un ami dans une vieille foire aux puces de la cité du Ponant. Déjà à la fin des années 70, l'auteur dénonce le productivisme induit par le capitalisme bien sûr mais également par le capitalisme d’État déguisé en socialisme et appelle à reconnecter utilité sociale et valeur. Ainsi cette dernière n'a jamais été aussi dissociée de la valeur d'usage, la filière est inversée : l'offre crée sa propre demande, les produits sont conçus pour ne pas durer (obsolescence programmée), tout se vend même bientôt même les utérus... Le but premier du salaire universel qui propose de donner à chacun des ressources nécessaires pour manger, se loger, se nourrir est par conséquent de lutter contre la grande pauvreté. C'était l'objectif défendu par les pionniers à l'instar de Thomas Moore, Spence ou Paine, que des Thomas... les épris de symbolique pourraient y voir l'esprit de St Thomas D'Aquin qui défendait d'ailleurs le « juste salaire », comme quoi parfois valeurs chrétiennes et socialistes ne sont pas si éloignées. En outre son introduction pourrait permettre aux individus qui le souhaitent de s'émanciper progressivement de cette dictature marchande, de déconnecter travail et emploi, termes trop souvent confondus, de valoriser le travail non marchand et de permettre une certaine convergence de la valeur d'échange vers la valeur d'usage.

 

La revanche de Paul Lafargue ?

L'objection courante est de considérer qu'il dépossède l'homme de devoirs, crée un droit à la paresse et fait en quelque sorte l'éloge de l'oisiveté.

Si la productivité s'est démultipliée depuis quelques décennies, dans le même temps la durée légale du temps de travail est passée seulement de 40 heures en 1936 à 35 en 2017… Comment expliquer alors la posture idéologique des économistes orthodoxes et politiciens libéraux se tuant à nous répéter que l'augmentation du temps de travail est inexorable dans le futur ?? Dès les années 30, keynes prédisait que les avancées techniques permettraient de réduire d'ici un siècle la durée du temps de travail à 15 heures par semaine… Un peu plus tard, Bertrand Russel publie son célèbre « éloge de l'oisiveté » où il affirme que la production industrielle d'alors permet de réduire la journée de travail à 4 heures par jour. Le philosophe et l'économiste Anglais n'avaient pas à priori bien saisi l'essence même du capitalisme, c'est à dire la production pour la production, la production comme finalité… L'anthropologue David Graeber nous donne quelques explications à cet apparent paradoxe avec son concept empirique de « bullshit job ». Il s'agit selon lui de s'interroger sur l'impact de la disparition d'un emploi sur la société. Si on imagine aisément les conséquences de la disparition des médecins, des éboueurs, des professeurs, des artisans, des pme, des ouvriers du bâtiment, des infirmières, qu'en serait-il cependant des publicitaires, des conseillers financiers, des spécialistes du management ou du marketing, des agents administratifs de quelques unes des multiples collectivités publiques ?

Par ailleurs les humains sont naturellement travailleurs, encore faut-il bien sûr qu'ils ne soient pas dépossédés de l'objet produit par l'extraction de leur plus-value et qu'il ait un sens. Combien de retraités qui si on suit le raisonnement orthodoxe ne devraient rien faire, s'investissent quand même dans des activités créatrices de valeur économique ?

 

Revenu universel : énième roue de secours du capitalisme ?

« Le capitalisme est tel le phénix qui renaît de ses cendres » affirmait Marx. Pourtant cet auteur a également développé une théorie sur le profit contredisant son affirmation précédente : la composition organique du capital ne cesse d'augmenter (induite par la concurrence entre capitalistes qui nécessite sans cesse le recours à des nouvelles technologies) alors que dans le même temps le capital variable (les salaires) n'évolue pas, il en résulte alors ce que Marx nomme la baisse tendancielle du taux de profit induite par la contradiction entre le capital constant et variable. Pourquoi alors le capitalisme ne s'effondre pas par ses propres contractions internes ? A l'instar des passions qui sont une ruse de la raison chez Hegel, le capital sait lui aussi rebondir, innover et peut tout instrumentaliser à son profit y compris les mouvements anticapitalistes et les régulations qui paradoxalement peuvent le légitimer et donc le renforcer. Au début du 20 ème siècle, Rosa Luxembourg et Lénine considéraient l'impérialisme colonial et sa conséquence à savoir la première guerre mondiale, comme une manière pour les détenteurs de capitaux de contourner le baisse du taux de profit en trouvant de nouveaux débouchés dans les pays sous développés :

Cette courbe de Rosa Luxembourg illustre parfaitement la dichotomie croissante entre les agrégats financiers augmentant plus vite que la production, soit une économie de plus en plus déconnectée de la réalité, la reconnection s'opérant soit par la crise, soit par l'impérialisme (qui aujourd'hui va d'ailleurs jusqu'à fusionner avec l'idéologie des droits de l'homme afin de culpabiliser tout esprit contradictoire), soit enfin par la recherche constante de nouveaux débouchés.

Les combats sociaux ou sociétaux peuvent par exemple créer de nouveaux marchés pour le capitalisme, l'économie moderne étant orientée vers la consommation et mettant le désir au centre de son système, le mode de vie communautaire où les solidarités sont fortes peut être un frein au développement des nouveaux marchés. Si mai 68 remet en cause l'organisation hiérarchique et austère du fordime et du taylorisme, en promouvant l'autonomie et la créativité de l'individu, le nouveau management reprendra cette critique en valorisant une nouvelle forme d'organisation davantage basée sur le projet collectif et l'innovation… Le personnage promu dans ce nouveau système est l'individu hors-sol déraciné, travaillant dans les services financiers au sein d'une grande métropole, en permanence connecté avec le reste de la planète mais ne connaissant pas son voisin, la quintessence de l'être parasitaire en somme….

Ainsi à l'instar de l'impérialisme colonial en son temps ou des instrumentalisations des luttes légitimes des individus, le revenu universel pourrait à son tour devenir une ruse du capital visant à déconstruire l'ensemble de la valeur déjà socialisée : les acquis sociaux, retraite par répartition, les assurances santé, la fonction publique… Hayek et Friedman avec son impôt négatif furent d'ailleurs des grands défenseurs du revenu de base. vision qui paradoxalement pourrait non pas rapprocher valeur d'usage et valeur d'échange mais les dissocier encore davantage et devenir pour paraphraser Lénine le stade suprême du capitalisme !

 

Le salaire à vie : de l'hétéronomie à l'autonomie ?

« L'enfer est pave de bonnes intentions, » dit le dicton, l'économiste Bernard Friot rejette ainsi le revenu de base, et défend « le salaire à vie » établit avec différents niveaux de qualification allant de 1 à 4 ainsi qu' une mutualisation l'ensemble de la valeur ajoutée…..

Le paiement d'une part du revenu universel en monnaie locale utilisable sur les marchés valorisant les circuits courts pourrait également inciter l'individu à consommer de manière plus responsable et par conséquent faire mentir l'objection selon laquelle l'argent servirait à remplir son buffet de bouteilles de pastis. Ce projet peut paraître certes utopique mais n'oublions pas cette phrase de vieux Lénine « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire », et c'est qui nous manque cruellement dans ces temps troubles !

 

Dans « la grande transformation », Karl Polanyi analyse longuement l'abrogation de l'acte du Speenhamland (une des « poor law « qui instaurait une sorte de revenu universel en Angleterre). C'est sa suppression au début du 19 ème siècle qui précipita le Royaume Uni dans le capitalisme industriel et désencastra l'économie en l'autonomisant. Le réencastrement de cette dernière dans les autres sphères de la vie sociale ne passe-t-elle pas alors par le revenu universel ou le salaire à vie ?



109 réactions


    • Tzecoatl Gandalf 14 mai 2017 20:38

      La planification me semble réservée à l’économie publique.


    • Luniterre Luniterre 15 mai 2017 00:08

      @Gandalf

      Effectivement, une planification efficace suppose que le secteur public soit largement dominant. Ce qui n’empêche pas un secteur privé limité de continuer sa route, éventuellement, en parallèle, par exemple avec des contrats réglés selon un cahier des charges, en fonction de l’intérêt public, ce qui existe déjà, en droit actuel, sinon en pratique, vu la corruption courante liée à ce type de marchés.

      Mais le vrai problème n’est évidemment pas là. Il réside dans la difficulté de mettre en correspondance exacte les forces productives et les besoins sociaux.

      Ce qui paraissait relativement aléatoire avec les moyens techniques des époques passées, que ce soit en France, en URSS ou ailleurs, est devenu très simple avec les moyens informatiques modernes.

      Évaluer les productions, que ce soit marchandises ou services, en « valeur-travail », c’est à dire en temps de travail moyen socialement nécessaire, rien de plus simple : les données existent déjà en permanence dans les entreprises et services, même si elles ne sont pas communiquées publiquement.

      Planifier le développement des forces productives ne pose donc réellement que le problème du choix des objectifs à atteindre, une fois les moyens et les possibilités inventoriées correctement.

      Les objectifs prioritaires sont évidemment les besoins sociaux urgents en matière de logement, santé, etc...

      C’est là où la démocratie doit réellement être fonctionnelle, pour que les objectifs déterminés fassent consensus entre tous les acteurs, et deviennent une motivation réelle de leur engagement dans ce processus.

      Avec les mêmes moyens modernes de communication et d’échange, il est manifestement possible d’arriver à une interactivité telle que cela fonctionne.

      Deux expériences récentes semblent aller dans ce sens du point de vue de la démocratie, aussi directe que possible :
      Le surgissement de la FI, qui a réussi à contourner assez bien l’intox médiatique « officiel », et dans l’autre sens, la chute spectaculaire et rassurante du « projet » RU-Hamon, malgré son site dédié et sa « caravane » publicitaire pathétique : on ne peut pas prendre très longtemps les gens pour des cons, malgré tout...

      A noter encore que dans une telle forme de socialisme le problème de partage du temps de travail est évidemment beaucoup plus simple à résoudre, et le chômage pratiquement inexistant, de par le fait.

      Les revenus des travailleurs étant eux-même déterminés selon la valeur-travail, même le « SMIC » socialiste correspondra par définition à un niveau de vie sociale motivant.

      Actuellement, ce qui fait défaut, et depuis longtemps déjà, ce ne sont pas les moyens, mais la volonté politique, même « à gauche »... ! 

      Luniterre


    • Hervé Hum Hervé Hum 15 mai 2017 01:19

      @Luniterre

      J’ai déjà répondu à ceci ailleurs et je vais pas me répéter, surtout que tu fais comme à ton habitude, détourner les propos de l’autre ou bien carrément les ignorer. Je pense que l’exemple ci dessus avec ta critique à coté de la plaque envers l’auteur suffit à le démontrer.

      Toutefois, je vais le redire de manière brève pour l’auteur de l’article. Tu écris

      "En fait, Marx part du fait que la notion de valeur est liée à la notion d’échange. La valeur est constituée de la substance du temps de travail moyen socialement nécessaire à la fabrication de la marchandise, mais elle ne prend forme que par l’échange, en devenant valeur d’échange, sa première forme phénoménale, quel que soit le type d’échange.« 

      En société complexe avec division du travail, l’utilisation de la monnaie sert exclusivement comme moyen d’échange, sert exclusivement à déterminer la valeur d’échange. Le rappeler est absurde, mais tu crois faire le savant !

      Le fait est que, quel que soit le système, si on oubli la disponibilité des ressources, ce qui change et fluctue, c’est la »quantité de travail socialement nécessaire" à la réalisation de marchandise. Cette fluctuation est le fait des gains de temps de production ou à l’inverse, en raison d’une augmentation du coût dû à une demande trop faible et qui signe l’arrêt de la production (il y a d’autres cas, mais on va pas détailler !). Si cette fluctuation est sans commune mesure avec le temps de travail, c’est le fait du système capitaliste visant à optimiser la plus-value. Comme je te l’ai déjà dit par ailleurs, en système capitaliste, la bourse est faites pour savoir jusqu’où il est possible d’aller pour extraire le maximum de plus-value, c’est la loi du marché en système capitaliste.

      Maintenant, il y a deux manière de planifier la production, soit de manière autoritaire, dictatoriale et ce peut être catastrophique, soit de manière démocratique. Le risque de pénurie existe toujours, mais infiniment moindre tant que la nature nous laisse faire. Or, si la planification autoritaire se passe du rapport offre demande et donc de la bourse, en démocratie, c’est impossible, sauf en économie exclusivement locale et artisanale, mais en aucune manière en économie dépassant le cadre local et qui soit industrielle, impliquant la division du travail. Là, c’est impossible ! C’est le principe de la carte, on peut pas mettre tous les détails dans une carte d’ensemble ou plan général, pour lui garder un format utilisable. Soit on reste au niveau local, soit on doit utiliser un outil centralisant les diverses localités dans un plan global.

      Cela, c’est ce que nous enseigne l’histoire de l’économie, dont celle de l’URSS.

      D’ailleurs, ton dernier commentaire à Gandalf, qui ne contredit en rien ce que je défend aussi, implique le rapport offres/demande, dont la bourse est l’outil organique, mais tu fais dans le jeu de mots pour l’éviter. Ce que tu vois pas ou refuse de voir, c’est que la bourse peut être à postériori de la création marchande comme en système capitaliste pour déterminer quelle marge maximale peut être prise, ou bien à priori comme en système socialisé, c’est à dire, pour calculer la planification des moyens en fonction des besoins recensés.

      Autrement dit, une bourse peut agir en amont (système capitaliste, parce que c’est l’offre qui décide) ou bien agir en aval avec le système socialisé, parce que c’est la demande qui décide. C’est pas ma théorie, c’est la réalité physique de l’espace-temps qui l’impose

      Mais nous sommes bien d’accord où la condition est que la propriété économique soit abolit.


    • Luniterre Luniterre 15 mai 2017 01:50

      @Hervé Hum

      Je ne crois pas « faire mon savant », mais je constate simplement la nécessité d’en revenir aux fondamentaux pour éclaircir le débat. Et donc, la nécessité de les rappeler.

      Luniterre

      PS : pour parler de l’histoire de l’économie de l’URSS, il faut l’étudier sérieusement, et non pas dans les articles de propagande antisoviétique, même « gauchistes » ou trotskystes.


    • Hervé Hum Hervé Hum 15 mai 2017 08:57

      @Lunit’erre

      La seule critique de l’économie de l’URSS qui m’intéresse, est de savoir si c’était une économie prise sur le modèle capitaliste ou non. Savoir ce qu’elle avait de socialisé et de démocratique.

      Sur le dernier point, j’ai rien vu qui faisait penser à l’économie soviétique plus « démocratique » que l’occident.

      Mes échanges avec toi ont eut le mérite de m’obliger à affiner ma réflexion autour de la notion de loi du marché et du rapport offres/Demandes. Pour bien faire, je devrai écrire un article là dessus montrant et expliquant pourquoi le système capitaliste est la loi du marché par l’offre, alors qu’en économie socialisée, c’est la loi du marché par la demande. Autrement dit, qu’il y a un sens dans le rapport entre offre et demande et que, selon le sens, on parlera de système capitaliste et dictatorial ou bien de système socialisée et démocratique.

      Si tu vois pas où je veux en venir, il te faudra attendre que je l’écrive pour pouvoir en faire la critique.


    • Luniterre Luniterre 15 mai 2017 09:54

       Pour étudier utilement l’histoire, tenter de faire le bilan des expériences historiques passées et éventuellement en tirer les leçons qui s’imposent, il faut l’aborder sans préjugés.
       
      Dans le cas de l’URSS, les préjugés sont forgés depuis des décennies d’intox orchestré avec de gros moyens par tous les médias du système, et avec l’appui de la « gauche » française, pour l’essentiel, y incluant le double jeu du clan Thorez.

      ******************

      Et pour découvrir une nouvelle « loi du marché socialiste », on attendra donc...

      « Affinée » ? Tant mieux... Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement !!

      Ceci dit, « loi du marché socialiste », cela sonne comme une antinomie, sauf peut-être en Chine...

      On sait ce qui reste de « socialisme » en Chine, si jamais il en fut, du reste...

      La « loi du marché socialiste », c’est un peu la quadrature du cercle, en quelque sorte...

      On attend donc de voir, avec curiosité...

      Bon courage...

      Luniterre

      PS : sur la Chine :

      Chine : capitalisme ou socialisme ? _________ Aux racines du maoïsme ___

      *******************************************************


    • Tzecoatl Gandalf 15 mai 2017 11:02

      @Luniterre

      Je ne pense pas que la bureaucratie se doit de gérer la production. L’exigence de la pérénnité de l’appareil de production ou de service se demande d’être plus dynamique que cela, car c’est le fait de l’observation.
      Il faut être au sein de cet appareil de production pour savoir ses besoins et sélectionner les compétences requises.
      Elle ne peut que gérer les conditions de cette production : externalités, droit du travail, etc.

      On prendra pour exemple Mao qui, souhaitant faire de la Chine le premier producteur mondial d’acier, a fait que les paysans chinois ont fondu leurs charrues pour coller aux chiffres, ce qui a engendré l’une des plus grosses famines du XXème siècle.

      A contrario, la chose publique peut planifier en termes de projets d’ordre public, de normes, de projection de capacités. Mais il y a également beaucoup d’abus, d’erreurs et d’échecs dans ce domaine.
      Aujourd’hui, la France est victime d’une offre para-publique pharaonique : EPR par ex.

      Quoiqu’il en soit, il faut placer l’interaction au sens rétroactif au coeur de ces processus.

      Bref, Marx réclamait la planification pour contourner la plus-value. Comme je l’ai explicité, ce n’est pas nécessaire, ni souhaitable.
      Cependant, l’entrepreneur qui fait les bons choix pour le consommateur au détriment de son concurrent peut faire du profit.

      Par ailleurs, la pensée marxiste cristallise le salariat contre la patronat dans ce que l’on appelle la captation de la plus-value, ce en quoi les gouvernements français leur servent la soupe.

      Mais l’anticipation de la plus-value se fait surtout aujourd’hui sur la captation des symboles monétaires, entre institutions financières (banques centrales) et grandes entreprises.

      Du fait de l’archaïsme du fonctionnement monétaire, les inégalités deviennent criantes.
      Si la Suisse s’en sort si bien en terme de pouvoir d’achat, d’activité, de taux de chômage, c’est parce que cela fait depuis longtemps qu’ils ont pris en main leur destin monétaire (banque WIR dès les années 30) sans égard pour les cycles des banques centrales.

      Car le salariat aura beau courir après l’hameçon monétaire (idem pour le petit patron), s’il ne considère pas la question pour lui, le banquier se servira toujours avant lui.
      Car, par ces temps de QE, l’inégalité se justifie surtout par l’asymétrie d’accès aux symboles monétaires, telle une inégalité symbolique. C’est du fait que cela se transforme en une inégalité existentielle (d’où proposition de l’auteur) qui devient une insulte.


    • Luniterre Luniterre 15 mai 2017 12:32

      @Gandalf

      La voie choisie par Mao à partir de 1958, c’est à dire du tragique « grand bond en avant », est évidemment la mauvaise. Il s’agit d’une forme d’économie « communaliste », fondée sur l’autonomie économique des prétendues « communes populaires », et non pas du tout de socialisme.

      La critique de ce type de faux « socialisme » avait déjà été anticipée par Engels dans son célèbre Anti-Dürhing. Il ne peut mener qu’à une restauration du capitalisme, à court ou moyen terme.

      De Mao à Deng Xiaoping, il y a davantage de continuité que de rupture, contrairement à ce que prétendent encore certains « gauchistes » qui se veulent « maoïstes », mais n’ont rien compris à cette histoire.

      L’histoire de l’acier est évidemment le symbole de cet échec du communalisme, mais celui-ci a perduré dans les campagnes jusqu’au milieu des années 80, occasionnant un retard de développement agricole qui n’est toujours pas comblé, ce que les chinois reconnaissent eux-même, aujourd’hui.

      En URSS, c’est la liquidation des SMT par Khrouchtchev, en 1957-58, également, qui a fait subir un recul important au développement agricole, quoi que moindre, fort heureusement.

      Lunterre

      PS : sur l’évolution de politique économique et financière, de Mao à Deng :

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/09/01/de-la-structuration-maoiste-de-la-bulle-chinoise/

      ******************************************************************


    • Tzecoatl Gandalf 16 mai 2017 08:31

      @Luniterre

      Très joli poème de Louis Aragon ^^

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