Le tarpé taxé au niveau d’un léger excès de vitesse ?
C’est ce que préconisent les « zexperts » de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’usage des stupéfiants. Une simple prune de 150 à 200 euros à la place de lourdes procédures pénales qui encombrent les tribunaux et bouffent le temps et l’énergie des flics.
Pour rien puisque sur 140 000 personnes interpellées pour avoir tiré le tarpé, rares sont celles qui écopent de plus qu’un « rappel à la loi ». Allez, circulez ! Ouais mais, et les minots ? La France est le pays européen où les mineurs de moins de seize ans fument le plus. Triste record mais qui limite singulièrement l’efficacité espérée de la « prune » puisque les mineurs ne peuvent en aucune manière faire l’objet d’une amende.
La France est le pays qui envoie le plus de gens en taule pour possession ou trafic de cannabis. Et la France est pourtant le pays où on fume le plus. C’est bien la preuve que cette politique répressive ne mène nulle part, et au contraire permet le financement des réseaux mafieux, car plus c’est illégal, plus c’est rentable.
Bon. La décision n’est pas prise. On verra. Quelle que soit cette décision, elle aura au moins l’avantage de faire bouger les lignes, de sortir de cette insupportable hypocrisie. Parce qu’il faut croire au Père Noël pour imaginer vivre dans un monde de bisounours bannissant toutes les drogues. Toutes les sociétés, dans tous les temps ont toujours eu leurs béquilles psychotoniques. L’alcool chez les uns, le cannabis chez d’autres, les champignons hallucinogènes chez d’autres encore, et en premier lieu les anxiolytiques et les antidépresseurs dans nos sociétés dites « modernes ».
Pourquoi les gens fument-ils le tarpé ? Mais pour la même raison qu’ils boivent le pastaga, le cognac, la vodka et, pour les plus raffinés, les bons vins ? Pour le plaisir que ça leur procure ! Les vins sans l’alcool ? Un bide. Les bières sans alcool ? Un bide. Parce qu’au-delà du plaisir gustatif, l’usager recherche les effets psychoactifs de ces produits. Ne pas comprendre cela est soit de l’hypocrisie, soit de la naïveté tangentant la konnerie.
La vraie solution, c’est de légaliser le produit, organiser sa production, encadrer sa vente, faire des campagnes d’informations sans baratin auprès des mineurs.
Au fou ! crient les prohibitionnistes purs et durs. Ça va faire flamber la consommation ! Ben, non. Les exemples de l’Espagne et des Pays-Bas le montrent. De toute façon, le cannabis, sous forme de hasch ou de marijuana, est partout, en cambrousse comme en ville. N’importe qui peut s’en procurer sans beaucoup de difficultés. Mais les consommateurs achètent des produits souvent frelatés, coupés avec des produits plus toxiques que le produit lui-même.
La prohibition du cannabis est un échec flagrant. Policiers et gendarmes se noient dans la paperasse des procédures, perdant ainsi 1,2 million d’heures reconnaît le ministre de l’intérieur Gérard Collomb. La consommation s’est banalisée, surtout chez les jeunes : 17 millions de Français l’ont expérimenté, 1,4 fume régulièrement et 700 000 fument quotidiennement.
Le système de légalisation permettrait : - production en France ou en Europe via des filières contrôlées, - autoproduction pour ceux qui veulent pour leur conso perso, - vente dans des « coffees-shop » bien contrôlés ou dans les bureaux de tabac, - interdiction évidente pour les mineurs.
Les résultats seraient : - remise des flics sur des tâches utiles, - du boulot pour les agriculteurs notamment en zones de montagnes, - de l’activité pour les buralistes et les « coffees shop », - la fin des financements des réseaux maffieux, puisqu’ils n’auraient plus rien à y gagner, - une meilleure détection des personnes à la dérive par surconsommation, - une prévention plus aisée, notamment par la suppression de « l’attirance pour l’interdit » chez les ados, - des taxes pour la sécu, - une meilleure qualité, contrôlée, garantie pour les consommateurs, - et pourquoi pas, des « dealers » devenant chef d’entreprise et confrontés alors aux règles de concurrence !
Et donc beaucoup moins d’insécurité dans nos villes.
« Répéter les mêmes solutions à un problème et espérer un résultat différent est une forme de folie. » disait tonton Einstein…
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