jeudi 19 novembre 2020 - par Dr. salem alketbi

Le terrorisme quand ça marche

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Le but ultime des organismes terroristes n’est pas seulement atteint quand un membre perpétue un péché meurtrier contre des victimes innocentes dans tel ou tel pays occidental, comme cela s’est produit récemment en France et en Autriche. Il est aussi atteint lorsque cet acte pousse les décideurs des pays européens à se heurter à la religion islamique.

Percevoir les criminels comme des représentants de cette religion est un des plus gros leurres de notre époque. Cette attitude met en péril les relations islamo-occidentales plutôt que de favoriser la solidarité contre le terrorisme.

Voici un énoncé qui a attiré mon attention sur la récente attaque terroriste à la capitale autrichienne, Vienne. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a fait cette déclaration au journal allemand Welt. «  J’attends la fin de la tolérance mal comprise.  »

Kurz a appelé l’Union européenne à se concentrer davantage sur ce problème à l’avenir. Il se dit convaincu que l’Islam politique est une menace pour la liberté et le mode de vie européens.

Une telle position exprime un mécontentement compréhensible et justifié. Mais elle dénote une réaction empressée à définir les relations entre l’Occident et l’Islam.

La terreur et ses réseaux ne représentent pas une idéologie politique de l’Islam. Ces groupes n’ont rien à voir avec cette religion. Ils ne la décrivent pas, mais s’en servent plutôt pour leurs intérêts propres.

Je considère une injustice religieuse de juger l’Islam, qui est accepté par environ deux milliards de personnes dans le monde, à travers des groupements criminels composés de centaines, et même de milliers d’éléments terroristes.

En finir avec la tolérance et la coexistence en tant que base solide indispensable aux sociétés civilisées représenterait une belle victoire pour le radicalisme violent. Pas mieux comme cadeau aux organisations formées pour nourrir le choc des civilisations et aiguiser les tensions avec l’Islam.

Kurz a également déclaré qu’il était en contact avec le président français Emmanuel Macron et d’autres dirigeants afin de coordonner une démarche commune de l’Union européenne. Il a précisé que la question sera abordée lors du prochain sommet européen.

Bien sûr, ce serait bien d’avoir des politiques européennes cohérentes pour lutter contre la menace d’infiltration des sociétés européennes par des entités terroristes radicales. En même temps, cependant, il faut fonder ces politiques sur les constantes qui séparent clairement et catégoriquement l’Islam et le terrorisme.

Les principes et les objectifs doivent être définis de manière à empêcher les organisations terroristes d’utiliser les nouvelles mesures ou politiques européennes pour dresser les citoyens musulmans des pays européens contre ces pays et les valeurs.

Ces pays ne devraient pas être poussés par la colère et le ressentiment à isoler et à aliéner leurs citoyens musulmans. Presque 50 millions en Europe, les musulmans comptent pour une grande partie de la population de certains pays de l’UE, comme en France où ils sont environ 5 millions.

Il est aussi de bon ton que les leaders européens reconnaissent qu’il faut mettre un terme aux injures envers la religion islamique et s’attaquer au problème de l’islamophobie qui monte en puissance.

Il faut établir des normes strictes pour l’exercice de la liberté d’expression, de sorte que les atteintes aux religions ne deviennent pas un prétexte pour bafouer les libertés, les droits et les croyances morales et religieuses d’autrui.

Garantir la liberté d’expression pour tous est étroitement lié à la responsabilité. Il est lié aux conditions de diversité, de pluralisme et de coexistence qui assurent aux sociétés une vie sûre et pacifique et évitent un climat propice à la radicalisation.

Nous devons refuser les atteintes aux religions autant que nous rejetons les attaques meurtrières prétextant la défense de l’Islam ou d’autres croyances. Quiconque brandit indûment le drapeau de l’Islam équivaut à celui qui outrage l’Islam par des dessins ou d’autres moyens.

Et ceux qui pensent que l’Islam nuit aux valeurs et à la civilisation européennes doivent faire un retour sur l’histoire pour prendre conscience de la mesure dans laquelle l’Islam et les sociétés occidentales ont eu une relation positive autrefois. Le recul de cette interaction à notre ère a trait aux musulmans, et non à l’Islam.

En coupant les fils de la communication et de la coopération entre le monde islamique et l’Occident pour cause d’incompréhension mutuelle ou de campagnes tendancieuses, on rend service aux organisations terroristes et extrémistes qui souhaitent mettre en branle un choc des civilisations. C’est pourquoi les discours de haine et leur utilisation pour promouvoir et justifier le terrorisme n’ont rien d’acceptable.




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