mardi 26 mars 2019 - par velosolex

Le tourisme de la catastrophe, de la morgue de l’île saint Louis, à Tchernobyl

                        

On l’appelle « tourisme noir », ou « de la catastrophe. Au cours des siècles, il varie, il s’adapte. Un thermomètre de notre sensibilité, mais qui recherche l'excitation. Il peut feindre la candeur, assumer sa curiosité malsaine, vouloir faire oeuvre d'exemplarité. Mais au delà des meilleures intentions affichées, n'y a-t-il pas une zone dangereuse, où nous mettons nous parfois notre d'humanité en danger ? 

       La culture du compassionnel fait écho chaque jour, imposant des minutes de silence, des catharsis. Mais pourquoi faudrait-il refuser de penser l’indicible, et la valeur relative des raisons évoquées ? Est il déplacé de soupçonner parfois le voyeurisme, le commerce du malheur, et la volonté de récupération, présidant parfois à ces visites..

      Certains évoqueront le "devoir de mémoire", quand ils iront visiter les camps de l'holocauste, ou un de ces villages martyrs, tel Oradour-Sur-Glane !. Difficile de faire la part des choses, chez les visiteurs, entre ceux qui obéissent à une nécessité impérieuse de recueillement, et les voyeurs, cherchant le simple frisson. 

       L’authenticité de la démarche de certains n’est pas à mettre en doute. D'autres ont leur histoire personnelle, ou celle de leur famille, entremêlée avec cette histoire maudite. On trouve aussi des passionnés d’histoire, des érudits en connaissant autant que les guides. Reste que si toutes les visites tenaient à des motifs nobles, et à des considérations élevées, ces lieux feraient beaucoup moins d’entrées payantes !

       La banalité du mal bénéficie-t-elle parfois d’un tarif de groupe  ? Il semble que de tout temps les hommes ont été attirés par le spectacle du gore, par la visite des lieux où se sont passés des horreurs. Tels des vautours, on les a vu tourner autour des champs de bataille, dès que le canon se taisait. .. Les exécutions en place de Grève, ont toujours attiré énormément de curieux. Soyons sûr qu’il y aurait foule aujourd’hui, si de nouveau on sortait "la veuve", le nom qu’on donnait à la guillotine.

   Faute de mieux, pourrait-on dire, les gens se rabattront sur le local, au travers des faits divers célèbres, et des lieux qui en restent marqués. Un bras de rivière, le long de La Vologne, cours d’eau qui est sorti de l’anonymat fluvial, suffira à certains pour se donner un frisson de bas étage, pour évoquer le corps du petit Grégory, dérivant depuis des décennies, au milieu du courant des médias. 

        L’arrivée de l’internet a permis de mettre en réseau des images innommables, qu’on croyait bannies depuis la fin des condamnations publiques. S'enfermer dans une chambre, ne protège plus des horreurs du monde. Viols, décapitations, meurtres de masse à la kalash ! Les moyens technologiques ont permis à la barbarie de se promotionner à un degré inédit. Il semble que l’horreur et la jouissance, soit à portée de quelques clic de souris, vous offrant des voyages immobiles, glaçants ! Avant que les plateformes ne parviennent à les bloquer, elles deviennent virales, et sont téléchargées par des « amateurs », parfois des millions de fois, engendrant banalisation du crime, et métastases dont on ignore la portée. 

        Nous sommes là, loin du feu théâtre du Grand Guignol, qui mettait à Paris en scène le macabre, et le sanguinolent, réunis dans des farces, ou des reconstitutions de crime, tel « L’assassinat de Marat », en utilisant beaucoup d’artifice, et d’hémoglobine factice. 

        La morgue, en particulier celle de l’île saint-Louis, à Paris, https://bit.ly/2CusxYJ bénéficiait d’une grande réputation. Elle était mentionnée dans les guides touristiques, et les étrangers, tout autant que les familles, venaient avec les enfants, le dimanche, voir les tableaux qu’offraient les cadavres de tous âges, trouvés sur le bitûme, ou dans la Seine.

( Visiter les morts- la Morgue. Bruno Berthelat). .https://bit.ly/2OhaMRp

( La mort : Voir l’irreprésentable : https://bit.ly/2UPUbXj )

(les narrations de la mort- la mort en vitrine à la morgue) https://bit.ly/2CzYBKG 

   Dans «  Thérèse Raquin  », Emile Zola, en écrivain naturaliste, fait visiter la morgue à Laurent, l’amant de Thérèse, qui a noyé le mari, en le faisant tomber d’une barque. Mais des remords l’assaillent. Il est attiré compulsivement vers la morgue. Il tremble de reconnaître sa victime, dans un de ces morts étendus là, offerts à la vision du public, invité à donner une identité à cess anonymes. Petit à petit, il domestique pourtant son sentiment d’horreur, et esthétise, devant ces « natures mortes », que Zola traduit lui-même en de riches évocations.

 Extrait : « Quand il n’y avait pas de noyés sur la dernière rangée de dalles, il respirait à l’aise ; ses répugnances étaient moindres. Il devenait alors un simple curieux, il prenait un plaisir étrange à regarder la mort violente en face, dans ses attitudes lugubrement bizarres et grotesques. Ce spectacle l’amusait, surtout lorsqu’il y avait des femmes étalant leur gorge nue. Ces nudités brutalement étendues, tachées de sang, trouées par endroits, l’attiraient et le retenaient. Il vit, une fois, une jeune femme de vingt ans, une fille du peuple, large et forte, qui semblait dormir sur la pierre ; son corps frais et gras blanchissait avec des douceurs de teinte d’une grande délicatesse ; elle souriait à demi, la tête un peu penchée, et tendait la poitrine d’une façon provocante ; on aurait dit une courtisane vautrée, si elle n’avait eu au cou une raie noire qui lui mettait comme un collier d’ombre ; c’était une fille qui venait de se pendre par désespoir d’amour. Laurent la regarda longtemps, promenant ses regards sur sa chair, absorbé dans une sorte de désir peureux.

Chaque matin, pendant qu’il était là, il entendait derrière lui le va-et-vient du public qui entrait et qui sortait.

La morgue est un spectacle à la portée de toutes les bourses, que se payent gratuitement les passants pauvres ou riches. La porte est ouverte, entre qui veut. Il y a des amateurs qui font un détour pour ne pas manquer une de ces représentations de la mort. Lorsque les dalles sont nues, les gens sortent désappointés, volés, murmurant entre leurs dents. Lorsque les dalles sont bien garnies, lorsqu’il y a un bel étalage de chair humaine, les visiteurs se pressent, se donnent des émotions à bon marché, s’épouvantent, plaisantent, applaudissent ou sifflent, comme au théâtre, et se retirent satisfaits, en déclarant que la morgue est réussie, ce jour-là  ».

    Ces considérations naturalistes, à travers ces comparaisons gourmandes, et sensuelles, renvoient à un autre roman que Zola a écrit. Dans « Le ventre de Paris » oeuvre appartenant à la série des Rougon-Macquard, il évoque le quartier des Halles. Cet immense marché, au coeur de Paris, est une autre occasion pour lui de se perdre dans la description voluptueuse des produits exposés. Cette fois ci, ces descriptions concernent les produits de bouche. Pourtant, on ne peut que faire l'analogie avec celles concernant la morgue. 

   Il y a là le même brassage de badauds, et d’amateurs, s’enivrant du spectacle, saisis de l’abondance des denrées, des fromages, des carcasses de viande accrochées, tout autant que de la variété des bouquets de fleurs et de compositions, proposées par les marchandes des quatre saisons.

 Extrait : «  A droite, à gauche, de tous cotés, des glapissements de criée mettaient des notes aiguës de petite flûte, au milieu des basses sourdes de la foule. C’était la marée, c’était des beurres, c’était la volaille, c’était la viande. Des volées de cloche passaient, secouant derrière elle le murmure des marchés qui s’ouvraient. Autour de lui, le soleil enflammait les légumes. Il ne reconnaissait plus l’aquarelle tendre des pâleurs de l’aube. Les cœurs élargis des salades brûlaient, la gamme du vert éclataient en vigueur superbe, les carottes saignaient, les navets devenaient incandescentes, dans ce brasier triomphal. A sa gauche, des tombereaux de choux s’ébrouaient encore….. » 

         La mort et la vie sont parfois bien liés, au-delà des métaphores littéraires. Et la gourmandise des mets, quand elle se fait gloutonnerie, avidité, rejoint les mythes de l’ogre, n’écoutant que ses vils désirs, allant jusqu’à manger ses propres enfants, ne mettant aucune barrière à son désir. 

          L’avidité, la concupiscence, pouvant aller jusqu’au meurtre, change la nature aimable des choses, et bafoue les interdits majeurs, et fait basculer vers la folie, la mort, et la fin de la civilisation.  

          Les pendaisons de noirs, décidés par une justice populaire et expéditive, dans les états du sud des Etats unis, étaient des sortes de kermesse, où les enfants des écoles étaient conviés à venir. Des séries de cartes postales éditées pour l'occasion, rencontrèrent de beaux succés . https://bit.ly/2JKYTEm 

         On remarquera que que les petits enfants sont souvent présents, témoins, mais guère troublés, dans ces représentation historiques, que ce soit sur des photos, ou des tableaux. Leur fonction témoigne t'elle de la volonté de minorer le crime, en incluant des innocents, ou d'une volonté pédagogique, à l'usage des nouvelles générations, la proclamation qu'un tel spectacle est instructif ?

 

    

      La mort atroce de la princesse De Lamballe, en 1792, https://bit.ly/2CCT6uL , victime elle aussi d'un lynchage, est une manifestation de la perte de tout sens moral et d’humanité qui s’empare des foules dans des circonstances particulières. Le ressentiment, la recherche de victimes expiatoires sont catalysés par une sorte d’ivresse hallucinée, potentialisée par le nombre, permettant de se cacher.

     Cette peinture, réalisée par Léon-Maxime Faivre, esthétisante, est génante, car elle nous fait complice de la scène, voyeur parmi les voyeurs, devant le cadavre d'une femme nue, offert à la foule. Le thème est classique. Il joue sur l'attraction d'une exécution, le mélangeant dans une dynamique sensuelle, et symbolique, à la colère imprévisible du peuple.

      Sur le thème de l'exécution vengeresse, Artemisia Gentileshi a peint un chef d'oeuvre : "Judith décapitant Holopherne". Mais la dynamique de ce tableau ne joue pas sur le voyeurisme, mais témoigne d'un réglement de compte personnel, et d'un conflit intérieur, tout autant que de l'inversion des pouvoirs : La femme, censée être faible, renverse la tyrannie, et montre que tout est possible. https://bit.ly/2TXaRzs

      Quelles zones d’ombre obscures travaillent en nous devant ces représentations ? Le soulagement d’être vivant, d’avoir échappé un moment encore à la grande faucheuse, d’être du bon coté ?  Personne n’a réussi à pénétrer l’instant d’après, ce basculement vers l’au delà, mais beaucoup resteront fascinés par le moment d’avant, jouissant de la souffrance de leurs semblables. 

         Si le moment où l’on gravit les marches qui mène à la chambre, est vu par certains comme le meilleur moment de l’amour, certains apprécient autant regarder les autres monter l' escabeau qui monte à l’échafaud.

   Certains auteurs, comme Casanova, ont évoqué des courtisanes, à la libido étrange, surexcitées par la concomitance d’une exécution, et d’un rapport sexuel qu’elles consumaient conjointement, se tenant sur un balcon, avec leur amant, tentant de faire coïncider les deux moments suprêmes. Le sexe et la mort ont toujours fait bon ménage ensemble, et petite mort et mort vraie se font parfois des œillades. Surtout quand on est à la place du voyeur. Le point de vue des pervers narcissiques. Ces gens là ne ressentent rien devant les spectacles de communion festive, quand l’ego disparaît, et que des vibrations de bonheur entraînent les autres dans une sorte de catharsis.

 

      On sait maintenant, que les neurones miroirs sont au centre de cette capacité de prégnance. Ce sont nos anges gardiens, nos garants d’humanité. C’est pour cela que nous lèveront les bras quand notre équipe favorite marquera un but, et que nous tremblerons de peur en voyant un funambule marcher sur un fil à cent mètres du sol. Le mimétisme est un comportement inconscient qui caractérise les groupes sociaux, trouvant son expression la plus évidente chez les enfants. 

       Assister à la souffrance d’un des ces semblables est un spectacle épouvantable pour la grande majorité des humains. A travers l’autre, c’ est nous qui sommes torturés. L’imagerie cérébrale à montré que que notre cerveau fonctionne conjointement et innerve douloureusement les mêmes zone de détresse, que l’on soit le supplicié, ou le témoin.

       L’empathie est cette capacité naturelle des gens, de se mettre à la place des victimes. Les pervers narcissiques en sont privés. Ils attendent que le funambule tombe de son fil, et s’écrase sur le sol pour connaître le plaisir. Les sciences cognitives ont ainsi validé ce que beaucoup présentaient. Certains « monstres » s’ils ne sont aucunement des fous, et sont entièrement responsables, ne fonctionnent pas comme nous. Dans leurs schémas de récompense, ils se nourrissent de la souffrance des autres, comme le vampire du sang. 

        Les catastrophes naturelles attirent tout autant les hommes, mais elle est moins pénible à assumer. Car l’homme ne se confronte pas à sa part écrasante de responsabilité. Le goût d’un esthétisme un peu morbide et merveilleux, baignant dans une lumière divine, et qu’on appela « L’art du sublime », vient de cette époque romantique, où les colonnes romaines dégradées, perdues dans la végétation, laissaient les voyageurs dans une douce mélancolie rêveuse. 

        C’était là de douces agonies, en osmose avec une sexualité refoulée, sublimée, où les voyageurs Anglais aimaient se pâmer, lors de leur grand tour, en Italie ou en Grèce, récitant avec ferveur des vers de Virgile. Les peintres romantiques et préraphaélites faisaient de belles compositions d'une mort idéalisée, bien loin des tristes réalités qu’on rencontrait sur les champs de bataille, hors champ de la « dame au camélia » crachant ses poumons tuberculeux.

    Au retour de voyage d’Italie, bien des aristocrates firent construire de fausses ruines, et des colonnes cassées, au fond de leur parc. Contrairement aux vieux vestiges historiques, ces copies d’antique obéissaient à des lois de composition, dans un délabrement feint, comme on le voit dans l'élaboration savante d'un tableau académique, et de la chute des drapés, savament étudiés.

 

L’homme alors joue à se faire peur, et à s’émouvoir, mais domine toujours la scène, semblablement à ces alpinistes, nouveaux explorateurs de l’inutile, plantant le drapeau national sur les pics domptés. Néanmoins, cette sensibilité nouvelle traduit un nouveau sens de l’histoire, un processus qui n’est plus le temps arrêté à l’horloge du moyen âge.

 

 

   Elle ramène l’homme aussi à sa position d’acteur éphémère, et la vanité de toute entreprise . Il est dommage qu’Adolf Hitler, qui a peint cette ruine, en Flandre, pendant la première guerre mondiale, n’en ait pas compris la leçon. 

 

         Pompéi a la grandeur d’une scène antique, ayant été perturbé par le jeu supérieur des dieux. On en sort philosophe, et l’âme pure, presque serein. A son opposé, Auschwitz est une obscénité qui laisse un goût de cendre dans la bouche. C’est l’humanité deconstruite en dix ans. Certains ont dit que dieu y était mort. On en sort souillé à jamais.

        Ainsi, si certaines catastrophes semblent transitoires, et naturelles, d’autres semblent définitives. 

        Et l’homme dans tout ça ?…. A l’aube du vingtième siècle, une meilleure compréhension des mécanismes du vivant, la lutte efficace contre les maladies, et la victoire étonnante contre de grandes pandémies , avait amené un courant d’optimisme, et semblait la preuve que l’homme allait s’affranchir de la misère et de la guerre.

      14-18 avait ébranlé le continent européen. La seconde guerre fut une régression moyenâgeuse. Le retour à la barbarie, et le dépassement des humanités, s’est faite conjointement à une accélération des inventions, troublant la logique qu’on avait du progrès, linéaire en tout, dans la logique du positivisme.

      Après 45, malgré la victoire sur la nazisme, la conviction que progrès techniques et principes moraux se conjuguaient pour nous amener vers l’age d’or est vraiment mise en doute. Après les bombes atomiques Hiroshima et de Nagasaki, beaucoup pointent que l’homme s’est fait démiurge, a usurpé la place de dieu.  

La jeune Mary Shelley quand elle écrivit à 18 ans «  Le monstre de Frankenstein », ou « le Prométhée moderne  », se fit bien plus visionnaire des temps futurs, en parlant de la créature échappant à son maître, ayant volé le feu divin, que le vieux Jules Verne, dont les romans d’anticipation regorgeaient d’optimisme. 

      La pensée s’arrangea avec l'horreur comme elle put, se cliva.. Il fallait admettre qu’il y avait un nucléaire sale, mais indispensable, d’obédience militaire, qui servait aux gentils ; c’est à dire nous, pour se protéger des méchants, les autres. Et puis une autre force nucléaire, civile, cette fois, émergea à sa suite ; comme une sorte d’ange blanc. Ses concepteurs rayonnaient d'assurance et de fièrté. On n'imaginait pas, par la force de la foi et du déni, que ces réacteurs étaient comme autant de vases de Pandore.

      Et enfin est arrivée cette chose. 

     « Les dosimètres ont contrôlé mon bureau. Ma table, mes vêtements, les murs : Tout luisait. Je me suis levé. Je n’avais pas envie de rester assis sur une chaise. Y avait il eu un accident, à l’institut ? Une fuite ? Et comment tout désactiver ? J’ai toujours été extrêmement fier de notre réacteur ! J’en connaissais chaque millimètre. Nous avons téléphoné à la centrale d’Ignalina, en Lithuanie, non loin de chez nous. Chez eux, c’était aussi la panique. Nous avons aussi appelé Tchernobyl, mais personne ne répondait….. »

(Valentin Alexeïevitch Borissevitch, ancien chef de laboratoire de l’institut de l’energie nucléaire, de l’académie des sciences de Bielorussie)- Extrait de « la supplication » (Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse) Svetlana Alexievitch, prix nobel de littérature.

    Cette auteur a réuni dans cet ouvrage des témoignages multiples : Ingénieurs, politiciens, enfants, mères de famille, femme de « liquidateurs », survivants condamnés, déplacés...C’est tout un opus douloureux qu’on ne peut visiter qu’en imagination, et qui nous amène au bord du vide.

     De l’avis des acteurs et héros qui ont été témoins et victimes de cette abomination, ayant parfois connu le nazisme ou combattu en Afghanistan, Tchernobyl reste une expérience « hors norme », au-delà de l’histoire, des références et du temps. Aucune référence au passé, ne peut aider à comprendre cette catastrophe. Les secrets et les non dits sont légions, tout autant que les conséquences incalculables, environnementales, et humaines.

     La zone est condamnée pour des dizaines de milliers d’années. Les chiffres donnent le tournis. Des travailleurs par milliers tentent toujours sur place de contenir la catastrophe. On ne sait toujours pas les conséquences à venir.

    Des aberrations effroyables, tels ces « pieds d’éléphants » https://bit.ly/2TWvfAf sont toujours en excroissance continue, et risquent de contaminer les nappes phréatiques. Un nouveau dôme a donné une forme plus présentable au réacteur éventré, mais dessous, les humeurs monstrueuses, continuent leur lent travail de pénétration des sols.

    Car le cœur du réacteur, recouvert de débris, est toujours en fusion, à basse température. Les solutions techniques pour extraire les déchets radioactifs sont toujours a imaginer. Enfin, nous dit le journal « Politis » le risque d’une brusque réaction, et d’une explosion surgie du cœur qui balaierait l’ancien et le nouveau sarcophage, n’est toujours pas écartée car nul n’a été voir depuis longtemps dans quel état se trouve le magma fondu du réacteur.

    Cependant, tout le monde n’est pas d’accord. La situation serait sous contrôle. D’ailleurs si elle ne l’était pas, on ne laisserait pas les touristes entrer, non ?…..Le nouveau sarcophage de Tchernobyl ne sert à rien : https://bit.ly/2JuQNj6 

    Car à Tchernobyl, la vieille curiosité morbide de l’homme a ressurgi, voulant sentir, se faire une idée sur place, ne croyant que ce qu’il voit, ne voyant que ce qu'il croit. Rassuré par la présence du dôme, le tourisme explose. Il faut croire qu’un petit tour à Tchernobyl offre pour certains happy few désabusés, une possibilité nouvelle d’exotisme. Les voyages à Bali ou au Groenland, n’étonnant plus personne, cette destination nous montre que tout se récupère en ce monde, hormis les déchets radioactifs. 

       A Tchernobyl, pas de limites au nombre de visiteurs, contrairement au Taj Mahall, où les autorités ont du établir un quota maximum d’entrées, afin de préserver le site. Tchernobyl ne présente pas cet inconvénient, pour des raisons qu’on comprendra aisément.

Visitez Tchernobyl :

https://bit.ly/2TnbIV5

    C’est facile, nous dit le dépliant publicitaire en ligne : Commande, Viens et paye, aime !

Quatre formules au choix :

1-Deal d’une vie : Visite rétro de Tchernobyl .99 euros

2- Le plus populaire  : Visite de Tchernobyl. 279 euros

3- Nouveau : Visite de la centrale de Tchernobyl et de Pripyat . 429 euros

4-Rien n’est impossible : Visite privée de Tchernobyl : A partir de 119 euros

      Nous sommes loin du grand théâtre de guignol, de la visite de la morgue de l’île saint-Louis, des ruines antiques romaines perdues dans la nature, des morts ensevelis de Pompéi figés sous la lave refroidie, et des camps de la mort nazis transformés en cendres.

 

       Mais pourtant Tchernobyl tient un peu de tout cela. Avec sûrement quelque chose en plus.

      Nous sommes au bord du vide…. 

 
 

                      




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