samedi 25 janvier 2014 - par Gérard Luçon

Le Traité de Berlin en 1878, lutte d’influence et capitalisme sauvage

Qui se souvient de la période 1850-1880 qui pourtant a été une étape capitale dans la lutte contre la montée du syndicalisme et du marxisme et pour la déréglementation, déjà ?

 

Reprenons de manière succincte quelques faits préalables :

-d’abord le début de l’ère dite industrielle avec la création d’un prolétariat, l’existence de mouvements syndicaux, les grèves et les représailles ;

-ensuite l’arrivée d’une idéologie, le marxisme, initié en grande partie par des théoriciens et des philosophes juifs ;

-enfin des révoltes débouchant sur des mouvements supranationaux (1848 en est un exemple), une guerre d’envergure perdue par la France et gagnée par l’Allemagne, et la Commune de Paris provoquant un terrible bain de sang.

 

Cela est la partie visible de l’iceberg, car derrière ces événements chaque partie, chaque camp, agit pour sa propre survie.

D’un côté Hegel, puis Darwin et enfin Marx bousculent les idées reçues, le 1er introduit le relativisme de la pensée dialectique, grâce à cela le génie d’Einstein pourra s’exprimer au siècle suivant ; le 2ème avance sa thèse sur l’évolution des êtres vivants, le créationnisme est en marche, 200 ans auparavant il aurait fini sur un bûcher ; le 3ème en utilisant la dialectique chère à Hegel et l’évolutionnisme cher à Darwin avance l’idée qu’une société nouvelle doit apparaitre quand la société en place ne peut plus tenir face aux conditions auxquelles elle se confronte. La société tend alors à évoluer vers le bien-être de tous ses composants, nous allons vers une révolution totale des esprits !

De l’autre côté les classes dirigeantes, du Tsar de toutes les Russies jusqu’à la Cour d’Espagne, maintiennent les traditions, le statu quo, acceptant probablement à regrets la montée de classes intermédiaires représentées par les industriels, les nouveaux bourgeois. Mais le grand capital est dans une ascension fulgurante, il faut composer avec si l’on veut se maintenir dans la durée.

En 1878 Bismarck est à l’apogée de sa splendeur, il fait organiser à Berlin, du 13 Juin a 13 Juillet, un congrès dans le but de légiférer certains problèmes notamment :

-en finir avec le Traité de San Stefano, signé en mars de la même année et contesté par les anglais et l’Autriche-Hongrie ;

-redistribuer les cartes dans les Balkans ;

 

1/- le Traité de San Stefano (3 mars 1878)

Son gros défaut était qu’il avait mis en avant la Russie et son poids sur l’Empire Ottoman suite à la guerre russo-turque de 1877, sans trop tenir compte des intérêts des anglais et des austro-hongrois. Il réorganise les Balkans en reconnaissant l’indépendance des principautés de Bulgarie, Serbie, Roumanie, Monténégro, lesquelles restent vassales de l’Empire Otoman. Les luttes d’influence commencent, anglais et germanophones parlant de « panslavisme », ayant peur d’une Serbie et d’une Bulgarie trop puissante (le bulgare et le serbe sont des langues slaves).

 

2/- la redistribution des cartes dans les Balkans

Le premier objectif pour diminuer l’influence russe est, en renforçant le poids de l’Empire Ottoman, de diminuer la taille et le poids de la Bulgarie, on coupe ce pays en deux, on va créer la Roumélie, partie orientale, qui reste dans le giron de l’Empire Ottoman sous le statut de province autonome et est peuplée de bulgares, et le reste de la Bulgarie, partie occidentale, devient vassale du même Empire Ottoman !

L’Autriche-Hongrie obtient la Bosnie-Herzégovine et la Grèce obtient la promesse d’aménagements frontaliers sur sa frontière nord (Thessalie) ;

Le royaume uni obtient Chypre, la France obtient le droit de protéger les maronites au Liban et d’entrer en Tunisie, l’Italie obtient la Lybie.

La Roumanie qui s’est proclamée indépendante le 9 mai 1877 est reconnue lors de ce traité (auquel elle n’a pas été invitée), elle gagne la région nord de Dobrogea et le Delta du Danube ;

Ce redécoupage tiendra jusqu’en 1914, soit plus de 30 ans, secoué durant cette période par deux autres points, la déréglementation et les usuriers.

 

Il est impossible de ne pas faire un parallèle entre cette époque et celle de l’après seconde guerre mondiale avec l’explosion programmée de l’ex-Yougoslavie en s’appuyant sur une partie du monde musulman. Encore une fois, il fallait diminuer la puissance du « monde » slave !

C’est également ce qui se passe en ce moment en Ukraine, une petite partie du pays est tournée vers l’Europe, l’autre restant slave et fière de l’être ; il faut encore une fois diminuer la puissance potentielle du monde slave alors l’UE pousse les gens dans la rue !

Voir ce lien : http://reseauinternational.net/2013/12/25/ce-qui-sest-vraiment-passe-en-ukraine-par-israel-adam-shamir/

 

3/-en parallèle, la déréglementation du crédit et des taux d’intérêt :

Jusque dans les années 1850 l’usure était fortement réglementée, les taux d’intérêts encadrés strictement (loi en Autriche dans ce sens en 1868, loi similaire en France et datant de 1807).

Un nouveau credo apparait : le capital est libre et l’Etat ne doit pas s’en mêler, la monnaie est un produit qui ne doit être basé que sur les lois de l’offre et de la demande, comme le crédit et les taux d’intérêt. Officiellement cette libéralisation doit amener à une diminution des taux, l’histoire va se charger de prouver le contraire, l’Etat était un régulateur, désormais il n’y a plus que la loi du marché ! Dans un pays comme la Roumanie où la libéralisation totale du crédit est décidée en 1868 (voir Mihai Eminescu dans « Chestiunea evreiasca »), c’est la porte ouverte aux usuriers, aux officines privées de récupération des dettes ; en 1868 seulement 70 ventes sur saisies sont effectuées, ce nombre va augmenter en exponentielle pour atteindre 817 en 1877 rien que pour la province de Bucovine ; en 1876 les taux d’intérêt passent à 33,96%. Des gens sont jetés à la rue, la misère remplace la pauvreté, les riches sont de plus en plus riches, les usuriers ont pignon sur rue ….

 

C’est exactement ce qui se passe dans l’UE, ce qu’on impose aux français, aux espagnols, aux portugais, aux grecs, etc ….

 

Vous avez dit confiance ? Regardez l’histoire du XIXème siècle !

 




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