lundi 15 novembre 2010 - par Krokodilo

Les bizutages, pour ou contre ?

En voilà une drôle de question : ils sont interdits ! Imaginez qu’on se demande, par exemple : « Les cambriolages, pour ou contre ? »... Ça ferait jaser.
(Le Code pénal français punit les actes de bizutage de six mois de prison et 7 500 euros d’amende.)


Définition

Le bizutage est un ensemble de pratiques ou d’épreuves plus ou moins ritualisées, destinées à symboliser l’intégration d’une personne au sein d’un groupe social particulier : étudiants, militaires, professionnels, etc. - oui, j’ai plagié la définition de Wiki, je ne peux pas en inventer une différente ! Et leur article est fort bien fait.

En France, sa définition est autre :

« Le fait pour une personne, d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations, ou de réunions liées aux milieux scolaires et socio-éducatif. »
(article 14 de la loi du 17 juin 1998, à l’époque de la ministre Ségolène Royal)

La différence entre les deux définitions se trouve en toutes lettres dans la loi : l’humiliation. On y reviendra (et y revenir c’est du masochisme !)

Quant à savoir pourquoi je me permets de débattre d’une action réprimée par le code pénal, c’est parce que les bizutages existent toujours ça et là, mais sous un autre nom : les week-ends d’intégration (WEI, prononcer oueille), notamment dans les grandes écoles et apparentées.

Pourquoi les bizutages existent-ils ?

Selon Wiki, certains voient le bizutage comme une régression animale, d’autres comme un moyen d’établir une hiérarchie, une épreuve soudant un groupe ou un rituel de passage.

Pourquoi nier notre animalité profonde ? C’est bien l’explication anthropologique comme un rite de passage qui a ma préférence.

Les sociétés primitives, maîtres en matière de rituels structurants, en ont eu de nombreux qui marquaient chaque étape de la vie, aussi bien masculine que féminine (notamment les règles, le mariage, la maternité). La composante religieuse est variable (cf. la communion). Et ces rituels sont très variables selon les sociétés.
En outre, il est probable qu’une société guerrière ou un milieu naturel hostile aboutissent à des rituels très physiques. D’où la persistance de cette composante dans les bizutages militaires, chez qui l’endurance et la tolérance à la souffrance sont des qualités utiles.

D’ailleurs, un passage de Platon rappelle fortement la sélection et l’entraînement des commandos !

« Une scholie du passage de Platon insiste avant tout sur l’aspect éprouvant et solitaire de l’épreuve :
« On envoyait un jeune hors de la ville, avec consigne de ne pas être vu pendant tel laps de temps. Il était donc forcé de vivre en parcourant les montagnes, en ne dormant que d’un œil, afin de ne pas être pris, sans avoir recours à des serviteurs ni emporter de provisions. C’était aussi une autre forme d’exercice pour la guerre, car on envoyait chaque jeune homme nu, en lui enjoignant d’errer toute une année à l’extérieur, et de se nourrir à l’aide de rapines et d’expédients semblables, cela de manière à n’être visible pour personne. C’est pourquoi on l’appelait kryptie : car on châtiait ceux qui avaient été vus quelque part[13]. »
(Wiki)
 
L’armée russe a depuis des décennies un problème endémique avec le bizutage, comme on le voit avec cette affaire horrible en 2006 (âmes sensibles s’abstenir). ( La Libre Belgique)

Mais ces rites n’étaient pas faits que d’endurance, c’était aussi un apprentissage très utile à la survie du peuple concerné.
c’est bien raconté, par exemple, au début du roman « Racines » : avant que l’ancêtre du journaliste soit enlevé jeune adolescent par des marchands d’esclaves, on vient le chercher la nuit pour le conduire dans la brousse en un lieu forcément secret, où après quelques situations d’intimidation (obscurité, masques) l’initiation si redoutée consiste surtout à apprendre quelques notions de lutte et de chasse.
 
 Les rituels aujourd’hui

Venons-en donc au monde moderne : il est devenu difficile à Paris d’envoyer un jeune adolescent s’emparer d’une plume d’aigle, ou de le faire courir jour et nuit avec une gorgée d’eau dans la bouche avec obligation de la ramener intacte (trop de circulation dans les rues), et si on le suspend des heures par des crochets fixés sous la peau de la poitrine (la fameuse danse du soleil des Indiens des plaines), il va porter plainte pour maltraitance.
Bref, le monde moderne s’est adapté et diversifié, et on inclut dans les rituels toutes les cérémonies officielles comme la remise des diplômes, ou même les prises de risque que les ados se croient obligés de faire.

Mais le débat porte en fait sur les WEI, plus que sur l’entrée en 6e

Un intéressant article sur le site Éducobs, intitulé « Grandes écoles, grandes beuveries ! »
rappelle en effet que ces bizutages peuvent conduire à des excès : bagarres, comas éthyliques, possible viol (une affaire pas encore jugée) et remarque un fait nouveau :
« (...) l’industrialisation du phénomène  : des société spécialisées se sont créées pour exploiter le filon. Elles livrent, clés en main, des séjours résidentiels avec fourniture tout à la fois d’alcool en grande quantité et de vigiles pour encadrer les débordements, façon habile de gagner de l’argent sur deux tableaux. »

Il n’est pas précisé si un physionomiste refoule à l’entrée les voyeurs, les incrustes et les pervers :
« Non, pas vous, vous avez déjà été bizuté l’an dernier... ».

L’homme est un animal social, et nous avons besoin de nous sentir intégrés, que ce soit dans une société ou dans un groupe. Sauf exception, peu d’entre nous supporteraient des années une grande solitude, perchés sur l’ermitage du père de Foucault, en plein Sahara et sans connexion Internet. L’intégration apporte la reconnaissance d’un statut, la chaleur et la solidarité du groupe, et, pour les grandes écoles, un réseau très performant et très utile à la carrière professionnelle.
Inversement, le refus du bizutage peut aboutir à des difficultés durant la scolarité, des brimades, une exclusion du réseau social comme si l’individu était tatoué « mouton noir », marqué à vie même s’il obtient son diplôme. Il a d’ailleurs fallu une grande force de caractère aux quelques étudiants qui se sont individuellement opposés au bizutage.

Pourquoi les grandes écoles plus que les facultés ?

L’entrée facile en fac, le grand nombre et l’éparpillement des filières et des locaux font que l’impression d’intégrer un corps n’existe pas, d’autant que l’échec est possible, et même à un fort pourcentage dans certaines filières.
De même, il n’y a pas de bizutage à l’entrée des prépas, parce qu’on est encore nulle part, même si n’y va pas qui veut !

Inversement, dans les grandes écoles ou équivalent, le nombre d’admis est faible, et une fois le concours d’entrée réussi, l’échec est très rare.
En médecine, pharmacie, dentaire et apparentés, les conditions sont réunies, concours, groupe (peut-être trop important ?) pourtant c’est assez variable, ça se résumait parfois à des manifestations bon enfant dans les lieux publics, ou du folklore carabin ; problèmes pratiques d’organisations, de temps ? Autrefois, ces rituels étaient surtout présents au 2e concours, encore plus sélectif, l’internat des villes universitaires.

Différences entre bizutages et rites de passage. Pourquoi y a-t-il des dérapages ?

Les différences tiennent en quelques mots : humiliation, faible codification, jeunesse des organisateurs, absence d’apprentissage.
Finalement, le bizutage est un rite de passage mal organisé !

Ce sont ces différences qui rendent possibles les dérapages, aussi bien jadis dans les bizutages qu’aujourd’hui dans les WEI. Voyons ces différents points l’un après l’autre.

1. Humilation et procédés dégradants

Les qualités physiques ont été remplacées par l’humiliation et les situations dégradantes, comme une anticipation des petits chefs que le jeune adulte aura à supporter tout au long de sa carrière professionnelle !
Mais il s’y ajoute aussi des épreuves à connotations sexuelles et une fréquente alcoolisation - actes plus ou moins facilement acceptés (l’alcool semble facilement accepté !). Cela peut même être l’occasion pour la victime de manifester quelques attitudes exhibitionnistes.

En somme, les bizutages semblent favoriser la libération de pulsions profondes.
 
La composante sadomaso est inscrite en nous, mammifères omnivores vivant en meute – euh, je veux dire en tribus et quartiers. La chasse et la lutte pour la vie ont toujours nécessité force et courage, donc agressivité, et tolérance à la souffrance, donc masochisme ; même l’amour et le sexe en ont leur part, comme le montrent bien les parades et les combats des mâles.
Tout le monde connaît le pouvoir désinhibiteur de l’alcool, et si on y rajoute une situation qui favorise des comportements habituellement réprouvés, le vernis de civilisation et de morale craque, car les personnalités où ces traits de caractère sont plus marqués peuvent soudain s’exprimer plus librement lorsqu’elles se retrouvent en situation d’autorité (personnalités limites, ou « borderline »).

Même phénomène finalement que lorsque des chefs de guerre sadiques se livrent à des massacres sans objet durant les guerres. D’ailleurs, la solidarité des anciens soldats, fondée sur le souvenir des épreuves partagées, rappelle celle des camarades d’école qui ont vécu la même humiliation durant les bizutages : on l’a fait (ou plutôt subi), pourquoi pas eux ?

Voici ce qu’en disait la neurobiologiste Rita Levi Montalcini, prix Nobel de médecine 1986 :

"Beaucoup de gens ignorent que notre cerveau est constitué de deux cerveaux.
Le premier, archaïque, constitué par le système limbique, n’a pratiquement pas évolué depuis trois millions d’années. Celui de l’Homo sapiens ne se différencie guère de celui des mammifères inférieurs. C’est un cerveau petit mais qui possède une puissance extraordinaire. Il contrôle tout ce qui se passe en matière d’émotions. Il a sauvé l’australopithèque quand celui-ci est descendu des arbres, lui permettant de faire face à la férocité du milieu et de ses agresseurs.
L’autre cerveau, beaucoup plus récent, est celui des fonctions cognitives. Il est né avec le langage et, au cours des 150 000 dernières années, il s’est développé de manière extraordinaire, en particulier grâce à la culture. Il se trouve dans le néocortex.
Malheureusement, une bonne part de notre comportement est encore gouvernée par notre cerveau archaïque. Toutes les grandes tragédies – la Shoah, les guerres, le nazisme, le racisme – sont dues à la primauté de la composante émotive sur la composante cognitive. Or le cerveau archaïque est tellement habile qu’il nous porte à croire que tout est contrôlé par notre pensée, alors que ça ne se passe pas du tout ainsi."
(Interview réalisée par Paolo Giordano. Courrier International 963 du 16 au 22 avril 2009.) Ou ici.

2. Faible codification

Les bizutages étaient très variables selon les écoles et leurs traditions passées, mais, en gros, plus la tradition était solide, plus elle était reproductible. Cela pouvait aller d’une simple parade dans les rues, plus ou moins déguisés (dans les professions de santé), à des traditions de servitude envers les anciens durant des mois ; et aujourd’hui les WEI avec « open bars » où les activités sont très variables.

3. Jeunesse des organisateurs

Les bizutages étaient organisés par de jeunes anciens ou des dernières années, tandis que les rites de passage primitifs l’étaient par des adultes expérimentés qui suivaient strictement les traditions, avec parfois la participation de chefs ou de sorciers.
Comme signalé dans l’article d’Éducobs, il semble que la pratique des WEI ait amené un changement notable sur ce point, car ils sont de plus en plus confiés à des sociétés organisatrices d’évènements, qui ont l’avantage de connaître des locaux adaptés et de savoir gérer des weekends pour cadres pas assez dynamiques.

4. Absence d’apprentissage

Les rites de passage étaient aussi le moment d’un apprentissage social, par exemple les tabous associés aux règles, au couple, à la maternité, ou, pour les jeunes hommes, l’apprentissage de la chasse et du combat. Que ceux qui ont appris quelque chose durant leur bizutage (autre que dégrafer un soutien-gorge avec les dents ou étaler de la peinture sur un bout de chair) envoient leur témoignage au Ministère de l’Education nationale !

 Les « victimes » consentantes, celles qui doivent subir bizutage ou WEI, sont différentes les unes des autres, et nos sociétés sont moins homogènes qu’autrefois : ce qui pour quelqu’un est gênant mais faisable peut être pour une autre personne, de culture ou religion différente, un véritable traumatisme.
Il n’est donc pas facile de fixer la limite entre ce qui est acceptable et ce qui est un dérapage, même en tenant compte de la loi, qui ne donne de définition ni l’humiliation ni d’un acte dégradant.
 
Et demain ?
Pour les simples rituels, on peut envisager de les renforcer. D’ailleurs, cette tendance est déjà visible dans les écoles : petit discours, appel solennel des élèves et classes en rang lors de l’entrée en 6e, ou remise de dictionnaires en fin de CM2, bise du maire pour les filles, diplômes de secourisme, de circulation piétonne ou deux-roues, etc.

Malgré leur côté désuet et bien qu’ils puissent paraître ringards à des soixante-huitards ou des libertaires, ces rituels renforcent à la fois la cohésion sociale et l’autorité.

Le besoin de rituels est rappelé par le brillant psychiatre Cyrulnik  :

« Toutes les cultures ont inventé des rituels d’accueil et d’intégration. Il ne s’agit pas ici de bizutage et de rituels de nature sadiques. Or notre culture, durant deux générations, a ridiculisé ces rituels d’accueil. Et donc les adolescents s’inventent des épreuves bien plus cruelles que ce que la culture aurait pu leur proposer : des rituels de drogue, des rituels de contre-culture réels ou sous-terrains qui sont de très grande violence et qui n’intègrent pas les adolescents ou plutôt qui les intègrent dans des bandes contre-culturelles, contre-sociales. »

On pourrait imaginer qu’on revienne sur l’interdiction des bizutages, en y substituant une obligation de contrôle par un genre de « Comité des sages » chargé de veiller au grain, lequel pourrait même recruter un animateur extérieur. Ces « sages » pourraient être des anciens, des corpos, mais aussi des membres du corps professoral. Et comme les adultes sont de grands enfants, l’identité des membres du « Comité bizutage » pourrait être tenue secrète, une sorte de franc-maçonnerie du bizutage, avec réunions clandestines et tout le cérémonial adéquat. N’oublions pas que les rituels primitifs s’entouraient de secret et de mystère.
La perspective de devenir membre de ce comité pourrait devenir un jeu et un enjeu, une rivalité supplémentaire entre enseignants : quel professeur refuserait la perspective de faire un bisou sur la fesse d’un belle bizut, du moment qu’il serait masqué et anonyme ?
Inconvénient : gageons qu’en ces temps de principe de précaution, un tel comité aurait beaucoup de paperasse à faire, des protocoles de bizutage à signer, des rapports d’incident, des enquêtes de satisfaction et une traçabilité des séquelles psychologiques !

Bien que la prohibition de l’alcool ait jadis été un échec aux USA, et que l’alcool en France fasse infiniment plus de victimes que naguère les bizutages, il est peu probable que cette loi soit annulée.
L’avenir semble être les WEI, plus ou moins professionnalisés, plus ou moins en liaison avec les responsables d’établissements.

Conclusion

Selon la perspective anthropologique, les bizutages sont finalement des rites de passage mal organisés.
Bien que ces bizutages et WEI concernent souvent des hauts lieux de la pensée, ils paraissent fondés sur la partie animale de notre cerveau plus que sur notre cortex supérieur !
Un vernis de civilisation greffé sur une masse de pulsions primitives, un zeste de morale posé sur une cocotte-minute d’énergie primordiale ! Et à la moindre occasion, ça pète...
Les civilisations primitives ont su imaginer et gérer des rites de passage très variés, avec infiniment moins de dérapages que nous autres civilisés : peut-être faudrait-il tenir compte de leur expérience en la matière, avec une gestion par des adultes expérimentés, fêtards oui, mais sachant fixer des limites et contenir les situations humiliantes et dégradantes.

 Cette évolution semble d’ailleurs en cours avec l’organisation de certains WEI par des boîtes évènementielles. Locaux loués dans un hôtel avec piscine, vigiles à l’entrée, animateur branché, on sera certes très loin de certains bizutages de jadis, quand les aînés venant subrepticement infliger je ne sais quoi aux petits nouveaux, mais peut-être est-ce là le prix à payer pour faire perdurer ces rites de passage dont nous semblons avoir besoin.
Quoi qu’en dise Alceste ou les ermites, nous sommes un animal social.
Encore faut-il assumer cette part primitive de notre personnalité pour accepter ces rituels qui, s’ils disparaissaient, verraient la solidarité de groupe diminuer dans les réseaux sociaux.


29 réactions


  • Krokodilo Krokodilo 15 novembre 2010 10:39

    Petite faute : çà et là.
    Et un article sur Café Babel, petit tour d’horizon sur les bizutages en Europe.


  • L'enfoiré L’enfoiré 15 novembre 2010 10:41

    Salut Korokodilo,
     Bon article, bonne constatation. Au moment opportun.
     La Saint Verhaegen, c’est pour bientôt.
     Il y a les prémices qui ont commencé. Les collectes de petites monnaies pour aller se souler la g...
     Oui, je suis passé par le baptême.
     Humiliations au programme. Pas un bon souvenir.
     Dernièrement, j’apprenais que ne pas y passer représentait un rejet par ceux qui sont baptisés.
     Pas de notes de cours... Discrimination.
     Ailleurs, cela peut encore plus dégénérer.


  • Internaute Internaute 15 novembre 2010 12:13

    Le bizutage, selon la courte définition que vous en donnez, a tout à fait sa place dans l’éducation. L’esprit de corps commence par le bizutage et apporte un avantage à long terme à ceux qui peuvent en bénéficier.

    Ceci dit, le niveau culturel des étudiants a été pollué par les médias à un tel point qu’ils ne voient plus dans le bizutage des plus jeunes qu’une occasion d’assouvir leurs pulsions sauvages. Un bizutage qui se limite à l’humiliation des bizuté avec en plus une bonne dose d’humiliations à caractère sexuels devrait conduire à l’exclusion immédiate et définitive des bizuteurs de l’Etablissement public ou privé auquel ils sont inscrits.

    Il est temps de redonner au bizutage son caractère initiatique en favorisant l’imagination d’épreuves qui répondent à votre définition.


    • srobyl srobyl 15 novembre 2010 23:13

      l’esprit de corps, les rites initiatiques, tout ça c’est profondément méprisable : création de réseaux, solidarité...ca sonne bien, mais ça revient par la suite à faire « passer » un copain avant un inconnu, même si ce dernier est plus compétent, où à couvrir ou bien au minimum fermer les yeux sur des actes répréhensibles commis par un membre du réseau.Copinage...et sa variante familiale, népotisme (ça ne vous rappelle rien ?)On ne peut pas être contre les mafias, contre l’omerta professionnelle dans certains actes pédophiles, et en faveur de ces conneries que sont les bizutages


    • Krokodilo Krokodilo 16 novembre 2010 00:15

      Je suis assez d’accord, même si je n’ai pas voulu être catégorique dans l’article ; reste à savoir pourquoi ces rites semblent persister sous une forme ou sous une autre.


  • plancherDesVaches 15 novembre 2010 12:22

    Et puis... il y avait des bizutages sympa, en Médecine :
    On enferme un gars et une fille dans un ascenseur, l’un peint en jaune et l’autre en rouge, et ils devaient ressortir complètement orange smiley
    Et je ne vous explique pas avec les .. non, je ne vais pas l’écrire : il faut le voir pour le croire.

    Complètement d’accord avec vous sur l’utilité de l’intégration et qui comporte son revers :
    Le corporatisme...


  • sleeping-zombie 15 novembre 2010 12:53

    hello,

    Encore faut-il assumer cette part primitive de notre personnalité pour accepter ces rituels qui, s’ils disparaissaient, verraient la solidarité de groupe diminuer dans les réseaux sociaux.

    Vraiment ? Pourtant tu as l’air au courant que cette idiotie a disparu des facultés... la solidarité du milieu en aurait-elle diminuée ?
    toujours le même tissu de c... et toujours la même anecdote sur les peintures. Je connaissais la même, mais avec bleu et jaune.

    Bref, pour en revenir à notre sujet, un bon restau, une soirée a la plage, ça soude bien plus que n’importe quelle pratique fondée sur l’humiliation.


    • Krokodilo Krokodilo 15 novembre 2010 13:15

      Esquisse d’une bonne remarque, quoique grossièrement formulée : de quel milieu parlez-vous, les facultés en général, ou certaines filières ? J’ai bien précisé que le phénomène était plus marqué dans les grandes écoles et apparentées que dans les facs. Il est bien évident que le compagnonnage, lorsqu’il existe, tisse aussi une solidarité professionnelle, comme d’ailleurs le footing que pratiquent ensemble les pompiers, et finalement toute pratique de groupe.


    • Krokodilo Krokodilo 15 novembre 2010 13:16

      Par ailleurs, un « bon restau, une soirée à la plage » ne soude que le groupe de potes qui les a vécus ensemble, pas toute une promotion, sauf si le restau était vraiment très grand.


    • plancherDesVaches 15 novembre 2010 16:25

      Non non.

      Erreur grave, auteur.

      Les pompiers courent ensemble car ils doivent courir. Pour maintenir un niveau de forme nécessaire à sauver les autres.
      Si un pompier merde, il est lâché, contrairement aux médecins.
      Vous le savez, d’ailleurs...
      Bon « ordre » à vous.

      Cela n’a AUCUN RAPPORT AVEC LE CORPORATISME.
      Et notamment, donc, des médecins.


    • sleeping-zombie 19 novembre 2010 15:52

      (désolé pour le retard)
      -je parle des facs de sciences en terme de vécu (ou plutot d’abscence de vécu de situation de bizutage), mais d’après ce que j’ai pu entendre et voir, ça concerne toutes les facs.

      Ensuite, c’est pas dur de trouver un restau pour réserver pour 30. Au delà d’accord, mais de toute façon, une promo de plus de 30 ne sera pas plus soudée par un week-end d’intégration... elle se scindera en 5 sous-groupes de 6 et ça reviendra exactement au même. Le ressentiment de l’humiliation et le désir de vengeance en moins...


    • obismey [ Against All Authorities ] obismey [ Against All Authorities ] 15 novembre 2010 14:36

      TROLL OBVIOUSLY, IS OBVIOUS ...


  • non666 non666 15 novembre 2010 14:20

    En fait on se demande pourquoi on a legiferé sur le bizutage defini comme huliation uniquement dans le milieu scolaire.
    Le monde du travail et surtout le monde politique nous rappellent chaque jour que les vexations des petits chefs a l’egard de leur subordonnés sont un rappel constant du processus de vassalisation d’une meute.

    Couche toi et montre moi des organes genitaux ou je te mord , disent les loups.
    D’un autre coté, assez logiquement, le bizutage frappe moi les grands costaux que les petites rondouillardes mal foutues, hein ?
    Je me rappelle qu’en ecole militaire quand j’ai fait savoir que ceux qui me toucherait se feraient defoncer dans la semaine qui suivait, un par un , les « tu n’as pas d’humour », les il faut respecter la tradition" et quelques insultes ont fleuri, mais personne n’a avancé.
    Certains ont meme voulu faire peter les galons.

    Sauf qu’obeir a un ordre illlegal est illlegal....
    Mais on est d’accord, il faut avoir la tete et le physique qui va avec pour ne pas subir les phenomènes de meutes..


    • L'enfoiré L’enfoiré 15 novembre 2010 14:54

      Rite d’initiation à la vie ?
      Vassalisation des meute ?
      Humiliation gratuite.
      Bêtise de zombies.
      Volonté de ne pas être pris pour un chandelier ?

      Vous avez choisi l’école militaire, probablement dans les paras, mais nous ne sommes pas dans ce champ de préparation à la guerre dans les universités du civil
      Vous savez très bien que même en roulant les mécaniques, qu’il y a des chefs, des hiérarchies de sous-chefs, des rémoras qui suivent les requins.
      Cela fait beaucoup de monde pour un homme même bien baraqué.
      Si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que j’aurais accepté. Mais je réfléchis avec l’esprit d’aujourd’hui.
      Je n’ai d’ailleurs accepté ce genre de vie dans la suite et la vie active.
      Je ne m’appelle pas non666, mais enfoiré, me va très bien.
       smiley 


    • glopy1 15 novembre 2010 18:46

      j’ai connu le même phenomène en école de commerce... Des tonnes de mecs sont arrivés, le sourire jusqu’au slip... tout le monde est sorti sans rien dire, sauf un autre mec une fille et moi. J’ai dit que c’etait hors de question, personne ne me ferait sortir et que je n’y passerais pas. Les mecs me répondent qu’ils sont rugbyman, pas grave, moi je viens du 93, je sors de mon sac de quoi me défendre. Sur ce le principal, arrive et me dit que je ferais la même chose l’année prochaine, je rétorque que je n’ai pas envie de le faire a d’autre parce qu’on me l’a fait. La il me répond que si je n’accepte pas, je serais viré. Mes parents ayant payé, je répond que je ferais ce que je veux et pas le reste.

      Sur ce tout le monde a du se déhabiller, donner ces affaires a des gens qu’on ne connait pas, mettre des sacs poubelle, mettre ses cheveux dans un sot de colle a papier (je n’ai pas fait). S’en est sorti une suite de jeux grossiers a connotations sexuelles, du genre un homme a un stylo acroché au niveau de son sexe et doit le rentrer dans une bouteille qu’a une fille coincée entre les jambes. Une femme doit manger une banane les mains attachées dans le dos. Après on allongera des gens par terre ils devront faire rouler d’autres gens façon troncs d’arbres les uns sur les autres donc « corps a corps fille garçon », puis on devra sortir par un escalier en sous sol ou les autres jetterons avec rage des oeufs de la farine et je ne sais quoi.

      je trouve cela odieux, humiliant, scandaleux. On vous dit que vous êtes tous les mêmes, mais déja on montre les faibles de carractères, les filles coincées ou timide.

      c’est honteux indigne, cela ne doit plus arriver.


    • coralandin 21 mai 2012 14:35

      Il est un peu tard....je reagis au message de glopy1,j’aimerais savoir si ce qui vous est arrivé etait avant la loi de 1998 ou apres ?de toute façon le bizutage est en theorie interdit depuis 1928...en aucun cas le directeur de cette ecole ne pouvait vous sanctionner par un renvoi en cas de refus.


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 15 novembre 2010 17:31

    Moi je pensais que c’était les examens les vrais bizutages à la Fac !

    Vachement plus dur que de se torcher non ?


  • marc berger marc berger 15 novembre 2010 19:28

    Les bizutages ne sont qu’une négation de l’individualité, ce n’est qu’une prépa à l’entrée dans une corporation, gommant l’individu, au profit du comportement bestial de groupe, bref ceux qui aiment ça ne sont que veaux, qui seul aurait peur d’affronter un individu. 


  • srobyl srobyl 16 novembre 2010 00:00

    Dans l’Ecole où j’étais, le bizutage officiel durait une bonne semaine, avec son folklore paillard et bon enfant, mais en réalité, hors caméras, si j’ose dire, j’ai assisté à des brimades des actes de violences comme faire asseoir un bizut sur des chaussures à pointes, ou lui faire boire de la lessive, en enfermer le plus possible dans des armoires métalliques, un concours orchestré par les bizuteurs. En plus, la soumission aux anciens durait en fait toute l’année : corvées, cirage de pompes.... Heureusement, les soirs où on sentait de l’excitation chez les tortionnaires (le foyer vendait de la bière et il y avait du vin aux repas)on pouvait faire le mur pour échapper aux emmerdements. Pour ma part, j’ai eu en apparence le statut d’une « vedette » grâce (ou à cause) de mes talents d’imitateur : je devais me produire tous les soirs pendant l’étude chez les anciens, où j’imitais les profs. A ce train-là, mes résultats scolaires ont vite été en chute libre et cette « planque » m’a valu de repiquer l’année de seconde ! Et la boîte était dirigée par un gugusse qui avait été muté déjà suite à une bavure mortelle pendant un bizutage (saut du 1er étage) ! 


  • Superyoyo 16 novembre 2010 00:44

    Je garde un bon souvenir du bizuthage. Ca durait un mois chez nous (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg). Réveillé dans la nuit pour chercher un bled paumé sur la carte de France (affichée obligatoirement au mur de la chambre), obligé de faire des pompes de différentes sortes, un règlement stupide (mais plutôt amusant) à respecter, mais aussi des invitations au resto. Ca s’est bien passé parce que comme vous le soulignez, il n’y a pas eu d’humiliation, tout cela était fait dans la bonne humeur et dans un but d’intégration.


    • glopy1 17 novembre 2010 18:39

      un bizutage peut être drole, si c’est fait intelligement, mais la soumission a diverses brimades est innacceptable, parce que nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement parlant.


  • clostra 21 novembre 2010 11:18

    Il s’agit bien de définir clairement ce qu’est le bizutage et de rendre un hommage à Ségolène ROYAL qui a su exercer au féminin sa charge ministérielle.


    • clostra 21 novembre 2010 11:54

      D’ailleurs, à ce sujet, on aimerait bien que cette candidate aux primaires PS nous en dise un peu plus sur ce qu’elle pense du bizutage des primo délinquants, de l’armement de la police municipale censée être proche des habitants, de tous les habitants : a-t-elle la distance nécessaire pour cela ? de préciser son rôle dans l’accompagnement des enfants qui en ont le plus besoin.
      Les « gros bonnets » n’habitent pas ces quartiers. Alors ?


  • Georges Yang 21 novembre 2010 12:53

    La fin du bizutage entre dans la ligne du nouvel orde moral, un pays qui fait une loi antitabac et interdit la vente d’alcool aux jeunes ne peut accepter le bizutage

    AUTRES TEMPS, AUTRES MOEURS, les etudiants preferent Face book et les jeux videos pour se socialiser
    Le bizutage avait le merite d’identifier les faibles, mais dans une societe qui veut supprimer les notes dans le primaire pour ne pas « traumatiser » les enfants, se genre de pratique n’a hela splus sa place


    • Krokodilo Krokodilo 21 novembre 2010 15:34

      Une société n’a pas à rougir de se chercher des valeurs morales, souvent en tâtonnant, parfois à coups de polémiques où se mêlent malheureusement des positionnements politiques, comme dans le débat sur les notes au primaire. Mieux vaut en débattre librement que d’attendre l’avis de tel ou tel vieux prélat censé tenir ses infos de Dieu lui-même. Comme je vous l’ai dit sur votre article, les activités ne manquent pas pour tous les adeptes de la loi du colt, de l’individualisme exacerbé, même dans nos sociétés bien moins policées qu’ll n’y paraît.
      Pour les notes au primaire, un enfant qui fait 25 fautes dans sa dictée le saura, du moment qu’on souligne les 25 fautes avec ou sans un infamant et stigmatisant zéro à côté. La suppression des notes au primaire n’empêcherait nullement ni l’évaluation, ni la récompense du mérite et de la progression, pas plus qu’elle ne changerait le parcours scolaire général de l’élève. La Finlande ou la Suède ne me semblent pas décadentes.


    • Waldgänger 21 novembre 2010 15:48

      C’est exact, ce sont des systèmes scolaires plutôt stricts, sélectifs et qui demandent beaucoup de travail.


    • Asp Explorer Asp Explorer 21 novembre 2010 18:49

      Il est vrai que dans ce pays, on fait tout pour encourager la médiocrité, soulager l’incompétence, louer la faiblesse, indemniser l’inaptitude. La droite le favorise, car c’est leur intérêt de proroger l’héritage de leur caste. La gauche en est complice par dogmatisme bien-pensant crétin. Le pays tout entier en souffre, car à chaque génération, on sélectionne les plus bêtes pour devenir dirigeants, tandis que les éléments de valeur, découragés, comprennent bien que leur salut est dans l’exil.


    • Georges Yang 22 novembre 2010 10:33

      Vivre en Suede ou en Finlande, vous appelez ca vivre ?


Réagir