mercredi 17 juillet 2019 - par Laconique

Les docteurs de l’Église sont-ils chrétiens ?

La scolastique reste la philosophie officielle de l’Église catholique. Le concile de Vatican II, les papes Pie XI, Pie XII, Paul VI, Jean-Paul II, entre autres, ont réaffirmé unanimement la primauté incontestée du docteur angélique en matière de théologie. Pourtant, certains chrétiens restent réfractaires à la Somme théologique, et ne peuvent s’empêcher de constater un hiatus entre l’idéal scolastique et la Parole de Dieu telle qu’elle s’est révélée dans les Saintes Écritures.

 Je discutais l’autre jour avec un ami catholique.

 « Je me suis toujours efforcé d’être un bon chrétien, me dit-il. J’ai suivi les recommandations du Magistère en matière d’autorités intellectuelles, et j’ai étudié les deux plus grands docteurs de la Tradition, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin. Je n’oublie pas que Jean-Paul II a vivement recommandé, dans son encyclique Fides et ratio (1998), l’étude de saint Thomas d’Aquin, qualifié de « maître de pensée et [de] modèle d’une façon correcte de faire de la théologie » (43), ou que Léon XIII, dans son encyclique Æterni Patris (1879), le qualifiant « d’homme incomparable », exhorte le peuple chrétien « à remettre en vigueur et à propager le plus possible la précieuse doctrine de saint Thomas », pour échapper à « l'immense péril dans lequel la contagion des fausses opinions a jeté la famille et la société civile ».

 Je reconnais, chez Augustin, chez Thomas, une pensée ferme, abondante, un amour sincère de la vertu, une recherche ardente de la vérité. Mais tout ceci, précisément, me semble plus grec, plus philosophique, que véritablement chrétien. Dans sa Somme théologique, Thomas d’Aquin professe par exemple que « la volonté de Dieu est immuable » (I, 19, 7). Mais ce n’est pas du tout ce que nous dit la Bible ! Dieu change tout le temps d’avis dans la Bible, il change d’avis sur le sort de Sodome et Gomorrhe quand Abraham plaide en faveur des « dix justes » (Gn, 18, 32), il renonce à exterminer les Hébreux dans le désert après le veau d’or lorsque Moïse intercède pour eux (Ex, 32, 10), il change tout le temps d’avis chez les prophètes, frappant et bénissant tour à tour son peuple. Mais on comprend bien d’où saint Thomas a tiré sa proposition d’une « volonté immuable » : il était habité par l’idéal platonicien, néoplatonicien, plotinien, de l’Un, immuable, éternel, intangible, etc. C’est très grec, mais ce n’est pas du tout biblique.

 Même chose chez Augustin. Augustin parle tout le temps d’« éternité », de « vertu », de « bien », de « mal », de « substances corruptibles », « incorruptibles », etc. Là aussi c’est un vocabulaire philosophique, qui ne figure presque pas dans la Bible.

 À vrai dire, c’est la notion même de Dieu de ces penseurs qui me gêne. Leur Dieu est une abstraction, c’est le Dieu universel des philosophes. Or le Dieu biblique est un Dieu concret, personnel, inscrit dans l’histoire. C’est ainsi que Yahvé se révèle dans le buisson ardent : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex, 3, 6). Ou encore : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex, 20, 2). C’est ainsi que Dieu se définit dans la Bible, le Dieu d’un petit peuple, de certains hommes choisis, et pas une abstraction universelle.

 Il en est de même pour le Nouveau Testament. Là aussi, c’est à partir du concret, de l’historique, que Dieu se révèle. Il n’y a pas de Dieu ineffable trônant dans les nuages dans le Nouveau Testament, il n’y a que le Fils, le Saint-Esprit et le Père. Le Fils qui est le seul chemin vers le Père et le seul dispensateur du Saint-Esprit. Si l’on va au-delà, si l’on conçoit un Dieu absolu, monolithique, immuable, on tombe dans le Dieu unique de l’islam, dans la substance de Spinoza, dans le Dieu horloger de Voltaire. Ce n’est plus du tout chrétien.

 Encore une fois, je ne veux pas du tout faire preuve de subversion. Je reste et je resterai toujours humblement soumis à notre sainte Mère l’Église. Mais comprends-moi bien : c’est le Dieu d’Abraham, de David et de Jésus-Christ que je prétends suivre, et pas celui d’Aristote et de Platon. »



28 réactions


  • Gollum Gollum 17 juillet 2019 10:21

    Dans sa Somme théologique, Thomas d’Aquin professe par exemple que « la volonté de Dieu est immuable » (I, 19, 7). Mais ce n’est pas du tout ce que nous dit la Bible ! Dieu change tout le temps d’avis dans la Bible, il change d’avis sur le sort de Sodome et Gomorrhe quand Abraham plaide en faveur des « dix justes » (Gn, 18, 32), il renonce à exterminer les Hébreux dans le désert après le veau d’or lorsque Moïse intercède pour eux (Ex, 32, 10), il change tout le temps d’avis chez les prophètes, frappant et bénissant tour à tour son peuple.


    Et ça vous plait que Dieu change d’avis tout le temps ? Moi ça me fait fuir.


    Aucune confiance dans un type qui est si peu sûr de lui, si peu compatissant qu’il faut que ce soit Abraham qui lui suggère la marche à suivre, comme un gosse capricieux qu’il faudrait perpétuellement remettre sur les rails..


    Cela ne vous choque pas que Dieu est moins compatissant qu’Abraham ?

    Que ce soit Moïse qui soit obligé d’intercéder ?


    Ce Dieu biblique est tellement peu crédible que Thomas, comme Augustin, en sont revenus à des conceptions beaucoup plus raisonnables, bref philosophiques, pas tout à fait satisfaisantes pour un esprit comme le mien, mais certainement meilleures que le dieu (minuscule obligatoire dans un tel cas..) biblique, capricieux, bête et méchant...


    En tous les cas la foi rend bête.


  • popov 17 juillet 2019 10:26

    Les peuples se fabriquent des dieux à leur image.

    Le dieu des juifs et des mahométans a pour modèle le petit chef de clan qui règne en maître absolu sur ses femmes, ses chèvres, ses brebis et ses chamelles. Imbu de lui-même, il ne supporte aucune critique. Narcissique à l’extrême, il aime écouter les gens faire ses louanges. il sait se montrer magnanime de temps en temps, mais c’est parce qu’il aime s’entendre dire qu’il est magnanime.

    Si les nomades du désert ont choisi le monothéisme, c’est par pure avarice : un dieu unique coûte moins cher que plusieurs. Ils ont interdit ses représentations, parce qu’ils ne pouvaient se coltiner une statue en bronze ou en marbre à travers le désert.

    Le dieu des chrétiens a été greffé sur ce vieux Yawé mais a été doté de toutes sortes d’enjoliveurs piqués aux mythologies indo-européennes et à la philosophie grecque.

    Quand une nouvelle religion apparaît, elle reprend ce qui a fait recette dans les religions précédentes. Elle reprennent le ou les dieux précédents, leur font une vidange d’huile, débossellent les carrosseries, leur donnent un coup de peinture, et ça roule quelques siècles supplémentaires.


  • Attila Attila 17 juillet 2019 10:31

    Bien vu.

    Exemple concret : même les juifs les plus orthodoxes ignorent la notion de « péché originel ». Jésus de Nazareth n’en dit rien.

    Où ont-ils été chercher cette notion de « péché originel » ? D’après l’historien Jean Delumeau ce n’est qu’une interprétation et , d’ailleurs, il en propose une autre beaucoup plus convaincante à mon goût dans l’ouvrage « Le péché et la peur ».

    De plus, sur le plan idéologique, cette notion de « péché originel » est incohérente avec la parole du Christ. C’est une notion rapportée (d’influence grecque d’après certains textes).

    .


    • Gollum Gollum 17 juillet 2019 11:19

      @Attila

      Le péché originel d’influence grecque ? smiley

      Certainement pas. Rien de plus éloigné de la mentalité grecque que cette notion culpabilisante de péché originel. 

      Qui fut introduite essentiellement par Augustin. Sur une interprétation de l’épitre aux Romains de Paul, et la Genèse bien sûr...

      Sinon excellent bouquin que celui de Delumeau montrant un monde chrétien en proie à une véritable névrose collective et cela pendant des siècles..

      C’est d’ailleurs assez surréaliste à lire, on ne s’imagine pas à quel point les hommes ont été capables de se tirer des balles dans le pied avec des conceptions foireuses et mortifères..


    • Attila Attila 17 juillet 2019 12:07

      @Gollum
      Il y a grec et grec. Entendu sur France Culture au siècle dernier : « L’idée de Nature a été inventée par les philosophes pour s’opposer à la mythologie grecque »
      Pas influencé par les philosophes grecs, Saint Augustin ?
      "Le lien qu’Augustin entretenait avec les philosophes néoplatoniciens l’a amené à introduire leur vue dans l’Église, ce qui a eu un effet sur le développement de la doctrine. "
      Lien

      .


    • Gollum Gollum 17 juillet 2019 13:48

      @Attila

      Ce n’est pas parce qu’un site bibliste américain proclame qu’Augustin a pompé sur les néoplatoniciens que cela est vrai (Delumeau fait la même erreur du reste).

      Le mieux est de lire le plus célèbre des néoplatoniciens : Plotin.

      Qui a écrit toute une diatribe contre les gnostiques (traité 33) et qui vilipende le dualisme gnostique, avec d’un côté l’esprit et de l’autre la chair. Indiquant par là qu’il refusait ce dualisme auquel a adhéré Augustin. On peut même dire que si Augustin avait fait siennes les vues de Plotin il ne serait pas tombé dans ce dualisme.

      Donc ce dualisme vient d’ailleurs. Et franchement il y a de quoi faire entre les phrases du Christ disant que ce monde est sous la coupe du Prince de ce monde, la honte du corps d’Adam et Ève suite au péché, etc...

      St Paul que votre site présente presque comme un adepte des plaisirs charnels disait plutôt que le mariage était fait pour ne pas brûler et était donc un pis aller... Le mieux étant la chasteté...

      D’ailleurs les premiers chrétiens étaient tous bâtis sur le même moule, vilipendant les plaisirs sensuels et les femmes.. Tertullien & Co.. Ils auraient été tous influencés par le néo-platonisme ? Allons donc...


    • Attila Attila 17 juillet 2019 17:12

      @Gollum
      « Toutefois, le néo-platonisme qui a fortement influencé sa conversion »
      Augustin

      .


    • Gollum Gollum 17 juillet 2019 17:27

      @Attila

      Vous sélectionnez que ce qui vous arrange. Je vous donne le contexte global :

      De son passé manichéen, il garde une forte distinction entre le Bien et le Mal. Toutefois, le néo-platonisme qui a fortement influencé sa conversion l’a amené à une conception d’un Dieu fort qui, à l’inverse du Dieu faible des manichéens, assure qu’à la fin le Bien l’emporte.

      Bref, le dualisme chrétien fait suite au dualisme manichéen (et non pas néo platonicien). Mieux, le néo-platonisme assure la victoire finale du Bien. 

      Bien évidemment cette victoire finale dans le cadre du christianisme sera très relative puisque les damnés seront légion et les élus très peu nombreux.

      Alors que pour le néo-platonisme la victoire du Bien est totale et non pas partielle.


    • Attila Attila 17 juillet 2019 19:11

      @Gollum
      "La formation qu’il a reçue à Carthage est celle des lettrés romains de l’époque " Wikipedia
      Donc, de culture romaine, influencé par le néoplatonisme, le manichéisme et sans doute d’autres choses, sa conception du monde n’est pas celle de Jésus de Nazareth et de ses disciples.

      .


    • Jonas Jonas 18 juillet 2019 00:16

      @Attila « Exemple concret : même les juifs les plus orthodoxes ignorent la notion de « péché originel ». Jésus de Nazareth n’en dit rien. »

      Le péché originel, c’est la chute de l’homme. Adam et Eve expulsés du jardin d’Eden.
      Le rachat de ce péché est annoncé par la venue de Jésus Christ :
      « Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. »
      Jean 1:29

      "Allez, et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.« 
      Matthieu 9:13

       »Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère ; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux derniers ; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus : va, et ne pèche plus."
      La Bible - Jean 8:3-8


    • Attila Attila 18 juillet 2019 09:23

      @Jonas
      "Nous avons donc ici un mythe qui, pris au second degré, présente symboliquement le déroulement de l’existence humaine du début de la vie jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. Le paradis perdu symbolise l’enfance qu’il faut quitter pour atteindre la maturité et la majorité. Ainsi ce qui est lu au premier degré comme une chute ou un péché contre Dieu, apparaît au second degré comme une transgression salutaire qui conduit à l’accomplissement de soi. "
      Lien
      .
      C’est l’interprétation proposée par Jean Delumeau.

      .


    • Gollum Gollum 18 juillet 2019 09:56

      @Attila & Jonas

      Sauf que votre interprétation n’a jamais été celle en vogue dans le monde chrétien.

      La conception en vogue a été que l’homme a été hyper coupable, que cette culpabilité s’est transmise par la naissance et que donc un nourrisson est coupable d’office, que le monde est mauvais, que l’homme n’est capable que du mal, etc..
      Que Dieu est hyper bon mais que sa justice est supérieure à sa miséricorde et qu’en conséquence il punit davantage qu’il ne récompense. Un véritable double langage typique d’une mentalité sectaire..

      Là encore lire Delumeau pour bien mesurer cette dinguerie collective...


    • Attila Attila 18 juillet 2019 13:17

      @Gollum
      Delumeau dit que cette dinguerie collective est surtout chez les « élites » : relisez-le.
      Délibérément ou à l’insu de votre propre plein gré, vous confortez la thèse de l’auteur, le décalage entre le discours des élites du clergé et la parole du Christ : il y a bien eu une vogue de culpabilisation à outrance de la part de ces élites du clergé.

      .


    • Gollum Gollum 18 juillet 2019 13:45

      @Attila

      Ben évidemment qu’elle est surtout chez les élites. Puisque c’étaient eux qui donnaient le la.

      Malgré tout il y bien eu imprégnation du bon peuple d’où ces crises collectives de fidèles, complètement désespérés à la nouvelle que peu de personnes seraient sauvées, tout d’un coup secoués de spasmes se roulant par terre dans des crises de désespoir quand cela ne finissait pas en suicides..

      Mais une bonne partie du bon peuple aussi renâclait. Notamment sur le plan de la morale sexuelle. D’où des prêches de prédicateurs essayant de remettre sur le bon chemin.

      le décalage entre le discours des élites du clergé et la parole du Christ 

      Il y a sans doute un décalage mais n’est ce pas le même Christ qui nous disait qu’un bon arbre ne peut porter que de bons fruits ? Que l’église bla, bla, bla... et que les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle ? Dès lors que penser de cette dinguerie collective ? Est-elle en droite ligne du fondateur ou pas ? Si elle est en continuité il faut se poser des questions sur le fondateur.. Si elle ne l’est pas il faut aussi se poser des questions puisque soi-disant tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église, bla, bla, bla...

      Dans les deux cas il y a comme un problème... smiley


    • Jonas Jonas 18 juillet 2019 23:02

      @Attila « C’est l’interprétation proposée par Jean Delumeau. »

      C’est peut être son interprétation, mais ce n’est sûrement pas celle de l’Église Catholique !

      ---------------------------------------
      "Ainsi ce qui est lu au premier degré comme une chute ou un péché contre Dieu, apparaît au second degré comme une transgression salutaire qui conduit à l’accomplissement de soi.« 

      Le péché est une fatalité, chacun de nous l’a en lui, puisqu’il fait de chair et de sang, donc soumis à la tentation, la jalousie, l’envie.

      Le péché n’est pas une »transgression salutaire« , mais un acte de rébellion contre Dieu, que l’homme doit combattre en accomplissant les bonnes œuvres, comme le demande Jésus Christ, s’il veut mériter le Salut.
       »Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
      Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux."
      Matthieu 5:14-16


    • Gollum Gollum 19 juillet 2019 09:58

      @Jonas

      Ah ben voilà ! Retour à la bonne vieille culpabilité doctrinale... smiley

      Merci de remettre les points sur les i..

      Ceci dit Augustin lui-même était allé dans le sens de Delumeau en déclarant :


      Bien heureuse faute d’Adam qui nous valut un tel rédempteur !

      Alors ? Augustin hérétique ? smiley smiley


  • Decouz 17 juillet 2019 11:07

     "De façon générale donc, Duns Scot et Thomas d’Aquin en sont venus à incarner deux pôles de pensée qui définissent deux ensembles d’affinités et d’habitus opposés. C’est cette opposition fondamentale qui structure l’histoire des débats philosophiques et théologiques entre dominicains et franciscains et leurs alliés respectifs. Dernier exemple de la récurrence de cette opposition au fil des siècles, voici comment Benoît XVI, dans sa conférence de Ratisbonne prononcée en 2006, reprend la distinction (et l’opposition) entre théologie de la volonté (scotisme) et théologie de l’intelligence (thomisme) et résume à sa façon les deux grands courants qui traversent la philosophie et la théologie chrétiennes :« 

    https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2009-v62-n3-4-haf3529/038519ar/

     »Le 10 juin dernier, devant une foule de fidèles, le Pape a procédé à une réhabilitation éclatante du penseur irlandais Jean Scot Érigène, annulant ainsi la sévère sentence prononcée au XIIe siècle par son lointain prédécesseur Honorius III.

    L’œuvre théologique de Jean Scot (810-870), qui eut son heure de gloire, fut durement censurée par les autorités ecclésiastiques et disparut des bibliothèques. Pourtant, a fait observer le Pape actuel, «  sa théologie est tout entière tendue vers un au-delà d’elle-même où l’effort conceptuel trouve sa récompense et ses limites : la contemplation et l’adoration silencieuse de Dieu  ».

    https://www.france-catholique.fr/Scot-Erigene-rehabilite.html


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 17 juillet 2019 12:08

    @ l’auteur

    La soumission à notre sainte Mère l’Église de votre ami n’est pas vraiment chrétienne. En tous cas pas « jésuïste » (je n’ai pas écrit « jésuite »).

    Cet ami devrait réfléchir aux conceptions actuelles de son Église, se souvenir que son Nouveau Catéchisme réaffirme, en 1998, qu’il faut continuer de croire en une prétendue « bonne violence » prétendument "voulue par Dieu" à l’époque de l’Ancien Testament .

    Le pape Jean-Paul 2 a présenté ce Nouveau Catéchime comme le Guide spirituel pour le XXIe siècle. Il est en réalité, concernant les dramatiques problèmes de notre époque, le Guide des intégristes catholiques qui croient que les solutions à ces problèmes sont dans la violence.

    Les catholiques n’ont pas, bien au contraire, à rejeter ce qui fait aussi de leur Dieu "le Dieu universel des philosophes". Ils ont à croire vraiment que la Parole de Jésus de Nazareth, contenue dans les Évangiles, doit alimenter leur conception de l’humanité.

    Ceci est particulièrement important dans notre monde actuel où l’slam, réanimant la croyance dans « la bonne violence voulue par Dieu » est promu aussi bien par les athées occupant les pouvoirs politiques et médiatiques que par l’Église catholique.


  • ddacoudre ddacoudre 17 juillet 2019 16:38

    Bonjour Si tu cherches le Dieu qui vient parler à l’oreille des prophètes tu ne trouveras que des inspirations humaines. Comme celles des philosophes si tu cherches l’indéfinissable celui que l’on ne peut ni nommé ni voir il faudra que tu attendes de mourrir et la fin du cycle de vie car ta mort ne sera qu’un changement d’état. Mais si tu veux vivre bien en ayant la foi en une chose dont tu ne sais rien écoute les messages de ceux qui ont été inspirés pour que les hommes vivent dans la paix. C’est la conscience de se tromper qui entraîne le devoir de pardonner qui ne peut se concevoir que si l’on s’aime les un les autres, si pour vivre cela il faut que tu t’attaches à un intercesseur qu’il soit de pierre ou de bois, fils de Dieu, prophète, ou philosophe, ce sont les paroles de vie qu’il prononce qui sont importantes. Tu peux chercher Dieu dans ton cerveau, mais c’est toi que tu trouveras. Tu peux chercher Dieu dans l’esprit dont il recouvre la terre, c’est l’inspiration que tu trouveras de ce que tu es capable de comprendre et de ressentir. Les livres ne sont faits que pour rapporter, ils ne détiennent aucune vérité il nous aide seulement à trouver la nôtre dans notre rapport aux autres. Ils ne racontent pas de mensonges ni de vérité mais ils reposent sur des choses réelles qui ont été retranscrites distordus par le temps et l’oralité. Ils témoignent d’une connaissance de la vie et de l’homme. La difficulté reste de traduire contemporainement beaucoup de métaphores et de conte poétiques. La genèse qui raconte la punition du travail, n’est lie qu’au début du néolithique qui a vu l’homme se mettre au travail parce que la nature (le jardin d’Éden) ne pouvait plus les nourrir. Et les hommes se sont battus pour la rareté (Abel Caen). Une autre les hommes savaient qu’il n’y avait pas d’enfantement miraculeux. Les Grecs archaïques avaient appelé la terre Gaïa la terre nourriciere qui donne la vie. C’était la période de la place de la femme avant que l’homme ne s’y substitue et prenne en charge la femme pour la sortir d’une vie d’objet « sexuel ». Marie qui reçoit l’esprit de Dieu qui la recouvre de son hombre pour donner la vie, qui vient de Dieu, son fil fait homme , n’est que la reconnaissance de la place essentielle de la femme l’égale de la terre concubine ou femme de Dieu. Je ne crois pas qu’il eu été possible d’expliquer cela il y a 2000 ans. Est ce que ça retire quelque chose à Jésus Christ, pour moi rien. Ce qu’on lui a prête d’avoir dit reste valable dans son fondement que j’ai écrit pour que les hommes vivent en paix. Est ce que Dieu existerait si le Christ ou Mahomet n’existaient pas. Il ne faut pas inverser le processus ce n’est pas eux qui ont fait Dieu, il se sont inspirés de la vie, « de l’Esprit Saint »dont ils se sentaient dépendants et dans lequel ils baignaient pour en comprendre qu’il était fait pour donner la vie à vitan eternam (la résurrection).. Sortir d’une lecture éculé de la bible ferai le plus grand bien au église ou à la vie tout cours. Car avoir remplacé Dieu par des banques est bien pire. Cordialement ddacoudre overblog


    • microf 18 juillet 2019 10:20

      @ddacoudre

      Bravo, quel, beau témoignage de la FOI, un seul mot, continuez. 
      Si c´est Jésus qui vous répondait, Il vous aurait dit ceci, vous n´êtes pas loin de la vérité.


  • Louise Louise 17 juillet 2019 20:58

    Ce n’est pas dans les livres que l’on peut rencontrer Dieu !

    Mais seulement tout au fond de son cœur ; si possible en expérimentant l’essentiel du message de Jésus à savoir l’amour des autres.


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 18 juillet 2019 08:01

      @Louise

      Nous avons aussi un devoir collectif par rapport à la croyance en Dieu : en finir, collectivement, avec cette croyance particulière qui fait, dans une large mesure, la violence du monde : la croyance en de prétendues « bonnes violences » prétendument « voulues par Dieu ».
      C’est trahir le message de Jésus que de continuer d’enseigner dans le christianisme que, jusqu’à son arrivée et son auto-sacrifice, cette croyance était justifiée, et qu’elle l’est toujours aujourd’hui.


  • Jonas Jonas 18 juillet 2019 00:06

    "À vrai dire, c’est la notion même de Dieu de ces penseurs qui me gêne. Leur Dieu est une abstraction, c’est le Dieu universel des philosophes....Il n’y a pas de Dieu ineffable trônant dans les nuages dans le Nouveau Testament, il n’y a que le Fils, le Saint-Esprit et le Père. Le Fils qui est le seul chemin vers le Père et le seul dispensateur du Saint-Esprit« 


     »Si le Christ est le véritable Fils, il s’ensuit nécessairement qu’il est Dieu véritable. Ce qui est engendré, même s’il naît de la substance de celui qui l’engendre ne peut être appelé vraiment fils que s’il est de même espèce que celui dont il procède. Si donc le Christ est vrai Fils de Dieu, il faut qu’il soit vrai Dieu. Il n’est donc pas une créature.« 
    Saint Thomas d’Aquin — »Somme contre les Gentils« — p796

     »L’Écriture affirme clairement que l’Esprit-Saint est l’Esprit du Fils : Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, dit Paul aux Romains, il ne lui appartient pas.« 
    Saint Thomas d’Aquin — »Somme contre les Gentils" — p847



  • Jonas Jonas 18 juillet 2019 00:28

    "Il n’y a pas de Dieu ineffable trônant dans les nuages dans le Nouveau Testament, il n’y a que le Fils, le Saint-Esprit et le Père.« 


     »De tout cela, il faut retenir qu’il n’y a que trois personnes à subsister dans la nature divine, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et que ces trois personnes, distinctes entre elles par les seules relations, sont un seul Dieu.« 
    Saint Thomas d’Aquin — »Somme contre les Gentils » — p853


  • Decouz 18 juillet 2019 09:03

    Je suis en train de lire « Sodoma », il n’est pas question uniquement de l’homosexualité, qui semble plutôt pratiquée, mais aussi des luttes de clans au Vatican, homo pratiquants, homophobes et homophiles, s’opposant ou appuyant la politique du pape.
    Plus que l’homosexualité, c’est l’hypocrisie et le double langage qui est dénoncé.


    • Gollum Gollum 18 juillet 2019 10:04

      @Decouz

      Ce qui serait intéressant c’est d’analyser les raisons de cette homosexualité massive au Vatican. Et qui à mon avis, ne date pas de Vatican 2 comme le suggère Jonas. Martel n’étant pas philosophe ne le fait pas.

      Personnellement, la façon d’envisager le réel me semble entrer en ligne de compte.

      Un esprit mâle veut savoir, domination, conquête. Or l’Église prône tout l’inverse. Cela favorise d’emblée les esprits féminisés pour lesquels l’amour compte davantage, la soumission aux autorités aussi, une certaine dévalorisation du savoir, ce dernier n’étant pas compris dans son essence profonde, etc...

      D’ailleurs Martel épingle au passage tous les écrivains catholiques français du siècle dernier qui, curieux hasard, sont tous homophiles : Maritain, Guitton, etc...


  • microf 18 juillet 2019 10:34

    Á l´auteur.

    Si vous rencontrez encore une fois votre ami Catholique posez lui la question au nom de qui il a été baptisé dans la FOI Catholique. Est ce au nom d´un docteur de la loi, d´un prophète, d´un Pape ou au Nom de Jésus le Christ.

    S´il vous répond qu´il a été baptisé au nom d´un docteur de la loi, d´un prophète,  d´un Pape, alors, conseillez le de recommencer á prendre des cours de Cathéchisme.

    Mais s´il vous répond qu´il a été baptisé au Nom de Jésus le Christ, alors il est sur la bonne voie, encouragez le de rester sur cette voie et conseillez le d´oublier les trois autres á savoir docteur de la loi, prophète et Pape et de se concentrer sur celui qui est mort pour lui sur la Croix afin qu´il ait la vie la vie Éternelle á savoir, Jésus le Christ.


  • shadrack shadrack 1er août 2019 12:06

    Bonjour, 

    Dans Fides et ratio, JPII écrit clairement qu’il n’a jamais lu d’esprit aussi supérieur que Anselme de Cantorbery, sans renier pour autant son admiration intellectuelle et spirituelle pour Thomas d’Aquin et Augustin.

    Fraternellement.


Réagir