vendredi 24 février 2017 - par

Les français et leur bagnole

L'auteur est un de ces inadaptés sociaux qui ne conduit pas et comme je ne me refuse jamais aucun scrupule je m'en fiche complètement. Bien sûr, c'est plus facile de l'être en banlieue parisienne ou à Paris. Là-bas ne pas conduire n'est pas un handicap contrairement à la province où les réseaux de transports en commun sont dramatiquement sous-développés à l'exception des traditionnels cars hors d'âge qui tournicotent encore entre les petits villages. Ainsi que partout ailleurs le « tout voiture » y a été favorisé et les réseaux ferroviaires secondaires abandonnés pour la plupart.

Je ne déteste pas admirer les belles carrosseries, les « designs » bien faits. J'aime bien le côté « ancienne mode » de certaines nouvelles voitures mais au fond constatant les ravages de la pollution, cela ne me déplaît pas d'être un de ces inadaptés...

Il existe une très forte hypocrisie autour de celle-ci et en particulier celle engendrée par les voitures, poids lourds et « deux roues ». Les interdictions, les vignettes diverses et variées, la taxation des véhicules polluants n'y changeront rien. Les français continueront à rouler en bagnole jusqu'à épuisement des stocks de carburant fossile. Et la bagnole demeurera encore longtemps cet objet fantasmatique qu'elle a toujours été. L'individu maître, (en théorie !), de son véhicule, aime cette sensation de puissance dans les mains, d'avoir virtuellement droit de vie et de mort sur les piétons ou les cyclistes.

S'il n'y avait pas la « peur du gendarme » et de la punition, je suis persuadé que certains conducteurs n'hésiteraient pas à s'en donner à cœur joie.

Le vernis de civilisation chez eux est extrêmement mince, il se craquelle vite. Pour se consoler, pour compenser on peut les entendre faire ronfler violemment leurs moteurs avec fébrilité aux feux ou aux « stop ». Et puis c'est une manière de se croire plus libre en avalant les kilomètres, en croyant s'évader d'un quotidien aliénant en dévorant le bitume comme dans « Point Zéro » ce fameux films des années 70 de Richard Sarafian. Certains se vengent de leurs frustrations et carences intellectuelles, ils ont une belle bagnole ils ne sont pas si nuls que cela finalement...

La pollution d'ailleurs disent-ils en chœur, c'est un souci de « bobo » mon bon monsieur, un truc de gauchiste qui veut empêcher le petit peuple de rouler autant qu'il le veut. La bonne excuse ! Si certains bourgeois pédagogues aiment bien effectivement faire la leçon aux petites gens et rouler qui en vélo électrique, qui en voiture à batterie rechargeable, ils ont pour la plupart les moyens de partir en vacances en avion et de laisser alors une empreinte carbone largement supérieure. Mais là encore ce n'est pourtant pas une raison. L'hypocrisie des uns n'excuse en rien l'inconscience des autres.

Dire tout cela à un amoureux de la bagnole, de sa bagnole, c'est généralement risquer de l'entendre évoquer dans le meilleur des cas et s'il est bien luné à ce point de la discussion les arguments habituels : les véhicules électriques auraient des conséquences bien pires, la vitesse sur la route ne tue pas tant que ça, et les incivilités sont une invention des « bobos » pour prélever des impôts sur le dos des pauvres citoyens automobilistes. Certes ce n'est pas entièrement faux mais le comportement des conducteurs serait plus civique il n'y aurait plus de « vache à lait ». Point d'orgue de ces arguments, la cerise sur le gâteau :

« Et de toutes façons tu ne peux pas comprendre, tu ne conduis pas. ».

Je parle des conducteurs mais les femmes ne sont pas en reste et certaines conductrices sont plus radicales encore que les mâles. Elles ont sans doute l'impression de se libérer de quelque chose l'espace de quelques instants au volant. On note que les 4X4 qui envahissent nos villes sur le même principe de l'inutilité indispensable que les « doudounes » beaucoup trop chaudes sous nos latitudes à la mode en ce moment.

Il arrive que je rêve que toutes ces voitures, tous ces smartphones tombent un jour en panne mais c'est illusoire...

 

Sic transit gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

Dessin de Serres empruntée au site « Bédéthèque »

 




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