Les Lâches au pouvoir, ou « une main de fer dans un gant de velours »
C'était évident depuis toujours, du moment que des circonvolutions communicantes étaient menées. Déjà avant notre bon président monsieur Emmanuel Macron, mais surtout avec lui et sbires – affichés ou conseillers, publics ou privés. Les Lâches ont pris le pouvoir.
C'est arrivé tout en douceur, sans bien qu'on s'en rende compte. Ce qui est présenté pour du (néo)libéralisme, devient de moins en moins (néo)libéral : c'est-à-dire que ça accorde de moins en moins de libéralités civiles, de la part du « souverain » – sur la base de libéraux bouffis par le libéralisme financier depuis deux-trois siècles. C'est très tordu, retors, vrillé.
Il se trouve que des puissances privées se sont largement dégagées, et font « concurrence » au public. Le public est présenté par elles, comme tendanciellement dictatorial, autoritaire, monarchique. Mais les véritables décideurs expéditifs sans mandat, aujourd'hui, ce sont les entrepreneurs – et surtout ceux des grandes firmes.
Aussi se fondent-ils dans la masse, sans pouvoir y disparaître, bien qu'ils se cachent dans ses replis, au titre de citoyens lambda-sans-être-aussi-lambda-que-ça. C'est le règne du en-même-temps macronien, qui n'en est que l'expression « claire obscure » (car cela ne peut pas être autrement que « clair obscur »).
Alors, bien entendu, il y a toujours eu des puissances avec lesquelles durent composer les pouvoirs publics. Mais pas à ce point-là contemporain, digne des sciences-fictions mettant en scène des mégacorporations, de Metropolis à Cyberpunk 2077. Les mondes de Jules Verne déchantent, et c'est ainsi que l'on se retrouve avec une lâcheté de faits – une lâcheté au pouvoir, d'alliance bâtarde public-privé.
Les Lâches sont au pouvoir, qui n'endossent pas entièrement leurs responsabilités, ni n'affrontent directement les populations auxquelles ils font endurer leurs décisions, en formes d'externalités plus ou moins grandes. Tout se passe en douce, mais pas forcément en douceur. Jamais l'expression « une main de fer dans un gant de velours » n'a été plus d'actualité.
Les Lâches réussissent dans la diversion, la distorsion et la dissimulation.
« Les vaccins ne seront pas obligatoires, mais sans vaccin tu seras privé de tout. Parce que tu es libre, mais tu dois être persuadé que tu ne seras jamais libre sans vaccination, voilà la vérité, la bonté et la beauté. D'ailleurs, c'est pour ton bien, et il est ringard d'être anti-vaccin, en plus d'être beauf. Nous sommes beaux, vrais et bons, quoique ploucs dans la démarche, quant à nous. Sois donc libre et aligne-toi. Si tu n'es pas libre ainsi, tu n'es pas dans la vérité. La vérité, c'est nous. Nous sommes la vérité, le chemin et la vie. Il y a une liberté formatée, c'est l'évidence-même. Et crois donc que nous sommes des libéraux sous cette forme, quitte à nous accuser d'être tels, du moment que tu fais toi-même l'amalgame entre la souplesse et la rigueur. Sinon, de toutes façons, tu vas mourir. C'est une évidence que l'on redouble, parce que de toutes façons tu mourras un jour. Mais quand c'est nous qui le disons, c'est bien plus vrai que lorsque cela arrive. Au fond, la mort, c'est nous, et tu dépends de nous. »
A ce titre, qu'Emmanuel Macron soit tombé malade est édifiant : symbole de mort, le public disparaît sous le privé.
On applaudit avec les otaries.
__________________________________