Les mollahs ont-ils saisi le message saoudien ?
En tant que spécialiste du Golfe, je sais que le régime iranien des mollahs ne manque pas d’arrogance au point de ne pas capter les conseils de ses voisins qui sont soucieux. Leur souci est, bien entendus, la stabilité et la sécurité régionales et mettre leurs richesses au service du développement et des efforts au service des millions de jeunes désirant un meilleur avenir.
Cependant, nous avons encore l’espoir, quoique faible, que les dirigeants du régime des mollahs comprendront le message du roi saoudien Salman Bin Abdul Aziz Al Saud devant la Choura du Royaume.
Dans son discours, il a appelé l’Iran à abandonner « son idéologie expansionniste et destructrice, » ajoutant que cette idéologie risquerait de faire du mal à la nation iranienne.
« Nous espérons que le régime iranien choisira la sagesse et se rendra compte qu’il n’a aucun moyen de se soustraire à la position internationale rejetant ses pratiques, sinon par un abandon de son idéologie expansionniste et subversive ayant nui avant tous ses citoyens, » a dit dans son discours le roi Salman. C’est justement le peuple iranien lui-même qui est la plus grande victime de l’expansionnisme des mollahs.
La réalité parle d’elle-même. La question ne tourne pas autour de ce que les manifestants iraniens montrent de temps à autre, mais plutôt autour des indicateurs de l’économie iranienne. La situation dérange totalement dans un pays censé avoir des réserves énergétiques importantes, voire d’autres ressources humaines et matérielles.
Les politiques des mollahs ont plongé l’économie iranienne dans un marasme sans précédent. La raison est leurs incessantes tentatives d’expansion sectaire et leur conflit avec les États-Unis qui se sont retirés de l’accord nucléaire.
L’administration Trump a imposé des sanctions qui, selon elle, sont les plus sévères de l’histoire des sanctions économiques contre le régime iranien. Pourtant, le régime insiste pour défier les sanctions, dont les conséquences ne sont supportées que par le peuple iranien.
Le régime refuse d’entamer toute négociation avec l’administration américaine, malgré les tentatives persistantes de la présidence française en septembre dernier. Ces efforts ont failli conduire à l’ouverture d’un dialogue, mais le guide suprême iranien qui a poussé le président iranien Hassan Rouhani et son ministre des Affaires étrangères à refuser la proposition française en invoquant des conditions que les Etats-Unis n’ont pu accepter.
Les sanctions américaines pourraient ne pas encore permettre d’atteindre l’objectif de réduction à zéro des exportations pétrolières iraniennes pour diverses raisons. Mais ils ont certainement réussi à sortir le pétrole iranien de sa soi-disant position en matière d’exportation, entraînant une contraction de l’économie iranienne à des taux sans précédent dans l’histoire.
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 70 pour cent, le peuple iranien connaissant une double catastrophe, le chômage augmentant même avant les sanctions américaines, et le nombre d’Iraniens vivant en dessous du seuil de pauvreté continuant à augmenter.
Il s’agit là d’indicateurs négatifs qui vont probablement se maintenir. L’administration Trump va donc persister à étouffer l’économie iranienne tant que les mollahs ne répondront pas à la demande de participer aux négociations du programme nucléaire et missile de l’Iran.
Le message du Roi saoudien vise peut-être à trouver un moyen de parvenir à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales. En même temps, c’est dans l’intérêt du peuple iranien et même du régime des mollahs.
Ce régime ne se rend pas compte que ses politiques sabotent les aspirations de son peuple et les chances du régime lui-même de rester au pouvoir. L’approche dépassée, l’intervention constante dans les affaires des autres États, l’imposition d’un certain programme sectaire et le défi de la volonté de la communauté internationale sont chose du passé.
L’Iran ne peut pas vivre comme une île misérable parmi ses voisins qui sont en train de développer leur pays, d’exploiter la richesse pour les intérêts de leur peuple et de faire des sautes rapides en avant. Il est impossible non plus au régime iranien de changer le monde entier et d’imposer une perspective sectaire étroite, partagée avec les groupes extrémistes et terroristes et l’État effondré de Daech.
Alors que le monde évolue à un rythme accéléré vers le progrès et le développement, la construction d’intérêts mutuels et le bien-être des peuples, des visions antinomiques à la civilisation et à l’histoire se heurtent encore aux réalités et au contexte géographique.
Il y a des pays qui ne possèdent pas encore les éléments de la vie et qui ne seront viables que s’ils changent leur vision du monde et apprennent à co-exister et à s’adapter aux réalités et aux besoins des peuples.