Les Partis indépendantistes emportent la majorité absolue en Catalogne !
La claque est sévère pour la monarchie espagnole et ses représentants politiques. Rajoy avait tout fait pour gagner les élections au Parlement catalan. Son parti ne gagne que trois sièges sur 135 et les indépendantistes l'emportent.
Contrairement à ce que de nombreux (mauvais) augures de ce site affirmaient les élections au Parlement catalan ont confirmé une majorité indépendantiste en voix comme en sièges. 70 sièges pour les indépendantistes du parti de Puigdemont, de la gauche républicaine et de la CUP contre 57 sièges au bloc dit « unioniste » refusant l'indépendance.
Le bloc indépendantiste rassemblant 59000 votes de plus qu'en 2015 lors de cette élection à participation record (81,9% des inscrits). Ce scrutin était pourtant biaisé, du fait de l'emprisonnement des deux leaders des deux principales associations indépendantistes, l'Omnium cultural et l'Assemblea nacional catalana, (ANC) et des restrictions multiples apportées par une Commission électorale à la solde de Madrid et du gouvernement Rajoy. Sans oublier un Président de la Generalitat de Catalogne en exil à Bruxelles et des ministres en prison ne pouvant faire campagne...
Ce résultat apporte un démenti cinglant à tous ceux qui, sur ce site ou ailleurs, ont glosé sur les supposées tricheries opérées par les indépendantistes lors du Référendum du 1er octobre, durement réprimé par la police espagnole, et dont le résultat affirmait clairement la volonté d'indépendance des électeurs catalans. Ces élections ont été organisées par Rajoy pour battre des Catalans supposés abattus et désorganisés après la répression post 1er octobre. Comme l'a déclaré Puigdemont ce soir : « Nous avons infligé une défaite à la monarchie espagnole ».
Les provocations ont pourtant été nombreuses : l'armée espagnole est entrée en Catalogne : c'est l'opération Eagle eyes (pour info l'aigle est un symbole franquiste connu) et outre les deux leaders associatifs, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, deux membres du gouvernement Puigdemont sont toujours en prison. Des menaces de poursuites judiciaires existent également contre des responsables politiques comme Marta Rovira de l'ERC (gauche républicaine) ou Anna Gabriel de la CUP indépendantiste et anticapitaliste...
Les Maires des villes ayant autorisé le Référendum doivent s'acquitter de 50 000 euros d'amende.
Le musée de Lleida a été pillé par la Guardia civile, les oeuvres exposées ont été livrées a un musée privé en Aragon appartenant à l'Ordre de malte. La couleur jaune symbolisant l'exigence de libération des prisonniers politiques a été interdite (délit de haine, disent-ils). La ville de Barcelone a, par exemple, dû changer l’éclairage des fontaines publiques pour cette raison. Les députés européens, comme José Bové, voulant visiter les prisonniers politiques n'ont pu le faire en violation des lois européennes dont le respect ne s'impose que quand la mafia à sa tête le veut. La télévision catalane et les médias sont muselés, des journalistes virés... Le Vice-Président catalan, Oriol Junqueras, a été puni de 5 jours de confinement dans la cellule de sa prison d'Estremera pour avoir donné par téléphone un entretien à l'agence catalane des médias publics. Jordi Sànchez, ancien Président de l'ANC, est également menacé de sanction pour la même raison, c'est-à-dire pour avoir enregistré un message de sa prison de Soto del Real qui a été diffusé lors d'une réunion de JuntsxCat...
Pour ces élections l'Espagne a refusé les demandes catalanes autorisant les observateurs internationaux et des milliers de fausses cartes d'électeurs ont été créées... Beaucoup d'électeurs catalans à l'étranger n'ont pas reçu la documentation électorale nécessaire pour voter, malgré leurs demandes répétées... Les médias espagnols se sont déchaînés contre les partisans de la République ne reculant devant aucune propagande ni aucun mensonge.
Maintenant que la victoire indépendantiste est acquise il est certain que Madrid continuera sa politique de répression par l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole qui lui permet de suspendre la vie démocratique, d'intervenir militairement et d'emprisonner les opposants.
L'Espagne monarchique ne laissera comme issue aux indépendantistes que de se coucher à la mode Tsipras, lors de pseudo discussions, ou de décider unilatéralement l'indépendance telle que l'avait déjà décidé le peuple catalan lors du Référendum du 1er octobre et donc de se mobiliser massivement pour l'obtenir.
Rajoy a déjà prévenu en affirmant, qu'en cas de victoire, les indépendantistes « savaient ce qu'ils pouvaient faire et ce qu'ils ne pouvaient pas faire ». La menace sous-jacente est parfaitement claire. Fort du soutien de l'Union européenne et du Président US il ne reculera devant rien.
Dans tous les cas de figure, la vie politique sera agitée en Catalogne ces prochains mois... et cela posera à nouveau le dilemme du passage démocratique par les urnes d'un régime autoritaire monarchique à un autre populaire et républicain sans que le pouvoir en place n'utilise la violence policière et militaire pour se maintenir.
C'est malheureusement une histoire que l'on connaît maintenant fort bien. Tout pouvoir étatique se sentant menacé réagit brutalement.
Hier après la victoire électorale de son camp, Carles Puigdemont a déclaré sur TV3, la chaîne de télévision catalane, que le problème c'était Rajoy et non le gouvernement catalan, qu'il n'avait aucun droit de le démettre, qu'il devait cesser d'appliquer l'article 155 et donc la prise de contrôle des institutions catalanes. Sans oublier qu'il devait immédiatement libérer les prisonniers politiques des geôles espagnoles.
S'il maintient ce discours c'est la poursuite assurée d'une confrontation qui sera encore plus dure entre les parlementaires catalans majoritaires et le pouvoir politique de la monarchie espagnole décidé à ne rien lâcher. Et surtout pas ce retour du gouvernement légitime, limogé par l'imposition de l'article155, au palais de la Generalitat.
En attendant le revers électoral de Rajoy est cinglant avec l'élection de 3 prisonniers politiques et de 5 élus en exil à Bruxelles !