samedi 12 décembre 2020 - par Breton8329

Les poubelles de l’histoire, destin de la France ?

Toute personne dotée d’un minimum de culture scientifique comprend que chaque banquet s’achève lorsqu’il n’y a plus de victuailles, que tout le monde ne peut pas être convié et que plus il y a de monde, plus le banquet s’achève rapidement. Tout le monde comprend cette loi implacable de la nature : les ressources naturelles constituent un stock épuisable, probablement déjà en partie épuisé, et la génération d’un flux à partir d’un stock finit immanquablement par épuiser ce dernier, d’autant plus rapidement que la taille du flux augmente. Même un gamin de 5 ans est capables de comprendre que sa boite de croquette durera plus longtemps s’il n’en prend qu’une par jour plutôt que s’il mange de façon compulsive, ou s’il partage avec ses cousins. Après avoir bénéficié d’une richesse insolente pendant les 30 ans qu’ont duré l’exploitation de son phosphate, l’Ile de Nauru est devenue l’un des Etats plus pauvres du monde avec un taux de chômage atteignant les 90%. La réalité est toujours cruelle avec ceux qui la fuient.

Finalement, un destin national, ça tient quoi ? un Etat doté d’un système politique incapable de générer une vision en phase avec la réalité peut-il survivre lorsque le cours de l’histoire s’accélère ?

C’est à la lumière de ces bases qu’il faut, je crois, relire les discours de notre bon président. Macron dresse un constat lucide sur l’état du monde, sur la compétition entre grands acteurs et même s’il limite trop souvent son analyse à des frictions interétatiques, le pire n’est pas là : le pire est sa volonté de préserver les équilibres, d’utiliser l’Europe comme un moyen de stabilité dans cette course effrénée qu’il perçoit et décrit mais dont il semble ignorer à la foi les raisons et les finalités. Les grands acteurs sur la scène internationale utilisent l’énergie dont ils disposent, tant qu’il en reste, pour s’approprier les stocks et générer les flux dont ils ont besoin pour pérenniser leur civilisation mais la France, malgré sa conscience de cette agitation, reste cramponnée à la ligne de départ avec pour seule stratégie d’y faire revenir les autres. Et comme Macron sait qu’il n’y parviendra pas tout seul, il entend favoriser la création d’un strato-état européen qui servira de caisse de résonnance à sa vision du monde, prélude à sa mise en œuvre. La France sait, mieux que quiconque, ce que doit être le monde, même si les réalités physiques évoquées supra s’opposent à cette vision. La plus grosse lacune des énarques à qui les français ont délégué la conduite de leur destin pourrait être leur ignorance structurelle des réalités physiques. Leur contact avec la réalité s’effectue le plus souvent par l’intermédiaire de l’argent, qui mesure tout mais dit finalement peu de choses sur les réalités sous-jacentes. Les emballements boursiers n’ont que peu à voir avec le réel mais davantage avec la perception de ce réel. Bref, les choix fondés sur des arbitrages budgétaires et comptables auquel sont habitués les énarques, donc Macron, sont parfaitement hermétiques aux logiques complexes d’appropriation et de gestion de stock et de flux sur le temps long.

En s’érigeant en « administrateur » d’une stabilité qui s’était construite sur une opulence qui appartient désormais chaque jour davantage au passé, Macron refuse d’engager la France dans la compétition pour l’appropriation des stocks. C’est un choix audacieux qu’il prend en notre nom à tous. D’autant plus audacieux, qu’à écouter les railleries dont il fait l’objet dans les autres Etats européens, lorsqu’il instrumentalise son Europe fantasmée au profit de ses rêves éveillés, on peut mesurer l’ampleur du chemin qu’il lui reste à parcourir pour ramener tout le monde sur la ligne de départ. Il peut continuer à ignorer ces railleries tant que les taux d’intérêts auquel il emprunte l’argent nécessaire à l’entretient de ses rêveries restent proches de zéro. Le jour où ils augmenteront de nouveau, la vraie puissance industrielle de la France c’est-à-dire sa capacité à subvenir aux besoins de la population, sortira de l’invisibilité dont elle bénéficie grâce à l’artificialité de la construction de l’euro. Et ce jour-là, qui voudra s’allier avec la France pour lui fournir les stocks de matières premières et d’Energie dont elle aura besoin, et établir les flux ? A ce moment-là, les autres compétiteurs, comme la Chine, les USA, la Russie, la Corée du Sud, la Turquie, la Grande Bretagne et sans doute aussi l’Allemagne, qui aura bien profité d’un projet européen allemand fort éloigné de la vision qu’en avait Macron, seront déjà très loin de la ligne de départ. Quant à la France, comme tant d’autres Etats avant elle, ruinée, désindustrialisée, déchirée par la guerre civile, pillée par ses débiteurs, désertée par ses « élites », envahie par l’Afrique, elle trouvera certainement une bonne place dans les poubelles de l’histoire et ses monuments historiques rejoindront assurément les musées des puissances dominantes qui se dévoueront pour assurer leur protection.

Finalement, un destin national, ça tient quoi ? un Etat doté d’un système politique incapable de générer une vision en phase avec la réalité peut-il survivre lorsque le cours de l’histoire s’accélère ?



9 réactions


  • batmou 12 décembre 2020 18:52

    Triste constat mais tellement vrai. Miser sur l’Europe au détriment de la France alors que les grandes puissances remettent en cause le droit international pour défendre leurs intérêts nationaux semble totalement suicidaire.


  • Kapimo Kapimo 12 décembre 2020 22:00

    hé oui. Et les français sont abrutis par des siècles de propagande, qui leur font croire qu’ils ont un destin universel républicain et laic alors que la France s’est batie royale et catholique.

    Nous, pays de la révolution (franc-maçonne) sommes au coeur de la pourriture occidentale. La France peut peut-etre survivre, si elle assume ses racines réelles. C’est mal parti avec la masse de décérébrés formatés tant par l’éducation nationale que par les institutions, la tévé et la religion franc-maçonne (la « laicité »).

    Le post-modernisme (création française) relativiste et deconstructiviste destructeur du bon sens social et sociétal, et l’écologisme destructeur de l’économie, sont en train d’achever avec l’aide de puissances externes ce qui reste de la Nation.


  • Jean Keim Jean Keim 13 décembre 2020 07:46

    Pourquoi pas le partage équitable ?

    Un monde où la frugalité est un mode de vie.

    Ouvrons un journal au hasard, nous constatons que dans plus de 90 % des sujets traités, tout se ramène à l’argent, même (surtout ?) dans le sport.

    Remplaçons l’appétence pour le profit et le plaisir par la quête du bien-être.

    Notre mode de vie actuel n’invite pas le bonheur, le simple bonheur de vivre.


  • zygzornifle zygzornifle 13 décembre 2020 08:57
    Les poubelles de l’histoire, destin de la France ?

    La plus grande décharge c’est l’Elysée ......


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 13 décembre 2020 10:05

    Je vois pas pourquoi « ils » changeraient un système qui a l’air de bien fonctionner

    et qui doit rapporter gros aux organisateurs ! smiley


  • Tzecoatl Claude Simon 13 décembre 2020 10:42

    Le fait est qu’une agriculture bien gérée n’a pas besoin de phosphates.

    Je dirais même plus : tant mieux s’il n’y a plus de phosphates, ainsi, l’agriculture basée sur la reconversion de l’armement de la grande guerre et de l’explosion de l’économie basée sur les hydrocarbures et ses dérivés a une raison de plus de constater qu’elle est sans issue.

    Vous aviez d’autres exemples stupides de raréfaction de ressources peut-être ?

    De fait, le cocaïnomane qui se sert du Palais comme salle de shoot, n’étant plus président puisqu’il émet des décrets au motif d’un état d’urgence invoqué sur un motif fallacieux, prenant en otage un peuple pour satisfaire ses rêves de tyran, est illégitime.

    Le peuple, s’il s’estime souverain, est de facto en anarchie, quand bien même le nombre de porte-savates peine à laisser croire.


  • Rinbeau Rinbeau 13 décembre 2020 12:28

    Macron est l’envoyé De Rothschild pour achever ce qui faisait la puissance de la France au profit des puissances supranationales Anglo-Saxonnes !

    Première étape, ce fut la désindustrialisation massive du pays par la privatisation, ce qui a permis la délocalisation des grandes entreprises engendrant un chômage de masse dont le nombre exact nous est religieusement caché. Autre conséquence, sur le long terme nous perdons notre savoir faire dans de nombreux domaines.

    Deuxième étape, ce fut la vassalisation de notre Agriculture à celle Anglo-Saxonne grâce aux récents traités (TAFTA etc..)

    Troisième étape, ce fut l’affaiblissement systématique du tissu des petites et moyennes entreprises par manque volontaire d’investissements.

    Quatrième étape, ce fut la destruction du secteur du tourisme et de la culture en cours en ce moment même sous excuse du COVID. Ce Qui détruit également les entreprises de services.

    Macron laisse volontairement la France sur la ligne de départ et l’empêche de démarrer !

    Donc oui La France ne sera plus le pays puissant d’Antan !

    Mais aux vues de ce que nous a amené la grande compétition capitaliste, deux guerres mondiales où nous avons été parmi les principaux protagonistes, nous serons peut-être plus heureux en étant une moyenne puissance.

    Avec une agriculture bien organisée au niveau national, en revenant aux petites exploitations, quitte à ce que nous redevenions paysans pour nous nourrir, nous ne serons jamais un pays pauvre !

    Que mangerons les pays du moyen orient lorsqu’ils n’auront plus de pétrole ? Du sable ?

    En conclusion c’est le en même temps de Macron qui fait mine de se préoccuper des ressources alors qu’il est le bras armé de Rothschild dont le lev motif est de les piller dans un court termisme à rentabilité maximale !


  • Esprit Critique 13 décembre 2020 16:31

    Macron a finit d’évoluer a quinze ans, l’adolescence pas encore terminée. L’Homme s’aguerrie normalement tous les jours de sa vie d’adulte, le choix de se faire adopter par une deuxième mère, a largement enrayé ce processus absolument nécessaire et indispensable a se forger. Après Hollande totalement incapable est centré sur sa bedaine, la France n’avait pas besoin de ça pour l’achever.


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