samedi 21 octobre 2017 - par Robert Bibeau

Les riches voudraient taxer les riches – pourquoi pas ?

Vous y comprenez quelque chose ? Vous y croyez à cette chimère ? C’est le monde à l’envers. Les riches, qui s’enrichissent à l’abri des paradis fiscaux, ennemis jurés du Ministère du Revenu « national », auraient trouver leur chemin de Damas, et, repentis, courbés sous les roues de leur carrosse doré, ils demanderaient à être châtiés, grevés de taxes et d’impôts, qui y croira ?

Un pavé dans la mare s'amuse "Le Courrier International". À la veille de son assemblée annuelle, vendredi 13 octobre, le Fonds monétaire international (FMI) lance un avertissement : « Il faut taxer plus fortement les riches, car ce sont les inégalités, et non pas les impôts, qui pénalisent la croissance » (1).

Reprenons la déclaration du FMI, organisme responsable de l’intendance du grand capital international dont la commis en chef, Madame Lagarde, s’est commise de ce rapport mystificateur. Le rapport du FMI certifie que certaines inégalités sont inévitables dans un système basé sur l'économie de marché, mais il s'inquiète d'une « inégalité excessive qui compromettrait la cohésion sociale conduisant à un affaiblissement de la croissance économique » (1). Le rapport poursuit : « Au cours des trente dernières années, l'inégalité a augmenté dans de nombreux pays, en grande partie à cause des changements technologiques (ce qui est faux et ridicule NDLR). Dans les économies avancées, les revenus des 1% les plus riches ont augmenté trois fois plus vite que ceux du reste de la population », et le rapport du FMI de conclure « les recherches du FMI dans ce domaine ont montré que la montée des inégalités présente des risques pour la durabilité de la croissance économique ». La conclusion s’impose d’elle-même « Les gouvernements risquent de saper la croissance économique mondiale en réduisant les impôts des riches », annonce le New York Times. Mais où donc ces gens ont-ils perçu de la croissance économique direz-vous ?

 

La galéjade du FMI.

Nous voulons dénoncer ici tout à la fois Robin-des-bois Lagarde, la go-gauche caviar et la droite cassoulet, le Nouvel Observateur, le Guardian, le New York Times et les altermondialistes, qui tous ensemble, acclament cette galéjade du FMI.

Madame Lagarde n'est pas une gauchiste rassurez-vous, elle constate comme tous les bobos de la go-gauche et de la droite que la concentration du capital au sommet de la pyramide sociale a un effet de ralentissement sur la reproduction élargie du capital. Il devient de plus en plus difficile pour les corporations multinationales de valoriser le capital qui dort dans des comptes en banques dans les paradis fiscaux ou dans les banques des grandes puissances, à Wall Street notamment. Du capital qui dort ce n'est plus du capital reconnait madame Lagarde. Alors elle invite les larbins politiciens à taxer les riches de leur patelin afin de les forcer à remettre leur pognon en circulation. L’argent circulant est du capital vivant, l’argent thésauriser est du capital mort, improductif, inutile.

 

Les inégalités de revenus sont des conséquences et non le moteur du capitalisme.

Les inégalités de revenus, en elles-mêmes, n’ont aucune incidence sur ce que la fonctionnaire du capital Lagarde appelle la « croissance économique », qu’il vaudrait mieux appeler la croissance du capital – sa reproduction en vue non pas de son accumulation comme les marxistes le pensent – mais en vue de sa reproduction élargie (comme une spirale sans fin).

Étant donné que le capital appel le capital et que donc ceux qui en ont déjà beaucoup en attirent davantage (la spirale dont nous parlions tantôt agit comme un aspirateur), survient ce que le mode de production capitaliste prévoit, l’accumulation d’immenses fortunes personnelles ou corporatives au sommet de la pyramide sociale faisant le vide dans les niveaux inférieurs, là où loge les petits bourgeois appelés « classe moyenne  », les prolétaires salariés, les précarisés, les chômeurs, les pauvres, les assistés sociaux, les paumés, les exclus et les autres.

Cette « concentration-conspiration » (sic) entraine que la pauvreté du plus grand nombre leur interdit de consommer et donc de boucler la boucle de circulation-valorisation du capital qui va de la production à la consommation-destruction des marchandises. Conséquence, le multimilliardaire assis au sommet dispose de tout le capital nécessaire pour innover, investir, produire, mais aucune occasion d’affaires ne se présente à lui puisque la marchandise qu’il a déjà extirpée à ses ouvriers est stockée sur les quais, et dans les entrepôts où elle ne trouve pas preneur. On raconte qu’en cette fin d’année les inventaires des grands de l’automobile sont colossaux. La machine de circulation-valorisation du capital est en panne et l’économie s’anémie après avoir largement usé de la planche à billets et de la carte de crédit. Pour compenser, et afin de tenter de quand même « accumuler-valorisé » la corporation multinationale anonyme se lance dans des opérations d’OPA inamicales (Siemens-Alstom, General Electric-Alstom).

Survient soudain le larbin Lagarde, elle met en garde, « taxer les riches » recommande-t-elle afin qu’ils remettent leur capital sur le marché et ses lois de la concurrence. Évidemment, l’appel est superfétatoire puisqu’aucune occasion d’affaires ne se présente, pour produire et croître il faut acheter et vendre alors que le consommateur est exsangue, surendetté, et l’État grevé.

La go-gauche réformiste et fumiste, au Royaume-Uni par exemple, où The Guardian, le quotidien des prolétaires en redingotes, « y voit un message positif adressé au Parti travailliste, qui propose de taxer à 45% les revenus supérieurs à 91.200 euros/annuels, et de 50% les revenus supérieurs à 140.000 euros », montre la voie aux gouvernements bourgeois et prépare leur politique contre les moyens et les petits « riches » vaguant sur le territoire national. Le gros gibier lui, sera épargné pour la raison qu’ils encaissent bien peu de ses revenus sur son livret d’épargne (A ou B). Ses avoirs sont fluides et transigent par les paradis fiscaux en prévision de ces coups bas que pourraient leur asséner leurs affidés politiques. D’ailleurs, ce sont les banques et les immenses corporations multinationales apatrides qui gèrent le gros de leur portefeuille de famille.

 

 

Conclusion sur cette mystification.

Il faut donc conclure de ce rapport du FMI que les fonctionnaires du capital recommandent aux agences gouvernementales de taxer davantage les « riches », mais pas ceux que vous pensiez, pas les multimilliardaires, mais la bourgeoisie nationale moyenne, et surtout petite, afin que l’État des riches puisse redistribuer ces richesses aux plus riches à travers le soutien à la consommation populiste.

Tout ceci signifie que le grand capital après avoir saigné la classe prolétaire s’en prend maintenant à ses enfants millionnaires et à ses bobos à haut revenus qu’il saignera lui aussi. Que les petits riches se démènent et se battent pour leur survie, la classe prolétarienne n’a rien à faire de ces disputes fiscales entre petits – moyens – grands profiteurs-spéculateurs. La classe prolétarienne n’a aucune confiance dans l’État des riches qu’elle méprise et qu’elle combat pour ses propres intérêts de classe. Les hausses de taxes et d’impôt elle connaît et n’en veut pas. 

 

 

NOTES

 

  1. http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20171013.OBS5973/pour-plus-de-croissance-le-fmi-invite-a-taxer-les-revenus-des-riches.html
  2. Robert Bibeau (2017) Question nationale et révolution prolétarienne sous l’impérialisme moderne. L’Harmattan https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496234995&sr=8-1&keywords=Robert+Bibeau

 

L’ARTICLE EST DISPONIBLE SUR LE WEBMAGAZINE http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-riches-voudraient-taxer-les-riches-pourquoi-pas/

 



11 réactions


  • Eric F Eric F 21 octobre 2017 14:48

    Une chose est sûre, notre actuel gouvernement épargne fiscalement les 1% du dessus du panier (ou peut-être 5%), et se focalise sur les classes moyennes-aisés.
    Par contre, j’interprète un peu différemment la mise en garde du FMI, à savoir que l’excès d’inégalités tout en haut de l’échelle des fortunes et revenus risque d’entrainer le rejet du système libéral (capitaliste) par la majorité de la population -dans les urnes ou dans la rue-, et donc que la préservation de ce système (dont le FMI est le gardien du temple) nécessite de tempérer ses outrances.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 21 octobre 2017 18:48

      @Eric F


      VOTRE HYPOTHÈSE  sur les motivations du FMI se tient j’en conviens, ce qui rend la mise en garde du FMI d’autant plus ridicule car ces énarques ne semblent pas savoir que les marionnettes politiques sont assujettis à leur maitre du Grand capital et n’obtiendront jamais l’autorisation de les taxer lourdement (à la marge c’est possible pour mystifier les péquenots).

      Maintenant il faut bien comprendre que je n’écris pas cet article pour  SOUTENIR L’APPEL DE MADAME LAGARDE ET DU FMI, ces faux-culs à l’intendance des riches Mais bien pour faire comprendre que ces énarques ne contrôlent rien = que la crise économique est systémique et que brailler contre les inégalités c’est prier pour que cesse la pluie = futile.

      C’est de détruire le système et en construire un nouveau qui est la seule solution

       

    • Eric F Eric F 21 octobre 2017 21:46

      @Robert Bibeau
      Les « puissances d’argent » qui transcendent désormais les états sont néanmoins tributaires de la consommation dans ces états, donc elles peuvent aussi être « sensibles » à l’argument qu’il est néfaste pour la pérennité du système de trop tirer sur la ficelle des inégalités, tout comme certains « réformistes » de la fin de la monarchie avant la révolution avaient pressenti qu’il fallait lâcher du lest pour pas que ça clashe (ce qui n’a pas été fait, entrainant la Révolution). Ceci étant, personne n’est vraiment à la barre, le système est auto-entretenu.

      Ce système étant mondial et l’économie des différents pays étroitement intriquée, il n’est plus possible à un pays isolé d’en sortir pour essayer un autre modèle, plus aucun pays n’ayant un tissu économique polyvalent comme naguère (l’exemple de la Corée du Nord est du reste utile au système, en tant que repoussoir). On voit par exemple les difficultés de Mélenchon pour établir un programme indépendant, son plan A étant de « forcer » l’UE à des évolutions, donc amender le système, le plan B étant des accords bilatéraux avec d’autres états ou groupes d’état qui pour leur part restent dans le système. Quant à entrainer le reste du monde, la plupart des pays sont plus libéraux encore que le nôtre, chacun essaye de s’accommoder au système dans son intérêt (dumping, paradis fiscal ou autre).
      En bref, le sens de la plus grande pente étant l’accentuation des inégalités tout en haut de l’échelle, ce serait déjà un moindre mal de réguler un peu les excès les plus outrageux, et ensuite oeuvrer pour faire davantage contribuer les résultats de l’activité économique globale au bien général (déjà un tout petit peu semble énormément utopique !). 


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 22 octobre 2017 15:35

      @Eric F


      Encore  faux ERIC 

      Les puissances d’argent ne commence pas à transcender les États = Les États ont toujours été LA CHOSE despuissances d’argent - leur instrument à eux.

      Les inégalités sociales ce n’est pas une ficelle  que les politiques tirent ou non 

      Les inégalités sont le fruit du système = son émanation  comme je l’écris ci-haut et on ne régule pas un cancer ou l’extrait 






    • Eric F Eric F 22 octobre 2017 19:05

      @Robert Bibeau
      naguère, les « puissants » avaient surtout une envergure et une emprise nationale, il était possible aux états voulant sortir du « système » de nationaliser ou contrôler tout ou partie de leurs industries, banques, etc. Cela a été du reste fait, avec les déboires que l’on sait, mais ceci est une autre histoire. Désormais les puissances financières et industrielles sont presque totalement « hors les murs ».
      Prenez l’exemple des nationalisations de 1981, désormais la plupart des groupes qui étaient alors concernés se sont dilués ou délités....


  • Franck Einstein Franck Einstein 22 octobre 2017 13:52

    Si la création de l’état national était conséquence de la lutte des classes nationales, sa disparition est conséquence de la lutte des classes mondiales.
    Aussi si l’état national défendait la classe dominante, dorénavant il la combat.
    C’est pourquoi la mondialisation veut le détruire, ainsi que les peuples et leurs solidarités sorties de leurs histoires et de la cultures (plan Coudenhove-Kalergi du grand remplacement, théorie du genre, effacement de l’histoire dans l’enseignement etc.)


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 22 octobre 2017 14:52

      @Franck Einstein

      Votre raisonnement ne tient pas FRANK Ainsi vous écrivez ceci : « Si la création de l’état national était conséquence de la lutte des classes nationales, sa disparition est conséquence de la lutte des classes mondiales. Aussi si l’état national défendait la classe dominante, dorénavant il la combat. C’est pourquoi la mondialisation veut le détruire, ainsi que les peuples et leurs solidarités sorties de leurs histoires et de la culture »


      NON vous vous trompez Frank. 

      1) Où voyez-vous que l’État national - toujours sous la botte de la classe capitaliste - dominante - combat la classe dominante ???? C’est Macron qui défend les pauvres et combat le grand capital français (sic) qui vous inspire une telle sentence ??

      2) L’État national ne s’estompe en Union Européenne que parce que le grand capital tente de constituer un État supranational - Vous serez bientot comme les États-Unis d’Europe a) Un État confédéral à Bruxelles b) des États nationaux (Paris-France par exemple) et c) les régions au sein de la nation (Catalogne par exemple).

      3) L’État bourgeois ne mordra jamais la main qui le dresse 

      4) Effectivement au niveau Confédéral - supra national - les particularismes nationaux sont une entrave - À charge pour les marionnettes politiques nationales d’en prendre charge et de les nivelées ou les évacuées au niveau régional (Bretagne, Vendée, Piedmont, Basque, Catalogne, Sicile, Sardaigne, Wallonie, Flandre, etc.


    • Eric F Eric F 22 octobre 2017 19:12

      @Franck Einstein
      oui, parce que l’état démocratique, quoiqu’en disent les révolutionnaires, avait introduit des « correctifs » sociaux à la loi de la jungle capitaliste (ainsi en France la redistribution divise par deux les inégalités de revenus, le droit du travail protégeait les salariés des abus de l’employeur, etc.). Donc les puissances d’argent dont la« portée était surtout autrefois au niveau d’un état, se sont placées »hors de tout état" et visent la destruction de ceux-ci, considérés comme une entrave et non plus une courroie de transmission.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 23 octobre 2017 18:34

      @Eric F


      lES PUISSANCES D’ARGENT COMME VOUS DITES  mènent politiquement le monde au niveau municipal, national et international et supranational

      Comme l’admis un jour Hollande ils ont la puissance de déplacer et une seconde des sommes colossales d’un pays - d’une bourse - à un autre et mettre à genoux les plus récalcitrants.

      Les concessions que vous soulignez ne sont pas le fait d’un pouvoir nationale ou autre mais le fait que A) l’économie alors prospère permettait ces concessions B) Les travailleurs les ont gagnés de haute lutte 

      Aujourd’hui avec la crise l’État des riches reprend tout quelque soit le niveau du pouvoir politique municipal, national, supranational 

       

    • Eric F Eric F 24 octobre 2017 19:02

      @Robert Bibeau
      Certains droits ont été gagnés par les urnes et non la lutte, la 5ème semaine de congé payé ou les 35 heures par exemple. Le programme du CNR n’est pas non plus issu d’une lutte à dominante sociale. Les états démocratiques, tant qu’ils avaient de la marge, ont apporté une protection aux faibles et des correctifs aux inégalités (c’est du reste un reproche que leur faisait Nietzsche). Par ailleurs -et là je vais vous faire sauter au plafond- il a existé un patronat paternaliste ou « éclairé » qui a compris que la consommation de masse nécessitait un niveau suffisant de rémunération, ou que l’efficacité dépendait de bons standards sociaux collectifs. Désormais ça se résume à la compétition individuelle dans des entreprises à direction purement financière, technocratique et a-nationale.


  • Naboulio Naboulio 22 octobre 2017 20:08

    Garde a vous !


    Lundi, Je choisis un député nationaliste, un député communiste, je leur fait préparer les papiers.
    Mardi, Je déclare la guerre a une nébuleuse quelconque ou a un pays qui fait pas joli sur la carte. 
    Mercredi, Je constate publiquement que les finances publiques ne peuvent pas assumer le conflit.
    Jeudi, Je fait voter une contribution exceptionnelle pour les patrimoines de 7 millions ou plus.
    Vendredi, J’ordonne a la police d’accompagner les contribuables concernés au trésor public.
    Samedi, Je me réjouit de voir les retardataires arriver des quatre coins du monde..
    Dimanche, Je fait saisir les biens sur les territoire nationaux et allié de ceux qui n’ont pas payés.

    Disposez !



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