Lilian Thuram, les jeunes ne sont pas si bêtes

 Lorsque je parle de politiciens pourris, je ne prétends pas qu'ils le sont tous, mais il est assez difficile de parler de ces élections régionales sans parler de corruption. En effet, le mandat du conseiller régional consiste principalement à distribuer des subventions venant de l'État, de la région, de l'Union Européenne, bref du contribuable, ainsi que des "sociétés". Or les associations, mais aussi et surtout les entreprises veulent absolument recevoir des subventions, et certaines entreprises, telles les banques et les différentes composantes de l'oligarchie française, possèdent la majorité des journaux papiers, radio, et télévisés pour faire élire les candidats de leur choix.

  Candidats, qui du fait de l'aide qu'ils auront reçu pour être visibles, seraient bien ingrats de ne pas renvoyer quelque assenseur, et rendre via la région des subventions en monnaie sonante et trébuchante à leurs attentionés protecteurs, qui peuvent se réjouir de leur retour sur investissement, car c'est vrai, un média ça coûte cher. La boucle est bouclée, et dans l'indifférence générale ces élections régionales sont un maillon important de la corruption "légale" puisqu'institutionnelle. Mais la morale dans tout ça, vous pensez vraiment que les jeunes n'en ont pas ? Vous pensez que pour eux c'est bien que de participer à la légitimation d'un système de corruption généralisée ?

  Ou peut-être sont-ils cons tout simplement les jeunes, mais visiblement, et vous le confirmez Monsieur Thuram dans votre tribune, les statistiques tendent à prouver que ce sont justement ceux qui sont le plus dans la merde qui votent le moins. Alors dites-le clairement, vous allez nous la jouer paternaliste et prétendre que vous connaissez mieux leur intérêt qu'eux-même ? Est-ce que ce n'est pas un manque de respect pour eux et leurs difficultés que de s'en servir pour alimenter un système corrompu et qui n'est, et ça on peut le dire, absolument pas dans leur intérêt. Et puis surtout je le rappelle, les régionales ne sont pas des élections locales, les gens qui passent plus de 20 minutes dans les transports le savent bien, les autres aussi d'ailleurs, donc les gens ne connaissent pas personnellement les candidats, et les envoyer dans l'isoloir signifie limiter leur vocabulaire à une poignée d'étiquettes, franchement c'est ça être citoyen ?

  Et pourtant, et nous sommes d'accord sur ce point Monsieur Thuram, il faut que les jeunes fassent entendre leur voix. Mais leur voix cela veut dire qu'ils doivent prendre la parole directement pour être entendus et respectés. Prendre la parole dans leurs cercles d'amis, dans les associations, dans les réseaux sociaux, en fait partout où ils peuvent la prendre, mais aussi dans les médias alternatifs, surtout s'ils ont le courage de se présenter aux élections. Se présenter aux élections ? Ben oui, pourquoi pas. S'ils ne sont pas représentés par les partis n'est-il pas de leur devoir citoyen que de se présenter aux élections ? Certes ils n'ont aucune chance d'être élus s'ils se présentent, mais d'un autre côté ils ont peu de chance d'être entendus q'ils ne se présentent pas.

  Alors ne cachons pas les choses, il y a des difficultés techniques, ne les nions pas. Tout d'abord pour être candidat il faut être inscrit sur les listes électorales, et il n'y avait que jusqu'au 30 septembre pour accomplir cette démarche à visage découvert dans votre mairie, ou sur Internet à partir de la rubrique Élections du site du Ministère de l'Intérieur lorsque votre maire permet cette procédure dématérialisée. Mais surtout il faut être sur une liste de candidats. Et là c'est pas simple du tout, puiqu'il faut se trouver des dizaines de colistiers dans la région pour que la liste soit valide. Par exemple en Île de France il faut en tout 209 candidats, avec parité homme femme dans chaque département.

  Bigre, ça se complique. En fait trois cas se présentent. Dans le premier vous soutenez un parti politique. C'est votre affaire, et voyez ça avec eux. Dans le second vous connaissez de nombreuses personnes qui veulent changer les choses, des gens déjà actifs dans des collectifs de votre région, et vous pensez que vous pouvez être assez nombreux pour présenter une liste, allez-y, c'est le meilleur cas, mais dépéchez-vous, vous n'avez que jusqu'à fin octobre pour préparer le dossier, cela demande de l'organisation. Dans le dernier cas, si vous vous trouvez trop isolé, ne désepérez pas, la démocratie réelle est là. Il suffit de vous inscrire sur son site web pour ces régionales. Ensuite, si trop de personnes de votre région s'inscrivent à la démocratie réelle il sera effectué un tirage au sort pour savoir qui au final est candidat.

Un citoyen