vendredi 23 octobre 2015 - par Emile Mourey

Lutèce est-elle une fondation éduenne ?

Le ministère de la Culture est pour moi le plus grand des mystères. Je pensais que sa principale mission était de sauvegarder et de valoriser notre patrimoine en faisant preuve, à la fois, de réalisme - c'est une ressource touristique - mais aussi de hauteur de vue, d'intelligence et de sincérité. Hélas ! 

J'ai publié sept ouvrages. Sur Agoravox, on peut lire 321 de mes articles. Celui-ci est le troisième que j'écris pour expliquer la bataille de Lutèce. Si les médias ne se décident pas à en faire écho, j'en prendrai acte, avec le constat amer qu'un simple citoyen ne peut pas se faire entendre, même s'il a quelque chose à dire. Si les archéologues, professeurs, politiques et autres, refusent de descendre de leurs petits nuages, alors, foi de militaire, je n'ai plus que la solution de l'exil en abandonnant ma tour de Taisey à l'islam radical pour qu'il en fasse un minaret.

Dans le croquis qui suit, je reprends mes deux croquis précédents mais en mettant en relief les tribulations du chef gaulois Camulogène que Labiénus a manipulé comme il en est peu d'exemples dans l'histoire.

Dans mes deux précédents articles http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-bataille-de-lutece-d-apres-le-172983  et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-bataille-de-lutece-au-pilier-173083 j'ai mis en exergue "le miracle de la discipline" de l'armée romaine car c'est bien l'enseignement que l'on peut tirer de cette étonnante manoeuvre qu'a réussie Labiénus en transportant avec 50 bateaux, quatre légions plus une cavalerie, en pleine nuit, en seulement une nuit, et par ruse. En comparaison, l'arrivée tardive de l'armée gauloise, au lever du jour seulement, ne peut s'expliquer que par une incapacité à réagir dans l'heure et de nuit. Il est vrai que la surprise à joué et qu'au temps de l'alerte, il faut ajouter celui pour comprendre la situation. Camulogène n'était pas sensé savoir que 50 bateaux avaient été amenés de Melun.

Je suis surpris de la légèreté avec laquelle on traite les textes anciens de référence et la logique militaire au profit d'une archéologie exclusive de fouilles qui ne peut être crédible que si ses interprétations sont bonnes.

Lorsque Labiénus descend la Seine sur la rive droite, il est écrit dans la ligne qui suit que les Gaulois coupent les ponts et incendient Lutèce ; c'est le texte. Labiénus raconte, en réalité, ce qu'il voit. Il faut comprendre que les Gaulois n'ont coupé que le pont nord pour empêcher Labiénus d'entrer dans l'île de la cité. Ils n'ont incendié que les greniers de blé des granges voisines pour empêcher qu'il s'y ravitaille ; c'est la logique militaire.

Après tout ce que j'ai écrit, je suis très étonné que les archéologues Matthieu Poux, à Corent, et Vincent Guichard, au mont Beuvray, continuent à imposer à l'archéologie française cette absurdité de capitales qui n'auraient été construites qu'en bois. Il faudrait, selon eux, attendre l'arrivée des Romains pour voir apparaître les premières constructions en pierres http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/corent-l-utopie-d-une-gergovie-qui-170906 . Il s'agit là d'un tour de passe passe pour évacuer une histoire gauloise beaucoup plus complexe et plus riche que ce qu'ils disent : selon cette méthodologie simpliste, ce qui est en bois est gaulois, ce qui est en pierre est romain. On touche au comble de l'absurde. Je ne suis pas archéologue, mais quand je vois, à Paris, les murs antiques des thermes de Cluny, avec ses rangées de briques intercalées, je fais instinctivement le rapprochement avec le mur dit "sarrazin" de Clermont-Ferrand. Le mont Lucotitius me fait penser au faubourg de Lux de ma ville de Chalon-sur-Saône et au soleil qui décorait sa porte séquane. Mais le plus significatif, ne serait-ce pas les fabuleuses médailles en or du trésor de Puteaux que les spécialistes datent, à juste raison, d'avant l'arrivée des Romains ?

Sur l'avers, la tête ne diffère des monnaies éduennes que par des variantes. Sur le revers, le cheval bondissant pourrait évoquer la cité, certes, mais aussi le cours sinueux de la Seine, de même que les monnaies éduennes pourraient évoquer la Saône. Quant au soi-disant filet que les numismates voient à l'emplacement privilégié habituel de l'aurige, ce n'est pas possible malgré son profil de casque. Cela ne peut être que l'évocation d'une ville cadastrée. Orgueil et image de la cité, on comprend que l'inventeur ait placé la nouvelle ville à la place d'honneur.

Voyez cette médaille attribuée aux Aulerques Cénomans qui prouve d'une façon indubitable que les Gaulois mettaient un message dans leurs médailles.

"L'esprit d'en haut, symbolisé par l'Apollon gaulois, dressé sur son char solaire, lance dans un éclair, en avant de son coursier, un rectangle bien mystérieux. Ce coursier, c'est la cité des Aulerques Cénomans. Le peuple en est le corps, son “Premier” la tête. Le conducteur projette en avant du coursier ce curieux rectangle, de la même façon qu'on faisait, jadis, avancer un âne, en lui balançant au bout d'un fouet, devant le museau, une carotte. Ce rectangle, c'est la Petite Ourse, symbole du Paradis, avec son trapèze si caractéristique et sa queue à trois étoiles ou trois segments d'étoiles. Ce personnage, couché en long sous le sol, c'est l'esprit de la Terre, qui emmène les esprits défunts dans l'inconnu de la mort. Ces têtes coupées, ce sont des âmes. Le conducteur divin tient par une mèche l'esprit du “Premier” qui entraîne la cité, de la même façon qu'on prenait jadis un ami par la barbichette. De toute évidence, ce n'est pas pour lui couper la tête" (extrait de mon Histoire de Bibracte, le bouclier éduen, publié en 1992).

Oui, il n' y a aucun doute, pour l'inventeur de la médaille des Parisii, la merveille qu'il fallait représenter à l'emplacement privilégié, c'était bien la ville nouvelle "cadastrée". Exit les Romains et la colonisation romaine ; la cité de Lutèce a bien été fondée, ou refondée, par les Gaulois.

Depuis les temps antiques, écrit César, les Senons étaient dans la "fides" des Éduens (DBG VI, IV : foi, serment, alliance, protectorat). Les Parisii, quant à eux, "de mémoire", leur étaient rattachés (VI,V). Le fait qu'ils ne soient pas nommés parmi les peuples celtes des grandes invasions celtiques laisse supposer que son développement était récent. Selon mon hypothèse, sa refondation suivant un plan cadastral préétabli ne peut s'expliquer que par la volonté du peuple le plus puissant d'avant la guerre des Gaules : le peuple éduen ; une volonté d'étendre sa puissance vers le nord par la fondation d'une colonie éduenne. La ville éduenne d'Autun a été cadastrée de même, apparemment plus tard, il est vrai à l'image de Rome.

Cette volonté éduenne d'installer une colonie avancée à Lutèce, j'en trouve le meilleur indice dans le règne de l'empereur Julien qui y fut élevé sur le pavois par les soldats. Ces soldats ne pouvaient être qu'à majorité éduenne. Ce personnage couronné, représenté dans les chapiteaux de la basilique de Vézelay, ne peut être que l'empereur Julien. La basilique de Vézelay n'a pu s'élever qu'au temps d'un empereur.

Et il y a aussi la fresque de Gourdon représentant la vision d'Échéziel que je date d'avant la guerre des Gaules et où la vllle habitée, sur laquelle il trône, est évoquée par un quadrillage semblable... des petits carrés avec un rond au centre. Gourdon se dresse sur une petite hauteur, au pied de Mont-Saint-Vincent, là où je situe Bibrace, dans la riche Bourgogne du sud, près de Cluny... Il s'agit d'une fresque où un messie juif espéré fait l'offrande des prépuces et des clitoris !!! 

 

Post scriptum. Contrairement aux discours ambiants, je prétends, en tant que latiniste, que les Commentaires de César sont d'une très grande précision et que ceux qui ne les comprennent pas ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes.

E. Mourey, 22 octobre 2015

Reproduction libre.

 



24 réactions


  • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 11:43

    Correction :


    Lire :... étonnante manoeuvre qu’a réussie Labiénus en transportant avec 50 bateaux, trois légions.
    Lire (fin de texte) : Il s’agit d’un ensemble de fresques dont une représente un messie juif espéré...

  • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 12:07

    Astérix peut bien écrire ce qu’il veut. Le Gaulois s’est fait avoir par plus malin que lui.


    • Clark Kent M de Sourcessure 23 octobre 2015 13:37

      @Emile Mourey

      bonjour M. Mouray

      Plus « malin » je ne sais pas, mais plus puissant, mieux organisé matériellement et plus avancé administrativement, certainement.

      Serai-il excessif de faire un parallèle avec la situation actuelle en comparant les Etats-Unis à Rome (pas la ville, l’état) ? Les américains ne sont certainement pas plus malins que d’autres, mais ils disposent d’une sacrée logistique et ils avaient plusieurs coups d’avance sur l’échiquier mondial en 1945. Ils jouent moins bien qu’avant et vont peut-être connaître la même destinée de les Romains, mais ils ont encore de la marge et, de toutes façons, on parlera peut-être dans 1500 ans des franco-américains comme on parle aujourd’hui des gallo-romains ?

    • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 15:28

      @M de Sourcessure


      Oui, parallèle intéressant. On peut encore aller plus loin. Si j’ai bien compris le nouvel Astérix qui sort en librairie, le Français, dans lequel le Gaulois sommeille encore, souffre toujours d’avoir été vaincu par César (le complexe du vaincu) et imagine qu’il est le seul, en Bretagne, a lui avoir fait mordre la poussière (une façon de soigner son complexe par auto-suggestion). 

    • Antenor Antenor 23 octobre 2015 21:16

      Consciemment ou non, Napoléon III voyait sans doute en Vercingétorix vaincu à Alésia une préfiguration de son oncle vaincu à Waterloo. Sinon pourquoi porter autant d’intérêt à une défaite ? Et dans les deux cas, toujours ces satanés germains qui arrivent au moment où il ne faut pas !


  • Antenor Antenor 23 octobre 2015 17:38

    Dans tous les domaines, on voit qu’au fil des siècles les Gaulois cherchent à se rapprocher du modèle méditerranéen... sauf en architecture si on en croit les archéologues. Étonnant.


  • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 19:31

    Le problème de Matthieu Poux et de Vincent Guichard, c’est qu’ils ont fait de l’archéologie avant de lire les textes anciens. Il n’y pas longtemps encore, le premier préconisait de ne pas tenir compte du texte de César et de retrouver l’histoire de la Gaule uniquement par les fouilles archéologiques. Après la découverte de la monnaie de Vespasien qui l’a fait fantasmé, il a mis de l’eau dans son vin. Vincent Guichard est issu de Polytechnique et ne semble pas avoir reçu une formation littéraire. Peu importe pour lui que Bibracte soit là ou ailleurs. L’important pour lui est d’avoir une entreprise à gérer. En fait, les deux amis (en façade) mais rivaux (en ambition) n’ont cherché qu’à confirmer sous le vernis d’un raisonnement scientifique, cette idée absurde que les Romains nous auraient tout apporté.


    C’est ainsi, comme vous le laissez entendre, que, pour eux, tout ce qui est architecture antique en Gaule ne peut être que romain et en pierre, car méditerranéen, comme si les Gaulois avaient vécu jusqu’à César au fond des forêts.

    S’ils avaient travaillé sur les textes, ils auraient pu lire dans le VIII ème livre des Commentaires que César a fait en sorte de ne rien changer aux coutumes des habitants ni à leur forme de gouvernement. Quant à Auguste, s’il a bien été obligé d’instaurer une administration au niveau de l’empire (notitia dignitatum), tout indique qu’il s’est appuyé sur les structures existantes au niveau des cités sans rien changer, seulement l’interdiction des sacrifices humains. Il faut attendre Claude pour voir apparaître quelques tentatives de réforme. Strabon qui ne manque jamais de signaler les oeuvres des Romains en Gaule, par exemple à Fréjus, ne signale aucune oeuvre d’Auguste en Gaule intérieure. L’idée que la ville d’Autun aurait été fondée par lui est un fantasme qui a amené les archéologues à imaginer le surgissement de grandes villes romaines en pierre au siècle d’Auguste, ce qui est fondamentalement faux.

    La vérité, c’est que l’urbanisme et l’architecture gauloise a suivi un cheminement tout à fait classique, avec toutefois un bond à l’époque de Constantin. À l’époque de l’empereur Julien, date de la carte de Peutinger, les cités gauloises avaient presque toutes leur basilique de pierre.

    • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 21:11

      @Antenor


      Toujours pas de réaction des numismates ; de même du coté des archéologues. Peut-être n’a-t-on pas compris que cette médaille « disait » que Lutèce était cadastrée avant l’arrivée de César et que ce cadastre ne pouvait être l’oeuvre que des Gaulois. La ville des Mandubiens d’Alésia dont les fondations sont toujours visibles prouve que les archéologues peuvent se tromper de deux siècles dans leur datation. C’est énorme ! 

      À Matthieu Poux et Vincent Guichard, répondez !

    • Antenor Antenor 23 octobre 2015 21:27

      La ville « gallo-romaine » du Mont-Auxois aurait été détruite en 269 avant d’être re-détruite 8 ans plus tard :

      http://www.alesia.com/histoire/la-ville-gallo-romaine_fr_000363.html

      A moins que...


    • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 22:47

      @Antenor


      Je cherche toujours à comprendre comment, concrètement, dans un temps apparemment court, Labiénus a pu transporter avec seulement 50 bateaux, trois légions plus la cavalerie. Les mots latins ne prêtent à aucune équivoque. À Melun, il a pris les bateaux ou navires (le mot est navires) en les détachant (deprehendis). Ils étaient donc amarrés à un port. Ils les a liés entre eux et y a « jeté » les soldats. Il ne s’agit donc pas d’un pont de bateaux mais d’une utilisation en barques d’assaut.

      Lors de la bataille, les 50 barques descendent tranquillement la Seine dans le sens du courant comme prévu, non liées sinon cela aurait été spécifié dans le texte. Ce mouvement se fait pendant la première veille (21h30 à 22h ?). L’armée et la cavalerie sont « passées de l’autre côté » (de l’obstacle) rapidement. Camulogène est alerté du remue-ménage à l’approche du jour (sub lucem, mettons 5h30 heures du matin). À la première lumière du jour (prima luce) mettons 6H30, tous les nôtres étaient transportés et on apercevait les lignes ennemies.

      Cela nous donne comme durée du transbordement : 8 heures 30. Reste à connaître la capacité de transport d’un bateau, ce que je ne connais pas, pour savoir combien il a fallu faire de rotations tout en tenant compte qu’il fallait chaque fois remonter le courant.

    • Emile Mourey Emile Mourey 23 octobre 2015 23:43

      @Antenor


      Les traducteurs mélangent en permanence « oppidum » et urbs/ville« alors que ce sont deux choses très différentes. L’oppidum d’Alésia est le haute fortification en pierre dont l’avocat Garenne, sous Napoléon III, a retrouvé la trace ovale à la pointe sud du mont Auxois. La seule mention que fait César de la ville d’Alésia est »perspecto urbis situ", ce qui veut dire qu’il a soigneusement reconnu son emplacement. D’où a-t-il reconnu la position de cette ville ? Des crêtes environnantes bien sûr. Un emplacement sur le point haut du plateau, là où sont les ruines. Une ville également en pierres, très certainement entourée d’un rempart de quelques mètres, cela se comprend, vu qu’on est tout de même en zone d’insécurité ; vu que l’oppidum fortifié de Garenne, un peu plus loin, n’est prévu qu’en cas d’alerte grave pour y mettre la population à l’abri et qu’il est fortifié en pierre.

      L’auteur de l’article joint n’a pas les pieds sur terre. Imaginer César en train d’examiner soigneusement l’emplacement de huttes en bois, cela ne tient pas la route. Vercingétorix observant le déroulement des combats du haut d’une citadelle (arx) en bois, convocant le conseil assis dans l’herbe des près, non, tout cela ne tient pas la route.

    • Antenor Antenor 24 octobre 2015 14:15

      @ Emile

      Oui ça fait quand même dans les 2000 hommes à l’heure, sans compter les bagages. Je ne sais pas combien de temps il faut par rotation pour embarquer, traverser, débarquer et retraverser à vide. Entre un quart d’heure et une demi-heure ?


    • Emile Mourey Emile Mourey 24 octobre 2015 15:38

      @Antenor

      Et si l’on admet même que les légions ne sont qu’à demi-effectif, cela fait encore 1000 hommes à l’heure. Si l’on compte une heure pour une rotation et 10 hommes par bateau, il faudrait 100 bateaux. Ce n’est seulement que si on met 20 hommes par bateau qu’on a une solution mais c’est vraiment une explication « tirée par les cheveux » et même impossible. Comme vous le dites, il faut ajouter les « sacs à dos », et aussi la cavalerie. Et il y a aussi le violent orage qui s’est abattu au début de l’opération...

    • Emile Mourey Emile Mourey 24 octobre 2015 23:41

      @Antenor


      Et pourtant cela fut.

      La cavalerie a très bien pu être transportée après le lever du jour.

  • Agafia Agafia 24 octobre 2015 21:19

    (...) j’en prendrai acte, avec le constat amer qu’un simple citoyen ne peut pas se faire entendre, même s’il a quelque chose à dire (...)


    Sauf votre respect M. Mourey, j’ai la moitié de votre âge mais cela fait bien longtemps que j’ai compris et intégré cette triste vérité...
    J’admire votre ténacité.

    (...) la solution de l’exil en abandonnant ma tour de Taisey à l’islam radical pour qu’il en fasse un minaret. (...)
    Non ! Non ! Non ! Jamais de la vie ! Ce n’est pas à vous que je vais apprendre qu’un soldat n’abandonne jamais son poste enfin !!!! Tant qu’on a des munitions, on se bat ! smiley

  • Antenor Antenor 25 octobre 2015 11:00

    @ Emile

    Les Gaulois savaient peut-être déjà construire des bateaux à fond plat de grand gabarit ?

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Marnois

    http://projetbabel.org/fluvial/marnois.htm

    Pour des marchandises à faible valeur ajoutée, le commerce à longue distance n’est rentable que si on attend une masse critique.

    Pour ce qui est de la bataille de Paris, ne pensez-vous pas qu’il faille carrément faire traverser la Seine à Labiénus en aval de Lutèce ? Auparavant, quand Labiénus repart pour Melun, je ne suis pas convaincu qu’il laisse des troupes devant Lutèce (vos points 3 et 2). Il s’empare de Melun et des navires, remonte la rive droite de la Seine et installe son camp en face de l’Ile de la Cité (votre point 4). Les Gaulois sont de l’autre côté, sur la rive gauche, eux aussi en face de l’Ile (à mi-chemin entre vos points 6 et 8). Depuis son camp (4), il envoie 5 cohortes remonter la Seine accompagnées de quelques barques (7) pour faire diversion. Il laisse 5 cohortes au camp (4) et logiquement traverse la Seine avec trois légions en aval de son camp, donc débarque sur la rive gauche à votre point 6. Ensuite, il remonte le long des berges acculant les Gaulois dans les marécages. C’est à se demander si César n’a pas chercher à minimiser le génie de son lieutenant. Alésia, victoire de César ou de Labiénus ?

    Les 5 cohortes remontant la Seine ont peut-être elles-aussi traverser le fleuve faisant croire aux Gaulois qui reculaient devant Labiénus qu’ils étaient pris en étau.


    • Antenor Antenor 25 octobre 2015 11:13

      Labiénus traverse la Seine à 6 km en aval de son camp donc à hauteur du Pont Mirabeau. A l’opposé, les 5 cohortes de diversion ont dû mobiliser l’attention des Gaulois en direction de Vitry sur Seine.


    • Emile Mourey Emile Mourey 25 octobre 2015 15:51

      @Antenor

      Toute la manoeuvre de Labiénus repose sur l’idée qu’il faut faire croire à Camulogène, un, que les Romains vont attaquer en 6, deux, qu’ils s’en vont. Toutes les instructions (secrètes) de Labiénus vont dans ce sens, et cela se passe de nuit. Votre proposition est trop classique pour croire que Camulogène se soit laissé surprendre par une diversion alors qu’il était sur ses gardes. Un Camulogène en alerte et c’était, à coup sûr, l’écrasement des premiers romains débarqués.

      Mais l’important n’est pas là. Il est dans la précision du récit qui serait autre dans votre hypothèse. Vous avez, dans mon explication, toutes les phases de l’engagement, point par point, et cela correspond à la logique.

      Il n’y a pas de doute à avoir. Le juge de paix est le choix des mots latins. Le mot important est « transmittitur ». Dans sa rédaction des Commentaires, pour indiquer le franchissement d’un fleuve, César utilise toujours le mot « traducere », dans l’expression « exercitum traducit ». C’est d’ailleurs l’expression qu’il utilise quand Labiénus fait franchir la Seine, à Melun - j’ai traduit exercitum par « ses troupes » (ce que me permet le mot latin). Dans le cerveau latin rigoureux de César, le langage fleuri et varié du français n’a pas sa place. S’il utilise le mot « transmittur, c’est pour dire autre chose que traverser le fleuve. Toujours dans le cerveau latin rigoureux de César, il est dans le fil de pensée suivant : légions -> obstacle/marais puis obstacle/marais -> on franchit l’obstacle (Labiénus envoie ses troupes de l’autre côté).

      En proposant la traduction »traverser le fleuve" le Gaffiot se trompe et a trompé tous le traducteurs.

  • Emile Mourey Emile Mourey 26 octobre 2015 11:26

    @ Antenor
    Je viens de lire votre lien sur les « marmois » qui m’avait échappé. Voilà qui lève toutes les hésitations. Avant la conquête romaine, les Gaulois sillonnaient déjà les fleuves avec de grands chalands à fond plat. Les « marmois » que les archéologues datent du Moyen-âge, il faut les dater de la Gaule indépendante. Ainsi s’explique l’idée « réalisable » que Labiénus a eu de faire transporter trois légions, ainsi que des chevaux. C’est l’image de la Gaule indépendante qu’il faut revoir dans l’esprit du public. La Gaule indépendante, c’était déjà la Gaule dite faussement gallo-romaine. C’était déjà le Moyen-âge.




    • Antenor Antenor 26 octobre 2015 13:18

      @ Emile

      Les livres d’Histoire font se terminer l’Antiquité en 476 avec la chute de Rome. A mon avis, la vraie rupture est plutôt à situer 1000 ans plus tôt. Vers -500, l’Europe entre pleinement dans l’Age du Fer qui entraîne une révolution agricole comme on en connaîtra plus avant le 19ème siècle. En Grèce, apparaît un mouvement philosophique qui nous influence encore aujourd’hui. Les Romains chassent leur roi et fondent la République. Les Juifs reviennent d’exil au sein d’un Empire Perse qui est sans doute le premier à ne pas tout massacrer sur son passage (n’en déplaise à Hollywood).


    • Emile Mourey Emile Mourey 26 octobre 2015 16:01

      @Antenor


      C’est bien possible mais à ce point du débat et vu mon âge, je préfère qu’on marque le coup sur cette bataille de Lutèce. Dès lors que le sens du mot latin prouve que les Romains n’ont pas franchi la Seine comme on le pense, que leur objectif était bien de s’emparer et de piller la ville de la montagne Sainte-Genevièvre, que la médaille en or indique qu’elle était déjà cadastrée, que les « navires » étaient déjà des bateaux à fond plat aussi importants que ceux du Moyen-âge, comme vous le proposez, il s’ensuit qu’il faut relativiser l’apport des Romains de la conquête et retrouver la réalité d’une évolution normale comparable aux autres pays, notamment que les Gaulois construisaient leur forteresses en pierres... bien avant l’arrivée des Romains ; d’où Bibracte à Mt-St-Vincent et Gergovie au Crest.

      Avec cette question des origines historiques de Lutèce, nous arrivons à un point où il faudra bien que les médias et les politiques prennent position. Si Agoravox le veut bien, j’envisage, dans les prochains jours, d’interpeller par articles, suivis de lettres recommandées, et Mme le Maire de Paris, et M. le Maire de Chalon. 

      Cordialement


    • Emile Mourey Emile Mourey 27 octobre 2015 12:31

      @Antenor


      Encore une erreur des traducteurs, et de moi. Dans l’affaire de Melun, il est absurde de traduire « navibus conjunctis » par « barques liées ensemble ». Si cela avait été ainsi, César aurait utilisé le verbe « vincio » dans l’expression « navibus vinctis ». Conjungo exprime plutôt une action d’ensemble. Il faut donc comprendre que Labiénus a lancé contre l’oppidum de Melun, dans son île, une vague d’embarcations d’assaut - chalands - et cela, dans la foulée de son arrivée, rapidement, ce qui est conforme à la logique militaire.


  • cadet cadet 1er novembre 2015 15:23

    Pourquoi je ne pense pas que les Eduens sont à l’origine de la bourgade autour de la montagne Ste Geneviève.
    les Eduens sont une tribu guerrière:ie:ils se retrouvent dans l’histoire et les mythes que leur délivrent les « druides »et c’est dans le même élan sur les mêmes inclinations qu’ils déterminent leurs alliances.
    Leur couleur tribale est le noir ; d’ailleurs le nom même « Eduen signifie :1 homme noir
     2 blé noir
    Cette couleur, qui se décline soit »tu« , soit »du« , soit »su" est la couleur tribale de ceux qui se réclament de Gad et dont la qualité première était de développer les arts du combat.
    Passons à la montagne sainte Geneviève.
    Beaucoup de noms de localités issus des anciens temps (avant les romains) ont été christianisés .ceci est une banalité ;donc on oublie le mot:sainte.Il reste Geneviève mot dans lequel on a entre autres les racines gen (qui n’est pas latines mais gauloise et signifie blanc) et vi qui est une abréviation de gvi qui est un lieu clôturé et habité. Autrement dit : la montagne sainte Geneviève
    est une fondation soumise à la juridiction de la tribu à la couleur blanche.
    Ce qui me choque dans vos interprétations c’est que les noms des localités ou des personnages gaulois qui interviennent dans la guerre des Gaules vous les faites à partir de racines latines, alors que vous êtes le premier et pour ma part je pense à raison à affirmer que tout ne vient pas de Rome.
    Cordialement


    • Emile Mourey Emile Mourey 1er novembre 2015 15:50

      @cadet


      Bonjour,

      Je fais surtout confiance aux textes antiques et à une bonne interprétation de ceux-ci. Vers le IVème siècle av. J.C, Hécatée de Millet évoque la ville des Celtes et Hérodote leur donne le nom de Celtes éduens. Il ne s’agit donc pas d’une tribu mais d’une colonisation venue du Proche-Orient. Le mot « chaldéen » est trés proche du mot celte/Keltoï.
      La montagne sainte Geneviève ne s’est appelée ainsi que tardivement. Aux temps anciens, son nom était mons Lucotitius.
      Quant au latin, mon avis est que ce n’était pas une langue réservée à la seule Italie.

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