jeudi 28 octobre 2010 - par Paul Villach

M. Mélenchon et les médias : ne met-il pas la charrue avant les bœufs ?

Interviewé, mardi 26 octobre 2010, sur RMC dans l’émission, « Les grandes gueules  », M. Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, s’en est pris une nouvelle fois à des journalistes de télévision (1). Après David Pujadas qu’il avait traité récemment de « larbin » et de « salaud », c’est surtout Laurence Ferrari qui, cette fois, a été habillée pour l’hiver : il a révélé son salaire extravagant d’ 1,1 million d’euros par an, qui détermine forcément des solidarités socio-politiques, et surtout dénoncé un aphorisme arrogant qu’elle aurait proféré : « Les politiques passent, les chaînes restent  ». Il en a appelé à une « révolution citoyenne » dans les médias qui expulserait « les médiacrates  ». Mais n’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs ?

La qualité de l’information proportionnelle à la culture du récepteur
 
D’où vient qu’un David Pujadas et une Laurence Ferrari "restent", l’un sur France 2 et l’autre sur TF1 à la présentation des « 20 heures » des deux chaînes ? Suffirait-il de les remplacer par d’autres journalistes encore obscurs pour que la qualité de l’information offerte par ces chaînes et les autres médias officiels en soit aussitôt améliorée ? Il n’en est rien. Ces «  chaînes restent » malgré leur médiocrité, et avec elles leurs journalistes vedettes, parce qu’elles drainent de larges audiences qui les plébiscitent. La qualité de l’information dépend moins des émetteurs que des récepteurs qui l’accueillent en vertu d’une règle triviale : on ne raconte pas de bobards à qui sait les repérer. À qui, en revanche, ne les reconnaît pas, la tentation est grande de lui en servir.
 
Ainsi, par leur chasse à l’audience qui leur fait choisir les leurres propres à la drainer, les médias renvoient-ils moins à la médiocrité des journalistes qu’à celle de leurs récepteurs. Qui aurait idée de reprocher à un pêcheur d’avoir son panier rempli de poissons ? N’est-il pas dans son rôle de choisir lui aussi les leurres adaptés à l’espèce qu’il tente de capturer, la mouche ou le ver rouge pour la truite selon la saison, la cuiller pour le brochet ? Tant que les poissons ne sauront pas reconnaître les leurres utilisés pour les capturer, ils finiront dans le panier du pêcheur puis dans sa poêle à frire.
 
Un avertissement de Jean de La Fontaine
 
Jean de La Fontaine, très au fait de la relation d’information, pose bien le problème dans sa fable « Le petit poisson et le pêcheur  ». Mais, distrait par la morale explicitée, on n’y prend pas garde en général. Le Carpillon étourdi qui a mordu à l’hameçon et se retrouve dans la main de son prédateur, a beau user d’un leurre astucieux : il lui promet un gain futur plus grand que le gain présent, en le suppliant de le laisser vivre, le temps qu’il grossisse un peu, qu’il remplisse plus qu’ « une demi-bouchée  » et devienne carpe « pour faire un plat  ». On n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace ni à un pêcheur à se laisser prendre aux leurres qu’il connaît si bien : s’il le rejette à l’eau, quelle chance a-t-il de l’attraper une seconde fois ? C’était avant de mordre au leurre que le Carpillon devait veiller à sa sécurité. Après, il est trop tard. La fable montre, en fait, les deux cas de figure selon que l’on reconnaît ou non les leurres : on ne s’y laisse pas prendre quand on les repère comme le pêcheur - « Un Tiens vaut mieux que deux Tu l’auras  » avertit la morale écrite. Si on les ignore et se laisse prendre comme le poisson, il n’y a pas de salut : on peut y laisser la vie, enseigne la leçon qui, si elle n’est pas écrite, n’en est pas moins implicite.
 
Une communion apparente de la Droite et de la Gauche dans la même erreur ou la même stratégie
 
Or, défenseurs de l’ordre établi et partisans d’un ordre alternatif, de Droite ou de Gauche ne se sont jamais souciés dans un programme scolaire d’apprendre aux citoyens à repérer les leurres et les illusions dont est constituée structurellement la trame de l’univers médiatique.
 
- Les uns se contentent de faire valoir une déontologie pour garantir la qualité de l’information diffusée. Seulement, peut-on être sûr qu’une déontologie soit toujours respectée ? Et que pèse-t-elle même face aux contraintes qui s’exercent sur l’information, comme celle des motivations de l’émetteur dictées par l’instinct de survie ? Une maxime prêtée à Churchill ne souffre pas de réplique : « En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle devrait toujours être protégée par un rempart de mensonges ». Or, en temps de paix, ne l’est-elle pas aussi puisque, fussent-ils de plus faible intensité, les conflits entre les individus et les groupes ne cessent pas ?
 
- Les autres, comme M. Mélenchon, en appelle à une « révolution citoyenne  » dans les médias et à un changement de personnel. Mais l’expérience historique n’a-t-elle pas montré que les sociétés alternatives « révolutionnaires » étaient celles où la qualité de l’information était encore plus médiocre et déplorable ? La construction d’une société nouvelle exigeait la censure. 
 
Défenseurs de l’ordre établi et partisans d’un ordre alternatif communient donc dans la même erreur ou la même stratégie : ils nient les contraintes qui s’exercent sur l’information et qui, comme la loi de la pesanteur, s’appliquent dans quelque société que ce soit. Quelle société peut prétendre que son organisation empêche les objets de tomber ou qu’elle les maintient en état d’apesanteur ? Les leurres et les illusions de l’univers médiatique ne sont pas le fruit de la malignité d’abord mais celui de la nécessité, que l’on soit de Droite ou de Gauche, croyant ou athée. Rien n’est perdu pour autant : la prise en compte de la loi de la pesanteur a permis aux avions de voler et aux fusées de s’arracher à l’attraction terrestre.
 
Un apprentissage scolaire de l’information et de ses leurres
 
S’il veut donc être crédible, M. Mélenchon qui a été ministre de la formation professionnelle, devrait proposer « une révolution » non pas dans les médias, mais dans l’École. Que l’apprentissage de l’information et de ses leurres fasse partie du socle commun d’enseignement ! On y apprendrait par exemple ce qu’on n’enseigne surtout pas aujourd’hui : 1- une information n’est pas « un fait  » mais seulement « la représentation d’un fait plus ou moins fidèle  » ; 2- « la loi d’influence » régit la relation d’information au nom d’un principe selon lequel « nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire » ; 3- « le discours informatif » - censé ne pas influencer, n’est qu’un leurre ; 4- « Le médium est le message », il faut donc s’en méfier ; 5- il convient de distinguer « l’information donnée  » peu fiable et « l’information extorquée  » plus fiable ; 6- chaque être humain, doté de « cœur » et de « raison », selon Pascal, est une cible à deux centres que des gammes de leurres visent à atteindre simultanément en déclenchant « les réflexes innés et socioculturels  » dont il est équipé, il importe donc de les connaître, etc. !
 
Alors seulement viendra peut-être le temps où TF1, France 2 et les autres devront renoncer d’abord à leurs leurres les plus grossiers, puis à de plus raffinés et, - qui sait ? - , un jour, s’adresser à l’intelligence de leurs téléspectateurs et non plus à leur « temps de cerveau disponible  » pour rencontrer une audience. Sans doute, alors les politiques passeront-ils toujours, mais les Laurence Ferrari et leurs chaînes, elles, ne resteront plus. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, M. Mélenchon ! Paul Villach
 


33 réactions


    • LADY75 LADY75 28 octobre 2010 12:08

      Lady Panam’, encore éblouie par la prose villachienne, se souvient d’un propos de son professeur, à l’issue d’un cours de yoga :

      « Le maitre Zen à son disciple : »Tout n’est que leurre !« 

      Survient alors un tigre feulant et menaçant.

      Le Maître alors, de chercher refuge sur un arbre.. et le disciple de s’en moquer.

      - »Hé Maitre, si tout leurre, pourquoi fuir devant celui-ci ?’
      - « Disciple, médite ceci : j’oppose à un leurre de tigre le leurre d’un arbre ! »

      Et Lady Panam’ de s’extasier devant la maîtrise de Photoshop par l’auteur, qui lui rajeunit sensiblement son leurre de pictogramme et lui évite de ressembler à ces vieillards habillées en djeunes qui excitèrent son ire quand il les vit placardés sur l’abribus où il aime à se reposer, entre sa boulangerie favorite et la tour d’ivoire d’où y nous pond ses nartics !


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 28 octobre 2010 12:16

    Il est vrai que Mémé ne se plaignait pas franchement de son traitement médiatique quand il était en poste au ministère. Pourtant, il y avait PPDA en place et au niveau de la morale journalistique, on a vu quand même mieux.

    En fait, le positionnement anti-médiatique de Mémé tient au fait qu’il a « senti » un ras-le-bol, justifié ou non, d’une partie du grand public envers les médias d’informations, qui sont accusés, parfois à tort, parfois avec raison, de collusion et de dissimulation.

    Il se contente de surfer sur le mouvement et son talent d’acteur face à la caméra fait le reste. ça lui donne un positionnement « populaire » dans tous les sens du terme, ça le démarque des autres politiques et ça lui donne donc une visibilité accrue, supérieure à ce que le résultat électoral de son mouvement pourrait lui apporter seul : le FdG ne fait que reprendre les scores moyens du PCF qu’il a quasiment phagocyté.

    S’il avait senti un frémissement du public envers la danse classique, nul doute qu’on verrait Mémé en tête des cortèges faire des pointes en tutu rose...

    Ou rouge...


  • Francis, agnotologue JL 28 octobre 2010 13:33

    Sauf erreur, et si j’ai bien compris le mantra, - je cite de mémoire : « nul ne délivre volontairement une information qui serait susceptible de lui nuire » - Pourquoi voulez vous que les dirigeants enseignent dans les écoles à distinguer les leurres, sinon les leurs. L’école n’est-elle pas au service de la nation, et la nation n’est-elle pas sous la coupe des dirigeants ? Voudriez-vous qu’ils se tirent une balle dans le pied ?


    • djanel Le viking- djanel Le viking- 28 octobre 2010 17:06

      A JL

      .

      Pourquoi cet harcèlement contre moi  Djanel ? Vous m’avez supplié de vous répondre mais les plus belles réponses sont celles que l’ont trouve soi-même en réfléchissant. Pour vous mettre dans la confidence, je vous dirais que je n’aime pas les révolutionnaires de pacotille comme vous ou comme votre homologue l’esclave au rocher roulant le bien nommé Sisyphe.

      Monsieur Villach a raison. Il faut apprendre aux citoyens à décoder l’information. Il s’évertue en bon pédagogue qu’il est à vous donner des clefs de décodage mais vous n’avez rien trouvé de mieux Monsieur JL que de vous associer aux réactionnaires pour le vilipender . C’est ainsi que vous nous avez montrer que vous ne compreniez rien à ce que l’on vous disait tellement vous vous êtes embourbé dans vos contradictions et la volonté de paraître.

      Je ne suis pas toujours d’accord avec certaines de ses prises de position comme par exemple, lorsque Villach  a défendu le jeu de la mort. Je n’étais pas d’accord car si la soumission aveugle à l’autorité existe l’insoumission existe aussi. Je ne reviendrais pas là-dessus.

      Pour finir voici un proverbe chinois. « c’est quand le petit poisson est pris dans la nasse qu’il commence à réfléchir » tous les proverbes chinois sont d’une justesse diabolique car il est évident qu’il faut comprendre que le petit poisson pris dans la nasse commence à réfléchir bien tardivement et que cette réflexion ne pourra déboucher que sur des regrets qui ne le sauveront pas d’une mort annoncée.

      « OH bien merde, si j’avais su  je me serais abstenu d’entrer » Mais il est trop tard petit poisson. Il aurait fallu réfléchir avant et étant sans expérience il aurait s’instruire auprés des anciens. N’est-ce pas JL


    • Francis, agnotologue JL 28 octobre 2010 23:55

      pauvre djanel qui écrit : « Vous m’avez supplié de vous répondre mais les plus belles réponses sont celles que l’ont trouve soi-même en réfléchissant. »

      Je l’ai supplié ? Dans ses rêves peut-être ! Ce type ne mérite pas les 30 secondes que l’on perd à lui répondre, ni même les 5 secondes pour le lire.


    • djanel Le viking- djanel Le viking- 29 octobre 2010 00:39

      contadiction JL ! Vous dites que je ne vaux pas le coup qu’on me lise et qu’on me réponde et poutant vous me lisez et vous me répondez.

      devant tant de contadictions, je vous salue bien bas.


  • LOKERINO LOKERINO 28 octobre 2010 16:00

    Sur un autre fil , quelqu’un disait que le mouvement social avait conduit un certain nombre de masque à tomber 

    celui de Melanchon, notamment, qui se vautre dans le personnage qu’il nous sur-joue.

    Pantin pathétiques qui se délecte à longueur d’onde et par sa notoriété passager dans son nouveau rôle de Le Pen/Tapie , l’intelligence en moins 


    • djanel Le viking- djanel Le viking- 28 octobre 2010 17:13

      .

      Vous vous améliorez pas Lorenkino. Personne ne vous craint car vous êtes incapable de convaincre ceux qui ne partagent pas votre opinion. La seule satisfaction que vous avez, est de vous congratuler avec les pensifs tels que vous.


    • Pyrathome pyralene 28 octobre 2010 17:55

      Ça porte un nom Djanel !! c’est un« lèche boule » !!........ smiley


    • LOKERINO LOKERINO 29 octobre 2010 07:09

      Leche boule toi même  ! non mais !
       Contrairement à vous , je n’ai pas d’idole
      Ici mon combat c’est denoncer la demagogie et la tartuferie ! et il y a de quoi faire !!

      Si Melanchon est votre nouveau sauveur- et il est apparement très populaire sur ce site- , cela en dit long sur l’etat d’esprit de ceux qui s’expriment ici et de leur limites democratiques...


    • Francis, agnotologue JL 29 octobre 2010 08:06

      Sur Agoravox, la caravane passe, les chiens aboient !

       smiley


  • Pyrathome pyralene 28 octobre 2010 18:03

    Cet acharnement sur Mélenchon, faut croire qu’il commence par déranger.....il en devient très intéressant pour le coup et c’est tout bénéf pour lui, j’en suis fort aise !!....


    • Paul Villach Paul Villach 28 octobre 2010 20:16

      @ pyralène

      Je ne casse pas de sucre sur le dos de M. Mélenchon. Il n’a pas tort.
      Je souhaite seulement qu’il ne mette pas la charrue avant les boeufs ! Paul Villach


    • Pyrathome pyralene 28 octobre 2010 20:30

      J’ai compris votre billet, c’est pas ce que je voulais dire ,désolé je me suis exprimé un peu succinctement, presque toute la classe politique lui tombe dessus ce qui signifie que l’empêcheur de tourner en rond commence à raboter les voix de tous les côtés et exaspérer, ce dont je suis absolument ravi !!
      C’est le seul à parler vrai avec du coeur et de l’abnégation, c’est tellement rare de nos jours....


  • Alpaco 28 octobre 2010 20:07

    Information et journaux télé : ça fait deux.
    Parlons plutot de divertissement informatif dont le but est, comme tout produit commercial, de satisfaire le client certes crétin mais surtout roi.

    Les titres introductifs accrocheurs, les « teasing » des sujets suivant pendant le journal pour ferrer le potientiel zappeur, sont des outils du p(r)êcheur professionnel.

    P.Villach, en conformité avec la culture de sa génération, rapporte les propos de Mélenchon dans une opposition gauche/droite, plus précisément conservateur/révolutionnaire. N’est-il pas évident que la déontologie est absente de tout principe commercial, politique et ideologique ?
    C’est la vraie morale du poème de La Fontaine : Je t’attrape en abusant de ton émotion, et quand tu te défends sur des arguments d’émotion, j’y oppose un argument de raison.

    Cher Paul, apprendre aux gens (en plus aux jeunes) à réflechir c’est trop révolutionnaire. Et ca sonne « théorie du complot » (ceux qui réfutent que d’autre refléchissent à notre place, alors que c’est faux, tout le monde le sait).

    Culture génerale et culture professionnelle suffisent de nos jours pour être heureux. Personne ne dit le contraire à la télé.


    • Paul Villach Paul Villach 28 octobre 2010 20:14

      @ Alpaco

      Vous avez bien compris La Fontaine.
      Il mérite d’être relu sous l’angle d’une analyse de l’information. J’y travaille, figurez-vous. Les fables sont une belle école de l’information, mais ça nécessite de les débarrasser de la guimauve dans lesquelles on les a gélifiées. Paul Villach


    • Aafrit Aafrit 28 octobre 2010 22:34

      Oui, en effet Perseùs sauf qu’Esope se serait lui aussi inspiré d’autres conteurs qui eux se seraient..etc,etc.
      La classification d’Aarne et Thompson est bonne à lire pour séparer le bon grain de l’ivraie.
      On pourrait même s’étonner comment une blague racontée au fin fond de l’Inde débarquait à Paris et s’y ré-racontait, bien qu’elle soit dans une autre langue, toute honte bue et sans droit d’auteur smiley 


    • Paul Villach Paul Villach 29 octobre 2010 11:28

      @ Kerjean

      Merci de votre leçon révolutionnaire ! On l’a vue à l’oeuvre au 20 ème siècle !

      Vous me faites pensez à l’ivrogne qui cherche ses clés sous un réverbère, alors qu’il les a perdues cent mètres plus loin, mais il y fait trop sombre pour fouiller... Bonne chance !Paul Villach


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 28 octobre 2010 20:37

    Ô l’ Ot , y parle de guimauve à propos des fables de La Fontaine ,

    Apprenez monsieur de Vergèze 

    si devant les  gonzes à l’ aise 

     guère vous rameniez votre fraise 

    moins on s’ occuperait de vos fèces .

    Jean de Roclafontaine .



     


    • Pyrathome pyralene 28 octobre 2010 20:55

      LE CHARLATAN (Rocla)

      Le monde n’a jamais manqué de Charlatans : (1)
       Cette science, de tout temps,
       Fut en Professeurs très fertile.
      Tantôt l’un en théâtre affronte l’Achéron, (2)
       Et l’autre affiche par la ville
       Qu’il est un passe-Cicéron. (3)
        Un des derniers se vantait d’être
       En éloquence si grand maître,
       Qu’il rendrait disert un Badaud,
       Un Manant, un Rustre, un Lourdaud ;
      Oui, Messieurs, un Lourdaud, un Animal, un Âne :
      Que l’on amène un Âne, un Âne renforcé,
        Je le rendrai maître passé,
       Et veux qu’il porte la soutane.
      Le Prince sut la chose, il manda le Rhéteur.
       J’ai, dit-il, dans mon écurie
       Un fort beau Roussin d’Arcadie : (4)
       J’en voudrais faire un Orateur.
      Sire, vous pouvez tout, reprit d’abord notre homme.
       On lui donna certaine somme.
       Il devait au bout de dix ans
       Mettre son Âne sur les bancs ;
      Sinon il consentait d’être en place publique
      Guindé (5) la hart (6) au col, étranglé court et net,
       Ayant au dos sa Rhétorique,
       Et les oreilles d’un Baudet.
      Quelqu’un des Courtisans lui dit qu’à la potence
      Il voulait l’aller voir, et que, pour un pendu,
      Il aurait bonne grâce et beaucoup de prestance :
      Surtout qu’il se souvînt de faire à l’assistance
      Un discours où son art fût au long étendu . (7)
      Un discours pathétique, et dont le formulaire
       Servît à certains Cicérons
       Vulgairement nommés larrons.
       L’autre (8) reprit : Avant l’affaire,
       Le Roi, l’Âne, ou moi, nous mourrons.

       Il avait raison. C’est folie
       De compter sur dix ans de vie.
       Soyons bien buvants, bien mangeants ,
      Nous devons à la mort de trois l’un (9) en dix ans.


  • Jordi Grau J. GRAU 28 octobre 2010 22:14

    M. Villach,

    Je ne suis qu’en partie d’accord avec votre analyse. Pourquoi faudrait-il nécessairement privilégier le récepteur, lorsqu’on analyse les médias ? Si le récepteur est si réceptif, s’il se laisse si facilement prendre aux leurres, c’est aussi parce qu’il a été conditionné pour cela. Plus on regarde la télé, plus on pense comme la télé, plus on s’habitue en fait à ne plus penser ou à rétrécir sa pensée. Il y a donc un cercle vicieux qu’il faut briser. Je suis d’accord avec vous lorsque vous parler d’éducation : c’est sans doute d’abord à ce niveau qu’il faut briser le cercle de l’abrutissement et de la soumission volontaire. Mais, à l’autre bout de la chaîne, il ne serait pas mal venu de réformer (ou révolutionner) les médias. Comment ? Je ne sais pas précisément. Certainement pas en imposant une censure « révolutionnaire », sur ce point je vous suis.

    Une piste cependant mériterait d’être explorée : la réduction des inégalités.

    Les inégalités de richesse constituent un triple enjeu. D’abord, du point de vue moral, on ne voit pas très bien comment justifier le niveau actuel des inégalités. Ensuite, d’un point de vue économique, une répartition plus équitable des richesses ne serait pas mal venue. Enfin, et c’est sur quoi j’aimerais insister, une diminution des inégalités aurait un impact politique considérable. Les « élites » qui nous gouvernent sont d’autant moins soucieuses de l’intérêt général, d’autant plus repliées sur leur petit monde doré, qu’elles sont plus fortunées. Et ce qui vaut pour les « élites » en général vaut en particulier pour les journalistes. De ce point de vue, ce n’est pas de la démagogie de la part de Mélanchon que de dénoncer les vedettes du journal télévisée comme cette Mme Ferrari que je ne connais pas parce que je regarde très rarement la télé.

    Au sujet du rapport entre le petit monde des « grands » journalistes et l’argent, je vous conseille un excellent essai polémique de Serge Halimi : Les nouveaux chiens de garde. Mais sans doute l’avez-vous déjà lu.


  • marc 28 octobre 2010 23:39

    - "Les autres, comme M. Mélenchon, en appelle à une « révolution citoyenne  » dans les médias et à un changement de personnel. Mais l’expérience historique n’a-t-elle pas montré que les sociétés alternatives « révolutionnaires » étaient celles où la qualité de l’information était encore plus médiocre et déplorable ? La construction d’une société nouvelle exigeait la censure. « 

    • Mélenchon n’appelle pas à »un changement de personnel« mais à l’élection des présentateurs par les journalistes de la rédaction et la fin des précaires. Pourquoi pas ?
    • Pour ce qui concerne les sociétés »révolutionnaires, leur expérience devrait permettre de ne pas refaire les mêmes erreurs ; c’est à ça que sert l’expérience. La censure n’est pas consubstantielle à l’esprit révolutionnaire que je sache

    • Paul Villach Paul Villach 29 octobre 2010 11:34

      @ Marc

      « La censure n’est pas consubstantielle à l’esprit révolutionnaire que je sache » ?

      Je crains que si, quand des « avant-garde » et autres « nomenclatura » s’installent au pouvoir. Paul Villach


    • marc 29 octobre 2010 15:54

      Paul Villach

      Vous vous répétez mais cela n’apporte rien.
      Je maintiens que c’est à nous de tirer parti de l’expérience des pays ex-socialistes, qui eux-mêmes ont fait leurs erreurs dans un contexte historique, économique et social donné.
      Rien ne dispose les révolutionnaires à répéter les mêmes erreurs ; d’ailleurs, les pays sud-américains qui se lancent dans cette aventure le font maintenant de façon différente, plus démocratique dans un contexte pluraliste et électoral.
      Nous devons observer ce que cela donne et tenir compte de leurs succès ou échecs .
      Vous semblez prisonnier de schémas anciens ; secouez-vous un peu.


    • Paul Villach Paul Villach 29 octobre 2010 16:04

      @ Marc

      Vous êtes plaisant ! N’est-ce pas à vous de vous secouer un peu ? Paul Villach


    • marc 29 octobre 2010 21:42

      Paul Villach

      Mais je me secoue , je me secoue, je voudrais bien que tout le monde se secoue


    • Paul Villach Paul Villach 30 octobre 2010 16:26

      @ Marc

      Convenez que je secoue le cocotier ! Ne répétons pas les erreurs d’hier ! Paul Villach


  • Henrique Diaz Henrique Diaz 29 octobre 2010 01:11

    Marc vient de dire l’essentiel pour corriger votre propos, M. Villach. Pour écrire sur Mélenchon, il aurait peut-être été bon de lire son dernier livre au moins : « Qu’ils s’en aillent tous ! ». (ça se lit en une après-midi, en prenant le temps de réfléchir à ce qui est écrit) Vous semblez en rester à la vision superficielle que donnent les médias de masse de ce monsieur, qui extraient quelques propos de leur contexte pour faire ressortir le plus croustillant. Et n’en déplaise à Mvarvinbear, ce qu’il retient du personnage n’est que l’image de surface que veulent bien en extraire les médias qui se sentent mis en cause.

    En l’occurrence, Mélenchon ne dit nullement qu’il suffirait de remplacer les présentateurs vedettes des journaux télévisés pour que l’information soit mieux traitée : révolutionner de façon citoyenne les médias, ce serait permettre le contrôle par les citoyens de la façon dont ils sont organisés, en commençant par l’élection de membres des conseils d’administration des médias publics. Cela permettrait de prévenir la corruption de ces services par des puissances partiales.

    Et avec, par exemple, des journalistes présentateurs pas payés beaucoup plus que les pigistes qui font le gros du boulot, il y aurait d’autres façons de poser des questions aux représentants politiques ou économiques !

    Une révolution citoyenne des médias, ce serait aussi instaurer la pratique du traitement contradictoire et argumenté de l’information, sur toute question prêtant à discussion, d’une façon beaucoup plus systématique que ce qu’on peut voir aujourd’hui, quand les tenants de la doxa officielle parlent, et pas les mascarades de débats qu’on nous sert souvent sur les chaînes info où un supporter de l’Europe du Traité de Lisbonne s’oppose à un autre supporter du même traité sur des questions byzantines !

    Enfin, une révolution citoyenne, cela n’a justement pas grand chose à voir avec ce qui a pu se faire au XXème siècle sous couvert de socialisme ou de communisme et qui n’a de fait pas souvent fait autre chose que de confisquer le pouvoir aux citoyens des républiques au profit d’une petite oligarchie politique. Ce qui doit d’abord être mis en place pour fonder une telle révolution par les urnes, c’est une nouvelle constitution pour limiter au maximum les dérives « société du spectacle » que notre cinquième république encourage.


  • lebreton 29 octobre 2010 11:32

    Pas besoin d’en faire des pages ,les telespectateurs sont tous des cons ,vite dit les pujadas et consor nous sont imposé par france télevision point, l’histoire de l’audimat est tout aussi nulle que ceux quii en parle comme pretexte a la présence de ses gens là .La vérité est elle bien dans le fait que la pluparts des média sont a la solde de la caste en place,et pire qui n’est pas là par la volonté du pleuple mais par une série de tripatouillage en tout genre acec le fric tout est possible .
    Quand Melanchon dit qu’ils s’en aille tous ,c’est utopique,mais il n’est pas le seul a le penser.


  • xray 29 octobre 2010 13:52


    Sachant qu’il est plus intéressant de fabriquer des médiocres, les poujadas seront toujours désignés en conséquence. 

    Menteur comme un journaliste 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2010/05/03/menteur-comme-un-journaliste.html 

    La connerie humaine est la seule approche que l’on peut avoir de l’infini. 
    ÉCHO-EUROPE (L’EURO-INJUSTICE) 
    http://echo-europe.over-blog.com/ 



  • cathy30 cathy30 29 octobre 2010 16:52

    Monsieur Villach
    Ne sommes nous pas tous vous, nous, Mélanchon à tourner en rond. Nous en sommes réduis à une société de spectacle. Le médium est le message ou le média est le message. Le média est devenu plus important que le message, vous voyez ça rentre.

    Les enfants dès leurs plus jeunes âges regardent la télé, vous avez une autre solution à ça ? vous venez d’une génération plutôt saine, mais que fera la dernière, complètement lobotomisée ?


    • Paul Villach Paul Villach 29 octobre 2010 17:17

      @ Cathy 30

      Ma solution ? Je la livre dans mon article. Je l’ai expérimentée dans le secondaire comme à la fac !

      Il faudrait que les professeurs cessent, pour commencer, d’enseigner des erreurs par soumission aveugle à l’autorité !

      Mais, je le reconnais, ce n’est pas demain la veille ! Paul Villach


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