mardi 11 février 2020 - par Patrice Bravo

Macron : « La Russie est dans l’Europe »

Le président français a de nouveau présenté - ce qui est un exploit - la Russie comme faisant partie de l'Europe.

Jouant sur la sensibilité polonaise vis à vis de la Russie dans un contexte où c'est, selon lui, l'Union européenne qui doit relever le défi de l'Otan en mettant en place sa propre armée, alors que la Pologne mise sur les Etats-Unis pour sa défense et voit toujours la Russie comme étant un danger pour sa souveraineté, Emmanuel Macron se lance en tant que leader européen pour prendre la place d'Angela Merkel sur le terrain « naturel » de l'Allemagne en Europe centrale en privilégiant toujours une normalisation des relations avec la Russie. La France a - c'est ce qui en fait sa force - deux atouts très convoités par la diplomatie allemande, sa force de frappe nucléaire et son siège permanent à l'Onu.

Dans un tweet du 3 février, le président français alors en visite en Pologne a déclaré : « La France n’est ni pro-russe, ni anti-russe, elle est pro-européenne. Même si elle n’est pas dans l’Union européenne, la Russie est dans l’Europe. Et nous n’avons aucun intérêt à ne pas regarder en face notre relation avec la Russie et à laisser des malentendus ». Dans cette déclaration - ce qui était osé en Pologne - faite devant le président polonais, Andrzej Duda, et Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais, le président français continue de faire des déclarations favorables envers la Russie. Depuis son discours à la Sorbonne, le chef de l'Etat français a largement avancé ses pions en l'espace de trois ans en incluant le rôle de la Russie dans une volonté de damer le pion à la chancelière sur sa politique de rapprochement avec la Russie. On se souvient d'un passage du 26 septembre 2017 où le président français déclarait qu'« au début de la prochaine décennie, l'Europe devra être dotée d'une force commune d'intervention, d'un budget de défense commun, et d'une doctrine de défense commune pour agir ». En 2017, la Russie était assimilée sur la langue du jeune président français aux « puissances autoritaires qui ne défendent pas aujourd'hui nos valeurs ». Depuis 2019, la France tend la main à la Russie en tentant de rattraper le retard sur la diplomatie allemande vis à vis de la Russie, voire même à vouloir la dépasser pour prendre la main car l'Allemagne ne cesse pas de réclamer les positions stratégiques de la France. Les demandes allemandes ont, semble-t-il, à partir de 2018, fait revoir à la France sa politique vis-à-vis de la Russie.

Le vice-chancelier Olaf Scholz (SPD) avait préconisé en novembre 2018 que le siège permanent de la France au Conseil de sécurité des Nations unies soit converti « en siège européen commun ». La France avait refusé mais répondu vouloir s'engager à ce que l'Allemagne en obtienne un. Dans un entretien de ce 2 février donné au Tagesspiegel, juste avant le départ d'Emmanuel Macron en Pologne, l'Allemagne est revenue à la charge avec le chef du groupe parlementaire de la CDU, Johann Wadephul, qui a déclaré que la France devait donner à son pays sa dissuasion nucléaire : « Nous devons envisager de travailler avec la France sur les armes nucléaires. L'Allemagne devrait être prête à participer à cette dissuasion nucléaire avec ses propres capacités et ressources ». Face à l'appétit de Berlin qui se fait de plus en plus insistant, Paris a engagé la vitesse supérieure et s'approche de la Russie tout en tentant de se montrer en leader en Europe centrale quitte à marcher sur « la terre de chasse » de Berlin.

Depuis mai 2019, la France entame un virage pro-russe. Même si le président français a déclaré ne pas être « pro-russe » en Pologne car il ne fallait pas heurter la sensibilité polonaise sur cette question, la France de Macron mène, en fait, une politique pro-russe depuis mai 2019.

En mai 2019, le président français a déclaré que « le Conseil de l'Europe a besoin de la Russie comme la Russie et les Russes ont besoin du Conseil de l'Europe, ce qui suppose que ses droits d'Etat membre soient respectés mais aussi que la Russie remplisse ses obligations à l'égard de l'institution ». Avant le G7 de Biarritz en août 2019, il avait jugé « pertinent » que la Russie - qui avait été suspendue en raison de la Crimée- puisse « à terme » rejoindre le G7 qui redeviendrait alors le G8. Le 19 août, il recevait le président russe au fort de Brégançon. A la fin du mois d'août, Emmanuel Macron plaidait devant les ambassadeurs pour une normalisation des relations avec la Russie : « Il faut repenser notre lien avec la Russie car « pousser la Russie loin de l'Europe est une profonde erreur » et « nous sommes en Europe, et si nous ne savons pas à un moment donné faire quelque chose d'utile avec la Russie, nous resterons avec une tension profondément stérile, nous continuerons d'avoir des conflits gelés partout en Europe, à avoir une Europe qui est le théâtre d'une lutte stratégique entre les États-Unis et la Russie, donc à avoir des conséquences de la guerre froide sur notre sol ». Toujours au mois d'août, il avait déclaré à la presse que « sa politique de rapprochement avec la Russie se heurtait aux oppositions « des Etats profonds de part et d’autre, à Paris comme à Moscou ».

Olivier Renault

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1362



19 réactions


  • caillou14 rita 11 février 2020 10:47

    Etrange comportement que celui de Macron, il est toujours en train de prendre les gens a rebrousses poils ?

    Même à l’étranger il ne peut se passer de ce travers ?

    Aujourd’hui journée du handicap, le premier d’entre eux reçoit à l’Elysée !

     smiley


    • V_Parlier V_Parlier 16 février 2020 22:23

      @rita
      Macron, la girouette géopolitique qui tourne à vitesse hypersonique. Le roi du « en même temps » comme toujours. A chaque fois qu’il déclare quelque chose qui prône un rapprochement avec la Russie, c’est que le lendemain se prépare une grosse campagne russophobe. Comme par exemple :
      La façon de rapporter la réponse faite par Poutine à ceux qui viennent d’inventer la nouvelle théorie du déclenchement de la 2e guerre mondiale (L’armée rouge qui entre en Pologne alors que l’armée allemande n’y faisait qu’un petit séjour touristique)
      Le moyen d’utiliser les conséquences des conneries du gouvernement français (comme l’accueil de tous les repris de justice étrangers en tant que « réfugiés ») pour accuser encore la Russie quand on se reprend le boomerang Pavlensky dans la tronche. (Le russe, le russe, le complot, le rôle de la Russie ? Et blablabla...)


  • zygzornifle zygzornifle 11 février 2020 10:55

    Sortez ce clown ....


  • zygzornifle zygzornifle 11 février 2020 10:56
    En l’an 37 Macron fit tuer sur ses ordres le petit-fils de Tibère et bien d’autres membres de la famille impériale que le règne précédent avait épargnés, ainsi qu’un grand nombre de dignitaires que Caligula voyait comme de potentiels obstacles à son pouvoir absolu.

    En 38, seulement un an après son avènement, Caligula remplaça son préfet Macron et le chassa de Rome. Alors que Macron et son épouse (dont Caligula s’était lassé) s’apprêtaient à embarquer pour l’Égypte où ils comptaient se retirer, une soldatesque envoyée par Caligula les intercepta. Emmenés dans un lieu secret, ils auraient été exécutés ou contraints à se suicider. Selon certains historiens, le corps de l’ancien numéro deux de l’Empire aurait été jeté en mer.

    Ainsi périt l’ambitieux Macron


  • amiaplacidus amiaplacidus 11 février 2020 11:01

    Je lis : « ... Emmanuel Macron se lance en tant que leader européen .. ».

    Il n’arrive déjà pas à gérer correctement la France et il voudrait s’occuper de l’Europe ? Prétentieux.


    • Marc Filterman Marc Filterman 11 février 2020 21:26

      @amiaplacidus
      Avec lui, nous sommes la risée des pays étrangers.


    • Ruut Ruut 12 février 2020 10:43

      @amiaplacidus
      Notre Leader Suprême a la tète d’une Europe en grève ....
      Intéressante image....

      Ce qui est triste c’est qu’il dit en permanence tout et son contraire, c’est assez préoccupant pour un type qui dispose d’un accès direct a la puissance Nucléaire.

      Il parle de souveraineté Nationale mais d’une soumission complète aux USA.
      La soumission est déjà effective surtout au niveau informatique.


  • Michel DROUET Michel DROUET 11 février 2020 11:46

    Et l’amour est dans le pré...


  • ETTORE ETTORE 11 février 2020 14:46

    On voit bien que le slip à macronito lui comprime les testicules.

    Et que, ce qu’il prend pour des « remontées de pouvoir », ne sont en fait que des

    « impuissances létales ».

    Mais à force de vouloir les proposer, haut et fort (en voix), en vociférant que lui, contrairement à mère Merkel, il en « as »....

    Il se pourrait bien que ses rognons lui soient bouffés tout cru par l’ours Vladimir.

    Etonnant de naïveté ce gamin, qui ne réussit toujours pas à comprendre, que si tu enlève TON doigt de TON trou du c..., certains, y viennent, illico y mettre LE LEUR !

    Doit aimer cela ! Pas d’autres explications !


    • Marc Filterman Marc Filterman 11 février 2020 21:35

      @ETTORE
      J’ignore si vous l’avez remarqué, mais Macron qui aime bien se montrer d’habitude, a déclaré forfait pour Davos, et n’a rien dit sur les décisions de trump.


  • Esprit Critique 11 février 2020 17:05

    L’Europe va de l’Atlantique a L’Oural.


  • MagicBuster 11 février 2020 17:11

    L’Europe Actuelle, non souhaitée par les Français, est une construction américaine.

    Nous devons en sortir pour se rapprocher de la Russie.

    Jamais la Russie ne tombera dans cette arnaque.


    • HELIOS HELIOS 12 février 2020 16:54

      @MagicBuster

      = = L’Europe Actuelle, non souhaitée par les Français = =

      ... ce que les français ne veulent pas, c’est l’UE, organisme supra national non democratique, dogmatique qui confisque la liberté des peuples d’Europe et leur diversité.

      ... l’Europe des peuples, l’Europe geographique... notez que la Turquie n’est pas dans l’Europe qui s’arrete au Bosphore... les français, comme la majorité des nations du vieux continent (comme on dit) la plebicite et c’est derriere cet amour de notre continent et sa longue histoire, qu’a pu se construire le grand mensonge de l’UE... ce mensonge qui veut, avec d’autres, la mutiler, la mélanger, la metisser, effacer la culture, l’histoire et au final sa civilisation pour en faire un marché sans racines, sans valeurs... et sans äme.


  • soi même 11 février 2020 18:54

    La Russie est dans l’Europe et la France en Amérique, mon pauvre Macron, même si tu dis vrai, tes salades ne prennent plus.


  • agent ananas agent ananas 12 février 2020 01:45

    Il faut remplacer l’axe Washington, Londres, Paris, Tel Aviv, par celui plus gaulliste Paris, Berlin, Moscou, Pékin...


  • troletbuse troletbuse 12 février 2020 14:48

    On voit qu’il a bien travaillé à l’ENA : 75% en Asie, 25 en Europe

    et la Guyane est une ïle


    • ETTORE ETTORE 12 février 2020 15:02

      @troletbuse

      On voit qu’il a bien travaillé à l’ENA : 75% en Asie, 25 en Europe

      et la Guyane est une ïle

      Surtout quand on sait que que sa prof, l’a épousé !!!!!

      Il y a des « enseignements » qui ne doivent pas franchir la barrière de l’âge ....

      La distance paraît par trop, insurmontable...... à la culture !


  • Emohtaryp Emohtaryp 12 février 2020 20:21

    « La Russie est dans l’Europe »

     smiley sans blague ??

    L’idiot du village en chef a fait des progrès en géographie, lui qui croyait que la Guyane était une île.....


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