vendredi 29 septembre 2017 - par Desmaretz Gérard

MAËLYS, les recherches cynophiles

Dimanche 27 août vers 3 heures du matin, les parents de Maelys inquiets de ne pas voir leur fille se lancent à sa recherche aidés des convives. Une dizaine de minutes plus tard, la police judiciaire annonçait la disparition de la fillette âgée de 9 ans. Le chien policier va remonter la piste jusqu'au parking, laissant suggérer que la fillette aurait pu monter à bord d'un véhicule. Les soupçons des enquêteurs vont se porter sur un jeune homme âgé de 34 ans, ancien Maître-chien au 132e bataillon cynophile de l’armée de terre de Suippes, jusqu’à ce qu’il soit réformé en 2007. Les policiers vont découvrir qu'il a passé 1h30 à nettoyer son Audi A3 à une station de lavage, à bord duquel l'ADN de Maelys sera découvert sur le tableau de bord ! Un autre détail semble avoir attiré l'attention des enquêteurs, il aurait utilisé pour le nettoyage de la malle arrière, un produit pour nettoyer les jantes et qui agit comme une répulsif sur l'odorat des chiens !

Tout au long de son histoire, l'homme a toujours été accompagné par les chiens. La relation entre l'homme et le chien remonte à l'apparition du tomartus (chien loup), l'ancêtre de tous les canidés. L’utilisation du chien pour des tâches de sécurités est un concept qui remonte aussi loin que le règne de Pyrrhus, Roi d’Epirus en 295 avant notre ère. L’assistance du chien dans un concept moderne date de la fin du 19e siècle, le premier programme de chien « policier » est apparu à Ghenten en Belgique. En France, la gendarmerie fut la première institution à disposer officiellement d'équipes cynophiles en 1945, suivie par la police nationale cinq années plus tard, en ce qui concerne le 132°, la spécialité cynophile y est apparue en 1977. Elle allait s'inspirer des équipes cynophiles américaines déployées au Vietnam, recherche et localisation : d'engins explosifs - de caches d'armes - de pièges à c... - des tunnels - pistage de patrouilles Viet-Congs afin de découvrir leur lieu de vie.

L'odorat humain permet de détecter la présence de certaines molécules. Lorsqu'un corps volatil pénètre dans les fosses nasales et atteint la muqueuse épithéliale, il entre en contact avec les 6 à 8 millions de cellules olfactives reliées au cerveau par des fibres nerveuses. Le cerveau humain mémorise l'odeur bien après que la molécule ait quitté le nez. Au bout d'un certain temps, le nez cesse de réagir à une odeur constante. On a identifié sept récepteurs dédiés chacun à une odeur fondamentale : camphrée, mentholée, éthérée, florale, musquée, âcre et putride ; il semblerait que la forme des molécules ait une répercussion sur la détection de l'odeur. L'interaction d'une molécule odorante avec ces récepteurs déclenche une combinaison d'odeurs non-décomposables en odeurs fondamentales (une odeur de mousse par exemple, renferme 200 composants dont 80 participent à son odeur particulière), exceptées pour certaines d'entre elles par des créateurs de parfums.

Les excellentes qualités olfactives du chien associées à sa domestication en font l’animal idéal pour accomplir les tâches où l’odorat joue un rôle prépondérant. Elles lui permettent de différencier des odeurs inodores pour l’homme qui possède. Si on mettait les 100-150 millions de cellules olfactives du chien côte à côte, elles occuperaient une surface de 7m2 (0,5 pour l'homme). Le chien est capable de détecter dans l’atmosphère une concentration aussi faible qu’un trillionième (1.10-18) . Il peut : distinguer des jumeaux, l’odeur d’un pied à travers une botte de caoutchouc, l’odeur dégagée par la crainte ou la colère.

Le chien piste les odeurs laissées sur le sol par le passage de l’individu.

  1. Le port de chaussures à semelle de cuir laisse une piste plus favorable que des semelles de caoutchouc.

  2. Si l’homme est lourd, la piste sera plus facile à suivre que celle d’une personne légère.

  3. Si deux pistes apparaissent, le chien aura tendance à prendre la plus facile !

  4. Il peut pister sur l’odeur d'herbe écrasée et de la terre retournée qui libère des gaz.

  5. Il piste également sur les effluves (odeurs en suspension dans l’air) : haleine, transpiration, odeur corporelle, caractéristique d’une alimentation ou des vêtements.

  6. Si l’odeur est faible, le chien piste sur les effluves et légèrement sur l’odeur. Si c’est le contraire, il inverse l’ordre. Si l'individu a coupé à travers un cours d’eau, le chien qui utilise les effluves reprendra plus facilement la piste de l’autre coté

Un chien est capable de suivre une piste sur environ une dizaine de kilomètres et il peut dans des conditions favorables détecter l’homme à plus de 100 mètres et pister sur une trace qui remonte à une trentaine d’heure ! Plus la piste est fraîche, meilleures seront les chances de la remonter.

Un chien de pistage doit, non seulement être capable de suivre et de remonter une piste vieille de plusieurs heures, mais aussi de localiser les objets perdus, jetés ou abandonnés ayant appartenu à la personne recherchée. Les conditions qui influent sur les odeurs ou effluves disséminées sont nombreuses :

  1. Une atmosphère fortement humide, un ciel couvert, favorise la rétention d'odeurs qui ne peuvent s'évaporer.

  2. A 1 heure du lever ou coucher du soleil, l'évaporation est plus lente.

  3. Plus le temps est sec et chaud, plus il favorise l’évaporation de l'odeur.

  4. Si le sol est plus chaud que l'air, il y a apparition d'effluves.

  5. Une nébulosité avec un plafond bas limite l'évaporation.

  6. La végétation épaisse limite la dissémination des odeurs.

  7. Le vent peut disperser l’odeur et les effluves.

  8. La pluie peut laver l'odeur.

  9. Un terrain sablonneux, silicieux ou sec, s'oppose à la piste.

  10. Une température trop basse réduit l’odeur caractéristique.

  11. Une odeur forte (transpiration, parfum, crasse, nourriture, vêtement, blessure qui saigne, alcool, médicament, etc., améliore la piste.

  12. Un sol dur retient mal les odeurs.

  13. En milieu rural, l’odeur d’animaux, de fumier peut masquer la piste et distraire le chien.

  14. Le franchissement d’un cours d’eau dissipera rapidement l’odeur. Les très fortes pluies auront le même effet en lavant la piste.

  15. Les traces laissées dans la neige seront conservées grâce à l’humidité du sol.

  16. La couche de neige s’opposera à la trace en la recouvrant.

  17. La nuit, l’humidité ambiante, la réduction du vent favorisera la trace.

  18. En ville, le trafic, le bruit, les odeurs ne sont plus aussi caractéristiques et la pollution s’oppose à la trace.

  19. La topographie (colline, vallée, couvert, bois ) peut affecter la vitesse et la direction du vent et fausser la piste.

  20. Sous les lignes THT, le crépitement et l’ionisation de l’air peuvent déranger le chien.

  21. les champs cultivés avec l’imprégnation d’engrais diminuent la trace. La substance qui s’en dégage stimule le nerf olfactif et une exposition prolongée entraîne la sécrétion de mucus obturant les cellules olfactives.

Si l’odorat du chien est exceptionnel, sa vue est médiocre, il ne distingue pas les couleurs (il voit tout en bleu-vert). L'emplacement de ses yeux lui permet d'avoir un champ de vision supérieur de 70 % à celui de l'homme, mais il décèle plus le mouvement que la forme. Par contre, ses facultés auditives sont très performantes. Il décèle un huitième de note, ce qui lui permet, où l'homme n'entend qu'un seul son, d'avoir une nuance incomparable. Ne vous étonnez s'il reconnaît votre voiture. Il en a mémorisé la « signature » sonore.

L’orientation du pavillon de ses oreilles lui permet de localiser la direction d’un son. Il perçoit les sons de 15 hertz à 60 kilohertz ! Cette possibilité peut-être mise à profit en utilisant un sifflet à ultra-sons pour lui adresser des ordres qui resteront inaudibles pour l’homme. Cette particularité permet de dresser un chien à déceler les signaux d’alarme utilisant les ultra-sons. C’est d'ailleurs sur ce principe que repose l’appareil qui tient les chiens éloignés des mollets des facteurs. La source ultra-sonore très puissante (environ 110 décibels) provoque la même aversion qu’une sirène hurlant à proximité de notre oreille.

Si un chien peut explorer un véhicule en deux minutes, il peut cependant être distrait et faire de faux marquages (véhicule très chaud, ventilation, l’air conditionné, odeur ancienne de drogue, etc.). Les appels ou courants d’air peuvent : déplacer l’odeur, porter celle d’un animal domestique et venir perturber le marquage ou les réactions du chien. Si le chien refuse d’approcher, peut être a-t-il les papilles irritées par une substance chimique (les vapeurs d’anhydride d’acétone, par exemple, forment dans sa truffe une solution d’acide acétique).

L’histoire de la chienne en chaleur qui perturbe le mâle semble infondée, le chien bien éduqué fera son travail. Les trafiquants toujours à l'affût de méthodes pour dissimuler leur trafic et dérouter les chiens, utilisent toutes sortes de produits. Un agent masquant est une substance qui a une odeur forte et persistante qui recouvre et masque l’odeur à dissimuler, ou des produits distractifs qui présentent une odeur similaire, substances qui vont entraîner de faux marquages et mobiliser le chien. Une autre possibilité, avoir recours à une substance qui gonfle artificiellement la taille de la molécule odoriférante qui ne peut de ce fait pénétrer dans la muqueuse et encore moins solliciter les cellules olfactives. Ces produits capables de perturber l’odeur caractéristique recherchée déclenchent de faux marquages, contribuent à saturer le travail du chien et à détruire la confiance du maître en son chien.

Sans la présence d’un maître chien, le meilleur des chiens ne vaut guère mieux qu’un chien de compagnie. A l’inverse, un maître chien associé à un « mauvais chien » ne peut remplir pleinement sa mission. Quelle que soit la mission confiée à un chien, elle est toujours le résultat de la compréhension maître et chien. Le maître doit apprendre à connaître son chien, de même que l’animal apprend à connaître son maître. Il est très important que le maître sache parfaitement interpréter les attitudes de son chien afin de toujours rester capable de déterminer si ses réactions sont en rapport avec la mission. Un maître chien qui laisserait échapper les indices d’un tel comportement, pourrait penser que le chien travaille réellement alors qu'il n'en serait rien. Le maître doit rester attentif au comportement de son compagnon et toujours lui rappeler ce qu’il en attend.

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3 réactions


  • cathy cathy 29 septembre 2017 13:26

    La criminalistique occidentale moderne date du 19e siècle, il est normal que le chien a pris également toute sa place, il nous a toujours accompagné. Et que dire également des chiens de guerre.


  • doctorix, complotiste doctorix 30 septembre 2017 00:53

    Moi, je n’ai pas besoin de tout ça pour aimer les chiens.

    Mais je comprends qu’on les aime aussi pour ces qualités.
    Cependant, mieux que les chiens-flics, ce sont les chiens d’aveugles qui suscitent mon enthousiasme et mon admiration.
    Enfin, la plupart des hommes ne méritent pas d’avoir de pareils compagnons, qui valent bien mieux qu’eux dans l’ensemble...
    C’était juste pour dire quelque chose sur ce bon article.

  • Orageux / Maxim Orageux / Maxim 1er octobre 2017 12:58

    Si je dis au chien « Viens Médor » et qu’il comprend « Viens mais dors » va-t-il être déboussolé ?


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