Même Hitler peut être un placement spéculatif
Quatorze aquarelles et dessins d'Adolf Hitler réalisés entre 1904 et 1922, représentant des fleurs et des châteaux romantiques, ont trouvé preneurs pour un total de 391 000 € à une vente aux enchères controversée à Nuremberg.
Samedi dernier, une vue du célèbre château de conte de fées de Neuschwanstein (Bavière) s’est vendu 100 000 € à une vente aux enchères, et un bouquet d'œillets a atteint 73,000 €. Les autres réalisations, toutes peintes ou dessinées entre 1904 et 1922, et dont la plupart sont signées "A Hitler", représentaient des vues de divers bâtiments de Vienne, une image de Prague, dans le brouillard, et un nu féminin.
Selon la maison d'enchères Weidler, les soumissionnaires étaient des investisseurs chinois, français, brésiliens, allemands et des ressortissants des Emirats arabes unis. La commissaire-priseur Kathrin Weidler a déclaré : "Ces acheteurs ne sont pas des spécialistes de ce peintre, mais ils ont un intérêt général dans l'art de grande valeur."
Il n'y a pas de loi contre la vente d'art des œuvres d’Hitler en Allemagne tant qu'ils ne représentent pas des symboles nazis, mais beaucoup de commentateurs de presse ont contesté ces ventes aux enchères qu’ils estiment contraires à la « morale ».
La maison d'enchères Weidler justifie la vente des peintures d'Hitler au motif qu'ils représentent des "documents historiques". En Novembre 2014, Weidler a déjà vendu un tableau d'Hitler 130 000 €. En 2009, la maison de vente aux enchères Mullock, au Royaume-Uni, a vendu 15 peintures d'Hitler pour un total de 97 672 £ (136 682 €).
En Allemagne, il serait mal vu de faire un profit avec l'œuvre du dictateur nazi. Le Land de Bavière, qui détient une partie du travail de Hitler, a pour politique de ne pas payer pour ces documents, mais les accepte comme dons afin de les sortir de la circulation.
En novembre dernier, la direction de la maison Herbert Weidler, a promis de faire don d’une partie du produit de la vente de la peinture de Munich d’Hitler à des œuvres caritatives, en affirmant que si aucune n’acceptait l'offre, l’argent serait donné à la société de conservation civique locale Altstadtfreunde Nuremberg ("Amis de la vieille ville de Nuremberg "). Le président de la société, Karl-Heinz Enderle, a immédiatement exprimé sa surprise et a déclaré aux médias locaux qu'il n'avait pas l'intention d’accepter ce don.
Le dictateur nazi est supposé avoir produit des centaines d'œuvres d’ailleurs médiocres, très conventionnelles et sans valeur artistique, même si certaines sont (soignées), mais de nombreuses contrefaçons circulent sur le marché.
L’historienne d'art de Vienne Birgit Schwarz avait d’ailleurs déclaré au quotidien Die Welt l’an dernier : "Comme Hitler n’avait pas de style personnel en tant que peintre, mais se limitait à copier, il est très difficile d'être sûr de ce qui a vraiment été réalisé par lui,"