Mon enfant se drogue...tout le monde s’en fout (2/3)
Cet article fait suite à celui de publié le 03/11/2020 sur Agoravox où je décris comment j'ai été mis K.O en apprenant que mon fils cadet se droguait régulièrement depuis au moins 2 ans (il en a 18). J'y décrivais les symptômes que je n'avais pas su voir.
Nota : Chaque fois que vous lirez le mot « erreur » dans ce texte, c'est qu'avant est illustré une caractéristique du drogué (assuré ou en devenir). Tous les drogués ne les ont pas tous. Mais ils en possèdent un sacré paquet en commun.
Le soir même (sans doute pour fêter ça) il prend une dose vers 18h. On s'en rend compte vers 23h. C'est bizarre cette habitude de se droguer le soir ! Retour à la case hôpital car je ne sens pas de rester avec quelqu'un sous acide toute la nuit. Il y restera 3 jours.
Vous pensez bien que nous oscillons Cicitun et moi entre désespoir profond et désir d'espoir. Heureusement pas en même temps !
On commence une introspection chacun de notre côté. Qu'a t-on raté avec cet enfant ? Que lui a-t-il manqué par rapport aux 2 autres ? Est-ce nous, la société, lui ? Erreur.
Il ne sert à rien de culpabiliser. Le mal est fait. Il ne sert à rien de se livrer à ce genre d'exercice. La seule porte de sortie viendra du drogué quand il aura lui-même décidé de s'en sortir et d'en sortir.
De retour de l'hôpital Pietro qui a senti nos doutes, nos divisions, en profite pour tenter de déstabiliser notre couple. Il essaie de nous monter l'un contre l'autre de façon à détourner notre colère de lui tout en gardant toute notre attention. Que l'un prenne son parti contre l'autre lui va comme un gant.
Ne tombez pas dans cette erreur. Un drogué n'a plus de sentiments. Il ne vit plus que pour la drogue. Vous n'existez pas pour lui, seulement comme instrument à utiliser pour avoir sa drogue. Il cherche en plus à être au centre de l'intérêt. Et de fait Pietro prend tellement de place dans notre vie qu'on en oublie ses deux autres frères. En particulier Sebastien qui culpabilise à fond, seul à Hambourg et qui s'étant documenté sur le sujet a peur de voir son petit frère tomber dans une psychose et y rester prisonnier.
Je découvre alors à quel point le concept d'innocuité des drogues psychédéliques est entré dans le subconscient des jeunes.
Par la suite combien de fois ai-je entendu cette phrase : « Mais le LSD c'est pas pareil ». Comme si ce type de drogue était hors norme. Une sorte de Graal destiné à quelques marginaux qui savent s'en abstraire à volonté. Au point que Seb m'a proposé de voir pour m'en convaincre ce documentaire sur Netflix « Have a Good Trip » qui en fait littéralement la promotion.
Après visionnage je comprends que le lavage de cerveau est en marche.
De fait quand vous faite une recherche brute sur le LSD avec votre fureteur favori le résultat en est 99 % de commentaires neutres, favorables, flatteurs, élogieux envers le LSD et le 1 % restant fait de la pub pour des cliniques privées de désintoxication spécialisées dans le LSD à 6000 dollars les 40 jours.
Certains journalistes arrivent même à décortiquer une vraie fake-news pour absoudre par ricochet l'usage du LSD. Il s'agit de la légende suivante. Extrait :
Comme pour les sels de bains ou le krokodil, le point de départ est factuel et véridique. En 1980, aux États-Unis, une circulaire émise par le Bureau des narcotiques de la police de l’État du New Jersey faisait état d’une saisie de buvards au LSD sur lesquels des trafiquants facétieux avaient placé des images de Mickey en apprenti sorcier, tout droit sorties de Fantasia. De l’idée qu’il existait un conditionnement du LSD ressemblant à des tatouages pour enfants, le bouche-à-oreille a accouché de l’idée de tatouages pour enfants contenant du LSD. Du Nord-Est des États-Unis, la rumeur s’est diffusée sur tout le territoire américain avant de partir vers le Canada en s’affaiblissant.
Courant Mai je commence à en avoir plein le dos de ce petit égoïste qui nous fait péter sa crise existentielle de gosse de riche. Oui c'est un gosse de riche et il ne s'en rend pas compte obnubilé qu'il est de sa petite personne, droguée de surcroît.
Ma femme qui est psychologue, suit une jeune fille qui a un parcours type Causette dans « Les misérables » de Victor Hugo (ou encore Rosetta du film de Jean-Pierre et Luc Dardenne). Elle lui donne son soutien et ses conseils depuis 6 ans. Cette fille n'a rien, ne possède rien et pourtant elle est joyeuse et vive (bon elle fume mais nul n'est parfait !). Et réussit une formation d'éducatrice spécialisée. De mon côté avec mes expériences d'accompagnateur scolaire j'ai aussi vu la vraie misère, la récente, l'actuelle qui diffère de celle connue dans ma jeunesse.
Pendant ce temps mon fils Pietro a fait son Abitur avec mention (le bac allemand) en partie sous LSD (il nous l'a appris) et décide que tout lui est dû, qu'il a droit à un break et qu'après il daignera accepter qu'on lui paye des études de chimie (histoire de trouver de nouvelles drogues sans doutes). Ses anciens condisciples sont des sales cons, sa cheffe une connasse vicieuse et autoritaire. Ne pas faire l'erreur de le croire. Ce n'est jamais la faute du drogué. Il est une victime perpétuelle, jamais responsable toujours victime.
A ce propos je voudrais exprimer ma colère envers le système scolaire allemand ou français, c'est égal. Sans entrer dans la discussion de savoir si l'école doit former des jeunes à devenir des citoyens ou des travailleurs, je suis d'avis qu'elle doit leur faire se poser au minimum la question « que vais-je faire après le bac ? ». Et de façon optimale, façon « Qui suis-je ?... ». Que tout ce que la philosophie qui vous est enseignée en Terminale vous aide à résoudre au moins cette question. Mieux encore, de façon concrète cette fois-ci. Que cette question y soit débattue par écrit et fasse l'objet d'une dissertation notée pour le bac. On ne devrait pas lâcher un jeune bachelier dans la nature comme ça. Je n'ai pas investi 13 ans par mes impôts dans l'Ed. Nat. pour que mes fils me disent après le bac qu'ils ont besoin de faire un break et réfléchir au sens de la vie. Zut à la fin !
Saviez-vous que la moitié des terminales du lycée de mon fils ont décidé une fois le bac en poche, de faire une année de service civil ou de travailler chez Lidl ? L'autre moitié fera des études et pour moitié encore se cassera les dents en première année (mais ça c'est une autre histoire).
C'est d'autant plus bizarre, pour moi Français, que seulement 28 % d'une tranche d'âge passe son Abi (Bac) en Allemagne. C'est plutôt élitiste ici par rapport à la France. Et pourtant ...
Certes le service civil c'est louable mais uniquement quand c'est fait par vocation et non pour tuer le temps en attendant la Grande Révélation.
J'ai une théorie qui pourrait expliquer ce phénomène. L'école façonne les élèves de sorte que le passage dans la classe supérieure et in fine d'avoir le bac était la juste récompense pour avoir été sagement resté assis toute la journée et avoir restitué un certain type de savoir.
Comme Sebastien et surtout Pietro étaient suffisamment intelligents pour réussir sans avoir à travailler, ils n'ont pas appris à être récompensé pour avoir fourni un travail. Et se sont trouvés tout surpris après le bac à ce que l'on leur demande d'en fournir un. Ils ne comprennent pas qu'on ne leur demande pas ce qu'ils ont toujours fait avec succès : rester assis et restituer.
Gevnar, pour sa part, a eu la chance de faire son Bac en France dans un lycée qui cravachait ferme. Il a appris à travailler ce qui lui a permis de réussir un Master sans écueil. Seb quant à lui a quand même mis un an à comprendre les nouvelles exigences de la Fac mais il a passé le cap.
Je disais donc que les vapeurs (hallucinogèniques ou pas) de mon petit égoïste commençaient sérieusement à me chauffer les oreilles. Cicitun, pétrie de bons sentiments et d'amour, en bonne mère me demande de lui laisser 2 semaines pour le remettre sur les rails et lui faire retrouver soit une formation, soit un service civil, soit un petit boulot. Erreur.
Ne jamais s'attendrir sur un drogué. Se tenir à un plan et rester ferme.
Ne jamais faire le travail à sa place.
Deux semaines plus tard toujours rien à l'horizon si ce n'est deux vagues brouillons pitoyables où dans ses lettres de motivations Pietro écrit qu'il est « openminded » (sic). Je l'engueule, il m'engueule, on s'engueule (j'arrête là la conjugaison du verbe s'engueuler) et il claque la porte. Erreur. Ne jamais laisser partir un drogué avec de l'argent en poche (ou un mobile car de nos jours tu payes ton dealer avec ton mobile).
Deux jours plus tard retour à l'hôpital après une scène houleuse. Je ne sais pas ce que son dealer lui a vendu comme LSD mais cette fois-ci il était agressif et insultant en plus de baver comme un chien enragé. C'étaient des pilules violettes à 180 euros les 20 (cf la vidéo ci-dessus recommandée par le redittor) et d'après ce que j'ai réussi à comprendre, du LSD expérimental.
A force de persuasion on arrive à l'emmener à l'hôpital et là ça se passe moins bien. Il a fallu 3 hommes dans la force de l'âge et une clé au bras pour l'interner. Oui, l'interner car le psy de garde a décidé de l'enfermer chez les violents.
Comment lutter contre le fait que partout vous trouvez de la drogue ?
Je découvre au fil de mes recherches (j'ai passé un temps fou sur Internet à chercher à comprendre) que c'est mission impossible en l'état actuel de la législation. En effet en droit pénal on ne peut réprimer un comportement ou un acte en général. Il faut être précis. Ainsi la vente de LSD ou diéthyllysergamide, dans cette formule chimique C20H25N3O est interdite, illégale.
Il suffit à un chimiste expérimenté d'ajouter une branche OH quelque part sur cette molécule pour en créer une nouvelle. Et le tour est joué. Je découvre par ailleurs que Big Pharma fait exactement la même chose avec ses médicaments : on tripote la molécule machin-zepan et on obtient la molécule truc-zepan, révolutionnaire et qui a nécessité pour son élaboration 6 ans de longs travaux ultra pointus (sic).
Bref la nouvelle molécule ne tombe pas sous le coup de la loi et peut être vendue en toute légalité ! C'est d'ailleurs comme ça que Pietro se fournissait. Direct sur Internet, comme ici (et pas sur le Darknet). Je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui demander plus d'infos et depuis il s'est braqué sur ce sujet.
J'ai erré sur la toile dans ma recherche éperdue pour comprendre mais aussi pour trouver une solution. Car je ne me voyais pas du tout en train d'imaginer mon fils travaillant la semaine et s'envoyant en l'air le w.e chez lui. Cet avenir, Pietro, lui il le sentait super bien !
Voyez comment Netflix traite le sujet.
Cette série allemande (que bien sûr tous mes enfants ont regardée) glorifie les jeunes geeks et les jeunes (18-19 ans) en général, versus le monde des adultes si faciles à berner et si ennuyeux, si faux-cul. Les vices sont du côté des Boomers (les parents de ces jeunes) : pornographie, jeux, alcoolisme, addiction au travail, couples volages...Tandis que les jeunes sont purs, s'aiment vraiment...et montent un business de vente de drogue en ligne. Les seuls méchants sont les « Albanais » terme générique qui recouvre les dealers de la vraie vie. Ceux qui t'éliminent pour une livraison pas faite...
Et certain passages sont bien réels. Un des dealers en ligne de Pietro est un étudiant. Propre sur lui. En 3ième année de Fac.
Dans cette série il a bien fallu pour faire crédible que leurs créateurs abordent le sujet des consommateurs de ces drogues vendues en ligne. Voilà leur solution. Faire une succession hyper rapide de plans qui montrent le consommateur c.a.d un ou une jeune de 25-30 ans qui reçoit son enveloppe-bulle par la poste, prend sa dose et reste à triper chez lui, à faire tout un tas de trucs déjantés durant son w.e sous le regard ahuri de son chien ou de son chat.
Et le lundi réenfiler sa panoplie de travailleur du tertiaire bien propre sur lui.
Voilà exactement décrit par les créateurs de cette série l'avenir que je ne veux pas pour mes enfants.
Et que Netflix promeut.
Sachant que les abonnements Netflix ont littéralement explosés depuis le Covid et le confinement, je dis : « Parents, méfiez-vous ! ».