Mont-Beuvray, fausse Bibracte, bientôt classé au patrimoine mondial de l’Unesco ?
C'est à croire que les responsables politiques locaux sont tellement pris par leur tâches administratives quotidiennes qu'ils n'ont pas le temps de consulter l'internet avant de prendre des initiatives qui engagent le long terme. C'est ainsi que M. Rémy Reybeyrotte, maire d'Autun, travaille à la constitution d’un dossier de candidature auprès de l'Unesco : Il faut élaborer un dossier de territoire et c’est ce que nous sommes en train d’effectuer avec Bibracte, assure-t-il (1).
Une Bibracte identifiée par erreur au mont Beuvray ! C'est le plus grand scandale archéologique de tous les temps, un scandale que je dénonce, avec d'autres, depuis de nombreuses années.
Monsieur Rebeyrotte, êtes-vous de mauvaise foi ou êtes-vous victime de la mauvaise foi des autres ?
Qui a dit que Bibracte était au mont Beuvray ?
Il s'agit d'un marchand de vin vivant au Second empire, nommé Gabriel Bulliot ; une thèse contestée dès le début par des érudits d'Autun qui ont démontré que les textes anciens ne permettaient pas cette localisation (2). Malgré les hésitations du colonel Stoffel, la thèse a été reprise par Napoléon III qui était pressé de terminer son ouvrage sur Jules César. Thèse reprise de nos jours par François Mitterrand, amoureux du mont Beuvray dans lequel il voyait, à juste raison, un site mystique.
Chargé de la reprise des fouilles, président du Conseil scientifique, élevé à la chaire des Antiquités nationales, Christian Goudineau écrit à la page 6 du livre qu'il a consacré aux Éduens, que les doutes ont été levés par Bulliot (3).
Ce qui n'est pas vrai, puisqu'il était contesté à cette époque par les érudits d'Autun (cf 2).
Que déclare Vincent Guichard sur Fr 3 Bourgogne le 14 avril 1999 ? : que, dans la communauté scientifique, ça fait belle lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte au mont Beuvray (4).
Vincent Guichard n'est pas logique avec lui-même. N'a-t-il pas écrit par ailleurs que l'installation sur cette montagne (d'une agglomération qui se veut urbaine) défie apparemment toute logique...(5).
Interrogée en haut lieu, Mme Tasca, ministre de la Culture, fait cette étonnante réponse au JO du 2/7/2001, page 3835 : les recherches archéologiques sur le mont Beuvray... ne s’occupent pas de la localisation mais plutôt de l’environnement...On peut noter, ajoute-t-elle, que M. Goudineau, professeur au Collège de France, juge certaine la localisation de Bibracte au Mont Beuvray.
Soyons clair ! M. Goudineau a rejetté la responsabilité de l'identification sur Bulliot et sur cet axiome bizarre "un faisceau de preuves conduisant à une quasi certitude". N'a-t-il-pas écrit par ailleurs que... ces localisations m'indifféraient, que je préférais entrevoir les causes et les conséquences, laissant aux spécialistes de la recherche militaire le soin de repérer... (6).
Monsieur Rebeyrotte, faites plutôt confiance au militaire que je fus. Le mont Beuvray n'est que le site de Gorgobina (7). Bibracte, c'est le Mont-Saint-Vincent. Demandez à son maire, Jean Girardon, ce qu'il en pense ; vous serez surpris. Ne pensez-vous pas qu'il serait temps d'arrêter de dire n'importe quoi sur les origines de notre histoire, ce que vous faites avaler depuis de nombreuses années à des touristes particulièrement crédules ? De même en ce qui concerne le merveilleux tympan de la cathédrale d'Autun où ce n'est pas le christ Jésus qui trône mais plus prosaïquement l'illustre César Constance Chlore ? (8)
E. Mourey, 29 août 2015
à M. Reyberotte, maire d'Autun
Drac Bourgogne
M. Vincent Guichard, Directeur du centre archéologique européen
Journal de S-et-L, éditions Creusot Loire.
Matthieu Poux, pour info
Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
E-mail : [email protected]
Renvois
(1) http://www.creusot-infos.com/article.php?sid=47965&mode=&order=0
(2) C. ROSSIGNEUX, Officier de l’instruction publique. Revue des Questions historiques – Tome premier, 1866 http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/PQRS/Rossigneux/Bibracte/Bibracte.htm
(4) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/on-ne-va-pas-recommencer-une-103035
(5) Revue Gallia, 1998, numéro 55
(6) Regard sur la Gaule, page 127
(7) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mont-beuvray-gorgobina-site-159475
(8) Le tympan d'Autun, http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-tympan-de-la-cathedrale-d-autun-115239.