lundi 31 août 2015 - par Emile Mourey

Mont-Beuvray, fausse Bibracte, bientôt classé au patrimoine mondial de l’Unesco ?

C'est à croire que les responsables politiques locaux sont tellement pris par leur tâches administratives quotidiennes qu'ils n'ont pas le temps de consulter l'internet avant de prendre des initiatives qui engagent le long terme. C'est ainsi que M. Rémy Reybeyrotte, maire d'Autun, travaille à la constitution d’un dossier de candidature auprès de l'Unesco : Il faut élaborer un dossier de territoire et c’est ce que nous sommes en train d’effectuer avec Bibracte, assure-t-il (1).

Une Bibracte identifiée par erreur au mont Beuvray ! C'est le plus grand scandale archéologique de tous les temps, un scandale que je dénonce, avec d'autres, depuis de nombreuses années.

Monsieur Rebeyrotte, êtes-vous de mauvaise foi ou êtes-vous victime de la mauvaise foi des autres ?

Qui a dit que Bibracte était au mont Beuvray ?

Il s'agit d'un marchand de vin vivant au Second empire, nommé Gabriel Bulliot ; une thèse contestée dès le début par des érudits d'Autun qui ont démontré que les textes anciens ne permettaient pas cette localisation (2). Malgré les hésitations du colonel Stoffel, la thèse a été reprise par Napoléon III qui était pressé de terminer son ouvrage sur Jules César. Thèse reprise de nos jours par François Mitterrand, amoureux du mont Beuvray dans lequel il voyait, à juste raison, un site mystique.

Chargé de la reprise des fouilles, président du Conseil scientifique, élevé à la chaire des Antiquités nationales, Christian Goudineau écrit à la page 6 du livre qu'il a consacré aux Éduens, que les doutes ont été levés par Bulliot (3). 

Ce qui n'est pas vrai, puisqu'il était contesté à cette époque par les érudits d'Autun (cf 2).

Que déclare Vincent Guichard sur Fr 3 Bourgogne le 14 avril 1999 ? :  que, dans la communauté scientifique, ça fait belle lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte au mont Beuvray (4).

 Vincent Guichard n'est pas logique avec lui-même. N'a-t-il pas écrit par ailleurs que l'installation sur cette montagne (d'une agglomération qui se veut urbaine) défie apparemment toute logique...(5).

Interrogée en haut lieu, Mme Tasca, ministre de la Culture, fait cette étonnante réponse au JO du 2/7/2001, page 3835 : les recherches archéologiques sur le mont Beuvray... ne s’occupent pas de la localisation mais plutôt de l’environnement...On peut noter, ajoute-t-elle, que M. Goudineau, professeur au Collège de France, juge certaine la localisation de Bibracte au Mont Beuvray. 

Soyons clair ! M. Goudineau a rejetté la responsabilité de l'identification sur Bulliot et sur cet axiome bizarre "un faisceau de preuves conduisant à une quasi certitude". N'a-t-il-pas écrit par ailleurs que... ces localisations m'indifféraient, que je préférais entrevoir les causes et les conséquences, laissant aux spécialistes de la recherche militaire le soin de repérer... (6).

Monsieur Rebeyrotte, faites plutôt confiance au militaire que je fus. Le mont Beuvray n'est que le site de Gorgobina (7). Bibracte, c'est le Mont-Saint-Vincent. Demandez à son maire, Jean Girardon, ce qu'il en pense ; vous serez surpris. Ne pensez-vous pas qu'il serait temps d'arrêter de dire n'importe quoi sur les origines de notre histoire, ce que vous faites avaler depuis de nombreuses années à des touristes particulièrement crédules ? De même en ce qui concerne le merveilleux tympan de la cathédrale d'Autun où ce n'est pas le christ Jésus qui trône mais plus prosaïquement l'illustre César Constance Chlore ? (8)

E. Mourey, 29 août 2015

à M. Reyberotte, maire d'Autun
Drac Bourgogne
M. Vincent Guichard, Directeur du centre archéologique européen
Journal de S-et-L, éditions Creusot Loire.

Matthieu Poux, pour info

Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO


E-mail : [email protected]

Renvois

(1) http://www.creusot-infos.com/article.php?sid=47965&mode=&order=0

(2) C. ROSSIGNEUX, Officier de l’instruction publique. Revue des Questions historiques – Tome premier, 1866 http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/PQRS/Rossigneux/Bibracte/Bibracte.htm

(4) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/on-ne-va-pas-recommencer-une-103035

(5) Revue Gallia, 1998, numéro 55

(6) Regard sur la Gaule, page 127

(7) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mont-beuvray-gorgobina-site-159475

(8) Le tympan d'Autun, http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-tympan-de-la-cathedrale-d-autun-115239.



12 réactions


  • Emile Mourey Emile Mourey 31 août 2015 09:40

    @ Matthieu Poux


    Mont-Beuvray, fausse Bibracte, bientôt classé au patrimoine mondial de l’Unesco ?

    Pour info

    E. Mourey

  • njama njama 31 août 2015 14:29

    Bonjour Emile Mourey
    peut-être faudrait-il que le maire du Mont-Saint-Vincent dépose lui aussi simultanément un dossier de candidature auprès de l’Unesco, ultime moyen peut-être de ranimer la controverse, ou de la médiatiser avant que l’affaire Bibracte ne soit enterrée au mauvais endroit ...


    • Emile Mourey Emile Mourey 31 août 2015 15:42

      @njama


      Peu importe ! Le scandale n’en sera que plus grand quand, forcément, l’erreur sera reconnue et les partisans de mauvaise foi, élus compris, confondus.

    • Emile Mourey Emile Mourey 31 août 2015 15:59

      @ njama,


      En effet, je ne me contente pas de publier mes articles sur Agoravox. Je les envoie, une fois publiés, à différents responsables pour qu’ils ne puissent pas dire, le jour venu, qu’il n’étaient pas au courant. Le scandale n’est pas seulement dans une erreur d’interprétation archéologique, il est surtout dans le fait qu’on ne veut pas la reconnaître et qu’ainsi on trompe volontairement le peuple tout en détournant l’argent du contribuable, ce qui est passible des tribunaux. À l’échelon du pouvoir, c"est ce qu’on appelle une forfaiture de la part des différentes ministres de la Culture qui se sont succédées en pratiquant la langue de bois dans leurs réponses au Journal officiel.

  • Antenor Antenor 31 août 2015 20:37

    C’est incroyable de constater à quel point les archéologues semblent se désintéresser de la fonction précise des sites qu’ils étudient. A chaque fois qu’un site un peu important est découvert, ils parlent d’un « emplacement stratégique ». Mais si la découverte avait été faite sur la colline d’en face, ils auraient employé exactement le même terme. Il n’y a apparemment aucun raisonnement géographique global.

    Le Mont-Beuvray est donc un emplacement stratégique. Mais pour quelles raisons ? Mystère !


    • Emile Mourey Emile Mourey 31 août 2015 23:26

      @Antenor


      Les archéologues ne disent pas que le mont Beuvray est un site stratégique. Ils prétendent que c’est la capitale de la cité éduenne qui, alors, dixit César, avait la prédominance en Gaule. Centre politique, économique, commercial, ce qui est absurde.

      En fait, c’est l’histoire qui en a fait un site stratégique. Le rôle de l’historien et de l’archéologue n’est pas d’établir des modèles types mais de constater et de comprendre. La présence d’une fortification circulaire, que j’appelle oppidum (identifiée par Garenne, non vue de Bulliot) prouve qu’il s’y trouvait une garnison qui s’y mettait à l’abri contre un ennemi potentiel, population indigène (?), brigands (?), rivaux (?), lions ou autres prédateurs (?). La présence de vestiges plus anciens prouve, qu’avant cette fortification, le site était occupé, tenu, certainement défendu et que c’était une occupation militaire d’où la garnison pouvait surveiller toutes les terre cultivées en contrebas sur les pentes sud ; surveiller mais aussi intervenir, et probablement jusqu’à la Loire. C’est bien de là qu’on pouvait assurer le guet et intervenir dès qu’un feu d’alerte était signalé (système de feux codés). Son nom de Gorgobina , Gergovina selon un autre manuscrit, montre qu’au temps de César, c’était une position avancée de Gergovie qui y avait, peut-être, supplanté une précédente position éduenne nommée peut-être Alisincum (cf Luzy/Alisincum), et cela à l’aide des Germains infiltrés d’Arioviste. Dès lors, on comprend que les Éduens aient voulu reprendre la position, d’où la bataille de Magetobriga attestée par César et Cicéron, défaite éduenne contre les Germains. D’où l’appel des Éduens aux Helvètes qui se dirigeaient vers le mont Beuvray pour le reprendre aux Germains quand César est intervenu.

      C’est toute cette histoire qui montre que le mont Beuvray était une site stratégique qui commandait toute la région en contre-bas jusqu’à la Loire, mais aussi la Loire et son commerce.

    • Emile Mourey Emile Mourey 1er septembre 2015 06:25

      @Antenor


      Si les Éduens ont fait appel aux Helvètes, c’est bien évidemment pour reprendre le mont Beuvray aux Arvernes (et aux Germains) et pour les y installer dans leur vassalité, ce qui, d’ailleurs, se réalisera mais au profit des Boïens. C’est ce que César n’a pas compris, ou fait semblant de ne pas avoir compris. Pour justifier son intervention, il brandit la menace - en sous-entendu - en se reférant à l’idée sommaire que ses lecteurs pouvaient avoir de la carte de la Gaule, qu’après s’être emparé du mont Beuvray, les Helvètes auraient atteint la Loire qu’ils auraient suivie jusqu’à l’océan, qu’ils seraient descendus ensuite en suivant un itinéraire côtier jusqu’au pays des Santons, avec la menace de remonter la Garonne jusqu’à Toulouse, dans la province romaine. Cela a probablement dû faire rire les sénateurs romains opposés à César, mais peut-être pas le peuple qui se rappelait les précédentes invasions des Cimbres et des Teutons. Enfin, dire que Toulouse est non loin de Saintes (non longe) alors que 360 kms les séparent, ou bien cela frise le ridicule pour justifier l’intervention urgente contre les Helvètes, ou bien cela montre qu’on n’avait pas encore, à cette époque, une claire notion des distances.

    • Antenor Antenor 1er septembre 2015 18:21

      @Emile

      Tout comme Corent était l’annexe du Crest ; je pense que le Mont-Beuvray, site du même type, était l’annexe de la principale forteresse du secteur. Sans doute celle du Mont Touleur à Larochemillay.
      Même s’il est d’une altitude inférieur, le Mont-Touleur aux pentes très raides me paraît beaucoup plus facile à défendre que le Mont-Beuvray au sommet plus aplani.

      On a là à mon sens un binôme forteresse/capitale administrative de plus à l’image du Crest et de Corent.


    • Emile Mourey Emile Mourey 1er septembre 2015 19:27

      @Antenor


      Comme je vous l’ai déjà dit, j’ai fait partie de la société d’histoire de Chalon sur Saône au temps où les anciens de cette société vivaient encore, lesquels avaient connu les membres plus anciens et je puis vous assurer que s’il est une région qui a été prospectée plus qu’aucune autre, et par les érudits de Chalon et par ceux d’Autun, c’est bien le Morvan. Roland Niaux, né en 1929, est un des derniers représentants de cette race de fouilleurs amateurs et professionnels auxquels pas un centimètre du Morvan n’est pas connu, tellement l’engouement était fort. Voyez également le livre de Bulliot sur le système défensif des Romains en pays éduen dans lequel le moindre petit vestige ou trace antique est répertorié ainsi que les voies romaines (! !!) en pays éduen d’Emile Thévenot et il y en a d’autres à lire si vous voulez perdre votre temps. De toutes façons, même si vous trouvez un ou des postes de guet ailleurs, cela ne changera rien au fait que le mont Beuvray est un site aux vestiges archéologiques abondants qui prouvent son importance, ce que je n’ai jamais nié mais dans une interprétation autre.

  • soi même 31 août 2015 23:27

    Bon à votre age vous êtes sacrement vert vous vous dressez contre l’UNESCO .... !


    • Emile Mourey Emile Mourey 1er septembre 2015 10:42

      @soi même


      L’intérêt d’Agoravox est qu’on peut encore y débattre alors que les autres médias se vautrent dans la bien-pensance, se contentant de servir et de reservir les plats réchauffés que leur servent des archéologues imbus d’eux-mêmes. Et cela sous l’oeil glauque d’un monde politique ignare, déculturé par un non enseignement de l’ENA qui nous conduit à la ruine.

    • soi même 1er septembre 2015 22:42

      @Emile Mourey, vous savez qu’elle est la différence entre une mule et un être humain, et bien la mule ne s’entête pas à avoir raison , il est temps de laisser pissé le mérinos .... !

       smiley


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