Municipales 2020 : et si on se contentait d’un premier tour à la proportionnelle intégrale ?
Le fameux Article 16 de la Constitution octroyant aux présidents de la République des pouvoirs étendus en temps de crise grave, je suggère à Monsieur le Président une idée qui ravirait absolument toutes les formations politiques : des municipales à un seul tour, à la proportionnelle intégrale.
La France est le pays qui possède la névrose des élections à deux tours. Cette manie électorale n’a bien évidemment qu’un seul but : écarter du pouvoir les partis nationalistes et populistes, c’est-à-dire essentiellement le RN.
La manœuvre est parfaite : à chaque second tour, la gauche et la droite bourgeoises classiques, alliées à l’extrême gauche faussement prolétarienne, s’entendent pour former un regroupement mondialiste hétéroclite, le regroupement des gens qui représentent le Camp du Bien, tout cela contre les méchants « fascistes » qui veulent réactualiser les « heures les plus sombres de notre Histoire ». C’est ainsi que le premier parti de la classe ouvrière et de la classe moyenne françaises doit, au mieux, se contenter de strapontins aux diverses assemblées. Quelques municipalités font exception, mais l’exception, par essence, confirme la règle. Il en est d’ailleurs de même, par exemple, pour les élections législatives.
Au passage : lors de la crise des Gilets jaunes, il y eut beaucoup de populistes sur les ronds-points et dans les manifestations… Mais de cela, le pouvoir systémique s’en contrefout. Ce qui explique que le pouvoir systémique ait rapidement affermé la gestion du mouvement des Gilets jaunes à des gauchistes folkloriques, faux rebelles de vocation et, donc, nullement dangereux pour l’ordre établi.
Et puis il y eut ces fameuses Élections municipales de ce fameux dimanche 15 mars 2020 dans un contexte de semi-confinement prophylactique. Comme le disent déjà les commentateurs et les politiques, tous bords confondus, le second tour (un peu comme la guerre de Troie) n’aura – peut-être et probablement – pas lieu.
C’est ainsi que ma solution pourrait trouver tout son sens.
On valide le premier tour dans l’ensemble de ses tendances. On donne des sièges à tout le monde, ce qui dynamise la vie démocratique et donne de la voix à des gens qui, souvent, n’ont pas le droit de s’exprimer. On crée même de la convivialité, voire des coagulations inattendues entre d’anciens adversaires, car, après tout, à l’échelle locale, tout le monde se connaît et boit l’apéro (en tout cas, avant l’épidémie). Bref : de la vraie politique, pleine d’imprévus, mais pleine de promesses, pleine d’engueulades fécondes, pleine de consensus surprenants (j’en prévois quelques uns entre les populistes sérieux et ce qui reste de l’extrême gauche sincère).
Et bien entendu, on supprime ce fichu second tour, qui fait peur à tout le monde, et qui ne satisfait personne.
Voilà, Monsieur le Président de la République, « je vous fais une lettre » comme l’aurait écrit le sympathique Boris Vian, et elle n’incite même pas à la désertion.
Alors, profitez du cerveau des littéraires !
Respectueusement.
Florian,
citoyen lambda.