vendredi 14 juin 2013 - par TDK1

Ne supprimez pas le baccalauréat !

Messieurs les beaux esprits, vous qui avez déjà supprimé l’examen d’entrée en sixième permettant ainsi à des enfants qui ne savaient ni lire ni écrire d’entrer au collège, que vous avez voulu unique, vous voici maintenant à l’assaut du dernier bastion de la méritocratie républicaine, le baccalauréat !

Réponse à l’article des Échos du 13 juin 2013 appelant à la suppression du baccalauréat

Comme ils sont beaux vos arguments ! Vous nous dites que cet examen n’a plus de sens parce que plus de 85 % des élèves l’obtiennent, alors que c’est vous qui, délibérément, avez dénaturé cet examen, en avez abaissé le niveau au point qu’aujourd’hui rares sont les élèves qui, le baccalauréat en poche seraient capables de réussir le certificat d’étude d’hier. 

On voit bien la la philosophie qui prévaut à votre pseudo raisonnement, c’est celle de toutes les bourgeoisies à travers l’histoire, et la votre ne fait exception. Vous voulez perpétuer et accroître vos privilèges sociaux en confisquant le savoir et en créant une sous-culture que le système scolaire sera chargé de propager. Pour cela, vous avez mis en place un vaste programme d’abaissement systématique du niveau des études en France. Et vous y parvenez. Chaque année le classement mondial de la France s’enfonce un petit peu plus dans les abîmes et chaque année vous y allez de votre petite proposition qui encore et encore transforme nos élèves en cancres et assure aux vôtres une réussite sociale qu’en bons bourgeois vous ne souhaitez pas partager.

Caressant dans le sens du poil la caste des enseignants, vous avez établi dans les écoles primaires une idéologie du pédagogisme qui, de méthode globale en enseignement par le jeu, a réussi en une génération à détruire plusieurs centaines d’années de travail de l’enseignement catholique, d’abord, puis de l’école républicaine ensuite. Voici que l’école dont la vocation première était de bâtir des êtres instruits, sachant lire et écrire, sachant compter, ayant soif de savoir, de s’élever, de progresser, ayant appris les règles sociales et leur respect, bref des hommes libres, s’est transformée sous votre despotisme en fabrique de bons petits citoyens soumis et obéissants, d’autant plus obéissants qu’incultes. 

Pervers, vous avez supprimé les redoublements, caressant ainsi dans le sens du poil les parents pour qui le redoublement d’un enfant est souvent vécu comme un échec personnel. Alors les élèves qui, une année ou une autre, quelquefois pour des raisons extra scolaires ou de santé, font une mauvaise scolarité se retrouvent l’an suivant perdus car n’ayant pas les bases nécessaires pour pouvoir suivre. D’année en année le retard s’accumule et ces enfants, qui auraient pu être sauvés si on leur avait donné la chance de recommencer l’année ratée, se retrouvent avec un tel retard qu’ils sont définitivement condamnés. 

Pour couronner tout cela, vous avez supprimé l’examen d’entrée en sixième et décidé que les enseignants du primaire seraient seuls habilités à juger si un enfant est apte ou non à entrer au collège. Comment un instituteur, pardon, un "professeur des écoles", peut il être juge et partie ? Le résultat de votre magnifique politique est qu’aujourd’hui les professeurs de secondaire se retrouvent avec des élèves qui ne savent ni le français ni l’arithmétique et qu’ils doivent durant l’année de sixième pallier aux déficiences de l’enseignement primaire.

Forts de votre réussite dans la destruction de l’école primaire, vous n’avez pas hésité à vous en prendre au secondaire. En instaurant le collège unique, vous avez procédé par nivellement, nivellement par le bas, bien sûr. Là encore, instaurant des méthodes d’éducation inefficaces et démagogiques, réorientant les programmes autour d’une volonté idéologique, vous avez petit à petit dévalorisé les notes, supprimé les classements, appauvri les programmes. Il ne se passe d’année sans que vous nous vantiez les mérites de la suppression du redoublement ou de la suppression des notes. Laminée vers le bas, intellectuellement appauvrie, amputée de tout esprit et de toute volonté de réussite, de dépassement de soi, la majorité des jeunes sortant du système scolaire français se rue dans les bras de l’État-providence pour y quémander quelque aide et subside.

Ceux dont les parents sont conscients de l’idéologie sous-jacente à ce sous- système scolaire, en particulier la caste professorale, apportent à l’extérieur de l’école le complément nécessaire à la réussite de leurs enfants. Un grand nombre de parents, pas forcément conscients du complot politique dont vous êtes les complices et promoteurs, se saignent aux quatre veines pour payer des cours privés, pensant bien souvent que cet effort financier suffira à pallier aux déficiences du système. Bien sûr il est rare que cela fonctionne car le fondement du dysfonctionnement vient de ce que la logique comportementale du personnel enseignant dans les établissements incite non à l’effort et à la réussite, mais au laisser-aller et la négligence. Là où hier l’enseignant disait à un élève de travailler par lui même, de faire tous les exercices du livre, de s’améliorer, de se perfectionner, de se surpasser, ce même enseignant explique aujourd’hui qu’il ne faut pas travailler pendant les vacances scolaires et que le rôle des parents n’est pas de surveiller ce que font leurs enfants à l’école. Dès lors, par manipulation, le système pédagogique annihile toute volonté, incite à la paresse, faisant de la médiocrité la norme. Les cours supplémentaires payées à grands frais par des parents affolés de voir le niveau scolaire de leurs enfants ne peuvent pas grand-chose face à ce lavage de cerveaux. Bien sûr, il y a les parents qui sont parfaitement conscients de la manipulation et qui savent ou qui peuvent, parce qu’ils en ont les moyens financiers, l’éviter à leurs enfants. Ceux la les scolarisent à domicile ou dans des écoles hors contrat qui prennent soin d’appliquer des méthodes pédagogiques éprouvées, efficaces, d’inculquer des valeurs et une rigueur de travail dans le simple but d’instruire, de former l’esprit critique et l’épanouissement des élèves.

Dès lors nous sommes bien dans un système scolaire à deux vitesses. Il y a ceux qui savent et qui peuvent, il y a ceux qui ignorent ou qui subodorent mais qui ne peuvent pas faire autrement que de subir l’idéologie bourgeoise dominante. Ces derniers se rassurent comme ils peuvent en se disant que c’est pour « tout le monde pareil ». Or, nous le savons bien, vous et moi, que ce n’est pas « pour tout le monde pareil ». 

Demain, aux postes de commande, qui retrouverons nous, si ce ne sont les enfants que ceux qui s’y trouvent aujourd’hui ? Pas tant parce qu’ils auront hérité de telle ou telle fortune, ni parce qu’ils auront bénéficié de passe-droits, bien illusoires dans une société mondialisée, mais parce qu’ils auront suivi les bons cursus scolaires, c’est à dire pas ceux du système officiel. 

Votre proposition de suppression du baccalauréat après en avoir fait le diplôme de fin d’études secondaires le plus minable et le plus dénaturé qui soit, n’est qu’une étape de plus vers la destruction du système scolaire français. En proposant votre contrôle continu, vous instaurez au système secondaire le principe débile et abêtissant que vous avez mis en place dans le système primaire évoqué plus haut. Vous demandez aux enseignants d’être à la fois juge et partie. Comment voulez-vous que les enseignants puissent déjuger leur travail en ayant un taux d’échec trop important dans le passage au cycle supérieur ? C’est inimaginable et vous le savez. Les enseignants feront toujours en sorte d’avoir un taux de réussite extra ordinaire preuve, pour eux, de la pertinence de leur travail. Ils savent très bien que personne n’ira chercher la vérité ni creuser pour savoir où elle se trouve.

Alors il y aura encore ceux qui ne savent pas ou qui ne peuvent pas et qui vont à l’université parce qu’avec leur diplôme de fin d’études secondaires ils pourront y avoir accès. Et les profs d’université passeront la première année d’enseignement supérieur à pallier aux déficiences du cycle secondaire comme aujourd’hui les professeurs de sixième pallient aux déficiences du système primaire. 

Et bien évidemment, il y aura ceux qui n’auront pas suivi le cursus officiel, ou du moins pas seulement, et qui seront admis dans des écoles qui exigeront des examens ou des concours d’entrée hors de portée du bas peuple lobotomisé. Alors vous serez arrivés à vos fins, plusieurs siècles en arrière. Votre progéniture et celle de vos adversaires politiques, sur un pied d’égalité, poursuivront le combat sous l’oeil hagard et totalement déconnecté du bon peuple que vous continuerez d’amuser en lui servant toujours plus de dépravation et d’exhibitionnisme sous le label méprisant de « culture populaire ».

La suppression du baccalauréat n’est qu’une étape dans le processus déjà bien avancé de destruction de l’enseignement public. S’y opposer et exiger au contraire son renforcement est un combat sociétal de même nature que celui de la famille. 

Thibault Doidy de Kerguelen anime depuis six ans le site MaVieMonArgent.info



9 réactions


  • jef88 jef88 14 juin 2013 11:57

    l’examen d’entrée en 6ème ?
    il n’existe plus depuis (à peu prés) 1956....


  • GdeBell 14 juin 2013 12:54

    Je suis contre la suppression du bac car très méfiant à l’égard du contrôle continu qui devrait le remplacer. Les professeurs et les établissements scolaires auraient alors intérêt à être le plus généreux possible pour faire monter leur cote. Comme si l’indulgence et même la « démagogie » ne contribuaient déjà pas assez au nivellement par le bas.


  • Julien Julien 14 juin 2013 13:57

    Il y a une autre raison pour ne pas supprimer le bac, elle est donnée à la fin de cet extrait de documentaire :

    http://www.youtube.com/watch?v=cGSnh8akQmg


    • TDK1 TDK1 14 juin 2013 14:52

      @Julien


      Excellente video que je ne connaissais pas. Oui, bien sûr, la raison donnée à la fin est aussi pertinente. Notez qu’elle est l’illustration de ce que je dis dans mon article, c’est que la bourgeoisie de gauche qui nous gouverne (pas seulement le PS, tous ces gauchos de soixante huitards qui cachent leur défense de classe bourgeoise derrière un discours de gauche) n’a qu’un seul objectif, la fracture du système scolaire, l’abêtissement du peuple et la perpétuation du neonépotisme. 
      Pour cacher cela, au lieu d’éduquer le peuple ; ils choisissent, tels les colons d’autrefois, quelques bons nègres que via la discrimination positive ils mettent en avant. Il ne s’agir que d’une politique de façade qui maintient l’ignorance des masses en donnant le change politique.


  • lcm1789 14 juin 2013 14:03

    Tout n’est pas à jeter dans cet article, mais faute de réelle volonté de comprendre les causes de cette dynamique destructrice, il louvoie entre bon sens conspirationnisme et esprit réactionnaire.

    Le constat de base est unanimement partagé :
    Le système scolaire français ne permet plus l’élévation sociale, renforce les inégalités et dans le même temps suit attaques et désorganisation.

    Peut être faut-il distinguer les causes et les conséquences, les maitres d’œuvre et les victimes.

    Que se passe-t-il ?

    L’UE et l’OCDE de puis des années tentent de privatiser l’Ecole.

    Il faut comprendre que ce processus poursuit deux buts distincts mais complémentaires :

    1) L’Ecole peut par bien des point être assimilée àgrande entreprise qui fournit savoirs et qualification à la population. Pour l’instant l’outil de production d’enseignement est en grande partie publique et de fait appartient à tous (Education nationale). De ce fait l’’Ecole ne rapporte de profit pécunier à personne.
    Pour autant, savoirs et qualifications sont des biens précieux et tout un chacun serait prêt (si on ne lui en donne pas le choix) à payer pour les posséder, il y a donc lieu à faire fonctionner cette grande machine de manière lucrative.
    Cela ouvrirait un immense marché avec des perspectives de profit colossale (Il n’est déjà que de regarder le marché du soutien scolaire privé !).
    Or si le système publique gratuit fonctionne, ce marché ne peut pas s’ouvrir, il est donc nécessaire de désorganiser le système scolaire public.
    Alors, on organise l’échec, classes surchargées, réformes perpétuelles, examen vidés de sens indiscipline...

    2) Les diplômes sanctionnant une qualification lorsqu’ils ont une valeur unanimement reconnue permettent de négocier de manière collective des droits communs face aux employeurs. Livré à la jungle des certifications et des compétences, titulaires de diplômes sans valeurs les élèves sont alors déposseéder des droits sociaux conférés par ses diplômes.

    Oui il faut défendre une école publique forte, des diplômes solides et en particulier le baccalauréat


    • TDK1 TDK1 14 juin 2013 15:13

      Bonjour,


      Si moi je louvoie, vous vous faites du saute-mouton ! Qu’est ce que l’UE et l’OCDE viennent faire là dedans ? Vous êtes complètement conspirationniste ! smiley 
      La vérité, c’est que ceux qui ont imposé les diverses « réformes » qui ont conduit notre système scolaire là où il en est et qui semblent vouloir le précipiter au fond du gouffre sont des fonctionnaires syndiqués, de gôche, que tous plus vous montez dans le hiérarchie de l’EN et plus la densité de FM issus de la rue Cadet est importante et que tout cela est le résultat de l’alliance objective entre la défense d’intérêts personnels (l’EN est une armée mexicaine où la proportion entre personnel de front office (devant les élèves) et back office (travaillent dans des bureaux mais pas devant les élèves) est unique au monde. Il y a au sein de l’EN une armée de parasites qui n’ont pas ou plus depuis longtemps l’intérêt de l’enfant en préoccupation, mais la justification de leur propre existence), des convictions idéologiques (Peillon, FM, admirateur de Buisson, l’idéologue de l’usage de l’école aux fins de manipulation des enfants et de la prééminence du rôle de la société sur celui des parents dans l’éducation et le façonnage des enfants (théories dont s’inspireront les nazis et les communistes) en est un parfait exemple) et une politique de classe menée très classiquement par la bobo-bourgeoisie qui, comme toujours, cherche à instaurer son propre népotisme. 
      Sincèrement, l’UE et l’OCDE n’ont rien à voir là dedans. D’ailleurs, parmi les autres pays européens, la plupart ont un système scolaire beaucoup plus performant que le notre. C’est un problème français.

  • non667 14 juin 2013 14:29

    contrôle continué ?

    on se demande bien pourquoi pour le bac actuel on met un élève par table dans une salle de 25 avec 2 surveillants si un surveillant dans une salle de 36 à 2 par tables touche-touche ça fait pareil ?
    sans compter les inégalités dans les sujets ,dans les barème de notation ,l’application de ces barèmes !
    sans compter que quel prof va prendre la responsabilité de faire échouer un de ses élèves personnellement ? et de subir la vindicte de celui-ci ,des parents ,des grands frères ....(voire du mrap ......) oui parce que si un élève échoue dans la mentalité actuelle c’est forcément la faute de l’enseignant ...
    bref une ineptie prônée par ceux qui n’ont jamais enseigné ,ou qui ne sont plus sur le tas ,ou qui cède à la démagogie /facilité de la dévaluation du bac en instituant une nouvelle règle comme dit luc ferry « pour ne pas avoir le bac aujourd’hui il faut en faire la demande  » smiley smiley smiley


    • TDK1 TDK1 14 juin 2013 15:17

      Ferry qui, soit dit en passant fut ministre de l’EN et participa à la destruction de l’EN.


  • viva 14 juin 2013 20:06

    Pas besoin d’être conspirationniste, il suffit de simplement regarder le nom des diplomes.


    Autrefois, il existait, le deug, la licence, la maîtrise, ces diplômes ont disparu est apparu le Master (un mot bien de chez nous si il en est)..

    Pas besoin d’en dire plus, c’est suffisant et la liste des évidences est trop longue....

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