samedi 23 novembre 2013 - par Xtf17

Non à « l’État BNP » : pour une séparation de la Banque et de l’État !

Les risques pris par les banques aujourd’hui sont les faillites de demain et nos impôts d’après-demain – comme nous l’avons vu en 2008, la facture commençant à peine à nous être présentée… Une fois n'est pas coutume, Olivier Berruyer lance une pétition sur son blog Les-Crises.fr.

Le Directeur du Trésor est le haut-fonctionnaire en charge, entre autres, de la régulation du secteur financier. Véritable « vice-ministre en charge du secteur bancaire », il a une importance stratégique considérable.

En réponse à une (éventuelle…) demande du Président, c’est lui qui aurait la charge de préparer une vraie loi de séparation des activités bancaires, une taxe sur les transactions financières, une lutte drastique contre la spéculation, un renforcement de la réglementation financière, une lutte contre l’optimisation fiscale des banques, etc…

Le Canard enchainé du 20/11/2013 a indiqué que le gouvernement envisageait de remplacer l’actuel Directeur du Trésor, nommé par Nicolas Sarkozy, et de nommer à sa place François Villeroy de Galhau – qui est l’actuel directeur général délégué de BNP-Paribas !

Le Monde a indiqué que ses propres informations “confirmaient celles du Canard enchaîné” :

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/11/20/reforme-fiscale-remaniement-a-la-tete-des-deux-plus-grandes-directions-de-bercy_3516850_3234.html

L’intéressé a pour l’instant mollement démenti, et le gouvernement est resté très flou.

Les va-et-vient, d’habitude à sens unique « public vers banques privées », sont une mauvaise habitude particulièrement fréquente en France :

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/20131120trib000796798/un-banquier-au-tresor-nouvel-exemple-d-une-pratique-repandue.html

Une telle nomination, en sens contraire, approfondirait encore plus nos difficultés de contrôle de la finance, et serait de nature à livrer l’État au bon vouloir des banques – dans une situation miroir des États-Unis, où ces pratiques sont fréquentes, avec les résultats que l’on constate.

Même si cette nomination était abandonnée, le simple fait que de très hauts responsables administratifs et politiques ne voient pas le problème, ignorant le symbole et les risques, est très problématique en termes démocratiques. Le fait que cela soit possible n’est donc plus acceptable.

Cette affaire est donc l’occasion, outre de protester contre une telle nomination, de promouvoir un renforcement des mesures anti-pantouflage, dont l’affaire Pérol avait déjà montré la nécessité il y a quatre ans.

Nous demandons donc :

1/ de ne pas nommer dans les prochaines semaines de banquier à la tête de la Direction du Trésor ;

2/ de renforcer les mesures anti-pantouflage « public / banques », en interdisant aux ministres et/ou hauts fonctionnaires de Bercy, Matignon, l’Elysée et la Banque de France d’exercer des fonctions salariées ou de conseil dans une banque ou un organisme financier moins de 5 ans après leur départ du gouvernement ou de l’administration. Pour le Directeur du Trésor et le Gouverneur de la Banque de France, ce délai est porté à 10 ans.

3/ d’appliquer la même règle pour les arrivées en provenance du privé à ces postes.

Il y a près de 110 ans, notre pays a su séparer l’Église de l’État, au plus grand bénéfice de la République. Il est grand temps de réaliser une séparation identique des banques, rompant avec des pratiques délétères remontant à l’époque des banques nationalisées.

Cette saine réforme pourra alors ouvrir la voie à des réformes financières plus profondes.

« La réforme que nous allons voter laissera le champ libre à l’activité républicaine pour la réalisation d’autres réformes essentielles. » [Aristide Briand, rapporteur du projet de loi de séparation de l’Église et de l’État, 3 juillet 1905]

SIGNEZ LA PÉTITION AVAAZ ICI – puis faites la suivre via Avaaz !

N.B. Pour les plus en forme, vous pouvez, EN PLUS, écrire ici au Président de la République – surtout si vous avez voté pour lui après le “mon adversaire, c’est la finance”…



15 réactions


  • claude-michel claude-michel 23 novembre 2013 09:28

    (En réponse à une (éventuelle…) demande du Président, c’est lui qui aurait la charge de préparer une vraie loi de séparation des activités bancaires)... ?

    Mais les banques sont puissantes et font comme bon leur semble...Les couillons (NOUS) sont là au K ou.. !

  • Croa Croa 23 novembre 2013 10:34

    Jeune, ce connaissait la BNCI, une banque publique qui prétendait « soutenir le commerce et l’industrie ». Comme il y avait une agence tout près je suis devenu client. Maintenant cette banque est privée, elle a changer de nom et d’objectifs. Comme leurs conseillers sont sympas et que les services aux particuliers sont les mêmes que partout ailleurs je suis resté mais bon... Tout ça est bien décevant !


  • ZEN ZEN 23 novembre 2013 12:06

    Croa
    Jeune, je connaissais le Crédit Agricole, fondée, sous l’instigation gaullienne, par et pour des agriculteurs..
    On ne la différencie plus aujourd’hui des autres, surtout après ses aventures grecques. L’avenir de l’agriculture est le le moindre de ses soucis
    A part ça, mon banquier est sympa... smiley


  • Pierre-Yves Martin 23 novembre 2013 12:27

    C’est vrai que cette nomination est inacceptable dans son principe.

    Mais, en même temps, il s’agit de déloger un haut-fonctionnaire ultra-libéral mis en place par Mr Sarkozy. Je crois comprendre que la finance internationale, l’inspection des finances et certains politiciens de droite (à commencer par Mr Moscovici) sont défavorables à son départ.

    Je ne pense pas que ce soit à nous de prendre position sur cet arbitrage entre camarillas concurrentes. Il faut refuser la mainmise de la finance internationale sur le pouvoir politique, quelqu’en soient les intermédiaires.

    Personnellement, je ne signerai donc pas la pétition.


  • Piotrek Piotrek 23 novembre 2013 13:06

    Pour ce poste il faudrait quelqu’un de la cour des comptes, pas de la cour des comtes


  • heliogabale heliogabale 23 novembre 2013 13:46

    Dans le même temps, il a fallu 18 mois à Hollande pour se rendre compte qu’il fallait dégager ce cher Ramon Fernandez...

    Le problème pour ce poste est simple : ou bien on met un haut-fonctionnaire toujours resté fidèle à la fonction publique et certains vont dire qu’il ne comprend rien à l’économie, ou bien on met un haut-fonctionnaire qui a travaillé pour la finance internationale et certains se plaindront des conflits d’intérêts qui peuvent exister...


  • paul 23 novembre 2013 15:06

    Dans la pseudo réforme bancaire de Moscovicci, on a vu à l’œuvre le lobby bancaire avec, coté gouvernemental , deux personnalités de la commission des finances qui étaient loin d’être indépendantes (Valérie Rabault et Karine Berger) .

    Pour cette oligarchie régnante ,tout gouvernement confondu, la notion même de conflit d’intérêt lui est étrangère : c’est ainsi que l’on a pu voir un ministre des finances, être en même temps trésorier du parti politique de son président : de l’indécence à la banalité .
    Pétition signée,Olive !


  • BA 23 novembre 2013 15:46

    Les banques françaises, la haute fonction publique, la politique : ce sont exactement les mêmes personnes.

     

    C’est la nouvelle aristocratie.

     

    Quelques membres de la nouvelle aristocratie :

     

    François Villeroy de Galhau, BNP Paribas (ENA 1984)

    Xavier Musca, Crédit Agricole (ENA 1985)

    Gilles Briatta, Société Générale (ENA 1987)

    Marguerite Bérard-Andrieu, BPCE (ENA 2004)

    Nicolas Namias, BPCE, Matignon (ENA 2004, comme la précédente !)

    Emmanuel Macron, Rothschild, Elysée (ENA 2004, comme les deux précédents !)

    François Pérol, BPCE (ENA 1990)

    Ariane Obolensky, Fédération bancaire française (ENA 1972)

    Frédéric Oudéa, Société Générale (ENA 1987)

    Baudouin Prot, BNP Paribas (ENA 1976)

     

    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/20131120trib000796798/un-banquier-au-tresor-nouvel-exemple-d-une-pratique-repandue.html



    • Piotrek Piotrek 23 novembre 2013 19:40

      J’appuye un peu plus votre argument en prenant les deux premiers de la liste :

      François Villeroy de Galhau :
      - membre du conseil de surveillance de Villeroy & Boch (Sarre)
      - membre du conseil d’administration de l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique), pour le développement du microcrédit
      - membre du Conseil d’orientation du think tank En Temps Réel1
      - membre du conseil de surveillance de Bayard Presse, groupe propriétaire du quotidien La Croix, où il publie de nombreux articles (2005)
      - membre de la Commission pour la libération de la croissance française, réunie et présidée par Jacques Attali en 2007 puis 2010

      Xavier Musca
      - siège également au conseil d’administration de Gaz de France depuis 2006,
      - et au conseil de surveillance de CNP Assurances depuis 2007,
      - et est vice-président du conseil d’administration de la Caisse nationale des autoroutes depuis 2008


  • Werner Laferier Werner Laferier 23 novembre 2013 20:59

    Mais biensur, si nous en sommes la, des pays démocratique, des libertés pour tous, un respect des droits de l’homme, un bon mode de vie pour tous, c’est grâce aux états alliées aux banques.
    pour lutter contre la crise, les dettes, il faut renforcer la finance et non le contraire, n’oublions pas le généreux soutien des banques allemande aux grecs qui a permis au grec de s’en sortir.

    La mauvaise gestion d’un pays et la corruption sont les principaux problèmes de notre crise actuel, et non les banques.
    Sans le plan Marshall des États Unis qui a permit de remonter l’Europe, les européens serait foutue actuellement.
    Les banques n’ont rien couté au contribuable européen, c’est un fait accordé par plusieurs économistes reconnue.
    N’oublions pas une donnée importante, 98% des projets lancés ou à lancer n’envisagent pas d’emprunter de l’argent à une banque !


    • Piotrek Piotrek 23 novembre 2013 23:28

      La mauvaise gestion d’un pays et la corruption sont les principaux problèmes de notre crise actuel, et non les banques.

      La crise est due à deux choses :

      - Une passivité généralisée de tous les acteurs : démocraties, citoyens, entreprises. Personne n’a rien fait contre l’endettement public ou privé, le problème des retraites, la corruption active ou passive, le chômage, la compétitivité... et ce qui a coagulé ces problèmes c’est :

      - Les banques, qui dans une spirale compétitive ont contracté des prêts à des acteurs publics ou privés insolvables, ces banques qui ont, toujours dans même esprit de compétition, pris des risques incroyables avec des produits dérivés et se sont dégagés de leurs responsabilités (de gestion des risques justement) en assurant leur pertes avec des CDS. Et le résultat c’est que les banques ne prêtent qu’a ceux qui ont de l’argent aujourd’hui

      Il y a une limite au laisser-faire même pour le plus libéral qui base son raisonnement sur la théorie du marché dans le cadre d’une concurrence pure et parfaite. Oui car pour que le libéralisme marche : il faut des acteurs informés.
      Dire que le libéralisme c’est faire tout et n’importe quoi c’est comme dire que Madoff devrait être prix nobel d’économie.

      Les banques n’ont rien couté au contribuable européen, c’est un fait accordé par plusieurs économistes reconnue.

      « Au contribuable européen » et une précision subtile, mais en fait elles font payer leurs clients doublement : en augmentant leur tarifs discrètement, et en ne jouant plus leur rôle économique.

      N’oublions pas une donnée importante, 98% des projets lancés ou à lancer n’envisagent pas d’emprunter de l’argent à une banque !

      Peut-être, mais la quasi-totalité de l’économie fonctionne en flux tendu : dépenses d’investissement et besoins de trésorie vous font passer systématiquement par la case banque. Demandez à votre PME préferée ce que la banque lui répond quand elle doit s’endetter pour acheter des matières premières ou investir aujourd’hui.
      Et n’oubliez pas l’autre coté de la médaille : les banques c’est aussi l’épargne !


  • Cedric Citharel Cedric Citharel 24 novembre 2013 09:30

    Les banques dirigent le pays, et le jour où les politiciens ne pourront plus se faire payer directement, ils y feront embaucher leurs enfants, sans compter les pots-de-vin qu’ils continueront de toucher.

    La séparation entre les banques et l’État, telle que vous la présentez, serait une bonne mesure, en attendant une 6ème République dans laquelle les conflits d’intérêts serait sévèrement sanctionnés, et où il y aurait de la place pour une banque publique transparente sur ses comptes et coupée de toute forme de spéculation.

    En attendant, pour savoir comment les banquiers dirigent le monde et comment ils se servent des institutions pour s’enrichir toujours plus, lisez On les croise parfois, de Cedric Citharel.

  • mario 24 novembre 2013 20:09

    Au colloque paradis fiscaux à l’assemblée nationale du 14 juin 2013 :
     http://www.stopparadisfiscaux.fr/colloques/article/colloque-2013-paradis-fiscaux-quel
    Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice, membre de la Commission d’enquête sur l’évasion
    des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales, table ronde 4, vous pourrez entendre en direct : comment les banques racontaient des bobards au sénat comme à l’assemblée nationale et il faudrait sanctionner les déclarations fausses faites sous serment –le président de BNP ment- Voir aussi le scandale du verrou de Bercy.
    D’accord avec vous il est indispensable d’écarter les banquiers des pouvoirs d’Etat.


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