Non au passe sanitaire ! Mais non, aussi, à tout extrémisme idéologique, récupération politique et dérive antisémite !
NON AU PASSE SANITAIRE !
MAIS NON, AUSSI, A TOUT EXTREMISME IDEOLOGIQUE, RECUPERATION POLITIQUE ET DERIVE ANTISEMITE !
Nul n’ignore mon opposition au passe sanitaire, liberticide, discriminatoire et inégalitaire à la fois, instauré, prétendant combattre ainsi la pandémie de la Covid-19 et ses divers variants, par le Président de la République, Emmanuel Macron, et son Gouvernement, puis validé, il y a quelques jours, par le Conseil Constitutionnel. Ce point de vue, je l’ai en effet exprimé publiquement, à travers plusieurs tribunes libres, dans certains grands journaux français, ainsi que dans le meilleur de la presse européenne, francophone et autre.
LE SENS DE LA NUANCE
Attention, toutefois ! Car, me situant en dehors de tout clivage politique (de gauche comme de droite, a fortiori aux extrêmes) et soucieux donc de ne point voir mon opinion instrumentalisée par qui que ce soit, ni mon discours incompris, récupéré ou stigmatisé, j’y précisais aussi non moins clairement, sur ce point focal, ma position. J’y parlais, prenais-je soin de spécifier, en dehors de tout esprit partisan sur le plan idéologique. Il s’agissait là d’un constat que je réputais objectif, philosophique et éthique, sans arrière-pensée politique. De même, n’y niais-je pas, bien évidemment, l’ampleur ni la gravité de cette pandémie : soutenir le contraire serait irresponsable et même criminel ! Davantage : amant de la libre-pensée comme du débat critique, et prônant donc avant tout l’esprit de tolérance, à l’instar de mon cher Voltaire, lumière d’entre les Lumières, j’y disais aussi que je n’étais pas, non plus, un « anti-vax » borné, dogmatique et militant. Beaucoup de mes meilleurs amis, comme certains membres de ma propre famille, sont, par ailleurs, dûment vaccinés, partisans même du passe sanitaire, sans que, pour autant, je ressente, envers eux, quelle que animosité que ce soit, ni ne leur voue le moindre sentiment d’hostilité. Je ne les aime, bien sûr, ni plus ni moins qu’avant. Nuances donc !
LE PASSE SANITAIRE : UNE FRAUDE LANGAGIERE VERS UNE OBLIGATION VACCINALE, SINON UNE DICTATURE SANITAIRE, QUI NE DIT PAS SON NOM
Ainsi, ce que j’y contestais (que les choses soient dites là une bonne fois pour toutes), c’était la manière – la méthode, impensable dans une démocratie qui se respecte – dont Macron venait d’imposer, d’un ton martial, ce « passe sanitaire », donnant ainsi lieu, par cette fraude langagière vers une obligation vaccinale qui ne dit pas son nom, à une dangereuse dérive autoritaire, sinon, à une dictature sanitaire.
HUMANISME ET CONSCIENCE, AU NOM DE LA LIBERTE !
D’où, justement, cette conclusion à mes diverses tribunes en la matière : la vaccination, oui, si librement consentie, et pour de bonnes raisons ; par décision personnelle, choix éclairé, geste rationnel, devoir citoyen, sens civique, responsabilité morale, guidé par la noblesse de sa conscience ; non pas par obligation policière, contrainte sociale, conformisme aveugle, calcul individuel, misérable opportunisme, ou, pire que tout, peur de la répression.
Au seul, beau et inaliénable nom de la liberté !
CONDAMNATION DE TOUT AMALGAME ENTRE LA CONTESTATION DU PASSE SANITAIRE ET L’ANTISEMITISME
Mais c’est aussi, précisément, pour les mêmes raisons – le débat critique, mais rationnel et éclairé, avec, à titre d’imprescriptible principe universel, l’esprit de tolérance – que je récuse également, à cet épineux sujet, tout « complotisme » ou « conspirationnisme » comme tout amalgame, aux nauséabonds relents révisionnistes, sinon antisémites, entre l’abomination absolue que fut la Shoah et ce « passe sanitaire », qui, en outre, n’autorise en rien, ne fût-ce que par le plus élémentaire des respects envers la mémoire des six millions de Juifs morts dans les camps d’extermination nazis, le port aujourd’hui, chez quelques-uns des « anti-vax », de l’odieuse étoile jaune.
Bien plus : Israël, nation que je porte chevillée à mon cœur tout autant qu’à ma raison, n’est certes pas, non plus, ce pays d’apartheid, même si je revendique bien sûr aussi pour les Palestiniens le droit à un Etat souverain et indépendant, que vont brandissant, inscrit sur des pancartes tout aussi abjectes ou conspué en des propos non moins ignobles, ces antisémites patentés, que je condamne donc le plus résolument, dans leur indignité, du monde !
Non au passe sanitaire, donc ! Mais non aussi, avec combien plus de fermeté encore, aux dérives antisémites, en tous point injustifiables, aussi fanatiques qu’iniques, que je vois poindre ça et là, hélas, chez certains manifestants, même s’ils sont très minoritaires fort heureusement (et ne doivent ni ne peuvent donc en rien servir d’alibi pour diaboliser les centaines de milliers de contestataires dans leur ensemble), au sein de ces nombreuses protestations, aux quatre coins de la France comme de l’Europe, à l’encontre de ce passe sanitaire !
RESPECT ET TOLERANCE : AU NOM DE MON PRESTIGIEUX AÏEUL, SINAÏ SCHIFFER, RABBIN ET THEORICIEN DU DROIT MODERNE JUIF
Et ceci, je le clame d’autant plus haut et fort que je ne fais que transmettre ainsi là le magnifique message de tolérance, d’intelligence et de sagesse à la fois, de mon cher aïeul Sinaï Schiffer, né à Namestovo en 1852 et mort à Karlsruhe en 1923 (Sinaï, non pour le moins symbolique puisque c’est sur ce mont sacré que Moïse reçut les fameuses « Tables de la Loi »), qui, rabbin juif, en plus d’être, au sein de la Mitteleuropa et de l’Empire Austro-Hongrois à la charnière des XIXe et XXe siècles, un des intellectuels les plus brillants de sa glorieuse génération (au sein duquel gravitèrent, de Vienne à Budapest en passant par Prague, Kafka, Freud, Klimt, Gustav Mahler, Arnold Schönberg, Arthur Schnitzler, Hermann Broch, Franz Werfel, Joseph Roth, Wittgenstein et tant d’autres), fut surtout, nanti de son incontestable autorité morale et prestige philosophique, le grand théoricien du droit juif moderne (https://de.wikipedia.org/wiki/Sinai_Schiffer) !
Qu’il me soit donc ainsi permis, à ce propos, de parler ici aussi, en toute humilité certes, en son historique nom !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe, auteur, notamment, de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France) et du livre, en relation avec l’actuelle crise sanitaire du Coronavirus, « Le meilleur des mondes possibles » (Ed. Samsa), coécrit avec Robert Redeker et Elsa Godart (enrichi d’un entretien, sur le transhumanisme, avec Luc Ferry).