lundi 7 septembre 2009 - par Emile Mourey

Nos belles églises gauloises d’Auvergne I

Par un épais brouillard du mois de septembre, deux enfants, deux frères, sortaient de l’antique forteresse de Gergovie. Ils venaient de franchir la grande porte fortifiée devant laquelle les Romains avaient été repoussés lors de la grande victoire que Vercingétorix remporta sur Jules César.

L’ainé des deux frères, André, âgé de quatorze ans, était un robuste garçon. Il tenait par la main son frère Julien, un joli enfant de sept ans, frêle et délicat comme une fille, malgré cela courageux et intelligent (d’après "Le tour de la France par deux enfants", G. Bruno, 1877).
 
- Ô André, s’écrie Julien, voici que le soleil se lève.
- En effet, petit Julien. Chaque matin, c’était un grand évènement pour les Gaulois de notre belle province. Dans ses rayons flamboyants, ils voyaient venir le dieu Mercure comme une espérance qui, chaque jour, se renouvelait. Mais pour ne pas t’aveugler les yeux, tourne plutôt ton regard vers le puy de Dôme et tu comprendras.
 
Le sommet du puy de Dôme commençait à s’éclairer et sur ce sommet, émergeait des dernières nuées de la nuit la merveilleuse statue du dieu Mercure, une immense statue que Zénodore avait réalisée au Ier siècle de notre ère sur commande des dirigeants arvernes (certains pensent qu’elle se dressait à Clermont http://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9nodore_%28sculpteur%29). La lumière descendait doucement les flancs de la montagne et touchait l’agglomération qui, dans la plaine, s’éveillait. Clermont était alors la nouvelle ville en plein essor des Arvernes. Au Vème siècle après J.C., Sidoïne Apollinaire en était l’évêque mais résidait toujours sur l’oppidum de Gergovie, au Crest.
 
- Mais je croyais qu’il résidait dans une agréable villa gallo-romaine au bord du lac d’Aydat, s’exclame petit Julien.
- Bien sûr que non, lui répond André ! Sidoïne Apollinaire était un grand seigneur. De sa ville fortifiée et dominante - Avitacus, l’antique Gergovie toujours située au Crest - le poète conduisait la cité arverne sur le chemin de l’Histoire en compagnie de son beau-frère Ecdicius. Il fut même préfet à Rome. Avitus qui donna son nom au site - le viacus d’Avitus - était son beau-père. Cet illustre personnage fut empereur romain pendant plus d’un an http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=19294
 
Tout en marchant, les deux enfants étaient arrivés à Clermont et visitaient la basilique Notre-Dame du Port qui vient d’être restaurée. D’après un ancien manuscrit, c’est saint Avit qui construisit dans la ville arverne, en un lieu appelé de tout temps le Port, une élégante église en l’honneur de la Mère de Dieu et Vierge Marie. Pourquoi mettre en doute ce document sérieux ? Pourquoi parler de fondation douteuse ? Grégoire de Tours écrit que l’évêque Namatius éleva la première cathédrale de Clermont en un lieu "intra muros". Comment ne pas voir dans dans cette cathédrale l’élégante église du manuscrit et dans ce saint Avit l’empereur Avitus lui-même ? Sachant que Namatius a été intronisé évêque en 446 et Avitus déposé en 456, cela nous confirme le manuscrit et nous donne la date d’édification. Est-ce parce que les historiens ne veulent pas reconnaître à la Gaule la capacité d’élever un tel monument qu’est Notre-Dame du Port qu’il leur faut inventer la destruction totale de l’élégante église/cathédrale par les Normands, puis une reconstruction en tant qu’actuelle Notre-Dame du Port, au XI ème XII ème siècle, en se référant à des textes plus que douteux et peu précis ? (1)

Notre-Dame du Port est un admirable témoignage de l’architecture gauloise qui nous est parvenu, quoiqu’on dise, dans un bon état de conservation. Elle est la mère des grandes églises romanes d’Auvergne. Elle est aussi la mère d’un art musulman qui a pris son essor au VIII ème siècle, dans la mosquée de Cordoue.
 
- Viens voir, s’exclame Julien en tirant son frère par la manche de sa tunique, ce chapiteau n’évoquerait-il pas l’empereur Avitus en compagnie de son épouse ?
- Tu as raison, mon Julien. Le bienfaiteur de l’église est représenté dans la force de l’âge, en compagnie de l’impératrice alors qu’à Brioude, qui est son mausolée, il figure toujours avec elle mais en plus âgé.
- Ah ! continue Julien, je voudrais bien connaitre l’histoire et la vie de cet Avitus qui donna à l’Auvergne de si merveilleux monuments.
- Tu trouveras tout cela à Brioude, cher petit frère. Cavalier réputé, tu le verras, valeureux, affronter l’adversaire dans un combat singulier. Tu le verras également animer une armée victorieuse qui, dans un autre combat loyal, délivre la Gaule souffrante d ’une armée ennemie qui l’enchaine. Et pour finir, car tout a une fin, son apothéose impériale avec son ange qui l’emmène jusqu’au ciel. Et tu verras aussi, dans les arabesques de pierre, le merveilleux poète que fut Sidoïne Apollinaire en compagnie de sa très belle épouse http://www.romanes.com/Brioude/ et de son beau-frère Ecdicius.
 
L’empereur arverne Avitus rencontra dès le début de son règne la méfiance de l’empire d’Orient. Après une série de victoires remportées sur les Vandales, le Suève Ricimer qui commandait ses troupes le trahit avec une partie de l’aristocratie sénatoriale de Rome. Déposé vers l’année 456 par le Sénat et ayant voulu rejoindre l’Auvergne, il mourut en cours de route dans des conditions inexpliquées, probablement assassiné “pour raison d’Etat”. Grégoire de Tours écrit dans son Histoire des Francs qu’il fut enterré à Brioude.
 
Julien s’était arrêté devant une sculpture où un Stephanus offrait un chapiteau symbolique à Marie. Ne serait-ce pas plutôt ce Stephanus qui aurait financé le monument, s’interrogeait-il.
- Tu n’as pas tort, .Julien, de penser cela, car il a bien fallu que de nombreux bénévoles participent au financement de cette construction. Cet Etienne est le symbole d’une élite arverne dont la culture grecque s’est trouvée de plus en plus influencée par un judaïsme messianique http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_0082.html.
- Je croyais, s’écrie Julien surpris, que Notre-Dame du Port était une église chrétienne.
- Pas vraiment, lui répond André. Notre-Dame du Port n’est qu’une église mariale bien qu’elle s’inscrive dans l’annonce de l’évangile. Mais c’est Marie dont on attend la résurrection. Et c’est de cette Marie, autrement dit de Gergovie ressuscitée, qu’on attend qu’elle enfante les sauveurs de la patrie http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_0076.html.
- Ces sauveurs de la patrie, ne seraient-pas ces guerriers casqués qui combattent le péché en même temps que le mauvais citoyen hirsute ?
- Mais oui, mon petit Julien, ces sauveurs de la patrie, c’est Jes XoP, le fils de Jessé, le nouveau David.
 
 
Mais déjà Julien était parti devant un autre chapiteau. Viens voir, s’écrie t-il très excité à l’adresse de son frère. On dirait que le sculpteur a évoqué dans cette scène le temple de l’antique Gergovie du Crest http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=19503.
 
Et c’est Julien qui se met à expliquer à son frère la signification de ces étonnantes sculptures... Devant la forteresse de l’antique Gergovie, voici l’ange descendu du ciel qui dit à Marie/Gergovie : Ave, Maria ! Je te salue, Marie ! Et Marie, le regard pur, ouvrant une main, la droite, accepte que Dieu descende dans son sein http://www.art-roman.net/ndport/ndport2.htm. Et voici que la forteresse du Crest s’est ouverte, laissant apparaitre dans le choeur de son temple le sarcophage de Marie recouvert d’un voile http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_0072.html. Au-dessus est représentée l’abside extérieure du temple du Crest avec ses trois ouvertures visibles caractéristiques. Et voici, là encore, sous la voute parfaitement reconnaissable du choeur, le même sarcophage au-dessus duquel le sculpteur a représenté une barque http://www.romanes.com/Clermont/ND_Port//Notre_Dame_du_Port_de_Clermont_0062.html, car suivant l’hymne acathiste, Marie tu es pour nous la barque. Au-dessus, trône la forteresse du Crest qui fut l’ancien palais de Vercingétorix.

Ah oui, s’écrie Julien, cette église Notre-Dame du Port est une véritable merveille, c’est notre mère à tous et je veux, de toutes mes forces, quand je serai grand, me conduire en courageux citoyen.
Brave Julien ! Dans l’état dans lequel nous te laissons la planète, il te faudra vraiment beaucoup de courage.
 
Renvoi 1. Cet article s’inscrit dans la suite de mes précédents articles où je dénonce cette volonté délibérée que déploie une archéologie d’Etat pour refuser à la Gaule antique son merveilleux patrimoine et ceci, afin de l’attribuer à un Moyen-Age auquel les historiens bien en cour accordent toutes les vertus. Il s’agit de la plus grande escroquerie et manipulation intellectuelle qu’une technostructure professorale aura commise à l’égard d’un peuple avec la bénédiction et le soutien des pouvoirs publics.
 Cette manipulation va trouver son apogée dans le futur parc archéologique d’Alésia où le but clairement avoué est - je cite - la présentation détaillée - et par conséquent la déconstruction - du mythe des origines gauloises, de l’héroïsation de Vercingétorix et de la promotion d’Alésia en lieu de mémoire. Fermez le ban ! La Gaule est morte et enterrée. Après la déclaration très révélatrice du professeur au collège de France titulaire de la chaire des Antiquités Nationales La Gaule, ce n’est rien, ça n’existe pas, c’est à un véritable lavage des cerveaux auxquels les enfants des écoles seront conviés... dans quel but ? Je me le demande ? S’il est une chose que je ne comprends pas, c’est bien celle-là.
 


35 réactions


  • Antenor Antenor 7 septembre 2009 11:49

    D’accord pour voir la Gaule influencée par la croyance judaïque en l’arrivée d’un nouveau Josué au début de l’empire romain mais le 5ème siècle après Jésus-Christ, cela fait un peu tard.

    Sur le pilier des Nautes de Paris daté du règne de Tibère, on voit un personnage, Esus, en train d’émonder un arbre. Comment se fait-il qu’aucun historien n’ait fait le rapprochement avec les menaces prophétiques de Jean-Baptiste : « Déjà la hache est prête à attaquer la racine des arbres, tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. » D’après les historiens romains, Esus était un dieu sanglant à qui était dédié d’horrible sacrifices.

    Cette espérance guerrière est sûrement morte après le suicide collectif de officiers de Sacrovir en Gaule et celui des Zélotes à Massade en Judée. Après cet espoir déçu, la voie pacifique des prêtres Emmanuel de Nazareth à travers lesquels les auteurs des évangiles pensaient que Dieu avait manifesté sa volonté, a commencé à s’imposer. Les premiers martyrs nazaréens gaulois datent du 2ème siècle.

    La cathédrale d’Autun est truffée de références aux évangiles. Si elle est l’oeuvre du païen Constance Chlore, cela signifie que le pays éduen était déjà largement évangélisé à cette époque. Et l’Auvergne n’est pas très loin.

    @ Emile

    Vous donnez une double signification évangélique/politique locale aux chapiteaux d’Autun. Il faut sûrement faire de même pour ceux de notre Dame-du-Port et de Chalon. Chalon qui a probablement été évangélisée depuis Mont-Saint-Vincent.

    Cette monnaie de Constance Chlore ressemble beaucoup à l’aureus que vous avez présenté dans l’article précédent. Voyez aussi Magnence qui porte une auréole mais sans croix :

    http://www.romancoins.info/Constantin.html


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 septembre 2009 14:52

      @Antenor

      Je ne connaissais pas la monnaie de Constance Chlore. L’Apollon à la corne d’abondance confirme l’interprétation que j’ai donnée dans un article précédent de la vision de Constantin dans le ciel du temple de Chalon.

      Concernant la cathédrale d’Autun et la basilique de Vézelay, la question qu’il faut se poser est : pourquoi les auteurs de ces sculptures n’y ont pas inscrit des explications comme ils ont commencé à le faire en Auvergne. Je ne vois qu’une explication : que ces sculptures ont été réalisées de façon à pouvoir être interprétées soit dans un sens symbolique classique, soit dans un rapprochement possible avec un début d’évangélisation. On sait que Constance-Chlore était non chrétien mais tolérant, ce qui explique Autun. On sait que Julien l’était aussi bien que très hostile aux Galiléens, ce qui explique Vézelay. Mais, selon moi, il ne fait pas de doute que l’interprétation officielle de tous ces chapiteaux ne pouvait pas être évangélique.

      Quant aux chapiteaux de Notre-Dame du Port, ma conviction est qu’ils expriment ce que l’empereur Avitus y a mis, c’est-à-dire ce à quoi il croyait ; et cela ne correspond pas au canon des évangiles.

      En ce qui concerne les premiers martyrs de Bourgogne et d’Auvergne, ma très forte impression est qu’ils ont été « récupérés » par l’institution religieuse, de même que les menhirs qui furent surmontés d’une croix.


    • Antenor Antenor 7 septembre 2009 17:05

      Il n’est pas impossible que quelques martyrs aient été récupérés mais on ne peut pas généraliser. Leur attitude est proche de celle de Jésus de Nazareth. Ce n’est plus la logique des assauts-suicides de Sacrovir et Marriccus. La disposition mystique de ses troupes en forme de tête de taureau confirme que Sacrovir était un prêtre d’Esus. Le taureau, animal sacrificiel, est en effet associé à Esus à Paris et à Trêves. En faisant mettre à mort par les légions ce monstrueux minotaure, Sacrovir a probablement voulu déclencher l’intervention divine. Intervention qui n’a jamais eu lieu.

      Quand quelques temps plus tard, le bruit a commencé à courrir que Dieu s’est manifesté en Judée, la (bonne) nouvelle a dû être accueillie avec soulagement. Le temps des holocaustes semblait terminé. Si les Eduens avaient des liens forts avec Canaan, ils ont dû être parmi les premiers chez qui les évangiles ont circulé.

      Officiellement, les tympans d’Autun et Vézelay représentaient Constance et Julien. L’enfant prodigue né sur les chapiteaux d’Autun, c’était Constantin. Mais pour les commanditaires, l’aristocratie éduenne, il ne fait guère de doutes qu’il s’agissait des personnages des évangiles camouflés sous le vernis officiel. De même, Esus sur son pilier passait pour un brave bucheron alors qu’il s’agissait d’un véritable appel à la révolte placé sous le nez des Romains.

      Les élites évangélisées devaient faire face à deux écueils : le culte impérial et les cultes populaires. Il fallait arriver à diffuser le message évangélique sans braquer ni l’un ni les autres. A Autun, on sent que c’est surtout à l’empereur qu’ils ont fait attention. L’évangélisation de la population était peut-être déjà bien avancée. Pour Notre-Dame-du-Port c’est l’inverse. Le commanditaire est l’empereur à la tête d’un empire chrétien. Manifestement, c’est la population arverne qui a été ménagée avec cette église mariale qui s’inscrit certainement dans la prolongation du culte des déesses-mères et assure la transition. Parallèlement, il est probable qu’il y ait aussi un message politique conjoncturel dans ces chapiteaux.


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 septembre 2009 18:54

      @ Antenor

      Je suis bien conscient qu’il devait y avoir de multiples courants. Je pense également, comme je l’ai suggéré dans mon précédent commentaire, que l’édification de ces édifices religieux donnaient lieu à un consensus. J’ai cependant le sentiment qu’à Autun, c’est le symbolisme traditionnel qui l’emporte dans la continuation de la fresque de Gourdon tout en permettant aux nouveaux convertis de s’y retrouver. En revanche à Vézelay, s’il semble qu’on ait laissé aux convertis les deux tympans latéraux, tout le reste est un pur retour au judaïsme avec un tympan glorifiant plutôt l’image de la sagesse judéo-grecque avec une récupération du symbolisme évangélique pour un message politique. C’est un retour à la tradition « païenne » bien que cet adjectif soit mal approprié.

      Cette situation s’accorde assez bien à celle que l’on découvre par ailleurs et dont le concile de Nicée révèle bien les conflits.

      Bien que postérieure, Notre-Dame du Port montre bien que l’Auvergne était encore très attachée à sa culture traditionnelle et pas encore convertie au canon.


    • Emile Mourey Emile Mourey 7 septembre 2009 19:01

      Il n’y a pas de Jésus à Notre-Dame du Port mais que Jean et le fils de Jessé, un David collectif.


    • Antoine Diederick 7 septembre 2009 22:22

      arbre de vie, arbre de connaissance...pkoi donc le serpent s’y lova pour Adam et Eve à votre avis...

      mais il se fait que la tradition germanique et celtique tournait déjà autour du symbolisme de l’arbre...

      dans la gnose chrétienne et ésotérique le Christ est parfois représenté par un serpent dans une mandorle....c’est a re-situer dans un vieil archétype de la création du monde, des origines, des ancêtres....de l’écaille du dragon...et finalement de la génétique telle que nous la pensons aujourd’hui....dans le processus génératif que le saurien représente dans l’imaginaire humain.


    • Antenor Antenor 8 septembre 2009 11:10

      Il y a un christ sur le tympan du portail sud mais il a l’air d’avoir été rajouté plus tard.

      Cette absence de représentation de Jésus-Christ signifierait que contrairement à leurs homologues de la Mer Morte (Jean-Baptiste) et de Beth-Saïd (Jean l’apôtre), la diaspora asmonéenne « Jean » réfugiée en Gaule n’avait pas reconnu Jésus de Nazareth comme le messie d’Israël et attendait toujours son sauveur au 5ème siècle ?

      Il y a une autre explication plausible. J’avais écrit dans un commentaire précédent qu’il était remarquable que cette basilique ne se trouve pas au sommet de la butte de Clermont là où se dresse actuellement la cathédrale construite plus tard ; mais légèrement en contrebas. Cet emplacement subalterne signifie qu’il devait y avoir un lieu de culte très important au sommet de la butte (la statue de Zénodore ?) et que l’empereur n’a pas osé le détruire. Cela confirme votre thèse d’une Auvergne encore très partiellement évangélisée à cette époque. Avitus a agi habilement. Il n’a pas « balancé » à la figure de son peuple un dieu nouveau placé sur un tympan somptueux et concurrençant frontalement la statue de Zénodore et les cultes anciens. Le risque de rejet était trop fort. Astucieusement, il place son temple un peu à l’écart et ne montre que la gestation du christ, laissant à chacun la liberté de le faire naître dans son imagination. Le mystère a toujours plus attiré l’Etre-Humain que la contrainte.


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 septembre 2009 12:39

      @ Antenor

      En fait, la question que vous posez porte sur l’emplacement de la cathédrale qui se dresse sur le point haut de Clermont. Pourquoi Avitus n’a édifié sa basilique qu’en contre-bas ? Comme vous le suggérez, parce qu’il existait déjà quelque chose à cet endroit qu’Avitus n’a pas voulu détruire mais que les Francs n’ont pas hésité à le faire pour y installer leur cathédrale, en même temps que leur prestige.

      Suivant ma logique militaire, cela aurait dû être, à l’origine, une fortification puisque nous sommes sur un point haut. Le problème, c’est que des fouilles ont été faites à cet endroit et qu’on n’y trouve que la trace d’anciennes fondations d’édifices religieux.

      Je ne crois guère au roman que nous donne wikipedia sur l’histoire du lieu et de la cathédrale http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame-de-l%27Assomption_de_Clermont. D’abord wikipedia fait une confusion en attribuant à Namatius l’édifice qui l’aurait précédée alors qu’il s’agit de Notre-Dame du Port. Les dimensions citées sont celles que donne Grégoire de Tours et elles sont celles de Notre-Dame du Port. Pour le reste, destruction par les Normands et par Pépin le Bref, c’est probablement du même acabit, c’est-à-dire sans fondements. Il suffit de vérifier.


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 septembre 2009 13:23

      @ Antenor

      Voyez ce lien http://books.google.com/books?id=5BOrlY94NwwC&pg=PA8&lpg=PA8&dq=cathedrale+de+clermont+gr%C3%A9goire+de+tours&source=bl&ots=gRrh4MKJ_4&sig=R8qtH5FVg230N1s5xiKkeNrBvn4&hl=fr&ei=fD2mSujyHpChjAfT5KyYDg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2#v=onepage&q=&f=false

      Quand on s’appuie sur une simple consécration pour imaginer une reconstruction nouvelle !!!! Cela confirme bien ce que je dis.

      Au sujet de la description que donne Grégoire de Tours, il faudrait probablement intervertir les chiffres qu’il donne pour la hauteur et la largeur. Il faudrait que je retrouve le texte latin et reprendre la traduction.


    • Antenor Antenor 8 septembre 2009 15:10

      @ Emile

      Dans votre lien, il est fait mention au début du paragraphe d’une « domus ecclesiae » Sancta Maria où aurait été enterré Saint Alyre vers la fin du 4ème siècle. Elle est dite « extra-muros » mais « inter-sanctos ». C’est intéressant car cela correspond très bien à l’emplacement de Notre-Dame-du-Port. A vue de nez sur Googgle Earth, la basilique se trouve en effet sur une sorte de grande terrasse naturelle à mi-hauteur entre le sommet de la butte et le fond de la vallée. Cette basilique aurait été bâtie par Saint-Austremoine et le sénateur Cassius. Son nom Sancta-Maria correspond très bien au thème des chapiteaux. Par conséquent la cathédrale d’Avitus serait Notre-dame de l’Assomption.


    • Emile Mourey Emile Mourey 8 septembre 2009 21:50

      @ Antenor

      Saint Austremoine n’a rien construit du tout et le sénateur gaulois Cassius non plus puisqu’il serait mort en martyr. Cette histoire ou cette légende correspond à ce que j’ai trouvé en Bourgogne. Saint Marcel est accueilli dans la maison (domus) d’un converti ou dans une petite communauté de convertis (ecclesia) mais quant il veut entrer dans la ville de Chalon pour essayer de la convertir, il est arrêté et meurt dans un martyre qui ne sera glorifié que quelques siècles après.

      C’est l’évêque Cautin qui a sorti Austremoine de l’oubli ou qui l’a inventé au VIème siècle. L’auteur du lien commence par des suppositions ce qui veut dire qu’il ne dispose pas de textes crédibles. Il faut savoir en effet que beaucoup de saints et de vie des saints ont été inventés ou enjolivés après coup.

      Une grande cathédrale en 385 en Auvergne ? Grégoire de Tours ne la fait apparaître qu’avec l’évêque Numatius au temps d’Avitus. Relisez le lien et vous constaterez que ce que son auteur rapporte de Grégoire de Tours concerne uniquement Notre-Dame du Port. L’évêque Avit, c’est Avitus après sa déposition. Eparchius, c’est encore Avitus. Grégoire de Tours ne cite qu’une cathédrale : Notre-Dame du Port. Il ne parle pas de la cathédrale de l’Assomption, pour la bonne raison qu’il est mort avant qu’elle soit construite. Les 42 fenêtres, les 70 colonnes et les huit portes devraient se retrouver à Notre-Dame du Port. Quant au plafond de bois, je demande à voir le texte latin pour le retraduire.


    • Emile Mourey Emile Mourey 9 septembre 2009 08:49

      @ Antenor

      Réflexion faite, cette histoire de saint Alyre est tout de même intéressante si on fait le rapprochement avec celle de saint Marcel à Chalon. Saint Marcel a fait une tentative (malheureuse) d’évangéliser Chalon en 179. Mais c’est au VIème siècle seulement que le roi franco-burgonde Gontran lui a élevé une église à l’endroit de son martyre. Nous aurions donc le même phénomène pour Notre-Dame du Port. Ce serait sur le lieu du martyre de saint Alyre et de saint Cassi (Cassius) ou de leur maison (domus) où se réunissait la première communauté de fidèles convertis (ecclesia) qu’Avitus et Namatius auraient élevé Notre-Dame du Port au V ème siècle. Il faudrait voir s’il n’y a pas une évocation de ce martyre à Notre-Dame du Port ou dans une autre église.

      Ce serait donc vers le Vème siècle qu’il faudrait situer le virage qu’ont pris l’Auvergne et la Bourgogne vers une ouverture prudente en direction du christianisme pendant ou peu de temps après la mort de Théodose (395)... L’Auvergne d’abord, la Bourgogne ensuite (?)


    • Antenor Antenor 11 septembre 2009 14:29

      Dans ce lien, l’auteur parle également d’« une vaste église contiguë à son hôtel (...) dédiée à la Sainte Vierge » qu’aurait construit Cassius, sans citer sa source. Il doit s’agir de l’histoire de Saint-Austremoine écrite vers le 10ème siècle car Gregoire de Tours n’en parle aparemment pas. Admettons que cette histoire soit vraie.

      Le mot « hôtel » mérite réflexion. Désigne-t-il un simple bâtiment ou un palais entier qui couvrait tout le sommet de la butte de Clermont ? Dans le second cas, l’église contiguë au palais pouvait se trouver à l’emplacement de Notre-Dame-du-Port. Il est également fait mention d’une maison de campagne où résidait le sénateur. Ne serait-ce pas le Crest ?
      Sous la cathédrale de l’Assomption, il y a des vestiges dits « gallo-romains ». Ne seraient-ils pas gaulois tout court ? Si c’est le cas, le sommet de la butte étant occupé par un temple « païen », cela renforce la probabilité de situer l’église construite par Cassius au Port.

      Réflexions annexes : Les persécutions ont peut-être joué un rôle plus important qu’on ne le pense dans la formation de l’Empire gaulois. Le pays éduen et l’axe Rhin-Rhône en général étaient quadrillés par les légions, il est logique que le christianisme nazaréen ait choisi l’Auvergne comme base pour rayonner ensuite sur toute la Gaule. Si on attribue Autun à Constance-Chlore et Vézelay à Julien, ne doit-on pas attribuer Notre-Dame de l’Assomption à Avitus ? Notre-Dame-du-Port me paraît trop petite et d’un style plus ancien que les deux éduennes.

      Un exemple de vestige « gallo-romain » à Clermont  :
      http://www.flickr.com/photos/kiwifr/3100354853/

      (le petit théatre de fourvière présente à sa base, une alternance semblable de briques et de pierres...)


    • Antenor Antenor 11 septembre 2009 14:51

      Chez les Eduens, l’évangélisation semble avoir été précoce mais très lente, probablement ralentie par la forte présence militaire romaine. Dans mon hypothèse, c’est Posthumus qui a rendu le pays éduen officiellement « chrétien nazaréen ». Au sujet de Symphorien, vous comparez sa mère Augusta avec Victoria qui était également surnommée Augusta. Ce nom est probablement un titre. Le sénateur Faust était sûrement le Princeps des Eduens et son épouse l’Augusta, la « Première Dame d’Eduie ».

      En Auvergne, l’évangélisation a été plus tardive mais beaucoup plus rapide et massive si on se fie aux histoires des saints. A une époque où l’Empire entrait dans une phase de grande instabilité, la conversion d’un sénateur a entraîné une riposte très violente qui a dû laisser des traces dans les mémoires. Postumus est arrivé à point-nommé.


    • Antenor Antenor 29 septembre 2009 12:00

      A l’extrême, on pourrait envisager que Notre-Dame-du-Port ait été construite au 1er siècle. Dans l’intervalle entre la diffusion du protévangile de Jacques et celle des évangiles canoniques en Gaule.


  • Gasty Gasty 7 septembre 2009 12:06

    Merci Emile, que la honte soit avec eux.


  • jibe jibe 7 septembre 2009 13:37

    L’ensemble de vos thèses, cher monsieur, y compris sur Gergovie et Alésia, est assez consternant. Vous devez bien faire rire les archéologues de terrain. En particulier sur Alésia, je vous conseille de lire les derniers compte-rendus de fouilles. Quant à Gergovie, vous avez au moins l’excuse que les partisans de Merdogne comme ceux des Côtes sont TOUS dans l’erreur.


  • adeline 7 septembre 2009 18:32

    Merci de cet eclairage Emile et Antenor


  • Antoine Diederick 7 septembre 2009 21:34

    bien, bien....intéressant l’art roman , n’est-il-pas, d’autant que la France regorge de monuments religieux de la grande tradition oublié et....chrétienne...

    ds Google, tapez, le « genoux du Christ »....et puis faites votre opinion.....

    par exemple ....ceci


  • Antoine Diederick 7 septembre 2009 21:48

    allez, allons faire un tour chez les gnostiques, pour essayer de comprendre.....et aussi allez faire un peu d’ontologie chrétienne, cela peut rafraichir...

    Monsieur Mourey, Colonel vous êtes en recherche.....

    il est vrai que de nombreux sanctuaires chrétiens ont été construit sur d’anciens site spirituels celtes-gaulois, en Belgique ils sont assez nombreux et meme des églises ont été construites près du chêne des druides...et plus fou encore ds la campagne, il existe encore des arbres a clous, toujours utilisé pour les dévotions, des chênes souvent....j’ai été surpris d’en découvrir ds nos campagnes au détour d’une promenade....cela fait bizarre, car il doit bien avoir de ces clous plantés dans l’écorce de bonnes intentions et de moins bonnes ?

    Ô mystères des campagnards ....


  • Antoine Diederick 7 septembre 2009 22:05

    il y a tout de même tant de personnes jeunes et moins jeunes qui se blessent la jambe et le col du fémur...n’est-il et de plus en plus des jeunes....


  • Antoine Diederick 7 septembre 2009 22:31

    ds l’art roman en France, tel des livres a ciel ouvert se trouve inscrit dans la plus grande pureté, le message de la chrétienté.....à travers des images sculptées....retournons-y pour y voir.

    Bonne nuit.


  • ffi ffi 7 septembre 2009 22:48

    @ Mr Mourey,

    Vraiment, ces arches en pierre, dont la couleur alterne, me laisse une impression « antique ».

    Ces sortes de rosace en pierre bicolore, sur la photo de Notre-Dame-le-port, je les ai vues sur le baptistère du IVème siècle, dont je vous ai déjà parlé.

    A ce propos, je n’ai toujours pas pu récupérer d’appareil photo, pour vous envoyer des éléments de réflexion, mais j’y pense toujours.


  • brieli67 8 septembre 2009 04:49

    MITHRA ET LE TAUREAU
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_Mithra

    http://lamainrouge.wordpress.com/2008/08/14/un-culte-a-mithra-a-chardonchamp-86/

    http://www.gallican.org/mithra.htm

    mAIS EMILE VA DE NOUVEAU ME BOTTER EN TOUCHE

    Si dans le Lyon proche on a trouvé un autel taurobolique
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Autel_taurobolique_%28Lyon%29
    doit avoir des "restes dans cette belle région charolaise bourguignonne !!

    L’Empereur Julien est dit l’ APOSTAT
     http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_%28empereur_romain%29
    Le christianisme supplanta le mithraïsme pendant le IVe siècle et devint la religion officielle de l’Empire avec Théodose (379-394). Il y eut quelques essais de redonner vie au culte de Mithra par Julien « l’apostat » (361-363) et par l’usurpateur Eugène (392-394), mais ils ne rencontrèrent pas beaucoup de succès. Le mithraïsme fut formellement interdit dès 391, alors que sa pratique clandestine se maintenait quelques décennies.

    QUE DE FADAISES ;
    La dendochronologie http://fr.wikipedia.org/wiki/Dendrochronologie démontre depuis une dizaine d’années que entre l’an ZERO ET 15OO en Occident
    IL y a entre 350 et 4oo années de trop ! L’histoire est beaucoup plus ramassée !

    Du beau boulot de falsifications et d’usurpations par les moines pour asseoir l’hégémonie des carolingiens. L’Eglise ne s’est vraiment intéressé au pouvoir qu’à partir du xi_xii siécle en entrant dans la Cité.


  • Emile Mourey Emile Mourey 8 septembre 2009 09:54

    @ brieli67

    Je ne vois pas la question que vous me posez.

    Bien sûr que je connais les vestiges mis au jour à Lyon du culte de Mithra ; cela ne date pas d’aujourd’hui. Il n’y a rien d’étonnant à cela. La colonie romaine qui s’est implantée à Lyon dans la ville gauloise des Ségusiaves était à l’origine constituée, comme d’habitude, par des légionnaires romains à la retraite et personne n’ignore que ce culte - ou plutôt ces traditions liées à une sorte d’esprit de corps - était un culte ou un truc à mystères très en vogue dans les armées romaines. Tout cela a disparu quand les empereurs gaulois ont fait sécession d’avec Rome et que les Eduens ont imposé leurs croyances.

    Quant à votre dendochronologie à partir de laquelle certains veulent réinventer la chronologie de l’Histoire, c’est de la même sauce que celle que nous sert la nouvelle archéologie du mont Beuvray qui veut nous faire croire que les Gaulois ne savaient construire qu’en bois.


  • Emile Mourey Emile Mourey 8 septembre 2009 10:29

    dendrochronologie


  • Emile Mourey Emile Mourey 12 septembre 2009 09:20

    @ Antenor

    Comme je vous l’ai dit dans mon précédent commentaire, la basilique dont parle Grégoire de Tours ne peut être, selon moi, que l’actuelle Notre-Dame du Port. Les dimensions correspondent à condition d’intervertir la hauteur et la largeur qu’il donne. De même, le nombre de fenêtres est assez proche. Pour le nombre de colonnes, il doit en être de même. il faudrait aller sur place pour vérifier. La cathédrale dite gothique de l’Asomption a un nombre de fenêtres bien plus important et ses dimensions sont supérieures. Bien sûr, on peut toujours imaginer une cathédrale intermédiaire disparue mais on entre dans le domaine des suppositions que je réfute. Un édifice tel que Grégoire de Tours le décrit, comme d’autres, aurait laissé des traces importantes s’il avait été détruit comme certains se l’imaginent.

    Quant au terme « ecclesia », il faudrait demander l’avis d’un latiniste, mais pour moi, si le mot peut, à la rigueur se traduire parfois par « église » à partir de saint Augustin, il ne peut signifier « qu’assemblée » avant lui. Autrement-dit, il faut interpréter la vie des saints dans ce sens et plutôt que de voir des constructions d’églises, deviner une lente pénétration non pas d’une évangélisation à laquelle je ne crois pas, mais d’une lecture d’un ou deux évangiles ou plus, compris dans un sens plus symbolique que littéral, dans la continuation de l’espérance judaïque. Les églises éduennes avant Théodose, et Notre-Dame du Port après, montrent à l’évidence l’absence totale d’un christ crucifié, scandale pour les Juifs ainsi que pour les Gaulois/hellénistes/Etienne. Ceci pour dire qu’on doit se poser des questions sur les martyrs de cette époque et d’avant et que même si certains d’entre eux se disaient chrétiens, qu’entendaient-ils par là ? Un signe de Dieu, peut-être ? une espérance ? Mais une croyance telle que l’institution catholique l’a par la suite imposée dans le canon, je n’y crois pas du tout.


    • Antenor Antenor 13 septembre 2009 14:17

      Je suis en train de lire « Les Manuscrits de la Mer Morte » de Farah Mébarki et Emile Puech. Ils y développent une thèse assez proche de la vôtre sur l’origine hasidim des Esseniens. Ils pensent que le Maître de justice des textes de Qumran est le fils d’Onias III et que le grand prêtre impie est Jonathan Maccabée. Je trouve que cela colle très bien avec les évangiles où Jésus confie la nouvelle « église » à Simon l’essénien et non à Jean l’asmonéen.


    • Emile Mourey Emile Mourey 14 septembre 2009 20:57

      @ Antenor

      Lorsque j’ai écrit mes ouvrages, il y avait plusieurs thèses concernant les identités du maitre de Justice et du prêtre impie. Je pense qu’il s’agit toujours des mêmes thèses. Je n’ai pas lu le livre d’Emile Puech et crains de perdre mon temps à vouloir me replonger dans cette histoire compliquée, d’autant plus que cela ne fait même pas avancer le débat puisque n’y sont admis que les « savants ».


  • Emile Mourey Emile Mourey 15 septembre 2009 05:38

    Vous dites que M. Emile Puech développe une thèse assez proche de la mienne. A l’époque où j’ai rédigé mes ouvrages dans les années 84-88, cet auteur n’avait pas encore publié d’ouvrages et personne, à ma connaissance, n’avait fait le rapprochement entre les Hassidim et les Esséniens. En novembre 96, un à quelques mois après leur publication, j’ai adressé, gratuitement, mes deux ouvrages sur l’histoire du Christ à l’Ecole biblique de Jérusalem, au Vatican et à un certains nombre de philosophes et d’intellectuels. Si le Vatican, en la personne du père Van Hoye, m’en a bien accusé réception, l’Ecole biblique de Jérusalem ne m’a jamais répondu. Probablement que leur contenu n’a pas dû plaire.


    • Antenor Antenor 15 septembre 2009 14:27

      L’argumentation y est beaucoup moins développée que la vôtre mais cette évolution va quand même dans le bon sens. Elle se base surtout sur la datation des textes (par comparaison d’écriture et C14) dont les plus vieux remontent à la fin du troisième siècle av. J.C.

      Je vois les choses ainsi :

      La première visite du Maître de Justice correspondrait à la fondation du mouvement assidéen par le grand prêtre Simon tel que vous le décrivez dans Histoire du Christ. La seconde visite, quarante ans plus tard, mentionnée dans l’Ecrit de Damas correspondrait à une refondation par son petit-fils considéré comme sa réincarnation. Cette refondation se placerait dans le contexte de la rupture entre les prêtres de la lignée légitime de Sadek et les Asmonéens. Je pense que le sacerdoce d’Alkim a été trop court pour qu’il s’agisse du « prêtre impie » et Ménélas semble trop ancien.

      La « déportation du désert » mentionnée dans le Règlement de la Guerre ne serait pas celle de Babylone mais plutôt celle de l’exil des Assidéens en Galilée suite aux exactions des Séleucides. Johnathan Maccabée les a probablement empêchés de revenir à Jérusalem. Le fait qu’on retrouve ce « prêtre impie » dans les textes de Qumran indique que même les anciens Assidéens de Judée lui étaient hostiles.« 

      Dans le Règlement de la Guerre, la phrase :  » La dernière bataille, c’est Toi seul qui en décidera le jour" semble indiquer que ses auteurs étaient sortis de la logique déterministe mathématique de Daniel. 


  • Emile Mourey Emile Mourey 15 septembre 2009 23:02

    @ Antenor

    Je suis bien d’accord avec vous que l’affaire est complexe.

    L’écrit de Damas parle d’un maitre de justice qui viendra à la fin des jours. Pour moi, ce ne peut être que Dieu. Mais il parle aussi d’un maitre unique. Pour moi, c’est le grand prêtre Simon, étoile, législateur, fondateur du mouvement, lequel a reçu la première visite. Celui qui doit recevoir, prophétiquement, la deuxième visite aurait dû être Judas Maccabée. Celui-ci étant mort prématurément, c’est Jonathan (pour Juda) ou un Onias (pour Israël) qui pouvait y prétendre. L’homme de mensonge vers lequel sont retournés les défaillants, après la mort de Simon, ne peut être qu’ un opposant à Onias III, fils de Simon, probablement Menelas.

    Pour l’auteur du commentaire d’Habaquq, c’est probablement Onias III qu’il nomme « le maitre de justice ». Le prêtre impie serait donc toujours Menelas, mais cela peut être aussi Alcime qui a trahi le mouvement.

    Je cite http://fr.wikipedia.org/wiki/Onias_III :

    L’hypothèse d’Émile Puech selon laquelle les Oniades auraient exercé le souverain pontificat de -159 à -152, période pour laquelle le nom du grand prêtre reste inconnu, si même il y en eut un, est arbitraire. Au surplus, Jonathan qui les aurait évincés en -152 ne saurait être considéré comme un prêtre impie, même de la part des esséniens, qui furent plutôt favorables à l’insurrection maccabéenne. D’ailleurs un éloge du roi Jonathan, trouvé parmi les Manuscrits de Qumrân (4Q448), ne va pas du tout dans le sens de cette thèse, si même il ne l’infirme pas complètement.


  • Emile Mourey Emile Mourey 16 septembre 2009 03:48

    @ Antenor

    Rectificatif

    Si dans les textes fondateurs, le seul maitre à conduire le mouvement ne peut être que Dieu, dans l’écrit de Damas, postérieur, le Maitre de Justice qu’il a suscité ne peut être que le grand prêtre Simon, dit le juste, etc...


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