samedi 11 février 2012 - par Krokodilo

Nouvelle offensive de l’anglais en France !

Nos dirigeants tiennent tellement à expérimenter l'anglais sur les petits Français de maternelle qu'à peine deux mois avant que le gouvernement ne soit (probablement) viré éloigné du pouvoir, le ministre Luc Chatel vient d'annoncer une batterie de mesures, toutes aussi inquiétantes les unes que les autres, dans une sorte d'offensive hivernale.

Le comité de réflexion auteur du rapport sur lequel se fondent les propositions ministérielles était dirigé par une agrégée de... d'anglais. Tiens, ça alors !

Comme il est d'usage chez nous depuis quelques années, la volonté de faire de l'anglais la deuxième langue de tous les Français est hypocritement parée d'astuces sémantiques : « Faut-il réformer l'enseignement des langues ? » titre l'Express (pluriel surligné par nous), ou encore par la mise en avant de situations rares :

"valoriser les langues de proximité géographique et socioculturelle" (par exemple, l'allemand est enseigné dès la maternelle dans les écoles de l'académie de Strasbourg).  »

Mais les médias anglophones n'ont pas de ces pudeurs et ne s'y sont pas trompés : « France wants to 'reinvent' English language teaching from age three », titre The Guardian, qui fait en quelque sorte le point sur le front de la guerre des langues dans d'autres pays (Philippines, Rwanda et Inde), dans un article auquel ne manquent que les clairons de la victoire !

La question des langues et de leur enseignement est l'objet de tant de manipulations qu'il est presque lassant de les relever.

Bien que ce soit masqué dans les médias et aussi dans un rapport censé être le fruit des réflexions de beaux esprits et de spécialistes (le grand mot), nous sommes passés d'un système où les élèves pouvaient choisir deux langues au collège, parmi trois à six en général selon la taille de leur établissement, à un autre où l'anglais est imposé, de la maternelle à certains établissements supérieurs.

« Luc Chatel a conclu : "à l’heure de la mondialisation, je veux rappeler la nécessité de l’apprentissage des langues étrangères, avec une priorité à l’anglais, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Ma conviction profonde est que la maîtrise des langues, et surtout de l’anglais, est un enjeu majeur pour la compétitivité de la France." »

Presque honnête parce qu'elle indique qu'il s'agit essentiellement d'anglais, cette conclusion du ministre est malgré tout hypocrite, car il n'existe que deux possibilités : soit l'élève (ou les parents) peut choisir sa langue étrangère, soit il ne le peut pas. Sera-t-il possible de refuser l'anglais à la maternelle ? Choix ou coercition ?

L'école primaire est le lieu de l'initiation, de l'ouverture d'esprit, de la découverte, pas de la spécialisation en anglais.

Tous les élèves n'ont pas vocation à devenir traducteur ou interprète de haut niveau. Une infime fraction d'entre eux aura besoin d'un niveau élevé d'anglais, et encore en général limité à son domaine professionnel. On peut très bien arriver à ce niveau et au-delà, en commençant une langue en 6e ou même à l'adolescence.

Les entreprises reconnaissent la diversité de leurs besoins en langue, savent qu'on vend mieux dans la langue du client, ne serait-ce que par quelques phrases maladroites qui témoignent d'un respect et d'un intérêt pour la culture du pays. Nombre d'entreprises ont reconnu l'échec de l'anglicisation en interne, une baisse de la productivité et de l'efficience des personnel obligés de lire, de rédiger et de tenir des réunions en anglais.

Bref, les besoins en anglais sont largement surestimés. Pourquoi ?

Sur le plan purement pédagogique, c'est tout aussi aberrant :

La GB a un fort taux de dyslexie, en raison de la complexité phonétique de l'anglais (le pourcentage de dyslexiques est probablement le même, mais il est moins apparent dans les langues régulières). Il est donc absurde de l'imposer à tous les petits, à un âge où ils bataillent déjà avec le français, pas vraiment simple.

Maîtriser une langue étrangère, c'est un immense défi. L'école ne peut être qu'une initiation plus oui moins poussée selon la filière et la vocation ; pour un niveau B2 en langue (dans l'échelle CECRL), il faut une grande motivation et une pratique régulière.

Pour légitimer l'apprentissage précoce de l'anglais (dire « des langues ») on use de toute sortes de manipulations :

«  Selon une étude publiée en 2009, les étudiants français qui passent le Toefl (un test d'anglais international) ont, en moyenne, à peine le niveau d'anglais attendu à la fin du lycée. » (L'Express)

Evidemment, puisque le niveau « attendu » est absurdement surévalué ! On se compare à des pays nordiques qui ont fait de l'anglais la deuxième langue de leur pays, et souvent la première à l’université, qui voient mourir leur langue faute d'actualisation des termes scientifiques ! Ce qui d'ailleurs fait débat chez eux.

Voyons maintenant la caution scientifique... Le site Le café pédagogique, lui, se montre plus honnête :

«  Mais les études effectuées portent sur des enfants en immersion familiale dans un nouveau pays et donc soumis en permanence aux deux langues jusqu'à au moins la puberté. L'efficacité de quelques heures par semaine de deuxième langue, comme c'est le cas dans le système scolaire, n'a pas été étudiée et les cognitivistes n'ont pas de réponse à cette question. »

On se réfère sans cesse aux enfants de familles bilingues, qui sont quotidiennement en immersion (s'ils l'utilisent à la maison), qui ont une motivation culturelle et émotionnelle (langue d'un des parents) largement supérieure.

Se baser sur ces cas atypiques pour généraliser est une hérésie scientifique ; mais les sciences humaines ne sont pas toujours réputées pour la rigueur de leurs études... Celles qui portent sur l'apprentissage précoce n'échappent pas à la règle : à les lire, ça rend intelligent, ça protège de d’Alzheimer (faire des mots croisés aussi), et ça fait repousser les cheveux (euh, non, là c'est moi qui l'affirme "scientifiquement" !).

La seule chose prouvée en matière d'apprentissage précoce, c'est l'oreille musicale des enfants, et pour l'utiliser il suffirait d'une initiation linguistique au CM2, non pas spécialisée en anglais, mais basée sur des phrases comparatives dans différentes langues européennes, voire l'étude d'autres alphabets : cyrillique, arabe, idéogrammes, etc. Par des enseignants volontaires, mobiles sur quelques écoles proches, formés par de petits stages à l'utilisation de matériel pédagogique préparé dans ce but. (système voisin du programme Evlang, déjà expérimenté en France).

Inversement, les mesures proposées par Luc Chatel sont si lourdes et si coûteuses qu'elles ne pourraient concerner que l'anglais, et encore, à grands frais : un séjour linguistique par élève (en Croatie, au Portugal, ou en... GB ?), recrutement de natifs pour toutes les classes maternelles et primaires, séjours pour TOUS les profs de langue et les PDE...

Et, histoire de mettre de l'ambiance dans les établissements : formation des PDE (instits) par leurs collègues d'anglais du secondaire... Ça promet !

« le ministre souhaite que des professeurs de langue du second degré apportent toute leur expertise à leurs collègues du primaire » (site officiel)

Les parents ne sont pas oubliés : on fait pression pour que les télévisions passent des films en VO, là encore imposés ! Le mot « choix » semble décidément inconnu en haut lieu, alors que la technologie permettrait de choisir entre la VO et la version doublée :

"Le rapport propose "une campagne de sensibilisation du grand public", la création d'une chaîne dédiée sur la TNT (ou à défaut la diffusion de films en version originale sous-titrée)"

Et à l'heure où on ferme les RASED (réseau de soutien scolaire), on crée un site dédié à l'anglais, toujours sous le vague prétexte qu'il sera étendu à plusieurs langues :

« et un site internet d'apprentissage lancé ce mardi ("English by yourself")."

Les établissements supérieurs se plaignent du faible niveau d'orthographe et même de grammaire de leurs étudiants, tandis que leurs patrons imposent des cursus en anglais et font de la surenchère en exigeant un niveau toujours plus élevé (la CGE envisageait à terme un niveau C2 à la sortie, soit quasiment natif.

Autre astuce — mettre cette évolution sur le compte des parents :

« Les classes bilingues ou européennes qui introduisent une seconde langue vivante dès le début du collège (et non en 4e) ont en effet un tel succès que le comité en prône la généralisation, au nom de "l'égalité des chances". "Le coût n'en serait pas excessif" si "on assouplit le cadre horaire d'apprentissage du collège", en "globalisant les horaires des deux langues". » (L'Express)

En fait, le succès de ces classes bilingues ou européennes vient de ce qu'on en a fait des filières d'élite déguisées, où l'on regroupe plus ou moins officieusement de bons élèves ! Les parents cherchent, espèrent une classe de bons élèves, dotée de bons profs, d'une ambiance paisible, studieuse, sans portables qui sonnent, sans bavardages incessants, sans élèves « dissipés » (entendre caractériels, défavorisés, socialement discriminés, tête à claques - au choix), qui les en blâmerait ? On pourrait faire une filière élitiste officieuse avec n'importe quelle option : « art de la poterie précolombienne » ou « stratégies territoriales chez les escargots de Bourgogne », comme jadis avec l'allemand ou l'option russe dans les grands lycées.

On a certes persuadé certains parents qu'un bon niveau d'anglais était aussi indispensable à la vie que l'eau potable. On joue sur les peurs des parents quant à l'avenir de leurs enfants, en présentant l'anglais comme un sésame alors que sa généralisation le banalise, sauf à être réellement « fluent », apanage de ceux qui ont leurs habitudes à la City ou chez Harrods, qui auront, quel que soit le système, toujours une longueur d'avance en anglais.

Il y a une autre explication à ces mesures, que nous n'osons envisager : que tout ceci ne soit que du blablabla, de la gesticulation politicienne avant les élections...

Annoncer des réformes est aussi un moyen de faire oublier qu'on démantèle petit à petit l’Éducation nationale, qu'on subventionne de plus en plus les écoles privées confessionnelles, que les traités européens considèrent l'éducation comme un bien commercial qui doit être ouvert à la concurrence (un lycée de la Scientologie ?)

"il propose en lien avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, que d’ici cinq ans chaque candidat aux concours de recrutement de professeurs des écoles et de professeurs de langues vivantes ait obligatoirement effectué un semestre dans un pays non francophone au cours de ses études."

Qu'un prof de langue ait passé quelques mois en immersion dans la langue qu'il envisage d'enseigner toute sa vie, on ose espérer que c'était déjà le cas...

Qu'un PDE (institut) soit obligé de passer six mois à l'étranger, on est en plein délire. Qui va payer tous ces séjours ? Par un échange avec la GB pour apprendre le français en anglais ?

« Enfin, le ministre a lancé ce jour le nouveau service universel d’apprentissage de l’anglais "English by Yourself". Ce service innovant, développé par le CNED en partenariat avec France-Telecom-Orange et le British Council, permet au grand public, enfants adolescents, adultes, de pratiquer l’anglais au quotidien et de se former selon des cursus et des parcours adaptés. »

Nous serions les premiers à approuver un site gouvernemental offrant d'étudier en ligne des dizaines de langues, ressources gratuites et classées par difficulté progressive, mais il ne s'agit là encore que de l'anglais. Gageons que, comme pour France 24, cette aberrante télévision française en anglais, on adjoindra une autre langue pour faire passer the pill.

Finalement, tandis que l'école privée continue d'être largement subventionnée par la république laïque, à l'heure où l'Éducation Nationale subit une terrible diminution de ses ressources (profs, Rased), le ministre annonce un effort financier sans précédent pour imposer l'anglais à tous les petits bout'chous. Les cantines scolaires vont-elles être transformées en McDo, Quick ou KFC ?

Par le biais de l'annualisation des heures de langues, c'est aussi le statut des profs qui risque d'être remis en question, c'est le Figaro qui le dit !

 « On peut avoir besoin des enseignants d'anglais, d'allemand ou d'espagnol quand les autres ne travaillent pas », a ajouté le ministre, qui fait donc un nouveau pas vers la remise en cause du statut de 1950, définissant le temps de service des enseignants, et dont il veut faire un sujet de campagne.  » 

Nous n'avons jamais tant parlé de la nécessité d'apprendre « des » langues étrangères que depuis le déclin de leur diversité dans nos écoles ! Depuis que l'Union européenne est devenue anglophone (hormis la Cour de justice) et que de nombreux dirigeants voudraient l'officialiser...

Le point central des réformes annoncées n'est pas l'enseignement DES langues. Il est de savoir, de quel droit nous imposons une langue étrangère à des petits qui n'ont aucun libre arbitre, de quel droit le gouvernement expérimente sur eux l'enseignement précoce d'une langue particulièrement complexe sur le plan phonétique, alors qu'on se plaint du niveau de français à la fin du primaire.

En d'autres termes, l'anglais est-il devenu une matière obligatoire comme l'histoire, le français ou les maths ? Sur simple décision ministérielle, sans débat national ? Quelle est la légitimité culturelle et juridique d'une telle coercition ?

Les besoins en anglais sont volontairement surestimés, et les divers motifs avancés, scientifiques, économiques et pédagogiques, sont tous contestables et sont le fruit d'une idéologie qui veut imposer son modèle à tous.

"L’enseignement et la recherche doivent continuer de se faire en français dans les universités francophones," Pierre Frath.

Une brève intervention d'Eric Zemmour, qui rappelle que le coeur du sujet est bien la place de l'anglais et non l'enseignement des langues, évidence plutôt rare dans les médias...



57 réactions


  • voxagora voxagora 11 février 2012 11:58

    .

    L’invasion de l’anglais n’est que la face visible de notre déculturation programmée,
    car nous vivons et nous pensons dans une langue .
    La preuve que cette déculturation est programmée, c’est l’acharnement des décideurs
    à attaquer la langue alors même qu’elle n’est que dans sa phase maternelle, 
    avant tout apport hétérogène.
    Il ne viendrait à personne l’idée de faire faire aux enfants de la course d’obstacles avant de savoir marcher,
    mais concernant le psychisme, n’importe qui se permet n’importe quoi.

    • Manumission Manumission 11 février 2012 22:23

      En effet avec un deficit de 69 milliard sur notre balance commerciale on comprends mieux pourquoi à la lecture de cet article les francais sont infoutus de baragouiner correctement l’anglais. La encore les allemands nous mettent a des années lumières, lorsqu’ils envoient des plaquettes....ils les traduisent eux !!!!
      Dans le même temps vu le traitement en France des immigres francophones, il ne faut pas s’étonner du recul du français dans le monde entier devenu langue secondaire voir triviale...mais on se plait à croire à la grandeur de la France en s’imaginant ...que de toutes facons de djerba la fidèle à nouakchott ils ont une chance inouïe de parler la langue de Moliere...

      http://www.youtube.com/watch?v=CVJ-W6LioB8&feature=fvst

      http://www.youtube.com/watch?v=ggWvA5M8bUU&feature=fvwp&NR=1

      silly frogs !!!


  • jakback jakback 11 février 2012 12:14

    Une remarque, partout ou mes pas mon posés sur cette terre, oui j’ai pas mal marché. Donc , je disais partout, d’ Est en Ouest et du Sud au Nord, c’est l’incroyable facilité ,des gens a parler en Anglais. Le plus étonnant est que les pays , dit « sous développer » ou en voie de développement selon que l’on soit politiquement correct, ou non, pratiquent l’Anglais bien mieux, qu’il est pratiqué chez nous.

    On peut regretter que la langue de la diplomatie, soit remplacée par la langue des affaires, constat fait, qu’il est aujourd’hui handicapant de ne pas pratiquer la langue de Shakespeare.
    Ensuite pour l’enseignement, comme ailleurs, la liberté de chacun doit être la règle.
    Il est vrai, que chez nous parler de Liberté, devient de plus en plus une Utopie.

    • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 13:35

      Je vois moi aussi pas mal de touristes, et ils sont loin d’être tous « fluent », y compris les Nordiques.


    • skirlet 11 février 2012 13:43

      Si je n’étais pas moi-même originaire « de l’Est », j’aurais pu croire à votre légende que la Terre entière parle anglais avec une facilité déconcertante - excepté les Français, bien entendu. Et l’herbe y est plus verte qu’en France.


    • pjf971 11 février 2012 17:50

      La langue de Shakespeare, vraiment ? Il s’agit en fait bien souvent d’un « anglais d’aéroport ».


  • ZEN ZEN 11 février 2012 12:19

    Bonjour Kroko

    Commencer l’anglais à trois ans ? Beaucoup trop tard ! smiley
    Je propose des bains linguistiques dès la maternité smiley

    My minister is a madman, it’s not ?

    Voilà un ministre qui ne manque pas d’audace : il propose de commencer l’étude de l’anglais dès 3 ans.
    « Je veux réinventer l’apprentissage de l’Anglais dans ce pays »
    Ainsi, dans un proche avenir,
    «  les petits Français parleront l’anglais et apprendront le français  » (Allègre)  ?..


    • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 13:31

      Effectivement, j’avais moi aussi proposé des chansons anglophones dans les salles d’accouchement, une ambiance comme à Carrefour... mais les bains linguistiques du bébé c’est encore mieux ! Comme quoi, si on s’y met tous, il y a encore des idées à trouver.


  • jmcn 11 février 2012 12:27

    L’anglais est de facto la langue internationale. Il est indispensable de parler anglais, point. Il n’y a vraiment qu’en France où on crie à la déculturation, c’est franchement exagéré.

    La télévision française ne propose même pas une chaîne en anglais. En Chine CCTV propose une chaine en anglais et même une en français.

    Bref, on a déjà un train de retard. Parler anglais est aujourd’hui une possibilité d’ouverture sur le monde beaucoup plus grande, c’est plus de liberté. Rien n’empêche les gens d’apprendre d’autres langues, mais l’anglais, c’est essentiel.


    • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 13:34

      Non, il n ’y a pas qu’en France, allez en Amérique du sud, par exemple.
      Nos impôts paient déjà une télévision en anglais, France 24, mais on nous interdit de la regarder pour ne pas embêter les chaînes numériques de Bouygues je crois.


    • skirlet 11 février 2012 13:45

      Un tel concentré de poncifs et de mensonges dans le message de jmcn, faut le faire...


    • jmcn 11 février 2012 15:53

      Sortez un peu de France ... et arrêtez de vous regarder le nombril.


    • skirlet 11 février 2012 17:15

      Je suis née en dehors de la France, et je ne suis arrivée dans ce pays qu’à l’âge de 28 ans. Gardez vos leçons de morale.


  • Jean-paul 11 février 2012 13:31

    Les T shirts de Hollande : H for Hope .


  • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 13:48

    Pour ceux qui veulent analyser en détail le rapport sur lequel se basent ces propositions, il est disponible en pdf :
    Ca fait peur, car il est dit que les langues étrangères doivent être présentes partout, de la maternelle à l’université, dans et hors l’école. mais comme i ne s’agit que de l’anglais, imposé (obligatoire est écrit en toutes lettres), ça veut dire des matières enseignées en anglais, des stages d’anglais obligatoires en GB, des cours renforcés pendant les vacances, des instits obligés de se former en anglais, de nombreux natifs anglophones dans tous les établissements (au chômage nos profs franchouilards), and so on. Lisez, ce n’est pas de la SF !


    • skirlet 11 février 2012 14:02

      Et le français, vous l’avez commencé à apprendre à quel âge ?..


    • skirlet 11 février 2012 17:17

      Vous comprendre n’a pas éta facile... Mais j’ai réussi smiley


    • skirlet 11 février 2012 17:26

      « été », bien sûr.


    • jef88 jef88 12 février 2012 12:56

      faciliter la communication c’est facilité l’échange d’idée...

      C’est la le drame .... ce serait mieux avec des échanges d’idées !


  • Julien Julien 11 février 2012 14:39

    Pour ma part, je pense qu’une langue est avant tout un moyen de communiquer, comme un langage informatique est un moyen de programmer un ordinateur.

    Tous les langages informatiques ne sont pas équivalents (Haskell et C sont assez différents par exemple, et cela amène à des raisonnements assez différents dans la programmation, donc connaître les deux est intéressant), mais il y en a qui se ressemblent (Haskell et OCaml par exemple, connaître les deux n’apporte pas grand chose de plus). Le problème est donc de savoir si apprendre d’autres langues apportent vraiment des choses en plus (et ne sont pas juste un autre moyen de communiquer, complètement équivalent). Un autre élément qui doit jouer avant de commencer à apprendre un langage informatique, c’est de savoir si la communauté d’utilisateurs est importante. Et si le langage est plus compliqué à apprendre que d’autres langages équivalents, savoir si cela apporte vraiment de la valeur ajoutée.

    A mon avis, apprendre le basque ou le breton n’a aucun intérêt. L’intérêt de l’anglais, c’est qu’il est beaucoup parlé, beaucoup écrit (publications scientifiques), et relativement simple (sauf la prononciation bien sûr, au moins pour nous Français). Le combat pour préserver les langues régionales est perdu d’avance. Ou alors, trouvez de vraies raisons montrant que le français apporte des structures de pensées différentes de l’Anglais, a une vraie valeur ajoutée (comme Haskell apporte des choses par rapport à C).

    Pour moi, le français est déjà mort. Et contrairement à ce que pense Zemmour, soutenir l’apprentissage de l’anglais n’implique en rien se soumettre aux USA. Pour ma part, je remets en question les attentats du 11/09, donc on ne peut pas dire que je me soumette.


    • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 17:02

      Pas soumis, soit, mais la diffusion de leur langue est largement subventionnée et fait l’objet des soins les plus attentifs de la part des USA (qui ont plus de moyens que la GB), car elle apporte à ces deux pays d’inestimables avantages dans de nombreux domaines.


    • skirlet 11 février 2012 17:16

      on ne peut pas dire que je me soumette

      Meuh si. Un bel exemple d’acculturation - mépriser sa propre langue.


    • pjf971 11 février 2012 17:57

      Le français est déjà mort...
      Alors à quoi bon prolonger la discussion ?

      Triste !


    • Julien Julien 11 février 2012 19:59

      Je ne méprise pas ma propre langue.

      Mon avis est que la vie passant aujourd’hui tellement vite, il y a des choses plus intéressantes à faire que de passer son temps à apprendre des langues équivalentes. Pour moi le but de l’humanité est de maîtriser suffisamment la nature afin de se libérer de la condition animale (finitude, reproduction, etc.). Cela ne peut passer que par un apprentissage de la physique, ce qui est très exigeant en terme de temps. C’est ma croyance, et il n’est pas certain qu’elle soit correcte. Chacun ses croyances.

      Bon, je ne dis pas que tout le monde doit faire de la physique, hein ! Je respecte les avis des autres.


    • skirlet 11 février 2012 20:11

      « Nous ne pouvons pas attendre les faveurs de la nature : les leur prendre est notre tâche ». C’était unt phrase très connue en URSS, avec les conséquences que l’on connaît. Le peuple l’a transformée ainsi : « Nous ne pouvons pas attendre les faveurs de la nature après tout ce que nous lui avons fait. » Et « se libérer » de sa condition animale est lourd de conséquences ; n’est-il pas mieux de trouver un équilibre, vu qu’on fait partie du monde animal ?.. Mais bon, c’est un autre sujet.

      Que vous vous intéressiez à la physique, c’est votre droit. Que vous ne voulez pas apprendre les langues régionales - aussi. Mais votre discours est celui d’un colonisé.


    • Jean-paul 11 février 2012 21:26

      Aux USA 2 langues l’anglais et l’espagnol .


    • Alpaco 11 février 2012 23:34

      Le parallèle avec les langages de programmation n’est pas vraiment pertinent.
      Les langages de programmation ont tous des spécificités liés aux évolutions techniques et à leurs cadres d’utilisation.
      Les langages humains disent tous la même chose, avec des références différentes.

      L’apprentissage spécifique de l’anglais dès le plus jeune age est lié, on le devine, au désir de former du travailleur-consommateur performant maitrisant la langue majeure de la « civilisation valeureuse ».

      Apprendre le basque ou le breton, c’est comme apprendre à programmer sous Flash ou sous MySql : c’est un besoin spécifique mais utile voire nécessaire.

      Aux langues sont liées des cultures, apprendre une langue c’est s’imprégner d’une culture. Ce n’est pas rentable en terme de productivité, mais beaucoup plus en terme de culture.

      « Chacun ses croyances. » Je dirais plutôt : pour tous le savoir.


    • Julien Julien 12 février 2012 00:27

      La solution est l’enseignement à la carte : chacun assumera ses choix, ou alors admettra que certaines matières sont plus importantes que d’autres (et donc, capituleront).

      Bon, par rapport au sujet initial, à savoir l’apprentissage de l’anglais dans les plus petites classes, je pense que c’est une bêtise comme l’auteur. Cela est pertinent uniquement si le français est complètement abandonné, ce qui est pour l’instant utopique. En conséquence, l’anglais est à apprendre bien plus tard, par exemple en sixième, après avoir appris le français, le calcul, etc.

      Je pense que le problème est plus dans l’enseignement de l’anglais. Je l’ai pris en deuxième langue en quatrième, et je note de graves lacunes dans l’enseignement que j’ai reçu :
      * je n’ai jamais eu à apprendre la phonétique (je l’ai apprise tout seul des années plus tard)
      * jamais eu d’interro de vocabulaire avant la prépa scientifique (comme si c’était le moment pour ça !). Juste des interros de verbes irréguliers, et encore, seulement en première !

      Bref, qu’ils nous fassent travailler plus sérieusement, plutôt que de nous l’enseigner plus tôt.


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 11:44

      Les profs d’anglais rechignent à « avouer » que cette langue n’a pas d’accent tonique régulier ! Pire encore, que sa phonétique irrationnelle est peut-être sans égale !


  • Le Promeneur Le Promeneur 11 février 2012 17:42

    D’accord avec l’auteur.

    Il est impératif de revaloriser le français à l’école.

    Ecoutez donc les jeunes parler dans la rue, les journalistes à la radio ( qui ne font plus les liaisons, pour qui le mot « espèce » est devenu masculin etc...), lisez leurs articles truffés de fautes d’orthographe, stérilisés par un vocabulaire approximatif.

    On cède peu à peu sur l’apprentissage du français. Le langage courant s’appauvrit dangereusement. C’est une politique délibérée.
    Moins un individu possède la langue, plus sa pensée est pauvre, plus il est facile de faire de lui un esclave décervelé( voir 1984 de G. Orwell ).

    En finissant ce billet, j’ai une pensée émue pour mon beau-père né en 1925 aujourd’hui décédé qui, quoi que pratiquant au quotidien un rugueux patois du Nord, savait à l’occasion manier l’imparfait du subjonctif avec une élégance et une virtuosité qui me ravissaient.

    Enfin, s’il vous plaît, voyez ceci :

    http://www.dailymotion.com/video/xgyjbc_les-dix-strategies-de-manipulation-de-masse_news


  • aspic aspic 11 février 2012 20:48

    Bonjour Krokodilo,
    votre article, d’ailleurs pas le premier sur ce sujet, me chagrine. Cette diatribe contre l’apprentissage de l’anglais...
    Je comprends qu’il faut éviter les exagérations dans l’enseignement des langues.
    Chaque pays doit combattre pour préserver sa langue, mais il faut quand même se mettre à l’évidence que les chances des jeunes dans leur vie professionnelle sont bien meilleurs s’il maîtrisent au moins une ou deux langues de plus que leur langue maternelle.
    Rien de mieux que de confronter au plus vite les enfants avec l’existence d’autres langues, sons,
    habitudes, pourvu que ce soit ludique ou début.
    Je suis d’accord qu’il ne faut pas pour autant diminuer l’attention pour le français et garder, voir augmenter les moyens pour que le niveau reste le plus élevé que possible.
    Dire que l’employé moyen n’aura jamais besoin d’un niveau d’anglais (le sujet ici) élevé reviendrai aussi à dire que l’ouvrier moyen n’a pas besoin d’être éduqué non plus, il suffit de lui apprendre les choses basiques, c’est tout...
    Hors l’anglais est devenu incontournable de nos jours et je connais trop de jeunes étudiants qui souffrent du niveau trop bas qu’ils ont reçu dans leurs écoles et lycées.
    L’internet par exemple, comme moyen d’effectuer des recherches pour ces études, les exemples nécessaires pour rédiger des devoirs, des commentaires durant les études supérieures, que ce soit la médecine, ingénieur, droit, littéraires, est beaucoup plus riche quand on maîtrise au moins quelques notions d’anglais. Je pense aux recherches d’actualité, des sujets dont on ne parle pas en France, les sciences, l’usage de Wikipedia en anglais si la version française ne donne pas assez de résultats...
    Puis il y a la simple notion de pouvoir communiquer tout simplement, avec beaucoup de gens d’autres pays...
    J’ajoute que beaucoup d’infos sur l’actualité, comme sur ce site d’agoravox, trouvent leurs sources dans des articles/sites en anglais, et qu’il est important de pouvoir le vérifier au lieu de faire confiance à des traductions ou aux médias tel que TF1 ou d’autres médias soumis aux diktats du gouvernement/ groupes industriels.
    Frappant pour moi encore hier soir, lors d’une cérémonie locale, d’entendre dire une personne âgée qu’elle ne supportait plus les endoctrinements journalières des chaînes télévisées.


    • Krokodilo Krokodilo 11 février 2012 20:57

      Bonjour. Ma diatribe n’est pas contre l’apprentissage de l’anglais, mais contre son obligation, et dès la maternelle, et l’absence de choix au collège.
      "Dire que l’employé moyen n’aura jamais besoin d’un niveau d’anglais (le sujet ici) élevé reviendrai aussi à dire que l’ouvrier moyen n’a pas besoin d’être éduqué non plus, il suffit de lui apprendre les choses basiques, c’est tout..."
      Ca revient à dire que l’ouvrier moyen n’est pas éduqué s’il connait en 2e langue l’allemand ou le portugais plutôt que l’anglais !
      Vous pensez que les médias anglophones ne sont pas soumis à des lignes éditoriales, des lobbys, des intérêts partisans ? Avez-vous écouté Fox news ? Le terrible documentaire contre Monsanto, c’est une journaliste francophone qui l’a fait ; je pense qu’il faut lutter contre ce masochisme qui nous fait dévaloriser tout ce qui est français et francophone.


  • Jean-paul 11 février 2012 21:24

    Question a krokodilo
    Les parents des charmants bambins sont ils contre le choix d’apprendre l’anglais des la maternelle ?


  • Wàng 11 février 2012 23:15

    Apprendre l’anglais dès la maternelle est une aberration pédagogique et de la démagogie, mais ce n’est pas la seule chose qui devrait être remise en question étant donné la dégradation inquiétante de la qualité de l’éducation. On pourrait très bien tout recentrer autour des matières fondamentales que sont les maths, le français, les techniques, et j’ajouterais l’Histoire géo. Mais je ne pense pas que cela ou tout autre type de réforme structurelle soit faisable facilement dans l’état actuel étant donné les pesanteurs du système.

    En fait la plupart des matières non fondamentales est soit inutile pour tel cas particulier, soit pourrait être choisi librement, mieux approfondi et mieux désiré. En réalité tout ce qui est sciences humaines, y compris les langues, est potentiellement vecteur d’idéologie. On peut très bien apprendre l’économie ou la philosophie sur le tard une fois arrivé à la fac, ou simplement en option avec liberté sur le contenu et la pédagogie, ou encore de façon autodidacte. Pour la musique, j’ai eu la chance d’en faire hors de l’école, les cours obligatoires au collège étaient un supplice pour moi, surtout parce que tout le monde chantait faux (et personne n’était intéressé). Les arts plastiques obligatoires ne m’ont servi à rien, pas plus que « les langues » au primaire. Les choix des parents, puis par la suite la curiosité intellectuelle, peuvent parfaitement se substituer à l’école dans de nombreux cas.

    Je suis d’accord que le choix des langues devrait être libre, mais il faut savoir que défendre la liberté de choix des parents dans l’éducation, c’est une valeur conservatrice et non progressiste. En appliquant ce principe jusqu’au bout, on aboutirait effectivement au démantellement de l’Education Nationale bien plus facilement qu’avec une directive européenne. Fox Niouzes est la seule chaîne de télé conservatrice aux Etats-Unis (malgré des investissements ouverts aux pétro-dollars et la volonté d’Obama de réglementer les temps de parole comme en France), je ne pense pas que cela pose problème, à condition que le pluralisme existe par ailleurs.


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 11:40

      Sur l’école à la carte et le risque de démantèlement (= on pourrait imaginer que toutes les matières soient optionnelles), c’est oublier que les langues sont un peu à part dans l’EN par la complexité de leur logistique : les langues étrangères ne sont pas UNE matière mais de très nombreuses matières, autant que de langues ! Un peu comme si, dans la matière maths, on devait choisir entre géométrie, algèbre, calcul intégral, fonctions, etc. A problème particulier, solution particulière, mais beaucoup de profs de langue nient qu’il y ait un problème spécifique à ce domaine.


    • Wàng 12 février 2012 14:17

      D’accord là dessus, mais il n’y a pas seulement des divergences de matières, il y a aussi des divergences de pédagogie profondes en ce qui concerne l’apprentissage des langues, comme pour d’autres matières. Et encore, pour telle langue, telle pédagogie peut être plus adaptée que pour une autre langue. On m’a dit qu’il y a des innovations pédagogiques en Angleterre pour apprendre les langues en se servant de l’espéranto. Comment permettre à de telles initiatives de se multiplier ?

      De même, enseigner la philosophie pose un problème. Soit on fait du café du commerce, soit on fait de l’histoire de la philo, soit on on s’accroche à une tradition précise, on fait vraiment de la philo et on veut transmettre quelque chose qui ait un sens, au risque que ça n’ait rien à voir du tout avec le cours de l’école d’à côté. Un de mes maîtres disait qu’on ne peut pas être à la fois prof de philo et philosophe, et c’est très vrai.

      En économie c’est pareil, les cours qui sont donnés en France n’ont absolument rien à voir avec ceux qui sont donnés en Allemagne pour ne citer que cet exemple.

      En ce qui concerne les maths, j’aurais aussi à y redire. Jusqu’en terminale, on les enseigne comme des recettes de cuisine à appliquer. C’est pas très motivant alors qu’esthétiquement, c’est la matière la plus motivante et la plus puissante qui soit.

      D’une manière plus générale, on est à une époque ou la dynamisme économique est liée à l’économie de la connaissance, avec une division du travail très poussée, des compétences très diverses qui sont demandées, de la créativité, et où l’éducation est une donnée beaucoup plus importante que par le passé. On peut difficilement y répondre uniquement avec un modèle qui présuppose qu’une seule méthode et un seul contenu décrété par des experts, puisse convenir pour toutes les situations.


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 15:00

      « Comment permettre à de telles initiatives de se multiplier ? »
      Par exemple en signant la pétition en ligne en faveur de l’espéranto optionnel au bac, pétition qui sera close je crois à l’automne.


  • flesh flesh 12 février 2012 12:18

    « Pour te défendre de ton ennemi, apprend sa langue »

    Proverbe arabe

    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 14:57

      Ah ! la belle désinformation. Nous sommes moyens en langues étrangères, par exemple nettement meilleurs que les.. Anglais. Nous sommes moins bons que les Suédois, Finlandais et autres Nordiques, justement parce qu’ils ont quasiment abandonné leur langue (à l’université) et fait de l’anglais une langue nationale-bis. Veut-on cela pour la France ?


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 15:51

      C’est vous qui affirmez que les Français ont un faible niveau en langues étrangères, à vous de fournir l’étude en question, ce qui vous sera bien difficile, car à ma connaissance, il n’existe aucune étude de ce type. Les rares éléments concernent les résultats des étudiants aux tests Toefl et Toeic, donc une population particulière, et très motivée, tests portant exclusivement sur l’anglais.
      Ah oui, il y a aussi les inénarrables « études » européennes qui sont en fait des sondages où les gens évaluent eux-mêmes leur niveau en réponse à une question ; ainsi, un peuple modeste et conscient de la difficulté des langues répondra qu’il maîtrise mal telle ou telle langue. Aucune étude basée sur le CECRL, une échelle de niveau relativement consensuelle.
      Par contre, des articles reprenant ce cliché, ça foisonne !
      J’attends donc vos sources avec le plus vif intérêt.


  • easy easy 12 février 2012 14:10

    Très beau tour d’horizon du sujet de la part de l’auteur.

    Il y a 40 ans, on poussait les étudiants dehors. Je veux dire qu’on les incitait à n’envisager qu’un avenir d’albatros international.
    Je n’ai jamais bien compris cette incitation mais elle a existé et perduré, prenons-en acte.

    Quelques uns d’entre nous ont réellement fait les albatros mais le plus souvent avec un statut d’expatrié.
    Ca fait que même les plus Sans Patrie Fixe d’entre nous, d’apparence, sont tout de même restés des moules françaises.
    C’est in fine quoi, seulement 10 000, 30 000 d’entre nous qui sont devenus et qui finiront vraiment SPF, véritables et définitifs albatros

     
    Comme l’immense majorité d’entre nous sera restée moule française, aura commencé une retraite paisible ici même, avec immobilisation du patrimoine ici même (Il paraît que ça vaut aussi pour la plupart des patrons du CAC 40), nous serions restés, en dépit de nos gesticulations d’aéroport en aéroport, attachés de naissance à la langue française.

    Considérant que ça fait déjà 40 ans que nous avons été poussés au SPFisme (presque dans un esprit patriotique « Partez au loin y faire rayonner l’ingénierie française », ce qui me semble paradoxal) mais qu’après 30 ans d’aéroportisme nous finissons presque tous par revenir sur notre rocher originel, la mort de notre langue n’est pas pour demain.

    A partir de ce constat qu’on peut tirer de 40 ans de SPFisme, nous pouvons nous calmer et cesser cette hystérie versant dans le « Il faut absolument parler la langue des Albatros »

    La nature ayant horreur du vide, besoin de nouveauté faisant, quoi faire à la place de l’anglicisation à marche forcée ?

    Je propose d’enseigner aux enfants la mise en perspective de notre héritage culturel, de notre culture, d’enseigner la mise en perspective de toute chose.

    Ici (ou ailleurs) on considère que parler avec emphase, debout, menton levé, est efficace, étudions les cent autres avis du Monde sur ce point.
    Ici (ou ailleurs) on considère que poser un chiffre sur la table fait sérieux, efficace et confère de l’autorité, étudions les cent autres avis du Monde sur ce point.
    Ici (ou ailleurs) on considère qu’il faut faire trois repas par jour, étudions les cent autres avis du Monde sur ce point

    Sur tous les sujets et bien entendu sur celui du verbe.

    J’observe que des gens ayant beaucoup aéroportiqué sont en train de virer moulinternet. Ils ont beaucoup voyagé et sont maintenant le cul posé sur un fauteuil pour ne plus communiquer avec leurs relations internationales que depuis leur clavier (Avec toutes les facilités de transcription que ce procédé permet)

    Nous semblons tous universellement très moules. Si donc la démarche albatros se développe, elle le sera désormais probablement plus par le biais du Net et depuis notre rocher que par le biais des aéroports.
    En ce moment, les vues Google Earth sont encore souvent moches en termes de définition. Mais au rythme où ça va, nous allons bientôt mieux voir La Grande muraille depuis Bourges que sur place.

    Mais pour mieux comprendre la motivation de cette construction, il nous faudrait avoir des notions sur les points de vue des Chinois et selon les époques. Il nous faudrait voir non toujours plus loin mais voir enfin depuis l’oeil du plus loin et nous regarder depuis les yeux lointains. Il nous faut apprendre la vue des autres et nous entraîner dès l’école à la mise en perspective de toute chose.

    Je regarde des extraits d’actualités des années 50 sur le site de l’INA. On montre aux Français le développement de l’aviation, nos chaînes de montage des avions et on finit par « L’aviation française sera Grande ». Le tout sur fond de musique tricolore. Aucune mise en perspective n’est proposée. On reste bien campé sur notre rocher et on ne considère les choses que d’ici. Quand le sujet porte sur l’armée française, quand on nous montre un défilé de fiers légionnaires à Hanoï, quand on nous dit que cette force assurera à la France sa gloire, c’est à pleurer de ridicule a posteriori.

    Un minimum de mise en perspective de nos entreprises colonialistes ou néocolonialistes nous aurait permis d’éviter bien des gaspillages et embourbements.

    A ce que j’en sais aucun pays, aucune école n’enseigne la mise en perspective, le regard depuis un autre point de vue. Il serait temps que quelqu’un quelque part commence à s’y mettre.

    Nous avons énormément appris comment regarder un canard, un Gitan, un schizophrène, un FARC et un Pygmée mais nous n’avons jamais appris comment ils nous regardent.

    Hier, sur Agora Vox TV, il y avait une vidéo intitulée « Une belle leçon de civilisation ! » proposant justement cette mise en perspective qui nous aura toujours manqué.



    Apprendre une langue étrangère nous permet de discuter avec des étrangers et de les comprendre. Mais à condition de les écouter vraiment, non de les submerger de nos sentences.
    Quand on apprend l’Allemand de manière parfaite, on parvient à comprendre le regard de Goethe et c’est une illumination. Mais il est très difficile de le parler à ce niveau de perfection. Laissons cela à quelques passionnés qui se feront alors un plaisir de nous traduire ce regard différent.

    Apprendre l’anglais d’aéroport, d’entrance hall ou de lobby ne nous offre pas cet accès au regard de l’autre, sinon sur le seul plan de ce pour quoi il a été conçu, celui des affaires.
    Qu’avons-nous à apprendre encore du business qui soit susceptible de nous illuminer l’âme ?


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 15:04

      Les manuels d’histoire actuels me semblent néanmoins avoir évolué. Sur les sujets délicats, ils donnent souvent plusieurs documents illustrant la relativité des points de vue (par exemple sur les Chouans, ou la colonisation)


    • easy easy 12 février 2012 18:44

      Lorsque je parle d’enseignement du regard de l’autre je parle d’autre chose que notre seul opposé politique.

      Il ne s’agirait pas tant de nous enseigner le point de vue d’Abd El kader en montrant qu’il était matériellement inverse de celui du Duc d’Aumale, car nous emploierions encore et toujours la même grammaire rhétorique. Il s’agirait de nous montrer qu’un Abd El Kader tient compte de paramètres dont nous ne tenons pas compte et inversement. Par exemple la position,des étoiles ou l’odeur du vent.

      Si nous nous emparons du secteur du Mont Rushmore c’est en visant son or. Il ne faut pas nous enseigner que les Lakotas se sont fâchés parce qu’on voulait leur prendre cet or. On doit nous enseigner qu’ils n’en avaient rien à cirer de cet or et que l’endroit leur était sacré pour de seules raisons métaphysiques. Il faut alors nous enseigner leur regard jusqu’à ce que nous ressentions ce qu’ils ressentaient.

      Quand nous demandons à un Aborigène resté isolé des Blancs combien il a d’enfants, il est perturbé par cette question et si nous insistons, il finit par énumérer le nom de ses enfants. Mais il restera définitivement incapable de dire un chiffre. Nous devons donc apprendre le regard de ce père qui ne compte pas. Nous devons apprendre le regard des Romains et Gaulois qui ne passait jamais par le zéro

      Pendant les cours de physique, les profs prenaient soin de nous enseigner la vision de l’atome selon Démocerite, Rutherford, selon Borh, Schrödinger, ca semble nous enseigner des visions différentes mais en fait, ça n’enseigne que votre vision cataphatique où une chose ne peut qu’exister ou ne pas exister et où l’on peut tout découper sans le moindre regard sacralisant.

      On nous aurait enseigné le regard d’autres peuples, nous aurions multiplié nos regards sur nos souris blanches et sur leur cadavre jeté à la poubelle. Nous n’aurons pas placé des cigarettes dans la mâchoire du vrai squelette humain qui pendouillait à côté du tableau noir


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 18:58

      Je suis d’accord, mais c’est difficile à systématiser dans les manuels scolaires. Je pense que cette connaissance du relativisme culturel nous viendra (ou pas) plutôt de l’ethnologie, ou des romans. Sur la façon de voir le monde des « Native americans » : Little big man, Sacajawa (qui a une statue quelque part aux USA), Mille femmes blanches, Colorado saga de Michener, etc.


    • easy easy 12 février 2012 19:39

      «  »« c’est difficile à systématiser dans les manuels scolaires »«  »

      Bravo, vous venez de mettre le doigt sur le nerf de ce problème

      Ce que nous montre la vidéo publiée sur AgoraVox TV, dont j’ai parlé et que nous comprenons assez bien par ce moyen, ne peut pas s’écrire dans un livre. Il y a des signaux, des messages, des expressions, des attitudes, des regards, des silences qui sont assez bien compris grâce à cette vidéo mais qui seraient intraduisibles par le livre, par l’écriture et par notre grammaire.

      J’ai tout ressenti en vivant avec des Indiens alors que je n’ai rien ressenti en lisant C L Strauss






  • antonio 12 février 2012 16:49

    Pour apprendre une langue, il faut déjà maîtriser sa propre langue maternelle, en connaître les structures, les idiotismes,la grammaire, etc...(je ne parle pas des couples bilingues
    avec enfants ). Ce qui est urgent, c’est d’abord d’augmenter le temps consacré à l’étude de la langue française dès le primaire ( temps divisé par deux depuis des années sous prétexte d’activités d’éveil et autres « trucs » pédagogiques à la mode...
    J’ai connu des professeurs de langues « désespérés » parce que pour expliquer l’accord de l’adjectif, ils étaient obligés d’abord de faire un cours de grammaire française sur l’accord de l’adjectif...
    Comment voulez-vous qu’un élève qui ne comprend rien à sa propre langue puisse en appréhender une autre ? On marche sur la tête !


  • L'enfoiré L’enfoiré 12 février 2012 18:47

    Kroko,
     Je vais vous traduire quelques lignes de votre texte que quelqu’un du Nord de chez nous auraient pu écrire. Je modifie seulement quelques mots au passage :

    Nieuwe offensief van de Frans in België ! 
    Het Comité van het rapport over het verslag zijn gebaseerd en werd geleid door van Franstalige wensen, Zo is het voor ons van gebruik sinds een paar jaar,
    De wens om Engels de tweede taal wanneer alle franstaalige mensen zijn hypocriet en moeten met topbladeren semantiek : « moeten we veranderen het taalonderwijs ? » titel de uitdrukkelijke (meervoudig door ons gedemonstreerd ) of zelfs door de uitvoering voor zeldzame situaties : « taxatie van de talen door de geografische nabijheid en sociaal-culturele » (bijvoorbeeld de Duitse wordt onderwezen in crèche in de scholen van de Academie van Eupen). "

    Amusant que l’on puisse transposer un texte géographiquement.
    Je suis francophone mais dans un environnement tri-lingue.
    Quel est le message de cette traduction, c’est que la langue maternelle (de moedertaal) est toujours poussée en avant mais qu’il faut parfois ouvrir les vannes de son intellect vers d’autres cultures.
    Bruxelles compte une bonne vingtaine de langues qui sont parlées dans l’environnement.
    Impossible de les connaitre toutes. Cela ne veut pas dire qu’il faut rester unilingue.
    Je dirais qu’apprendre le mandarin est une bonne initiative aujourd’hui pour un jeune. Beaucoup de magasins autour de la Grand Place ont à bord, quelqu’un qui pourra répondre.
    En attendant, les deux langues nationales et celle qui est imposée par le besoin et le travail dans un contexte international. Pour moi, un regret de ne pas connaître l’allemand après un an de cours, car le prof était quelqu’un qui savait parler en allemand mais ne savait pas l’enseigner à des jeunes turbulents.
    Vous savez que j’ai jeté un œil sur ce qu’était l’esperanto.
    Bon, ben, depuis si j’ai encore quelques bases en mémoire, faute d’utilisation, j’ai un peu oublié.
    Je crois que cela pouvait être dit


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 19:01

      « ouvrir les vannes de son intellect vers d’autres cultures. »
      Apprendre une ou deux langues étrangères aide bien sûr, mais il y a bien plus de deux ethnies dans le vaste monde. La majorité du peu qu’on connaît des autres cultures nous vient de la traduction. Sinon, nous saurions bien peu de choses sur le monde.


    • L'enfoiré L’enfoiré 12 février 2012 20:14

      "Apprendre une ou deux langues étrangères aide bien sûr, mais il y a bien plus de deux ethnies dans le vaste monde. La majorité du peu qu’on connaît des autres cultures nous vient de la traduction. Sinon, nous saurions bien peu de choses sur le monde."

      Absolument. Vous avez pu constater que les traducteurs automatiques même gratuits, permettent de se rapprocher du compréhensible. J’ai pu le constater puisque j’ai introduit le néerlandais et l’anglais pour traduire mes textes sur mon blog.
      Très probablement, dans peu de temps, vous aurez ce traducteur lorsque vous prendrez votre téléphone.
      Traducteur en temps réel. Vous choisirez la langue. Et en retour, votre interlocuteur vous répondra dans votre propre langue.


    • L'enfoiré L’enfoiré 12 février 2012 20:21

      Voulez-vous apprendre une langue ?
      Simple. Allez là où on la parle. L’immersion totale et revenez quand vous pourrez vous débrouiller pour aller n’importe où.
      J’ai appris qu’à 70%, les Français ne changent pas de village, de ville qui les a vu naître.
      Le Belge sort de ses frontières sans s’en rendre compte à peine une centaine de kms à traverser.


    • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 21:05

      La preuve, ça fait 20 ans qu’on nous annonce l’arrivée du Messie, heu, je veux dire, de la bonne traduction automatique.


    • L'enfoiré L’enfoiré 13 février 2012 17:40

      Il y a même eu une faillite qui a laissé des traces.
      Mais progresser, c’est aussi pouvoir disposer de beaucoup de temps et d’argent.


    • Krokodilo Krokodilo 14 février 2012 15:50

      J’aime bien la SF, mais là je parle de la vraie vie, ou d’un future proche.


    • Krokodilo Krokodilo 14 février 2012 15:51

      No future ! mais bien futur. Il faudrait déjà que les (futurs) traducteurs de poche comprennent l’oral... avant de la traduire dans l’autre langue.


  • Krokodilo Krokodilo 12 février 2012 19:11

    Un article de Sarkofrance, la Cour des comptes tacle la réforme du recrutement des profs, dite de la mastérisation,


  • Krokodilo Krokodilo 15 février 2012 23:03

    Sur France 2, au journal du soir ce mercredi 15, stupéfiant reportage en faveur de l’apprentissage précoce de l’anglais, une propagande sans aucun recul critique, aucun doute, pas d’interrogation sur la notion de liberté, de choix des langues, de dyslexie, de coût pour la collectivité de la mise en place de natifs dès la petite enfance - à moins qu’on ne recommande aux familles d’engager des nounous privées ou du soutien scolaire privé et native english comme dans le reportage ? Avec pour caution scientifique un chef de service de neurologie qui dit qu’un enfant peut apprendre deux langues tout petit, ce dont personne ne doutait, puisqu’il a toujours existé des situations biculturelles. France fait-elle le service de presse du ministre ? Ca fait un moment que je n’avais pas vu France 2, mais là je vais finir par croire les complotistes qui sévissent sur Agora vox .. on n’est plus dans l’info mais dans la propagande pure et dure.


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