Nuerax, Taisey, la capitale gauloise dont les archéologues du mont Beuvray ne veulent pas. Le ministre, je ne sais pas
À M. le Ministre de la Culture,
Suite à ma contestation des localisations de Gergovie et de Bibracte, vous avez demandé à votre directeur du patrimoine de prendre contact avec moi ; c'est ce que je suppose à la lecture de la lettre qu'il m'a adressée. (1)
Il y a la logique militaire.
Comme pour la plupart des officiers sortis de Saint-Cyr, le terrain du combattant est mon univers. L'avantage d'une position ou son désavantage, tout cela me semble évident, et je suis très étonné qu'on ne fasse pas l'effort de me comprendre. C'est ainsi qu'au sein de la société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, j'ai apporté mon point de vue... un point de vue qui n'a été ni compris, ni accepté... dommage ! (2)
Une logique militaire qui s'appuie sur des textes.
En une simple phrase, le grec Strabon nous a pourtant tout dit sur notre pays éduen : πόλιν ἔχον - une cité - Καβυλλῖνον - Cabillynum - ἐπὶ τῷ Ἄραρι καὶ φρούριον - une forteresse - Βίβρακτα - Bibracte.... Comme je crois à la permanence dans le temps des points forts du terrain, je retrouve sans difficulté la forteresse dont il parle au Mont-Saint-Vincent des comtes de Chalon et la cité dans le vieux village de Taisey où le dit comte venait siéger comme l'indique son sceau. Ce sceau représente une autre forteresse, celle de la cité. Il n'en subsiste que la tour centrale, dite tour de Taisey, sur la butte qui domine l'actuelle ville de Chalon-sur-Saône. Extension dans la vallée du village antique de Taisey, la ville de Chalon-sur-Saône ne s'est entourée d'un rempart qu'au III ème siècle.
Quand Tite-Live évoque la coalition des Celtes qui ont envahi l'Italie jusqu'à prendre la ville de Rome, il énumère les Eduens de Bibracte (au Mont-Saint-Vincent), les Aulerques de Brançion, les Ambarres d'Ambérieu, les Blannovices de Blanot... et les Bituriges qu'on ne peut situer alors qu'à Chalon/Taisey. En effet, si l'Éduen Dumnorix a marié sa mère à un Biturige, c'est bien pour sceller une alliance locale et non une alliance avec Bourges (César DBG I,18).
Quand Héraclide du Pont écrit que "la nouvelle arriva du couchant qu'une armée sortie de chez les Hyperboréens avait pris une ville grecque appelée Rome", il s'agit de l'armée des Celtes précités, notamment des Bituriges qu'on ne peut situer qu'à Taisey, là où descendent les vents du Nord (Plutarque), la ville qui permet d'atteindre les sources du Danube en passant par les défilés du Jura (Hérodote) les monts Rhiphés (alias Pirenne) autrement dit : une Nuerax au-delà de Marseille (Hécatée de Millet, VII ème siécle avant JC), successivement nommée Alésia (celle de Diodore de Sicile, métropole de la Celtique) Cabillo oppidum (César, DBG VII, 42), Argentomagus (notitia dignitatum et Actes de saint Marcel), tour de guet (chant de Walther), Tasiacum (Courtépée),Taisey de Thesaurus, le trésor ; bref, une Nuerax au-delà de Marseille, qui ne peut absolument pas se situer sur la côte, ni dans le midi, ni à Lyon, mais au bout du couloir Rhône-Saône, dans le village deTaisey toujours existant.
Quand Platon, mort en 346 avant JC, évoque le pays des Atlantes dans son Atlantide, c'est la Gaule de Gergovie et de Nuerax/Taisey qu'il nous décrit : ... avec toutes ces richesses qu’ils tiraient de la terre, les habitants construisirent des temples, des palais pour les rois, des ports, des chantiers maritimes, et ils embellirent tout le reste du pays dans l’ordre que je vais dire...
Pendant ce temps-là, Rome n'était qu'une ville en bois et ne commença à se couvrir de monuments qu'après avoir conquis la Gaule et... ses richesses.
Je récapitule :
Au Ier siècle avant JC, 8000 juifs esséniens arrivent en Gaule (cf chapiteaux)
Au II ème siècle avant JC, fresques judaïques de Gourdon.
Au IVème siècle, témoignage de Platon dans son Atlantide.
Au VI ème siècle avant JC, à l’extrémité du couloir Rhône/Saône, Nuerax/Taisey, ville des Celtes citée par Hécatée.
Au VIII ème siècle, temple cananéen de Mont-Saint-Vincent.
Au IX ème siècle, oppidum troyen de Mont-Saint-Vincent.
Au Xème siècle, toujours avant J.C., tour de Taisey ????
Au néolithique, nombreuses traces d'occupation humaine, Chassey-le-camp.
Une logique militaire qui s'appuie sur la géographie
Un fleuve riche en poissons, large, au courant tranquille, des forêts giboyeuses, de grandes étendues de terres favorables à la culture et au pâturage, le pays de Nuerax-Taisey est un paradis terrestre. Une île Saint-Laurent spacieuse où les premiers habitants pouvaient trouver refuge contre les grands fauves, une clairière refuge sur les hauteurs voisines que l'on pouvait mettre en état de défense (Chassey-le-Camp), c'est un idéal pour vivre et prospérer en sécurité. Rien d'étonnant qu'on retrouve des vestiges dès l'époque néolitique à Chassey-le-Camp, mais aussi, des traces de maisons sur pilotis sur les rives du fleuve. (4)
Merci à mon commentateur Antenor.
Très intéressant, votre commentaire évoquant la construction du palais de Ninive (5). Je vous cite :
Toujours à Chypre, il existe une liste de rois payant tribut aux Assyriens au VIIème siècle. Or parmi eux, on trouve un roi de « Qartihadashti » et un autre de « Nuria/e ». Ces deux noms soulèvent de sacrés interrogations. Le premier désignerait une hypothétique Carthage située à Chypre dont on a jamais trouvé la moindre trace. Quant au second, on ne sait même pas où le situer. Nous avons peut-être tout simplement affaire ici aux plus anciennes mentions connues de Carthage et de Nuerax ! Voyez ci-dessous pages 158-159 : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01452615/document
Très intéressantes les mentions de Qartihadashti et de Nuria/e (Carthage et Nuerax ?) Il est logique que le pouvoir en place à Chypre demande à ses « colonies » de participer aux frais de la construction du palais de leurs ancêtres, ce qui signifierait que ces colonies s’inscrivaient dans cette histoire... Voyez le char de Monteleone que j'attribue aux Celtes avec ses symboles antropologiques de la lune et du soleil rappelant le dieu lune et le dieu soleil des Assyriens (5). Voyez les chapiteaux arvernes évoquant les reflets du soleil et de la lune dans les eaux du lac de Gergovie.
Gergovie.
Lors de ma découverte, j'en ai fait un poème daté du 6 mars 1982. J'ai prévenu, et même alerté, mais sans succès. Je suis très surpris qu'après la publication de mon ouvrage en 1993 et de mes nombreux articles Agoravox qu'on cherche encore à localiser la position sauf sur l'éperon barré du Crest où pourtant, elle s'impose... éperon barré... type d'habitat fortifié constitué d'une avancée d'un relief, éperon naturellement protégé, coupé par une structure fortifiée (mur de pierres sèches, palissade, fossé…), afin d'y établir une occupation humaine défendue (Wikipédia)..
Cerise sur le gâteau, il s'y trouve une source sur la hauteur, aujourd'hui captée. À Taisey, de même, un lac, aujourd'hui comblé, alimentait en eau les fossés de la forteresse ainsi que les habitants. Au Mont-Saint-Vincent, vrai site de Bibracte, il y avait également une source au pied des remparts mais surtout des puits.
L'histoire des origines de la Gaule apparaît dès lors dans une simplicité absolue.
Complétant l'histoire de la côte méditerranéenne que Marseille a marqué de son empreinte en y succédant aux Phéniciens, l'histoire de la Gaule se serait donc jouée, depuis le néolithique, entre deux puissantes cités, parfois alliées, parfois rivales, Gergovie et Taisey. À Taisey, il faut ajoindre le Mont-Saint-Vincent, véritable Bibracte, dont la fondation s'explique par une volonté de Nuerax de contrôler la voie de l'étain de la Loire, en plus de celle de la Saône, en passant par le couloir de la Dheune.
Alors se révèle à nous, du côté du couchant, comme dans un spectacle de l'héroic fantasy, le fantastique combat des Gorgones arvernes contre les Berbères aux robes d'Amazones. Ces Amazones voulaient s'emparer de l'Espagne. Se révèlent de même, du côté du levant, dans un chapiteau de Mont-Saint-Vincent, les orgueilleux Atlantes qui prétendaient soutenir les colonnes du ciel, du Maroc à l'Angleterre, des montagnes du Rif au sanctuaire de Stonehengue.(6)
Emile Mourey, le 21 juillet 2019
Notes
1. Par lettre en date du 2 mai 2019, D11015, M. Philippe Barbat, directeur général du patrimoine, passe outre à ma demande tout en affirmant que cette localisation (de Bibracte au mont Beuvray), déjà identifiée au XIX ème siècle, a depuis été incontestablement confirmée par les recherches archéologiques menées sans relâche depuis 1985.
2. 10/11/95. Ma société d'histoire se désolidarise de ma démarche.
3. Chant de Walter, https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aux-origines-de-la-chanson-des-135168
4. Chassey-le-camp, https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nous-l-europe-avons-recu-le-216365
5. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-herakles-sur-ton-bouclier-frappe-215370
6. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-epopee-des-atlantes-capitale-125152