Onfray s’attaque à « une jeune fille au visage de cyborg qui ne sourit jamais »
Comme le philosophe climatosceptique Michel Onfray, vous pouvez très bien ne pas être d'accord avec Greta Thunberg et vous aurez certainement de bonnes raisons pour contester ses déclarations angoissantes sur le réchauffement climatique. Par contre, vous serez certainement sur la même longueur qu'elle sur la nullité souvent démontrée des responsables politiques qui seraient tous des menteurs indifférents au sort de notre planète en train de crever de chaud et de soif. Des responsables politiques, qui seraient surtout intéressés par la prochaine élection où ils pourront arroser sans modération les électeurs de promesses vertes, sans aucune intention de changer vraiment les choses. Mais, c'est vrai qu'à vouloir trop généraliser en mettant tous les homards dans le même panier, la nouvelle star mondiale de l'écologie se trompe et se fait beaucoup d'ennemis.
Mais qu'Onfray s'attaque comme un sauvage à une jeune Suédoise d'à peine 16 ans, "végane et probablement buveuse d’eau" car "elle ne sort jamais sans sa gourde rouge écoresponsable..." Voilà qui est du niveau philosophie des réseaux sociaux où tout est permis, surtout remuer le fond de la fosse septique. Que le philosophe aigri et teigneux qui attend toujours qu'on l'invite en grande pompe à l'Elysée s'en prenne à l'entourage militant ou affairiste qui grouille autour de "Greta la science", soit ! Mais se moquer pour lui faire mal d'une jeune fille qui arborerait selon lui, "un visage de cyborg qui ignore l’émotion" ; qu'en sait-il ? Pour ensuite la comparer à l'une de "ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain". N'est-ce pas en faire trop dans la caricature ?
Mais le lynchage en règle ne fait que commencer, car d'après le philosophe au nombril disproportionné, Greta Thunberg "a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire : son enveloppe est neutre". Comme il est commode de tomber dans la facilité pour porter un jugement bien rapide contre une personne qui est instrumentalisée et qui peut-être n'écrit pas elle-même ses discours. Comme pas mal de nos élites.
Greta Thunberg est autiste... "Dont acte. Je laisse cette information de côté" dit Onfray. Et puis ce n'est pas vraiment le sujet, puisqu'il ne faut pas sauver l'icône des réchauffistes il faut au contraire la détruire. Onfray, comme bien d'autres, donne l'impression de vouloir participer à la mise à mort de l'égérie du climat. Mais est-ce seulement une impression ?
Parce que quand même, dire de Greta Thunberg... Quelle âme habite ce corps sans chair ? On a du mal à savoir…" Ce n'est quand même pas le diable !
Maintenant, il faut aussi avoir l'honnêteté de reconnaître que Michel Onfray, n'a pas tout faux sur toute la ligne, il fait même quelques observations intéressantes et juste dans son texte. Dommage, d'y ajouter autant d'agressivité contre une jeune fille qui selon le cofondateur de Doctissimo Laurent Alexandre, souffre de "troubles obsessionnels". Il en veut également aux parents qui "en révélant son lourd dossier psychiatrique en ont fait un bouclier humain inattaquable. Mettre en avant des enfants présentant une souffrance est répugnant mais d'une efficacité redoutable."
En fait, si Onfray s'attaque méchamment à Greta Thunberg, il ne manque pas non plus de remarquer l'attitude soumise d'une partie des parlementaires et autres personnalités politiques présentes à l'Assemblée nationale.
Où Greta Thunberg...
"a froidement fait la leçon à des adultes qui, se faisant mépriser, ont consciencieusement applaudi. Il faudra un jour réfléchir sur le rôle tenu en politique par l’humiliation chez certains qui jouissent à se trouver des maîtres et à jouir dans la soumission - fasciste, brune, rouge, noire, islamiste ou verte".
"Cette fois-ci, le maître est une maîtresse : c’est une jeune fille au corps neutre et à la parole belliqueuse. A la tribune, il semblait que c’était Mélenchon dans le corps d’Alice au pays des merveilles. Effet terrible : la menace du Tribunal révolutionnaire exprimée avec une voix pré-pubère blanche comme la mort… On se croirait dans un manga. Glaciale, elle a tapé les élus, elle a cogné les politiques, elle a frappé les chefs d’entreprise, elle a giflé les adultes, elle a molesté les journalistes, et le public a applaudi, la regardant comme s’il s’était agi d’une nouvelle apparition de Thérèse à Lourdes."
Libre à vous de lire ou pas l'article d'Onfray en entier. Mais la conclusion de son article est à méditer...
"Il n’y a rien à reprocher à une enfant qui veut voir jusqu’où va son pouvoir d’agenouiller les adultes, c’est dans l’ordre des choses. Le pire n’est donc pas chez elle, elle fait ce que font tous ses semblables, mais il se trouve chez ces adultes qui jouissent de se faire humilier par l’une de leur créature : un enfant qui fait la leçon aux adultes qui ne mouftent pas et jubilent même de recevoir des coups de leur progéniture, voilà sans conteste matière à conjecturer que nous entrons dans le stade suprême du nihilisme…"