OTAN/UE/Ukraine/Russie : Prendre ses responsabilités
Sommes-nous censés débrancher nos cerveaux et nous mettre au garde-à-vous moral et chantez en chœur comme nous l’avons entendu dans nos radios sur le service public ? Il fallait oser.
Une musique de fond, la propagande médiatique.
Il fallait oser. La plupart des médias ont fait le travail sans état d’âme (la vague est montée d’un coup jusqu’au plafond) et vont continuer sans surprise en affinant progressivement leurs arguments et méthodes même si pour certains au niveau de la finesse cela laisse à désirer. On dirait une compétition conjuguant l’art du culot et de l’intoxication comme s’il s’agissait de manifester son zèle et de faire ses preuves. A l’intention de qui ?
Profitons d’en apprendre de cet effet de grossissement à chaud sur les fonctionnements de la propagande et de bien voir qui dit quoi et quels sont les partis-pris dans les contenus et les méthodes mises en œuvre. Notamment dans le service public de l’information en principe au service de la diversité des points de vue et de la pluralité de l’information. Sans surprise, plus nous approchons des heures de grandes écoutes moins nous en trouvons malheureusement. Mauvais plis, mauvaises habitudes. Sans fin ? Cette situation est devenue un problème politique et démocratique majeure en soi qu’il devient urgent de traiter. Quelle légitimité fait d’un journaliste payé sur fonds publics disposant d’un micro à portée nationale le porte-parole de ses partis-pris et choix idéologiques à sens unique et l’arbitre de qui a le droit de parler ? Et nous, dans notre diversité, quand avons-nous la parole ? Bientôt les sondages viendront qui nous diront ce que nous pensons et qui mesureront en réalité l’impact de la propagande. A quand une enquête d’opinion détaillée sur la propagande dans les médias ?
Ces gens sont en train de mettre en œuvre la vente forcée d’une UE dont la souveraineté consisterait à s’imbriquer encore plus dans la logique et les intérêts de l’OTAN. Rien de tel qu’une injonction paradoxale pour bloquer nos capacités de réflexion et brouiller toute lucidité et tout recul. Une aubaine à ne pas rater semble-t-il pour qui a besoin de circonvenir l’expression démocratique des peuples dans la conduite de leurs propres pays.
La propagande est d’autant plus redoutable qu’elle se fait plus subtile. Elle mélange habilement avec ses propres éléments de langage des vérités et des postures morales largement partagées instillant ainsi ses propres interprétations et sélections de faits jusqu’au retournement sémantique.
Heureusement elle génère aussi son propre antidote. En jouant d’emblée la carte morale de manière insinuante, jouant sur la contagion de l’émotion visant à nous tenir en respect, cette démarche est devenue maintenant tellement visible et prévisible qu’elle produit en réaction les antidotes utiles. La méfiance, la prudence à l’encontre des éléments de langage en train de s’installer, le discernement quant à la relativité des points de vue, la suspension du jugement hâtif, la recherche d’informations complémentaires et la vérification prennent le dessus et finissent par nous porter et nous aider à nous situer. Nous libérant de devoir être à la remorque de tel ou tel état-major idéologique ou médiatique. Nous permettant de nous extraire de la sommation d’être bêtement dans un camp ou un autre tels que définis par elle-même.
L’OTAN, un bail perpétuel ?
A travers l’OTAN, des sommes considérables ont été dépensées par les pays de l’UE pour l’achat d’armements américains en consacrant notre perte d’autonomie stratégique et des éléments déterminants et décisifs de notre politique étrangère, celle de notre pays et celle de l’UE si tentée qu’elle en ait les moyens et la volonté politique à travers ses dirigeants actuels et ses modes de fonctionnement. Est-ce notre intérêt de nourrir et d’entretenir l’hégémonie du complexe militaro-industriel américain et sa pesanteur sur la vie politique et économique internationale ?
L’effacement rapide de l’affaire de la surveillance des communications téléphoniques de nos dirigeants, de l’épisode australien, en disent long sur l'autonomie politique de ces dirigeants et le rôle des médias dans notre vie politique.
Difficile de ne pas voir que les USA entretiennent et développent une stratégie de la tension vis-à-vis de la Russie et la Chine suite aux espoirs déçus d’avoir pu contrôler ces parties-là du monde en créant les conditions d’un affrontement brutal. Ce n’est pas notre intérêt d’être embarqués dans cette aventure si on fait le bilan de ce type de politiques qui s’appuient en réalité sur des moyens à l’opposé du système de valeurs affichées. Avec des résultats désastreux dans les territoires touchés qui se répercutent bien au-delà. Tout le monde a pu le constater maintenant. Ce n’est pas notre intérêt d’être alignés ni sur l’un ni sur l’autre ni d’entretenir cette partition en deux camps.
L’OTAN est devenu un nœud coulant pour les peuples européens. Qui n’a pas vu que le projet Nord-Stream 2 a été mené à bien en toute souveraineté malgré les incessantes protestations américaines avec au final encore un blocage américain et son substitut de gaz de schiste à écouler à la clef (bonjour l’engagement écologique). L’OTAN nous a méthodiquement empêchés d’entretenir des rapports normaux avec un pays dont la géographie, l’histoire, la culture, les ressources humaines et économiques de première importance auraient du faire un partenaire incontournable associé à l’Europe. Pour mémoire, un ancien allié qui a connu des destructions majeures comme toute une partie de l’Europe et payé le plus lourd tribut du sang donné pour la victoire lors de la seconde guerre mondiale quand le PIB des USA a doublé sur la période.
C’était la vision géopolitique du général De Gaulle qui rappelait que si les Etats-Unis étaient un allié, ils n’étaient en aucun cas les décideurs de notre politique étrangère ni les maîtres de notre système de défense. Cela passe aussi par la nécessaire maîtrise de nos industries d’armement. L’Europe n’a pas besoin pour exister et déployer toutes les composantes de sa souveraineté d’un ennemi dans son espace géographique suscité et acculé par une puissance mondiale extérieure qui a déjà fort à faire pour régler ses propres problèmes.
Un gâchis.
Une bureaucratie et une idéologie à bout de souffle, minée par ses contradictions a fini par s’effondrer. Une occasion historique imprévue est apparue en Europe. Chacun avec le recul peut apprécier la lucidité de nos dirigeants et la persévérance du partenaire américain à nous soumettre et nous contrôler ainsi que son désintéressement humaniste. En passant aussi en revue la qualité et la cohérence de ses dirigeants successifs. Quel gâchis. A l’évidence, il nous appartient de prendre en mains nos propres affaires et d’assumer nos responsabilités. Et cela ne peut se faire sans plus de démocratie authentique, celle qui n’a pas peur des peuples et des citoyens mais qui en a besoin.
Les classes dirigeantes actuelles des USA n’imaginent pas l’avenir du monde sans qu’elles ne soient à travers toutes sortes d’organisations, dont elles seraient le point convergent, à sa tête et dont la protection définitive serait l’absolue nécessité. Cela les condamne à une fuite en avant pour le maintien d’un équilibre de la terreur toujours incertain. Des immenses progrès scientifiques, technologiques et culturels sont différés au niveau mondial en raison de toute l’énergie qui s’y perd. Je pense qu’à la faveur du renouvellement des générations, l’impasse dans laquelle tente de nous entraîner cette génération de dirigeants finira par être comprise par d’autres, prenant conscience qu’en réalité elles se mettent en danger aussi en mettant en danger le reste du monde. Pour mémoire, c’est le mouvement des vétérans qui accéléra la prise de conscience qui conduisit à la fin de la guerre du Vietnam dans un temps où l’armée américaine était largement encore une armée de conscrits.
Quand on transgresse soi-même au gré de ses intérêts le droit international en s’appuyant sous toutes les latitudes sans états d’âme sur des alliés sans foi ni loi, il ne faut ni diaboliser en permanence ni mettre dos au mur, pas à pas, un adversaire que l'on a rendu déterminé et résilient.Merci pour le cadeau empoisonné.
Changement de paradigme au programme.
Ce n’est pas une utopie. Qui avait réellement prévu l’effondrement de l’URSS et la place prise par la Chine ? L’histoire ne se fait pas sans les hommes, ni leur volonté et objectifs et la maîtrise et la conscience qu’ils en ont.
A l’évidence le monde est déjà multipolaire. Construisons une confédération européenne des états-nations qui sera le partenaire souverain et sans naïveté de tous les autres travaillant dans des rapports réciproques équilibrés et complémentaires. Donnons-nous les moyens de notre souveraineté en respectant celle des autres.
Monsieur Macron est habile. Il reprend les arguments de ceux qui combattent ce qu’il représente pour dérouter la compréhension de nos concitoyens et tenter de les attraper avec une belle porte qui cache le labyrinthe qui les piègera. " Souveraineté stratégique " dans sa bouche maintenant. Ce sont les faits qui comptent, pas les paroles. Il est aussi crédible que Sarkozy avec son karcher qui supprime 10 000 postes de policiers et Hollande qui s’attaque à la finance. Sommes-nous censés, même au son du canon, marcher une fois de plus ?
Sobre, clair et net. Jean-Luc Mélenchon, candidat avait expliqué son analyse et sa méthode bien avant les événements et il s’y tient.
Il a dit que la France doit prendre l’initiative d’une démarche de règlement pacifique et diplomatique de la situation. Il a demandé pour cela une réunion de l’organisation de sécurité et de coopération en Europe et a demandé que l’ONU délibère d’urgence avec les nations du monde et intervienne pour rétablir la paix en Europe. Il a dit qu’il fallait refuser l’escalade. Il a eu raison, c’est une manière de sortir du bras de fer OTAN/Russie dans lequel les USA nous ont entraînés avec l’UE et ses classes dirigeantes captives pour remettre le jeu au niveau mondial et dans une posture de non alignée pour la France. Que Macron ne prendra pas bien sûr pas plus que le petit club qui par la magie de l’esbroufe UE s’invente une légitimité qu’ils protègent soigneusement de toute évaluation ou regards démocratiques un peu conséquents venant de leurs peuples. Cela est de plus en plus insupportable pour les peuples européens que l’on ne tiendra pas captifs longtemps dans ce juridisme et ces faux-semblants démocratiques. JLM a donné comme objectif l’obtention d’un cessez-le-feu immédiat et d’un retrait de toutes les troupes étrangères d’Ukraine. C’est de la diplomatie intelligente et responsable qui préserve l’avenir. Celle d’un homme d’état responsable.
Il n’est pas difficile de voir que les autres candidats (des gens censés conduire le pays et nous représenter au Conseil Européen ?) sont dans l’improvisation à la recherche d’une posture capable de séduire tels et tels segments de l’opinion publique comme leur chuchotent leurs conseillers qui n’ont jamais peut-être compris en profondeur ce que sont une république et un citoyen et dont les talents attendus sont ailleurs.
L’actualité bouscule nos repères. Là encore, notre mémoire et notre expérience nous en protègent. Un homme politique qui a compté, Jean-Pierre Chevènement a déclaré dans le Journal du Dimanche du 26/02/22. “J’apporte un soutien républicain à Emmanuel Macron”. D’autres, simples citoyens, en masse se sont abstenus de voter en toute conscience républicaine au second tour en 2017, se considérant acculés dans une impasse. Renouvelant leur décision tout aussi nourrie de conscience républicaine aux législatives (abstentions/nuls/blancs 62%).
Désolé, avec respect pour l’homme et le travail accompli, je dis non merci monsieur Chevènement, préférant le responsable politique qui écrivait en 2015 (le texte mérite d’être lu en entier) :
« Le véritable enjeu de la crise ukrainienne actuelle est la capacité de l’Europe à s’affirmer comme un acteur indépendant dans un monde multipolaire ou, au contraire, sa résignation à une position de subordination durable vis-à-vis des Etats-Unis. La russophobie médiatique relève d’un formatage de l’opinion comparable à celui qui avait accompagné la guerre du Golfe en 1990-1991. Cette mise en condition de l’opinion repose sur l’ignorance et l’inculture s’agissant des réalités russes contemporaines, quand ce n’est pas sur une construction idéologique manichéenne et manipulatrice. » (Le Monde diplomatique juin 2015 : JP Chevènement, Arrimer la Russie à l’Europe. Crise ukrainienne, une épreuve de vérité).
https://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/CHEVENEMENT/53060
Cette fois-ci la démocratie devra fonctionner.
Un dernier mot sur ce qui ne doit en aucun cas être opportunément sacrifié sur l’autel de l’actualité pour nous faire voter dans un jeu de brouillards et de projecteurs. Les responsabilités des uns et des autres et les enjeux réels et concrets de la présidentielle. La prédominance du politique ou du marché concernant nos choix économiques et sociaux. L’état de santé de notre démocratie et ses remèdes. Et enfin notre rôle dans l’UE et le devenir de l’Europe. Nous avons assez perdu de temps et cela fait trop longtemps que nous attendons un véritable arbitrage démocratique. Il ne sera pas question d’une esquive de plus. L’histoire en s’accélérant nous lance un défi, à nous de l’accompagner sur le bon versant, le nôtre.
Rien de tel qu’une union populaire dans les urnes au 1er tour qui ira s’élargissant et s’enrichissant au second et au-delà pour ouvrir le chemin et barrer la route à ceux qui nous traitent comme des enfants ignorants, impressionnables, tenus dans la dépendance perpétuelle de leur bon vouloir et de leurs coups médiatiques.
Repères :
● "Crise en Ukraine : la guerre en Europe… sans les Européens" Natacha Polony publié le 24/02/2022 (Marianne).
Un autre angle de vue riche d’informations.
● Réflexions sur la politique étrangère. Cohérence de JLM avant et après l’événement à apprécier :
France 5, le 30/01/22