lundi 6 janvier 2020 - par Jean Dugenêt

Partisans ou adversaires du Frexit : lesquels sont des nationalistes (1ère partie)

Nous sommes nombreux à avoir analysé comment fonctionne maintenant le système des médias de masse en France depuis qu’ils sont pour l’essentiel aux mains de quelques milliardaires. Ceux-ci étant partie prenante de ce que nous appelons l’oligarchie euro-atlantiste, ils défendent le principal outil de cette oligarchie : l’Union Européenne. Il est donc normal que les médias de masse se soient évertués à couvrir les partisans du Frexit de tous les qualificatifs possibles et imaginables pour les diaboliser : complotistes, antiaméricains, russophiles, émules de la postvérité et des fake news… Il est normal qu’à ce titre François Asselineau ait été abondamment servi.

Les journalistes, dont l’éthique devrait être d’informer le public, sont en effet silencieux dans bien des domaines : quel est le rôle de la CIA et de quels moyens dispose-t-elle ? Serait-il tabou d’en parler ? Est-il vrai que la CIA a écouté les conversations téléphoniques du président de la république française ? A-t-elle joué un rôle dans la mise en place de l’Union Européenne ? Quels liens avaient avec l’Amérique les pères fondateurs de l’Union Européenne : Walter Hallstein, Jean Monnet, Robert Schuman ? Walter Hallstein est-il un ancien nazi ? A-t-il joué un rôle dans le projet « Das Neue Europa » d’Hitler avant de jouer un rôle dans la fondation de la CEE (ancêtre de l’UE) ? Il y a-t-il quelques similitudes entre ces deux projets ? François Asselineau a comblé nombre de ces lacunes que les journalistes aux ordres laissent béantes au lieu de remplir leur mission qui devrait être d’informer. Au lieu de remercier François Asselineau, ils s’acharnent à essayer de le couvrir de boue. Rappelons ce qu’avait déclaré à leur sujet le célèbre journaliste John Swinton, À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, en refusant de porter un toast à la liberté de la presse

 « Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faisiez, elles ne seraient pas publiées.

On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent.

Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

Toute cette cabale des médias dominant contre l’UPR a été analysée. Le lecteur qui voudrait des précisions à ce sujet pourra se reporter à une vidéo de « Penseur Sauvage » intitulée : « 5 preuves qu’Asselineau est complotiste (ou pas) ? » Nous n’attendons pas que la presse aux ordres en fasse état mais nous devons aussi regretter à ce sujet le silence complice des grandes organisations politiques du mouvement ouvrier : PCF, PS et FI.

Tous les qualificatifs dont nous accablent les européistes sont péjorarif y compris celui de souverainistes. Oublient-ils qu’eux aussi sont souverainistes ? Nous condamnons tout simplement le souverainisme européen qu’ils défendent. Il reste une dernière calomnie, découverte plus récemment, contre les partisans du Frexit. Ils seraient nationalistes et, par conséquent, xénophobes. Personne n’est en mesure d’exhiber la moindre citation ayant un caractère un tant soit peu xénophobe d’un cadre de l’UPR. Ce dernier qualificatif n’apparaît donc que comme une conséquence du premier. Il est vrai en effet que les nationalistes sont en général xénophobes puisque ce qui les caractérise c’est la détestation d’une ou de plusieurs nations autres que la leur.

D’où vient donc l’idée que les partisans du Frexit seraient des nationalistes. Elle découle d’un raisonnement simpliste partant de l’axiome que « l’Europe c’est la paix ». Puisque l’UE rassemble les pays tant de fois opposée par le passé, vouloir à nouveau les séparer serait une volonté de revenir aux nationalismes, à cette haine de l’autre qui a amené des guerres. C’est par exemple ce qu’exprime un journaliste de Ouest-France quand il pose cette question à François Asselineau : « Tout de même, un Brexit ou un Frexit est un encouragement aux nationalismes à l'origine des conflits ! »

Nous allons montrer que ce raisonnement simpliste est biaisé d’emblée par sa prémisse. Non, l’Europe ce n’est pas la paix. De plus un sophisme tient lieu de démonstration. Ce n’est pas parce qu’un château-fort permet à des personnes de se protéger d’éventuelles attaques que celles qui en sortent seront obligatoirement attaquées.

Auparavant, nous vous invitons à écouter une attaque sur ce thème particulièrement virulente avec une vidéo de YouTube intitulée : « Pour Edwy Plenel (Médiapart), Asselineau est xénophobe ». Au début, Edwy Plenel, dans un discours sur l’Europe, met le journaliste au défi de trouver « des différences radicales, rédhibitoires entre la liste Brossard-PC, Aubry-FI, Hamon-Génération, Europe-Ecologie. » Le journaliste propose alors la liste de François Asselineau. Edwy Plenel commence à répondre : « Non, François Asselineau, le Brexit… le Frexit. Non. Moi, je suis internationaliste et, à Médiapart, on est internationaliste. ». Le journaliste justifie et répète sa proposition  : « Vous m’avez demandé des différences. Eh bien, il y a la liste Asselineau. ». Il est évident en effet que la liste du seul défenseur du Frexit est bien différente des autres. Edwy Plenel se lance alors dans une diatribe :

« Non, mais lui, je ne le mets pas dans les listes de gauche. Lui, il vient de la droite et il est profondément… Et, sur les migrants, il a… Vous savez nous on a des principes. Nous on défend des principes, des principes hein… Et, les principes c’est la déclaration des droits de l’homme. Hein, désolé… « Nous naissons libres et égaux en droit. » Et, parmi les droits, il y a le droit de se déplacer. Il y a un hasard malheureux de la naissance. On a le droit de choisir son pays de résidence et donc, toutes les forces xénophobes qui veulent que les nations ou que l’Europe elle-même soit une clôture ou une fermeture sont d’un autre côté. Je parlais de gens qui partagent des idéaux démocratiques, sociaux, humanistes. »

Nous voyons seulement qu’il a lâché l’expression « les forces xénophobes » mais que, en l’état, il s’agit d’une insulte gratuite puisqu’il ajoute seulement que ce sont des forces qui « veulent que les nations ou que l’Europe elle-même soit une clôture ou une fermeture  ». Il condamne bien ici la politique de l’UE autant que celle des nationalistes comme Viktor Orban mais nullement celle de François Asselineau. On a bien senti auparavant qu’il aurait voulu dire quelque chose à propos de la position de François Asselineau sur les migrants lequel aurait été profondément… on ne sait quoi puisque, finalement, il n’a rien dit car il ne finit pas ses phrases. Nous ne voyons pas en quoi François Asselineau ne partagerait pas « des idéaux démocratiques, sociaux, humanistes. » C’est une autre affirmation gratuite. Nous ne voyons pas davantage pourquoi Edwy Plenel est monté sur ses grands chevaux pour invoquer la déclaration des droits de l’homme. Remarquons d’ailleurs, car c’est loin d’être anodin, qu’il enchaîne sur « le droit de se déplacer » et « le droit de choisir son pays de résidence », qui ne fait pas partie de cette déclaration, mais il ne dit mot sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous comprenons surtout que l’européiste-critique Edwy Plenel, comme nombre de ses confrères, ressent le besoin de cracher sa haine sur ceux qui veulent sortir la France de l’UE. Sa démonstration est complètement ratée puisqu’en étant pour une autre Europe il est exactement comme le PCF, la FI, Génération ou Europe-Ecologie. Nous ne voyons entre-eux aucune « différence radicale, rédhibitoire ». Tous les européistes sont des européistes-critiques car aucun ne veut de l’UE telle qu’elle est. Tous proposent une autre Europe. Chacun d’eux est certain que celle qu’il propose est meilleure que celles qui sont proposées par les autres. De plus l’accusation de xénophobie est ici une calomnie pure et simple car il ne donne même pas l’ébauche d’une démonstration qui accuserait l’UPR d’être nationaliste. Pour un journaliste qui se permet de donner des leçons de morale à tout le monde, il ferait bien de commencer par donner l’exemple.

Mais, il y a eu pire à ce sujet qu’Edwy Plenel. Le prétendu philosophe Michel Onfray est allé jusqu’à accuser François Asselineau d’antisémitisme et c’est seulement dans la crainte de perdre un procès qu’il a daigné formuler des excuses. Voici exactement ce qu’il a écrit :

« On m’a couvert de la boue qui recouvre Asselineau qui le mérite sur un certain nombre de sujets : complotisme, antisémitisme entre autres. »

Il a ainsi, en rejetant toute exigence de vérité, rejoint définitivement Bernard Henry Levy dans le clan des antiphilosophes. Ce dernier a, pour sa part, été condamné pour complicité de diffamation. Un véritable certificat !

Les conditions dans lesquelles Michel Onfray a été amené à commettre cette forfaiture illustrent bien que les intellectuels, comme les journalistes, subissent une terreur médiatique qui limite leur liberté d’expression. Rappelons ce qui s’est passé. Le 19 septembre 2019 à la librairie Mollat à Bordeaux, Michel Onfray a exprimé un éloge appuyé à l’égard de François Asselineau ce dont les militants et les dirigeants de l’UPR se sont félicités. Le lendemain matin, Michel Onfray faisant volte-face réalise une vidéo pour renier ses propos et se contredire mot pour mot, en lançant imprécations et insultes à l’encontre de François Asselineau et des 38 000 adhérents de l’UPR. Dans la foulée il écrit sur son blog le texte où il traite François Asselineau d’antisémite. Le Bureau National de l’UPR devait alors déclarer :

« Michel Onfray avait franchi un Rubicon invisible le 19 septembre en apportant son soutien à François Asselineau ; il l’a repassé promptement en sens inverse dès le lendemain, en lançant des accusations nullement étayées et profondément indignes d’un philosophe, perdant au passage tout crédit auprès de milliers de personnes qui le suivent. »

Michel Onfray a ainsi confirmé à sa manière qu’un processus de criminalisation de la pensée, condamne tout propos hostile à l’UE dans le débat public français.

Finissons en maintenant avec la dernière accusation. Nous allons montrer que, non seulement il n’y a aucun nationalisme dans la politique de l’UPR, mais, qu’au contraire, il y en a beaucoup plus chez nombre des défenseurs-critiques de l’UE. Remarquons d’abord qu’il y a grosso-modo deux points de vue chez les militants de l’UPR puisqu’il n’y a pas chez eux de clivage « gauche/droite ». Certains militants sont avant tout des patriotes et d’autres sont prioritairement des internationalistes. Les uns et les autres se reconnaîtront dans l’essentiel de ce que nous exposons ici. Ils ont tous en commun de combattre les nationalismes. Ceux qui sont avant tout des patriotes considèrent que ce qui les caractérise c’est l’amour de leur pays et non pas la haine du pays des autres. Les internationalistes, en prônant la solidarité entre les prolétaires de tous les pays, encouragent une solidarité de principes, d'intentions et d'actions dépassant les particularismes de chaque nation (religion, race, traditions...) Ils mettent en avant les intérêts de toute l’humanité. Ils s’opposent à tout chauvinisme et à tout conflit entre nation. En cas de guerre, ils font valoir que « l’ennemi principal est dans notre propre pays » selon l’expression de Karl Liebknecht.

Le nationalisme s’oppose donc à la fois au patriotisme et à l’internationalisme. Les nationalistes veulent exalter la nation sous toutes ses formes (Etat, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions...) par opposition aux autres nations et populations. Le nationalisme est donc une doctrine chauvine et xénophobe qui vise à amener à la détestation d’autres peuples notamment dans les périodes de guerre. Le nationalisme vise à rendre responsable un peuple des malheurs d’un autre peuple. Par exemple, dans une perspective nationaliste, le gouvernement de l’Allemagne peut être désigné comme le responsable des malheurs du peuple grec ou du peuple français. Le nationalisme prône comme politique la possibilité qu’un pays dominant (un « grand pays ») puisse imposer des lois à d’autres pays. En politique intérieure, le nationalisme prône la priorité nationale notamment pour l’emploi. Il prône aussi le retour dans leur pays d’origine de migrants. Le nationalisme peut amener à créer des centres de rétention pour enfermer des migrants qui n’ont commis aucun délit. Même des enfants peuvent ainsi être enfermés.

Ce sont parfois des militants de la FI qui osent affirmer que la politique de l’UPR est nationaliste. Un comble ! Parmi tous les hommes politiques français, Jean-Luc Mélenchon bat les records d’une forme de nationalisme qui lui est propre : la germanophobie. Nous vous invitons à taper sur un moteur de recherche les mots « Mélenchon germanophobie antigermanisme » et vous serez largement servi :

Lisez tous ces articles si vous en avez le courage. Vous y trouverez à la fois les accusations et les arguments de Jean-Luc Mélenchon qui se défend de critiquer l’Allemagne ou les allemands mais seulement quelques politiciens allemands. Il est vrai qu’il lui arrive de critiquer des personnages politiques allemands dans des termes moins élégants que ceux qu’il utilise quand il rencontre Emmanuel Macron sur les quais de Marseille :"Fermez votre gueule, Madame Merkel. La France est libre. Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines !". Plus précisément, en homme cultivé, il a mis dans son tweet une dose d’allemand : "Maul zu, Frau # Merkel ! Frankreich ist frei. Occupez-vous de vos pauvres et de vos équipements en ruines !"

Mais, quoi qu’il en dise, il ne se limite pas aux personnages politiques. Jugeons-en avec quelques citations. Dans son livre « le hareng de Bismark » voici comment il distille sa germanophobie :

« Arrogante comme jamais, l’Allemagne est rendue aux brutalités, chantage et punitions pour ceux qui n’obéissent pas au doigt et à l’œil au nouvel ordre des choses qu’elle est parvenue à imposer. Une nouvelle saison cruelle de l’histoire vient de commencer en Europe » 

"Rompre avec le poison allemand est donc une exigence nationale, populaire, sociale et philosophique pour le camp du progrès humain et la lutte contre le productivisme."

Il parle bien de l’Allemagne et du « poison allemand » et non pas de tel ou tel politicien allemand.

Citons maintenant un passage de son discours sur le Brexit à l’assemblée nationale. Voir la vidéo de YouTube intitulée « Mélenchon - Discours sur le Brexit à l'Assemblée nationale » entre 10 :23 et 10 :54 :

« Alors, je ne crois pas que nous soyons affaiblis, mes chers collègues (NDLR. Il parle du Brexit en expliquant qu’il ne nous a pas affaiblis), mais je crois que nous sommes mis au pied du mur de savoir ce que va être demain, non pas notre relation avec les anglais mais notre relation avec les allemands. Est-ce que nous allons continuer à mettre en œuvre aveuglément en toutes circonstances la maudite doctrine de l’ordo-libéralisme qui est en train de détruire l’esprit européen ? Voilà ! La question politique posée à cette heure : Ce n’est pas l’Angleterre ! C’est l’Allemagne ! »

Le problème pour lui c’est bien l’Allemagne et non pas la politique de tel ou tel dirigeant. Il attribue « la maudite doctrine de l’ordo-libéralisme » aux allemands. Il invente pour cela un terme de son cru afin de caractériser le capitalisme allemand. Mais, les capitalistes allemands seraient-ils pires à ce sujet que les capitalistes français ? Il sombre bien dans le nationalisme. Il ne s’agit plus de lutte de classe mais bien d’un combat contre l’Allemagne.

Mais Jean-Luc Mélenchon excelle dans l’art d’être volontairement ambigu. Il ne veut pas affirmer qu’il a choisi la lutte contre les allemands plutôt que la lutte contre le capitalisme. Il nous sert finalement un salmigondis de sa spécialité afin que chacun puisse y trouver ce qu’il veut.

« Rompre avec le poison allemand est une exigence nationale, populaire, sociale et philosophique pour le camp du progrès humain (…) La confrontation politique avec les gouvernements allemands est une des conditions de la libération des peuples. La confrontation dont je parle ici n’opposera pas le peuple français au peuple allemand. Elle confrontera les deux peuples à l’oligarchie. Mais c’est aux français de lancer l’action, car ce sont eux qui sont aujourd’hui dominés. »

Ne cherchez surtout pas à comprendre. Il n’y a rien à comprendre. Soyez cependant certain que Jean-Luc Mélenchon manie suffisamment bien la langue française pour être clair quand il le veut. Il a bien évidemment choisi de rester ambigu. Nous avons tous à l’esprit la ratatouille bien mélangée à base de « On la change ou on la quitte » et de « plan A et plan B » où chacun pouvait comprendre ce qu’il voulait. Bien des militants du Parti de Gauche expliquaient mordicus que Jean Luc Mélenchon voulait quitter l’UE. Le salmigondis d’aujourd’hui est aussi savoureux que la ratatouille d’hier. Il est contre l’Allemagne sans être germanophobe comme il était pour quitter l’UE tout en restant dedans. Dans cette volontaire ambiguïté tout le monde peut trouver son compte.

Mais, pourquoi Mélenchon affiche-t-il des sentiments à ce point germanophobes ? Il n’est guère possible que ce soit une simple résurgence de l’hystérie xénophobe qui avait contaminé les résistants de la dernière heure tentant de racheter leurs fautes au moment de la libération. Il s’agit seulement pour lui de refuser le Frexit parce que, comme toute la canaille politicienne, il sait que, s’il prenait le parti inverse, il disparaîtrait à tout jamais des écrans médiatiques. Il a vu et il a compris, quand il était militant à l’OCI, quel était le sort des militants entièrement dévoués à leur cause. Il a fait alors un autre choix qui lui a réussi. Il est devenu un politicien professionnel et, qui plus est, un politicien professionnel millionnaire. Il se déplace dans des voitures avec chauffeur quand ce n’est pas en jet privé… Voir à ce sujet notre livre : « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon ». Quand, en France, un homme politique fait ce choix, il doit obligatoirement être contre le Frexit. Il en est d’ailleurs de même pour tout personnage qui veut rester médiatisé. Nous avons apprécié, par exemple, l’étrange plasticité dont est capable un Michel Onfray qui veut rester sous les feux de la rampe. Nous pouvons pourtant témoigner qu’il est possible de vivre dignement en se passant de cette lumière.

Pour continuer à être opposé au Frexit, Jean-Luc Mélenchon n’a pas d’autre choix que de montrer qu’il est possible pour la France de ne pas sombrer dans le même désastre que la Grèce tout en restant dans l’UE. Or, malheureusement, ce que dit Jean-Luc Mélenchon sur l’Allemagne est nettement plus modéré que ce que disent, pensent et écrivent sur le même sujet les Grecs, même s’ils sont les homologues des cadres de la FI, comme son ami Tsipras ! Telle est la logique de l’UE qui, loin d’être un facteur de paix, dresse les peuples les uns contre les autres. Ainsi, Manólis Glézos, héro de la résistance grecque contre toutes les dictatures, celles du nazisme comme celles du régime des colonels, écrit ceci :

« Notre peuple n’a pas oublié et ne doit pas oublier. Aujourd’hui, il ne demande pas vengeance mais justice. Nous souhaitons que les Allemands non plus n’oublient pas. Car les peuples qui refusent leur mémoire historique sont condamnés à commettre les mêmes erreurs. Et il semble qu’Angela Merkel conduise son pays et même la partie la plus sensible du peuple, la jeunesse, sur ce chemin glissant »

Nous en sommes là ! Le peuple allemand a été tellement désigné comme le responsable des malheurs des grecs par Syrisa et tant d’autres organisations grecques du mouvement ouvrier que, même Manólis Glézos, symbole de la résistance grecque, en vient à accuser, non seulement Angela Merkel mais aussi les allemands, et tout particulièrement la jeunesse allemande, de déraper « sur le chemin glissant » qui, lors d’un passé qu’il ne faut surtout pas oublier, les avait amenés au pire : le nazisme. La jeunesse allemande accusée de glisser vers le nazisme sous la férule d’Angela Merkel !

Jean-Luc Mélenchon n’a pas d’autre choix que de reprendre à son compte les explications de son ami Tsipras contre la politique de l’Allemagne mais, il lui faut montrer que la France, contrairement à la Grèce, a les moyens de contrer les allemands. Il explique en effet que la France pourrait se grouper avec les autres pays d’Europe d’origine latine. Ainsi, les deuxième, troisième et quatrième puissance européenne que sont la France, l’Italie et l’Espagne pèseraient suffisamment contre les germains pour leur enlever leur leadership sur l’Europe et, bien entendu cette Europe serait resplendissante contrairement à l’Europe actuelle qui a pour défaut originel d’être dominée par les allemands. Les autres défauts en découlent. Voici notamment en quels termes ses propos sont rapportés dans un article de Laurence Peuron du 4 juillet 2018.

 « La deuxième économie du continent, ce sont les Français, la troisième, ce sont les Italiens, la quatrième, ce sont les Espagnols. Nous sommes donc les grandes puissances de cette Union européenne, par conséquent, nous devons être traités autrement. Mais nous devons nous traiter nous-mêmes autrement. Si les latins regardent la pointe de leurs chaussures avec des complexes à chaque fois qu’ils voient arriver un dirigeant politique allemand, alors c’est clair, qu’on ne va pas avancer. »

Ces discours xénophobes sont exécrables et en totale contradiction avec l’affirmation selon laquelle « l’Europe c’est la paix ». Ce n’est plus seulement de la xénophobie mais il s’agit de racisme puisqu’il en vient à opposer les latins et les germains. Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs modifié cette maxime puisqu’il dit maintenant que, pour que l’Europe puisse garantir la paix, il faut d’abord que la France gagne contre les allemands dusse-t-elle pour cela s’allier à d’autres pays latins. Cela rappelle quelque chose. Voyons en quels termes il explique cela à la fin de son discours sur le Brexit à l’assemblée nationale à partir de 12 :20. Il rappelle que nous sommes des latins :

« Pour nous français qui sont la 2ème puissance du continent, qui sommes des latins comme le sont la 3ème puissance du continent, les italiens, la 4ème qui sont les espagnols »

Il dit plus loin :

« Je ne veux pas d’Europe allemande. C’est sans doute la raison pour laquelle je continue à préférer l’Europe à la française. »

Et il termine ainsi :

« Ce que je mets en cause ce sont les gouvernements de la CDU CSU, la démocratie chrétienne allemande, la dictature de la Bavière et de quelques autres provinces allemandes qui imposent un rythme, une ligne et une forme politique à toute l’Europe. Obliger tous les peuples d’Europe à capituler devant une politique qui est absolument contraire aux intérêts de notre pays, nation jeune qui a besoin d’investissements et qui a besoin de services publics, c’est condamner l’idée européenne elle-même mais, pire que de la condamner (après tout ça n’est qu’une idée et on en a vu d’autres être condamnées par l’histoire), ce qui sera condamné c’est la paix et, moi, de cela je ne veux pas. »

Il expliquait auparavant que la France pouvait gagner le leadership parce que c’était un « grand pays ». Il a franchi un pas de plus dans l’ignominie avec l’idée d’une victoire des latins sur les germains. Mais rappelons surtout l’essentiel. Nous ne voulons pas que la France subisse la dictature de l’UE mais nous ne voulons pas non plus que la France impose ses lois à d’autres pays d’Europe. Or, c’est bien ce que propose Jean-Luc Mélenchon avec son combat pour le leadership.

Certains arguments répétés par François Asselineau sont imparables comme celui-ci : il n’y a aucune raison pour que la France se mie dans une entité avec des pays comme la Lettonie, la Lithuanie ou l’Estonie que la plupart des français ne savent même pas situer sur une carte. La France est beaucoup plus liée par son histoire, ses échanges culturels et économiques à des pays du Maghreb comme la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. L’argument est imparable et amène inévitablement à rejeter la nécessité de l’UE. Tellement imparable que Jean-Luc Mélenchon, à qui nous n’avons jamais reproché d’être un imbécile l’a compris. Que peut-il y répondre ? Rien. Mais, quand il n’a aucun argument, il lui reste la possibilité de servir, comme nous l’avons déjà vu, un salmigondis ou une ratatouille. Il s’agit de tenir un vague discours sur le thème où il dit un peu n’importe quoi et son contraire. Il dit une chose et en laisse entendre une autre de telle sorte que le résultat soit incompréhensible ou que chacun comprenne ce qu’il veut. Alors, après le salmigondis et la ratatouille, pourquoi pas une ragougnasse ? Elle arrive.

A la fin de son livre « le hareng de Bismark » il aborde cette question des pays baltes et du Maghreb. Il écrit :

«  Nous ne sommes pas les seuls à pouvoir vivre autrement que sous protectorat allemand. Ensemble, les pays du ‘Club Med’ méprisés par les dirigeants d’outre-Rhin comptent non seulement la deuxième, mais la troisième et la quatrième économie de l’actuelle Union européenne. De plus, avec les riverains de la Méditerranée occidentale, c’est-à-dire avec le Maghreb de Tunis à Rabat, un ensemble économique est dessiné qui s’appuie sur une base culturelle commune et une imbrication familiale solide. Il est autrement plus consistant que les liens qui nous unissent aux pays baltes. (…) On peut aussi imaginer qu’un gouvernement français décide de rompre avec la soumission actuelle. Et qu’il ait un programme capable de rallier les pays du Sud et d’autres pour aller dans une autre direction ».

En toute logique, il devrait abandonner le projet de l’UE ou, au moins le modifier. Remplacer les pays Baltes par trois pays du Maghreb par exemple. Ce serait un projet assurément original mais il serait difficile de parler d’Europe dans ce cas. Peut-être ajouter à l’UE un autre regroupement de six pays qui seraient ici suggérés : la France, l’Italie, l’Espagne, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. A moins que cet ensemble remplace l’UE. Après un discours de ce style, vous attendez peut-être une proposition. Vous avez tort. Il n’y en aura pas. Il s’agit seulement de la recette de la ragougnasse : prenez l’UE, mettez de côté les pays baltes, ajoutez un bout de Maghreb, touillez, reprenez l’UE originelle, laissez-là mijoter…. Chacun comprend ce qu’il veut. La seule chose qui importe c’est que Jean-Luc Mélenchon ait l’air d’apporter une solution alors qu’il n’en apporte aucune et surtout, il n’est toujours pas question de sortir de l’UE. Il peut continuer sa brillante carrière de politicien professionnel. Il aura droit autant que Michel Onfray à la considération du système médiatique. Ce que d’aucuns considèrent comme l’exercice d’un grand talent oratoire s’apparente plutôt, de notre point de vue, à de la tambouille.

Ne nous y trompons pas. Ce n’est pas seulement la politique de la FI que nous condamnons mais l’existence même de l’UE. Le projet de relier organiquement les pays européens est en lui-même raciste puisqu’il s’agit de regrouper des pays où les populations sont majoritairement de race blanche et de religion chrétienne ce qui exclut d’emblée les pays du Maghreb. Nous ne nous sommes attardés sur le cas de Jean-Luc Mélenchon que parce qu’il veut introduire, outre un nationalisme antigermanique, une autre distinction raciale entre les latins et les germains dans la lutte pour le leadership de l’UE. En plus d’être une vision raciste, c’est aussi une vision guerrière puisqu’un tel regroupement s’imposerait afin d’être plus fort : l’union fait la force. Mais, plus fort contre qui ? Contre des concurrents, des adversaires ou des ennemis ?

Nous reprendrons ces questions dans un prochain article où nous donnerons notre vision du monde avec un système de relations entre les états en totale opposition avec l’approche des européistes plus ou moins critiques.

En laissant de côté un instant les questions d’une actualité brulante, avec les conflits sociaux qu’il faut tenter de centraliser en une lutte contre le pouvoir, il nous a paru nécessaire de faire cette digression pour que chacun ait les idées claires sur ces questions. Il s'agit de bien comprendre que ce sont les européistes qui sont des nationalistes et non pas les partisans du Frexit.

 

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