Penser la crise de la démocratie
La crise de la démocratie est un lieu commun sur lequel s'exprime beaucoup de beaux parleurs et quelques bons auteurs. Je vous propose ici mes notes de lecture sur ce thème. Je ne prétends à aucune originalité. J'espère seulement contribuer à faire redécouvrir quelques grands textes de philosophie politique et de sciences humaines.
Depuis Tocqueville, au 19e et 20e siècle plusieurs philosophes se sont penchés sur la crise de la démocratie » pour tenter d'en identifier les causes.
Commençons par Tocqueville.
La problématique au cœur de l’ouvrage De la Démocratie en Amérique est celle-ci : Comment le peuple peut-il se protéger de lui-même ?
La démocratie américaine, nous dit Tocqueville, est fondée sur l’absoluité de la souveraineté populaire. Celle-ci est la source du pouvoir législatif, qui s’exerce par le biais de représentants élus et renouvelés fréquemment. Deux idées-forces sont au cœur de la démocratie : l’égalité et la liberté.
Mais Tocqueville identifie trois menaces qui pèsent sur la démocratie : la tyrannie de la majorité, l’individualisme et le despotisme étatique.
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La tyrannie de la majorité naît de l’espace public. L’opinion publique, résultat des discussions libres entre citoyens au sein de l’espace public, est en fait l’opinion de la majorité. Or, cette majorité, que l’on pourrait qualifier de rationnelle et de légitime, possède une force de coercition sur les opinions minoritaires en les poussant à se plier à l’opinion dominante. Ainsi, née de la liberté, l’opinion publique la nie par la suite. Cette tyrannie de la majorité provient de la souveraineté absolue du peuple, qui lui donne, croit-il, « le droit de tout faire » , la croyance en son omnipotence. Tocqueville considère que les associations (partis) politiques sont les remparts contre cette menace de la tyrannie majoritaire.
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Le second mal qui menace la démocratie est l’individualisme. Il s'agit de cette tendance des individus à se désintéresser de la société considérée dans son ensemble et à se replier sur des sociétés restreintes, à l’extrême sur leur seule personne considérée comme unique et autonome. En termes modernes, nous dirions que c'est le double risque du communautarisme et de l'individualisme. Là encore, Tocqueville considère que les associations politiques peuvent sauver la démocratie de l'individualisme. On a vu la suite...
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Enfin, le despotisme bureaucratique est le troisième mal engendré par la démocratie. L’État devenu le « réparateur unique de toutes les misères » , s’occupant des questions qui jusque-là ne concernaient que les individus telles que la santé, l’emploi ou la pauvreté se transforme peu à peu en guide et en précepteur qui « s’établit davantage tous les jours, à côté, autour, au-dessus de chaque individu pour l’assister, le conseiller et le contraindre » .
Le corollaire de cette incursion de l’État paternaliste, doté d’un « pouvoir immense et tutélaire » qui annihile toute possibilité d’action commune des individus, est la mise sous tutelle de la population qui perd l’usage de la volonté et de l’esprit. Ici encore, il est possible de considérer que les associations politiques constituent un rempart efficace contre l’abus de pouvoir étatique. De fait, elles rétablissent un intermédiaire entre les individus isolés et l’État, permettant aux premiers de peser et de s’opposer à lui.
Ce que je retiens dans Tocqueville : les menaces qui pèsent sur la démocratie sont inhérentes à la démocratie elle-même.
Ce que l'histoire a montré : les « associations politiques » sont un rempart illusoire contre les dérives annoncées.
Comment penser la crise de la démocratie après Tocqueville ?
Plusieurs grands intellectuels du 20e siècle nous permettent d'aller plus loin : Herbert Marcuse, et Michel Foucault d'abord. Foucault nous conduira à découvrir sur notre thème les apports de Gilles Deleuze et d'Antonio Negri.
Herbert Marcuse, né le 19 juillet 1898 à Berlin et mort le 29 juillet 1979 à Starnberg (Bavière), est un philosophe allemand et américain dont la thèse centrale est que la démocratie moderne n'est qu'une illusion de liberté qui tente de se faire passer pour un régime de liberté.
Deux ouvrages l'ont rendu célèbre. Le second trouve aujourd’hui une actualité renouvelée.
En 1955, il publie Eros et Civilisation, dans lequel il tente une critique marxienne du concept de sublimation de Freud. Freud voyait dans le principe de réalité la nécessité de la sublimation répressive des désirs, l'homme n'accédant à la vie sociale qu'en acceptant de réprimer les désirs pulsionnels du ça pour les transformer en désirs d'un surmoi adapté à la vie collective.
Dans Eros et civilisation Marcuse dénonce l'inhumanité de ce principe de réalité répressif, qui n'est autre que le principe de réalité de la société en place. Il préconise, au contraire, l'éclosion des désirs, la transformation de la sexualité en Eros, l'abolition du travail aliéné et l'avènement d'une science et d'une technique nouvelles, qui seront au service de l'être humain.
Utopie qui inspirera une partie de la jeunesse occidentale quelques années plus tard, mais qui ne nous aide pas beaucoup...
En 1964, il publie l'Homme unidimensionnel, qui sera traduit en français en 1968.
Ces dates sont importantes : l'Union soviétique existe encore, la Chine maoïste est en pleine révolution culturelle prolétarienne, et la démocratie néolibérale occidentale semble ne voir d'autre obstacles au bonheur universel que l'existence des régimes communistes !
Dans cet ouvrage, Marcuse affirme que l'appareil de production néolibéral est totalitaire par nature. Cet « appareil » est l'ensemble du système industriel et économique, il englobe bien sûr les médias.
Il est totalitaire en ce qu'il détermine les activités, les aptitudes mais aussi les attitudes, les aspirations et les besoins des individus qui doivent être encouragés. Le lecteur peut penser que plutôt que de détermination, il s'agit de valorisation. Mais à partir de quelle intensité la valorisation des activités, des individus « aptes », des attitudes « positives » et « constructives », devient-elle détermination au moins au niveau des masses ?
Dès lors, la création des faux besoins et le contrôle des canaux et modalités de leur satisfaction provoquent la disparition de la frontière entre vie privée et vie publique. Seul subsiste le producteur - consommateur.
La démocratie est une illusion qui ne sert qu'à masquer le contrôle absolu du système de production et de distribution. La pensée individuelle est noyée dans les communications de masse. Les médias jouent le double rôle traditionnel d'informer et de divertir mais aussi de conditionner et endoctriner.
Alors les comportements et les pensées s'unidimensionnalisent grâce à la publicité, l'industrie des loisirs et de l'information. La pensée unidimensionnelle est le système dominant qui coordonne toutes les idées et tous les objectifs avec ceux qu'il produit, et qui rejette ceux qui sont inconciliables.
Les protestations, intégrées au système, ne sont plus négatives, elles ont pour fonction de justifier le statu quo.
La culture elle-même est marchandisée et perd son pouvoir subversif. La démocratie est alors un régime autoritaire qui ne dit pas son nom.
Le système social devient statique, dans une logique d'enfermement de la pensée qui devient circulaire.
Quand une pensée par trop hétérogène, inconciliable, se fait entendre, elle est ostracisée d'un qualificatif repris en cœur par le système : « fasciste », « conspirationniste », « maladif », etc.
Un grand mérite de Marcuse, qui garde tout son prix 60 ans plus tard, est d'avoir dit avec force que penser c'est d'abord nier, et surtout nier ce qui est présenté par l'idéologie dominante comme une « évidence ». En ce sens, nier l'évidence n'est pas signe de déséquilibre mental mais bien signe et condition de la liberté.
Un second mérite de Marcuse est d'avoir montré que l'ossification du système (la pensée unique) n'est pas un accident, mais que c'est un processus intrinsèque au système industriel et économique qui traite l'Homme comme un producteur - consommateur en niant sa dimension transcendante.
Je note au passage que l'analyse marcusienne s'applique aussi bien aux démocraties occidentales qu'à la Chine moderne !
Michel Foucault (1926 – 1984) est l'un des plus illustres des intellectuels français du 20e siècle, je ne résumerais pas ici ni son œuvre ni sa carrière, il y faudrait un ouvrage et un auteur plus qualifié que moi.
Foucault identifie deux grands moments dans l'histoire des sociétés humaines :
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La société de souveraineté dans laquelle le pouvoir vise plus à prélever de la richesse qu'à organiser la production de celle-ci, et surtout vise à isoler ou à éliminer tout ce qui fait désordre, l'ordre dont le Roi est garant étant fondamentalement d'inspiration divine. Cette société culmine au 17e siècle avec le Grand renfermement que connaît l’Europe à ce moment. La maison des fous de Goya en est une représentation exemplaire. Foucault décrit là l'établissement d'institutions qui enfermaient ceux qui étaient jugés « déraisonnables ». Cela comprenait non seulement les fous, mais aussi les prêtres défroqués, les suicides échoués, les hérétiques, les prostituées, les débauchés ; en bref tout ce qui était considéré comme socialement improductif ou perturbateur. Tous se voyaient enfermés dans un même lieu afin que s’exerce, au dehors, le pouvoir du Souverain dans une société bien ordonnée. À cette société correspond la léproserie. On doit enfermer le lépreux pour éviter qu’il contamine l’autre. Ainsi, dans cette société, le lépreux, comme tout ce qui dévie et qui lui est rapidement associé, est ce qui fait trouble et est confiné au même sort, celui de l’enfermement.
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les sociétés disciplinaires. Celles-ci se constituent au 18e et 19e siècles ; elles atteignent leur apogée au début du 20e. Elles procèdent à l’organisation des grands milieux d’enfermement qui sont multiformes. L’individu ne cesse de passer d’un milieu clos à un autre, chacun ayant ses lois : d’abord la famille, puis l’école, puis la caserne, puis l’usine, de temps en temps l’hôpital, éventuellement la prison.
Foucault a analysé le projet idéal des milieux d’enfermement, particulièrement visible dans l’usine : concentrer ; répartir dans l’espace ; ordonner dans le temps ; composer dans l’espace-temps une force productive dont l’effet doit être supérieur à la somme des forces élémentaires. Plus généralement l'objectif n'est plus d'isoler les déviants et les lépreux comme dans les sociétés de souveraineté, mais composer dans l'espace-temps des lieux où s'exerce le contrôle des individus.
Dans les années 70, Foucault s'intéresse à ce qui lui semble une nouvelle forme d'exercice du pouvoir (sur la vie), qu'il a appelé « biopouvoir », indiquant le moment où, vers le début du 19e siècle, la vie – non seulement biologique mais entendue comme l'existence tout entière : celle des individus comme celle des populations, la sexualité comme les affects, l'alimentation comme la santé, les loisirs comme la productivité économique – entre comme telle dans les mécanismes du pouvoir et devient ainsi un enjeu essentiel pour la politique.
Dans La volonté de savoir, il écrit : « L'homme, pendant des millénaires, est resté ce qu'il était pour Aristote : un animal vivant, et de plus capable d'une existence politique ; l'homme moderne est un animal dans la politique duquel sa vie d'être vivant est en question. »
Le biopouvoir, dans sa version politique, s'exerce d'abord via la prise en compte des êtres humains en tant qu'espèces vivantes ; puis via leur milieu de vie, leur milieu d'existence. Par exemple, des épidémies de peste ont été liées à des problèmes de marécages et toute une politique d'hygiène publique s'est alors mise en place au 19e siècle.
Les effets de la ville sur la natalité, la mortalité, la santé de la population ont été analysés. De ces analyses statistiques, les pouvoirs dérivent des décisions politiques : par exemple, interdiction du chauffage au charbon à Londres après le grand smog de 1952, etc.
Avec l'industrialisation, la vieillesse, les accidents de travail et les infirmités de guerre posent le problème de l'individu qui tombe hors du champ de capacité au travail. Des mécanismes d'assurance et d'épargne visent à résoudre ce problème. Sont créées des caisses d'épargne et d'assurance collectives, des institutions médicales, des caisses de secours, des assurances-santé.
Dans cette version politique, étatique, le biopouvoir prend en charge la vie, non plus des âmes, mais des hommes biologiques, avec d'un côté le corps (pour le discipliner) et d'un autre côté la population (pour la contrôler et la protéger). On régule l'individu et la population. On édicte des normes. Et toutes les dimensions de la vie sociale se trouvent peu à peu normalisées.
Comment réguler individus et populations ? Le panoptique.
Le panoptique est un type d'architecture carcérale imaginée par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham et son frère, Samuel Bentham, à la fin du XVIIIe siècle. L'objectif de la structure panoptique est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale, d'observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés. Ce dispositif devait ainsi donner aux détenus le sentiment d'être surveillés constamment et ce, sans le savoir véritablement, c'est-à-dire à tout moment.
Michel Foucault, dans Surveiller et punir (1975), en fait le modèle abstrait d'une société disciplinaire, axée sur le contrôle social. Il y voit une technique moderne d'observation transcendant l'école, l'usine, l'hôpital et la caserne. Le panoptique est un « diagramme » de la « société disciplinaire ». Foucault définit le diagramme en tant que « fonctionnement abstrait de tout obstacle ou frottement... et qu'on doit détacher de tout usage spécifique », ce qui lui permet de parler d'un panoptisme.
Foucault voit dans le Panoptisme, aussi bien un agencement optique ou lumineux qui caractérise la prison, mais aussi une machine abstraite qui non seulement s'applique à une matière visible en général (atelier, caserne, école, hôpital autant que la prison), mais aussi traverse en général toutes les fonctions énonçables. La formule abstraite du Panoptisme n'est plus « voir sans être vu », mais « imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque »
Vous l'avez sans doute compris : pour être efficace, pour être même pensable, le biopouvoir a besoin d'un panoptisme. En d'autres termes, les lieux de contrôle et de coercition ne peuvent plus être seulement les lieux disciplinaires clos habituels : l'école, la caserne, l'usine, la prison, l'hôpital. Le contrôle pour être global et continu doit prendre de nouvelles formes. Il s'agit, écrit Foucault dans Surveiller et punir, de « désenfermer les disciplines et les faire fonctionner de façon diffuse, multiple, polyvalente dans le corps social tout entier »
Les sociétés de contrôle.
Dans les années 1986-1990, Gilles Deleuze et Antonio Negri vont reprendre et approfondir ces idées de Foucault pour définir les sociétés de contrôle.
Dès ces années 80, Deleuze diagnostique la crise généralisée de tous les milieux d'enfermement, prison, hôpital, usine, école, famille : on réforme l'école, les prisons, l'hôpital, les usines deviennent des sites de production insérées dans des entreprises dont la production industrielle devient progressivement une activité parmi d'autres, voire secondaire ou absente (fabless ventures). La famille éclate, se recompose, se renouvelle, l'enfant passe de plus en plus de temps hors du milieu familial. Les ministres compétents ne cessent d'annoncer des réformes supposées nécessaires concernant l'école, l'hopital, les prisons, les conditions du travail (horaires, aménagement des lieux, etc.) Cette répétition des annonces de réforme démontre bien que la crise n'est pas circonstancielle.
Dans tous les cas, l'enfermement est remplacé (tout ou partiellement) par des mécanismes de contrôle diffus, continus, polyvalents qu'annonçaient Foucault.
Par exemple :
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dans la crise de l’hôpital comme milieu d’enfermement, la sectorisation, les hôpitaux de jour, les soins à domicile ont pu marquer d’abord de nouvelles libertés, mais participer aussi à des mécanismes de contrôle continus des malades et du personnel soignant ;
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Autre exemple analysé par Deleuze : la psychiatrie de secteur, développée dans l'après-guerre en France, et qui vise à soigner les malades sans les exclure, physiquement, dans des établissements fermés. Ce qui change ici, c'est l'objet même du contrôle. L'hôpital psychiatrique, lieux clos à la temporalité fortement régulée,s'attachait à réformer des conduites induites par certaines pathologies et jugées inadéquates. Même si le malade ne pouvait pas toujours être guéri, il pouvait sortir de l'hôpital une fois que les manifestations les plus dérangeantes de sa pathologie étaient stabilisées. De nos jours, la psychiatrie, axée sur des maladies déterminées et circonscrites, laisse de plus en plus la place au concept et aux politiques de « Santé mentale » qui sont beaucoup plus diffus. En effet, la dichotomie maladie/santé laisse ici la place à un continuum qui va de la maladie bien identifiée à toutes sortes de mal-être plus ou moins importants. De sorte que chaque accroc, chaque moment un peu difficile dans la vie d'une personne (comme un deuil par exemple) peut être pris en charge. Il y a médicalisation ou psychiatrisation de la vie.
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La prison est un milieu fermé où le contrôle s'opère dans la durée (ici, la durée de la « peine » qui se traduit en mois ou en années de prison, mais aussi les horaires de « rondes » des gardiens). Mais la notion de « peine » évolue et l'on parle maintenant de « peines alternatives », dont le bracelet électronique est l'un des instruments qui permet un contrôle constant en milieu ouvert puisque les déplacements du « détenu », qui exécute sa « peine » à domicile, sont suivis par ordinateur.
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Dans « le monde d'avant », on allait à l'école où les connaissances étaient contrôlées par des examens à intervalles réguliers. Une fois son diplôme en poche, on commençait sa vie professionnelle et on en avait fini avec la formation. Dans la société de contrôle, le contrôle devient continu, on vise à acquérir des « socles de compétences », il se poursuit dans la vie professionnelle où la « formation continue » est devenue la norme et où les processus d'évaluation - et d'auto-évaluation - sont constants et omniprésents : outre les classiques « bilans annuels », on évalue les projets, les objectifs mais aussi les compétences des travailleurs, leurs performances, leur motivation...
En résumé, on voit que dans les sociétés de contrôle1, le contrôle du corps social devient continu, diffus, multiforme, et tend à porter sur tous les aspects de la vie sociale.
Les technologies de l'information sont à l'évidence les instruments privilégiés de ces sociétés.
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Conclusion
Essayons de rapprocher les grandes leçons de nos philosophes :
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Leçon 1 selon Tocqueville : La tyrannie de la majorité, l'individualisme et le communautarisme, le despotisme bureaucratique son des menaces inhérentes à la démocratie elle-même ;
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Leçon 2 selon Marcuse : la pensée unique (intolérance pour la pensée hétérogène) et l'homogénéisation des goûts et des attitudes sont inhérents à un système industriel et économique qui traite l'Homme comme un producteur - consommateur en niant sa dimension transcendante.
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Leçon 3 selon Foucault et Deleuze : Nous sommes progressivement passés au cours du 20e siècle d'une société des disciplines à une société du contrôle.
Ces trois grandes leçons dressent ensemble un tableau de la société qui colle parfaitement avec ce que nous vivons, et qui est tout particulièrement évident depuis 2020.
Quelles perspectives ?
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Le réchauffement climatique qui rend inhabitables de grands espaces peuplés, notamment en Afrique, et son corollaire, la croissance des vagues migratoires vers les zones « riches » et fertiles ;
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l'épuisement progressif mais mesurable des ressources naturelles, et la compétition des grandes puissances pour sécuriser leur approvisionnement à leur profit ;
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l'augmentation démographique et l'incapacité de l'espèce humaine à imaginer une société eugénique et non violente c'est à dire un modèle de progrès qui ne serait plus quantitatif mais progrès qualitatif ;
sont les « grains de sable » qui minent le système.
Pour l'instant, la réponse est l'idéologie techniciste (transhumanisme) qui dans sa forme la plus élaborée a tous les attributs d'une religion ou à tout le moins d'une philosophie religieuse.
Pour échapper à ce nouvel idéalisme naïf, peut-être faut-il lire ou relire Theillard de Chardin ?
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1Le pluriel est utile pour souligner que l'analyse « colle » aussi bien avec les USA, l'Europe, la Chine, la Russie ou la Turquie.