Pénurie de médecins ou abondance d’hypocrisie ?
C'est un des sujets qui fait le plus parler. La France manque de médecins. La faute à "une mauvaise répartition sur le territoire", aux "numerus clausus", aux "charges sur les cabinets"... la chanson est ultra-connue. Une loi devrait parait-il faire sauter les quotas d'admission en deuxième année de médecine : pourquoi pas ; mais où formera-t-on les étudiants faute de locaux et d'enseignants ? Plus concrètement, l'étude croisée de deux articles trouvés sur le web nous éclaircit sur les véritables raisons des "pénuries". L'un est tiré de l'écho républicain, l'autre du site Atlantico.
Tout d'abord, une étrange malédiction semble peser sur les communes situées en "zone sensible" et dans les déserts... ruraux. Ainsi, l'honorable docteur Phan, 66 ans, nous explique pourquoi il raccroche. Praticien à Dreux, il en a marre d'être une machine à distribuer des arrêts de travail de complaisance. "Si je n'accorde pas un arrêt-maladie, c'est la guerre..." Ouille ! Il s'attarde sur l'agressivité de ses patients, sur la paperasse et les vexations de la sécurité sociale. Effectivement, Dreux n'est pas un endroit reposant. Population très "diversifiée", omniprésence des bandes de jeunes et des inciviltés dans le centre-ville, automobilistes qui ignorent le code de la route, quasi-absence de vie culturelle et pas d'université. Il n'y a rien pour attirer les jeunes médecins qui cherchent à travailler dans le calme et qui veulent élever leurs enfants avec des perspectives d'études. Le docteur Phan parle d'ailleurs de ses collègues qui refusent de lacher leur cabinet pour venir dans une maison de santé drouaise, où on imagine pourtant que la sécurité doit être de la partie. Toutefois il n'est pas agréable de travailler avec un maitre-chien à l'entrée de son local. De plus, les jeunes médecins veulent des horaires, du temps libre et des loisirs : quoi de plus normal ? Ils ne veulent pas être les forçats de la santé qui ne comptent pas leurs heures, pour devoir en plus endurer les agressions des voyous.
Il suffit de parcourir le net pour constater la marée de médecins tabassés dans les quartiers sensibles. Hold-up, menaces, impatience d'individus immatures qui refusent d'attendre leur tour, drogue et alcoolisme : les problèmes de fond que l'on cherche à ignorer. Les campagnes sont aussi touchées, et cela n'a rien de nouveau. Qui accepterait de travailler treize heures par jour, pour aller au chevet de patients qui ne vous respectent plus ? Il faut être cohérent. Nos gilets jaunes qui se plaignent du manque de docteurs dans leur patelin sont souvent ceux qui brûlent leurs voitures lors des manifestations, ce qui n'est pas de nature à les attirer.
D'ailleurs, un article datant de 2013 d'Atlantico nous rappelle une autre évidence : les diplômés ont tendance à émigrer, programmes Erasmus et ouverture des frontières obligent. 500 médecins français seraient en Allemagne, 400 en Italie du nord, autant au Canada. Tablons sur 2000 praticiens émigrés, et vous obtenez un manque à gagner de 20 médecins par département français. Certes, d'autres immigrent, de Roumanie notamment, mais ne comblent pas le déficit pour autant. Nos médecins sont avant tout des libéraux, si on appliquait ce principe aux enseignants, il y aurait aussi des déserts éducatifs. Qui irait risquer sa santé dans les zones de non-droit ?
Il n'y a pas de "pénurie médicale" mais une abondance d'hypocrisie et un refus d'admettre les réalités. Les médecins, comme les enseignants, ne sont plus respectés ni protégés. Face à des pouvoirs publics qui ne pensent qu'à faire des économies sur le dos de la santé des français, et qui comptent réduire leur espérance de vie (on attend la nouvelle réforme des retraites), il est clair que nous ne sommes pas sortis de l'auberge médicalisée. Les solutions concrètes existent pourtant : pénaliser les patients violents, leur retirer la CMU notamment, pré-recruter des étudiants dans les lycées en instituant des quotas départementaux, défiscaliser les constructions de maisons de santé, autoriser la vente de médicaments dans les magasins etc.
Toutefois, il sera difficle de changer les mentalités et d'apprendre aux gens, immaturité ambiante oblige, à agir en adultes responsables. Etre en bonne santé c'est d'abord ne pas fumer, ne pas boire d'alcool, ne pas se droguer et faire du sport. Compliqué de soigner des individus que ne comprennent pas cela. Ensuite, il faut avoir la volonté politique de soigner tous les français. Ce n'est pas le cas, car la baisse des actes médicaux arrange nos oligarchies. Il n'y a pas de pénurie de mauvaise-foi en France, c'est une évidence !