vendredi 7 janvier 2011 - par Paul Villach

Peut-on s’indigner ou aimer sur commande ?

L’opuscule de Stéphane Hessel, « Indignez-vous !  » a fait un tabac éditorial, à en croire les chiffres de vente diffusés : 500.000 exemplaires auraient été vendus en deux mois. Ça fait rêver !

Sans entrer dans l’analyse des objets d’indignation énumérés par l’auteur, on reste toutefois interloqué par l’injonction du titre. Sauf erreur, il ne semble pas qu’on ait relevé le paradoxe très particulier qu’elle contient.

Le paradoxe de la double contrainte

À la suite de Gregory Bateson, Paul Watzlawick a étudié ce genre de « paradoxe » qualifié de « pragmatique » parce que, à la différence des autres, purement spéculatifs, - comme celui du Crétois qui dit que tous les Crétois sont menteurs - , celui-là entraîne des effets immédiats et perturbants dans la relation d’information : il place celui à qui s’adresse l’injonction, dans l’impossibilité de s’y soumettre et peut entraîner, selon P. Watzlawick, des troubles psychologiques graves qui s’apparenteraient même à ceux de la schizophrénie (1). G. Bateson l’a appelé « the double bind », « la double contrainte ».

Ce type de paradoxe apparaît dans toute prétention à régenter la spontanéité d’autrui qui par nature ne peut se soumettre à l’injonction sans cesser d’exister. Paul Watzlawick cite comme exemple générique une injonction du genre « Sois spontané !  » lancée à quelqu’un. On voit tout de suite le dilemme où elle enferme sa victime :

- ou bien celle-ci essaie d’obéir, mais dans ce cas, elle cesse d’agir spontanément puisqu’elle le fait sur ordre ; elle peut se sentir coupable de feindre et se le faire reprocher.

- ou bien, elle n’obéit pas et elle se le fait aussi reprocher et culpabilise aussi.

Une application dans la relation conjugale, citée par P. Watzlawick, peut ainsi conduire une épouse à reprocher à son mari de ne jamais lui offrir de fleurs. Et le jour où il se présente un bouquet à la main, il s’entend dire qu’il s’y est résolu parce qu’on le lui a demandé. Ainsi, dans les deux cas, la victime fait-elle mal et peut-elle se sentir coupable.

L’amour, un sentiment spontané qui ne se commande pas

Plus généralement, il semble qu’on ne puisse dire à quelqu’un « Aime-moi !  ». Le sentiment amoureux est par essence spontané. L’amour sur commande n’est pas de l’amour mais une obligation d’attentions privilégiées envers une personne. On s’y conforme sans ressentir le moindre élan envers elle et on peut s’en faire le reproche, ce qui contribue à entrer dans une spirale de culpabilisation. Ou, au contraire, on ne s’y conforme pas et on se reproche aussi sa déficience et son incapacité d’être à la hauteur exigée.

N’est-ce pas un problème posé par la religion chrétienne elle-même dont la loi fondamentale tient dans cette injonction « Tu aimeras ton prochain comme toi-même !  » ? N’est-on pas confronté à l’injonction paradoxale dénoncée par Bateson et Watzlawick, source de culpabilité certaine pour celui à qui elle est adressée ? Aimer implique d’abord un choix, une élection, une prédilection, qui, par voie de conséquence, entraîne qu’on écarte ce qu’on ne choisit pas. Aimer tout le monde, n’est-ce pas n’aimer personne ? 

On retrouve ce même paradoxe dans la « Bienvenue » souhaitée à tous à l’entrée d’un supermarché : si tout le monde est « bienvenu », c’est qu’en fait personne ne l’est. Car, là aussi, un souhait de bienvenue implique par essence qu’on le réserve à certains et le refuse à d’autres.

De là à penser que la loi fondamentale de la religion chrétienne est fondée sur un paradoxe susceptible de culpabiliser obligatoirement ses fidèles, il n’y a qu’un pas. Mais ce n’est pas nouveau que de constater que la culpabilité est un instrument efficace de gouvernement des hommes. Elle les mine intérieurement, les fragilise, les déstabilise, les rend réceptifs à toute promesse qui les délivrera de ce remords intérieur ravageur.

L’indignation, un sentiment aussi spontané qui ne se commande pas

L’indignation n’obéit-il pas aux mêmes règles de fonctionnement ?

1- La double contrainte dans la relation interpersonnelle à fort investissement affectif

La spontanéité caractérise aussi l’indignation : des actes, des situations suscitent sans prévenir un mouvement de rejet chez l’intéressé comme une nausée soudaine, qui peut s’exprimer sur différents modes, de la colère la plus froide aux éclats les plus violents. Mais en aucun cas, l’indignation ne peut se manifester sur commande. Ou alors cette réaction n’est que simulée pour obéir à l’injonction donnée. On fait des efforts pour juger intolérables les actes ou les situations désignées comme telles, mais qu’on supportait très bien jusqu’ici. Le « patient » est confronté au même dilemme décrit plus haut quand la spontanéité est prescrite :

- ou bien il ne trouve pas matière à s’indigner et culpabilise de ne pas réagir comme il faut à l’ordre donné ;

- ou bien il s’indigne, mais conscient de simuler, il se sent coupable aussi de se conduire devant l’autorité en simulateur et dissimulateur.

2- La double contrainte dans la relation publique et médiatique sans investissement affectif

Est-ce l’ambivalence de la double contrainte exprimée par l’injonction « Indignez-vous » qui a contribué au succès du livre de Stéphane Hessel ? Car le contexte public et médiatique où elle est ici formulée, différe du contexte privé où elle sévit le plus souvent : dans celui-ci, au sein de la famille, de l’entreprise, d’une religion ou même d’un parti, les relations connaissent un intense investissement affectif et la victime sous contrôle permanent n’a aucun moyen d’ échapper à la sanction dans les deux cas de figure, qu’elle se soumette ou non à l’injonction de spontanéité.

L’injonction de Stéphane Hessel, au contraire, n’implique aucune relation affective intense entre lui et ses clients potentiels, quelque autorité morale qu’il puisse exercer en raison de son histoire personnelle. Qu’ils lui obéissent ou non, n’a aucune importance ! Ils ne sont pas dans un face-à-face comme mari et femme, parents et enfants, patron et employé, qui sanctionne quotidiennement l’impossible observation de l’injonction paradoxale.

Au contraire, feindre d’obéir en commençant par acheter son livre peut avoir deux effets gratifiants : 1- se donner bonne conscience à peu de frais, comme avec tout leurre d’appel humanitaire puisqu’en ne s’indignant pas, on ne peut se faire reprocher sa simulation et sa dissimulation par quiconque ; et, mieux encore, 2- se valoriser aux yeux des autres puisque, sous leur pression, on se conforme à l’opinion du groupe qui approuve cette injonction d’indignation d’autant mieux qu’elle n’engage à rien.

N’est-ce pas ce recours au mécanisme pervers enclenché par la double contrainte qui devrait alors susciter l’indignation ? Dans une relation affective interpersonnelle, elle est génératrice de culpabilité et de troubles psychologiques puisqu’on ne peut s’y soumettre. Et lancée à la cantonade en public, elle incite les individus à l’hypocrisie collective. On se gardera toutefois soi-même de tomber dans ce travers et de formuler la moindre injonction : ce serait une nouvelle « double contrainte ». À chacun de s’indigner ou non s’il le juge bon, mais en sachant que dans l’un et l’autre cas on prend ses responsabilités ! Paul Villach

 

(1) Paul Watzlawick, J. Helmick Beavin, Don D. Jackson, « Une logique de la communication  », Éditions du Seuil, 1972.



41 réactions


  • jako jako 7 janvier 2011 11:04

    Bonjour Paul, après avoir lu cette lettre en forme de cri, l’injonction « indignez vous » qui figure sur la couverture m’apparait comme « revoltez vous », m’ais c’est dit en termes diplomatiques.
    En attendant, bien que le contenu ne soit pas traité dans votre article, je note qu’il reçoit une volée de bois vert sur toutes les radios et m^^eme de la part de gens de « gauche » ce qui note qu’il a posé exactement le doigt là ou cela fait mal


  • biendeschoses 7 janvier 2011 11:23

    M. Villach semble confondre un appel et un ordre.

    Il faudrait lui expliquer, mais comprendrait-il ?

    Comprenez, M. Villach.


  • Epiménide 7 janvier 2011 11:24

    La logique mène à tout. On s’en doutait depuis Alphonse Allais ; on en a maintenant le preuve. Paul Villach, vous êtes l’Abélard du troisième millénaire (mais je vous souhaite de vivre aussi intègre que longuement...).

    Faites preuve de bon sens !

    Epiménide le Crétois


  • dogon dogon 7 janvier 2011 11:58

    Ces dichotomies sont un classique de la langue française.
    J’ai eu un excellent professeur de français qui nous avait expliqué pourquoi, au-delà des raisons politiques, la langue française restait la langue diplomatique.
    Notre dictionnaire, le plus riche du monde avec plus de 800.000 mots (dixit cette personne) était aussi le plus précis du monde. Un exemple. Quand nous partions le vendredi soir, il ne nous disait pas « bon weekend » mais un autre mot que j’ai (mea culpa) totalement oublié et qui signifie la même chose en plus précis puisqu’il indique clairement que cette fin de semaine part du vendredi soir et dure jusqu’au lundi matin.
    Humoriste par essence, il nous disait que cette précision vocabulistique se matînait d’une grammaire et d’une syntaxe allégoriques qui permettaient de faire dire à une expression, une phrase, ... le contraire des mots utilisés. Son meilleur exemple restant, à mes yeux « C’est terrible » pour dire « c’est génial ou super ou extraordinaire. »
    Si j’ose traduire le titre de Monsieur Stéphane Hessel dans son phrasé, nul doute qu’il eu dit : « Restez capable d’indignation ».


  • Alpo47 Alpo47 7 janvier 2011 12:02

    Superbe analyse des effets de la « double contrainte ». Rappelons nous le très connu : « Il est interdit d’interdire ». Exprimé plus prosaïquement : « quoi que je fasse, je suis marron  ».

    Je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce petit fascicule de S.Hessel ait déjà été vendu à 500.000 exemplaires, donc 1,3 millions de lecteurs. Il a d’ailleurs été souvent offert comme cadeau de Noel. Cela signifie, selon moi, que son analyse de l’Etat de la société est très largement partagée.
     En fait, nous sommes très nombreux. Il faut le savoir.


  • Nanar M Nanar M 7 janvier 2011 12:20

    On nous serine à longueur de média des messages du genre fermez vos gueules, aplatissez vous, on décide pour vous, il n’y a pas d’autre choix.....
    Indignez-vous est un message salutaire !


  • Castor 7 janvier 2011 12:23

    Putain de boite à outils...

    Une fois qu’on a mis la main dedans, on ne s’arrête plus et on tente toutes les réparations, même les plus inutiles.
    Les leurres, les paradoxes et autres mises en abyme sont de sortie et bien malin qui pourra prévoir quand l’auteur s’arrêtera de nous éclairer en plein soleil.

    • biendeschoses 7 janvier 2011 12:36

      M. Villach a une boîte à outils bien garnie et bien rangée.

      Hélas, il prend une clé à molette pour bâtir un mur et un fil à plomb pour déboucher un évier.


    • Vipère Vipère 7 janvier 2011 16:27

      Bonjour à tous et à Amaury Watremez,


      Iconoclaste décomplexée, c’est sans réserve que j’ai approuvé votre article, (le wifi défectueux de l’hôtel n’a pas permis l’édition de ma réponse), de même que celui de Paul Willach, en ce qui concerne les écrits de Séphane HESSEL.

      L’indignation et les réactions qui relèvent de l’affect, ne se décrètent pas et diffèrent selon les individus et les valeurs qui les ont façonnés.

      A-t’-on attendu les injonctions de Stéphane HESSEL pour s’indigner ? Non !!! Les manifestations de millions de personnes, dans la rue, durant des semaines, témoignent du contraire.

      En ces temps de crise, les causes d’indignation ne manquent pas, humanitaires, politiques, idéologiques, économiques, quelqu’un a-t-il entendu Stéphane HESSEL s’indigner de quoi que ce soit ?

      Monsieur HESSEL, après une longue carrière dans la diplomatie, 50 ans !!! qui l’a tenu éloigné de la politique et de ses réalités ne s’est-il pas au seuil de sa vie découvert une vocation de révolutionnaire, de salon ?
       
      Et qui rapporte gros. 1.500 000 Euros !!!

      Indignez-vous ! Il encaisse.

      De quoi indigner ceux qui peinent à joindre les deux bouts !!!














    • Epiménide 7 janvier 2011 13:30

      Belle et juste indignation. Contrainte simple ou contrainte double ?


  • Roche 7 janvier 2011 13:33

    Tiens une indignation de taille ...

    Pas un mot sur les émeutes du magrheb curieux quand même ! la Tnisie et l’Algérie vivent un tournant historique de leur existence et en Europe Motus... lorsque c’est pour stigmatiser le pire on a droit a une déferlante de billets, mais là rien, rien, rien...

    D’autant qu’au moment du déclenchement de ces émeutes qui ont encore pris de l’ampleur aujourd’hui, Sarko royal dsk et bien d’autres nantis passaient d’agréables vacances au Maroc... mais regardez la haut, peut être que la contagion viendra du bas sans que personne ne s’aperçoive de rien ... les informations circulent via les réseaux sociaux comme facebook, et les internautes de l’autre coté se sont rassemblés sur tous le net afin de faire circuler tout ce qui se passe... A notre bon JT de 20h que papa et maman nous avaient gentiment appris a regarder sans broncher, pas un pet à se sujet, nada ... donc attentons que l’Islade bouge et à suivre hein ...


  • COVADONGA722 COVADONGA722 7 janvier 2011 13:53

    yep un autre pour d’autres motifs nous avait dit ’ n’ayez pas peur« pourtant bien que ne professant pas sa foi je n’avais pas entendu une injonction mais bien une proposition
    à plus de sérenité .Preuve s’il en est qu’aprés avoir subit les laius des collegues de notre auteur durant ma bréve scolarité qui à son instar m’intimaient »pensez ça !« je suis encore capable non de lui enjoindre mais de lui suggerer » fermez la !".Je ne doute guere qu’il saura à l’inverse de sa leuresque introduction faire le distingo ;


  • Alpaco 7 janvier 2011 13:54

    « Aimer tout le monde, n’est-ce pas n’aimer personne ? »
    P.Villach, tomberiez-vous dans le piège idéologique qui sous-tend un aspect de la notion politique gauche/droite : l’interêt général (de tous) n’est-il en fait que l’interêt de personne ? (Ainsi priviligier l’interêt individuel donnerait une chance à tous ceux qui en font l’effort)
    Dans le supermarché comme dans toute officine à but commercial, tu es le bienvenu quand tu viens pour acheter et malvenu quand tu viens pour voler.

    Mais d’où viennent les sentiments ?
    Sont-ils la manifestation d’un comportement inné, ou d’un ensemble fait de nos valeurs et de notre experience ?

    Il existe un troisième choix face à une injonction, ou plutôt une approche alternative face à un choix binaire qui consiste à ne pas tomber dans la réaction à l’émotion face à la pression de la culpabilité, tant aimée des journalistes, mais à réagir avec raison. C’est à dire de prendre du recul et essayer de comprendre le fond du problème posé. Certes réflechir et juger à charge et à décharge n’est pas d’actualité, d’autant que ne pas suivre le comportement majoritaire pourrait faire culpabiliser les intello-traitres.


    • Paul Villach Paul Villach 7 janvier 2011 14:25

      @ Alpaco

      P.Villach, tomberiez-vous dans le piège idéologique qui sous-tend un aspect de la notion politique gauche/droite : l’interêt général (de tous) n’est-il en fait que l’interêt de personne ? (Ainsi priviligier l’interêt individuel donnerait une chance à tous ceux qui en font l’effort)

      Merci de me permettre de préciser ma pensée.
      - L’amour, tel que je l’entends dans ce contexte, est la relation entre deux personnes ou plusieurs personnes dans le cadre familial.

      - L’intérêt général relève d’une définition obtenue par une analyse politique rationnelle d’une situation qui par exemple conduit à l’expropriation d’un terrain privé pour y faire passer le TGV, moyen de transport d’intérêt général.

      Je ne fais donc pas de confusion entre un sentiment privé et un choix collectif : ils ne procèdent pas des mêmes instances. Paul Villach


    • Alpaco 7 janvier 2011 18:37

      L’amour serait un sentiment « privé » ? Mais dans ce cas : hors de question d’aimer son prochain ? (Jesus se serait trompé en parlant d’amour extra-familial)

      « Je ne fais donc pas de confusion entre un sentiment privé et un choix collectif » ;
      Il s’agit de ne pas faire de confusion entre la réaction/le jugement de la raison et de la passion. Vius ne pouvez pas opposer le sentiment passionnel au choix raisonnable, qu’ils soient privés ou publics.


    • Paul Villach Paul Villach 7 janvier 2011 18:58

      @ Alpaco

      « amour serait un sentiment »privé«  ? Mais dans ce cas : hors de question d’aimer son prochain ? » écrivez-vous.

      Il semble qu’on applique le mot « amour » à deux sentiments très différents, non ?
      Certains usent même d’un troisième sens : l’amour de la danse, par exemple... Paul Villach


  • Deneb Deneb 7 janvier 2011 14:04

    Toujours pas de PDF sur la toile. S’il est tellement bien, pourquoi personne ne prend la peine de le scanner et publier ?

    On appelle le peuple à se révolter, mais on vend l’idée à 3 balles. Un peu risible. Une révolution à cotisation, fallait trouver !


    • jacques jacques 7 janvier 2011 16:58

      je l’ai trouvé en moins d’une minute :
      http://www.millebabords.org/IMG/pdf/INDIGNEZ_VOUS.pdf

      « Le problème en informatique se situe souvent entre le clavier et la chaise ».
      Elle est facile je sais , je sors .Bonne année à tous.
      Autrement le fascicule est très bien à lire.


    • Deneb Deneb 7 janvier 2011 18:17

      Merci, quel bonheur ! Chapeau aussi pour la performance dans la recherche, je reconnais que je n’y ai pas mis assez du jus de cerveau. Allez, je le lis, comme ça je pourrai finalement regretter tout ce que j’ai dit de méchant la dessus.


  • bakounine 7 janvier 2011 14:28

    Deneb vous etes vraiment si con que ca ou c’est de l’humour ??

    2 phrases deux conneries ca fait beaucoup quand même, à moins que soyez un cumular lol !!


    • Deneb Deneb 7 janvier 2011 16:54

      bakounine ; moi je cherhe à confronter mes idées, vous preferez insulter les personnes. Le jour où vous serez capable de m’opposer des arguments, on pourra peut-être s’enrichir mutuellement . En attendant, non, je suis serieux. Si vous trouvez que de militer pour l’accès libre à la culture pour tout le monde est idiot, libre à vous.


  • Diogene86 Diogene86 7 janvier 2011 18:26

    comment peut on être à côté de la plaque à ce point ?
    votre bouillie a chats est indigeste, mon cher confrère, et, n’en déplaise aux cireurs de pompes locaux, ne fait pas honneurs à vos professeurs......... quant a vos élèves, je les plains de tout coeur.
    les précieuses ridicules, vous connaissez ?
    relisez, c’est urgent !


  • pastori 7 janvier 2011 18:43

    chaque fois que 80% d’entre nous ici sur AV tempêtons contre nos chers gouvernants, râlons, invitons les uns et les autres à réagir, à résister, à les virer.....nous faisons exactement ce qu’a fait Hessel.


    et personne n’engage une analyse psychologique pour savoir si c’est légitime, si on doit se révolter sur commande ou pas, si Hessel es t qualifié ou a la légitimité pour le dire....si le cheveu peut être coupé en deux, en quatre...

    qu’importe qui le dit et comment il le dit, si c’est vrai que ce régime est pourri et qu’il faut le changer !

    mais pendant qu’on dissèque l’indignation, comme dit justement VLANE, on évite soigneusement de débattre et d’insister sur les motifs de l’indignation.

    ce qui créent le buzz dans ce sens ont leurs bonnes raisons ! seuls les sots s’ y laissent prendre.



  • bluerage 7 janvier 2011 21:11

    oui indignons nous !

    la guerre c’est moche, je suis contre !!

    la faim dans le monde c’est horrible, beurk !!!

    les politiciens nous traitent comme des chiens !!!

    la violence c’est dégueu !

    voilà, c’est fait, et pour changer le monde que nous propose Monsieur Hessel, de voter PS !!!

    C’est une blague un peu grosse quand même de nous proposer en sous marin de voter Aubry, comme si nous devions voter pour la peste ou le cholera...


  • moebius 7 janvier 2011 21:39

     Ce qui me surprend c’est le succés en librairie de ce livret ? Pour moi c’est absolument incompréhensible....Suis je naif à ce point ?
     Non ! Ce succés s’explique facilement car il vient a point au moment de ces fétes empreinte de religiosite hivernale et familliale. Ce livret est le cadeau idéal qui vous dispense de choisir entre la couleur d’une cravatte, autres babioles symboliques....et en plus il n’est pas chére. Ce cadeau est suffisamment humaniste et universaliste pour eviter de vous facher ouvertement avec votre beau frére qui vous promettra, des larmes dans les yeux , un verre de champagne à la main et qui s’apprete à vous vomir dessus, de lire l’intégralite de votre inestimable présent tandis que les gosses brailles dans les papiers dorés d’emballage froissé au pied d’un arbre qui clignote.Ce cadeaux vous a permit de et de digérer tranquillement votre foi gras dans la paix des familles. Ce qui est somme toute appréciable


  • moebius 7 janvier 2011 21:46

    Quand a savoir si on peut s’indigner ou aimer sur commande...j’avais commandé ce livret à la Fnac et a cause de la neige j’’ai pas pu etre livré pile le 24 décembre et donc je mes suis donc rabattu sur une cravatte... et bon mon beauf m’a fait la gueule et j’ai fait fait une indigestion. ..mais lui aussi


  • Loatse Loatse 7 janvier 2011 22:20

    Excellente analyse, Paul.. merci

    Je vous remercie, car vous m’otez une sacrée épine du pied sans le savoir...

    L’injonction nous prive de l’initiative, de toute spontanéité. Elle engendre souvent un sentiment de malaise, celui qu’on éprouve quand on sent que l’on veut nous priver de notre libre arbitre..

    Souvent effectivement, il s’agit d’un chantage aux sentiments.. Cela va du malade qui exige que vous priez pour son rétablissement qui plus est selon des rites qui lui sont propre. Qu’importe si cela heurte votre conscience..( Ne pas le faire et braver la réprobation générale ? Porter à soi tout seul la responsabilité d’une hypothétique non rémission ?)...

    ...A l’injonction de Monsieur Heissel dont je lis en filigrane qu’il pense que ses compatriotes sont dépourvus de coeur, d’humanité.. Ce faisant, il s’érige déjà en juge, en censeur, en dictateur de la pensée...

    Toute injonction porte en elle son pesant de chantage et de culpabilité, toute injonction est une forme de violence..


  • pastori 7 janvier 2011 22:29

    !


    à l’injonction des nantis : « crevez tous, » on obéit pourtant sans rechigne !

    alors loaste, surtout gardez tout, ne changez rien. la vie est belle.

  • Loatse Loatse 7 janvier 2011 23:01

    On n’obéit pas pastori, on subit... jusqu’au point de rupture/. Certains résistent, à leur façon, gouttes d’eau dans la mer.


  • vinvin 7 janvier 2011 23:57

    PARDON ?



    PEUT-ON S’ INDIGNER OU AIMER SUR COMMANDE ?

    Et comme vous le dite dans votre article L’ AMOUR tout comme L’ INDIGNATION sont des sentiments qui ne se commandent pas !

    Moi qui suis d’ un tempérament rebelle, ( et meme les qui sont différents de moi,) on ne peut pas aimer tout le monde comme voudrait nous l’ imposer la pensée unique mondialiste.

    Déjà moi qui est l’ esprit très rebelle, je n’ aime pas tout le monde, et aucun homme aucune guerre, aucune loi, m’ obligera a aimer les « quignons » qui foutent le feu au voitures au containers a poubelles, aux bien publics et privés, et colorient nos murs.

    Un autre exemple : ma mère étant invalide il y a une société qui est venues pensant un temps pour ses soins ( toilettes, changer ses souches, etc...) c’ était une société qui devaient être pris en charge par le conseil général vu que mes parents n’ ont pas beaucoup d’ argent, mais l’ enculé de directeur est venu lui meme en personne ce Vendredi 7 Janvier pour harceler mon père pour lui faire pailler la somme de 1000 euros et des brouettes.

    Mon père et ce type ce sont un pris de gueule, alors que je me trouvais dans la cuisine chez mes parents, je ne suis pas intervenus, (malgré que mon poing me démangé,...) lorsque le type de l’ entreprise est sortie par porte de la salle de séjour, moi je suis sortie en meme temps par les coulisses, ( pardon, je voulais dire la cuisine,) et je l’ ai attrapé a l’ extérieur.

    Je lui est dit que mon père avait 98 ans, diabétique et avec la carotide a moitié bouché, et qu’ il ne devait pas venir faire chier mon père.

    OUI, cet espèce d’ enculé qui hurlait devant mon père, meme s’ il n’ a pas été très gracieux avec mois, il ne c’ est pas permis de crier devant moi. Pourquoi ?
    Et bien c’ est tout simple, (je ne sais pas si ce fils de pute arrivait a lire dans mes pensées,) mais je me trouvais en débardeur, et comme je pèse 102 kilos, il du penser qu’ il risquait de se prendre un « uppercut » dans la tronche !

    D’ ailleurs il bien fait de baisser le ton, car j’ était près de l’ emplafonner ! 

    Et il existe des gens comme ça que je ne peut pas « pifrés », et cela on ne peut rien faire contre.

    Cet enculé viens faire chier mon père. ( Vous ne ne voulez quand-meme pas que je le suce non-plus ?...)

    Idem avec la justice et la loi : La salope qui a eue une amende de 22 euros pour conduite en « BURKA » il y a eu non lieu.

    Et moi moi lorsque j’ avais dit au flics qui m’ avaient barété que je conduisais mieux lorsque j’ étais « pété », il n’ y a pas eu de non lieu !

    Alors j’ ai depuis vendu ma voiture, mais si je l’ avait toujours eue, lorsque j’ ai appris qu’ il y avait eu non lieu pour l’ amende de 22 euros de l’ autre « tache » j’ aurais repris ma voiture, et j’ aurais conduit sans permis, ( comme le font 7,5% des français ).

    Mais j’ ai des tas d’ exemples que je pourrais vous cités, ( un livre ne suffirait pas, ) mais bon, c’ est comme ça, mais étant très rebelle il y a de nombreuses choses que je n’ accepte pas.


    A méditer !......



    VINVIN. 

  • docdory docdory 8 janvier 2011 00:00

    Cher Paul Villach

    Je n’ai pas lu le livre de Stephane Hessel, mais , en plus de l’injonction paradoxale que vous analysez avec précision, j’y vois aussi un sous entendu très égocentrique : en effet, en principe , lorsque l’on s’indigne, on s’indigne contre quelque chose .
    Or, chaque individu sur Terre à sa propre vision du monde , et des milliers , voire des millions de choses sur lesquelles il a une opinion positive, négative ou neutre, opinions qui lui sont dictées par l’éducation, par l’expérience personnelle, par ses goûts et dégoûts, etc ...
    Il est donc clair que chaque individu sur Terre va avoir ses propres sujets d’indignation, lesquels n’auront pas forcément quoi que ce soit à voir avec ceux de Stéphane Hessel.
    Or , il est hautement probable que Stéphane Hessel, dans son livre,bien que je ne l’ai pas lu, n’appelle pas à l’indignation pour l’indignation, mais à l’indignation contre un certain nombre de faits contre lesquels lui, Stéphane Hessel, voudrait que tout un chacun s’indignât !
    Reste à déterminer pourquoi les sujets d’indignation favoris de Stéphane Hessel seraient plus dignes d’intérêt et de considération que les sujets d’indignation de Mr Tartenpion , résidant au 5 ème étage, deuxième porte à gauche, d’un HLM de la banlieue de Perpignan...

    • ZEN ZEN 8 janvier 2011 19:09

      cher doc
      Oui, tu n’as pas lu l’opuscule, plutôt le manifeste, de S.H., ça se voit
      Son objet d’indignation est très précisément ciblé
      Bonne lecture !


    • Francis, agnotologue JL 9 janvier 2011 10:02

      @ docdoy et zen, je navais pa lu ce com quand j’ai posté le mien ci-dessous.

      De fait, j’ai entendu SH dire : indignez vous contre ce que vous voulez, mais indignez vous !« 

      Et quand je vois comment les médias ont repris en choeur ce refrain, je persiste et signe :

      c’est un slogan en or pour Big Bother qui qui encourage ses petits frères à faire le »travail« à sa place ! J’entends par là parce que dans ce slogan j’entends : » Indignez vous les uns contre les autres !« 

      Big Brother ne peut être partout, même avec des millions de caméras et d’espions, mais si tout le monde espionne tout le monde, et que Big Brother nous dit : »dénoncez qui vous voulez, ce que vous voulez mais dénoncez !" , voilà qui aurait de la gueule ! DE fait, avec esse bouc, les mobiles espion, et Google, tout est en place.


  • docdory docdory 8 janvier 2011 00:34

    Cher Paul Villach

    Grâce au lien fourni ci-dessus par Jacques, j’ai pu prendre connaissance de l’opuscule de Stéphane Hessel dont on fait tout un battage médiatique ces jours-ci. J’ai du mal à croire qu’il se soit vendu 500 000 exemplaires de cette brochure minuscule. Je trouve ça assez sidérant...
    A la lecture très rapide de ces quelques pages , je tire deux motifs d’indignation .
    Apparemment , Stéphane Hessel serait le co-auteur de la déclaration dite « universelle » des droits de l’homme de 1948.
    Mon premier sujet d’indignation sera que des gens aient cru bon de prétendre faire mieux que la déclaration de 1789 , qui est l’une des plus hautes créations de l’esprit humain. Tel n’est malheureusement pas le cas de la déclaration « universelle » de 1948, dont les lourdeurs et les ambiguïtés sont telles qu’elles en parviennent parfois à nuire aux droits de l’homme que cette déclaration est censée promouvoir.
    Il est clair que, à lire successivement ces deux textes, c’est celui de 1789 qui est de loin le meilleur et le plus universel. Pourquoi en avoir fait un autre, et dans quel but ?
    Mon deuxième motif d’indignation est la façon plus que tendancieuse qu’a Stéphane Hessel de présenter la situation de la bande de Gaza , en exonérant candidement le Hamas de toute responsabilité dans cette situation ! Une véritable défense et illustration de ce parti d’islamofascistes ...

  • Pierre Régnier Pierre Régnier 8 janvier 2011 02:46

    Un autre type d’indignation... heu... pas très partagée.

    J’étais ce 7 janvier sur le parvis de Notre Dame pour soutenir les coptes et les autres chrétiens d’Orient. J’ai eu le plaisir d’y rencontrer des amis de Résistance Républicaine.

    Dans des conversations avec quelques catholiques présents, j’ai dit combien je suis scandalisé par la très officielle et très hypocrite position de l’église catholique actuelle, exprimée dans son nouveau catéchisme :

    les appels à massacrer contenus dans l’Ancien Testament disent le « véritable désir de Dieu » qu’il faut savoir « bien interpréter ».

    Comme d’habitude j’ai constaté l’ignorance ou le déni de mes interlocuteurs sur la position de leur église.

    Je souhaite que 2011 soit l’année durant laquelle les catholiques exigeront un clair rejet de l’épouvantable croyance réanimée par Benoît XVI.


  • Francis, agnotologue JL 8 janvier 2011 11:06

    Bonne réflexion à contre pensée unique.

    Hier soir Luc Ferry invité entre autres du Grand journal diait fort justement que l’indigantion c’est un sentiment qu’on éprouve contre la faute de l’autre.

    Si bien que l’injonction « indignez vous » signifie : « indignez vous contre les fautes des autres ». Un slogan en or pour Big brother qui encourage ses petits frères à faire le « travail » à sa place.


  • herbe herbe 8 janvier 2011 17:03

    Oui, sur un autre fil j’avais amorcé le même type de réflexion.

    En fait il y aura un dialogue de sourds entre ceux qui ne s’aperçoivent pas de l’injonction, puisque on prêche quasiment des convaincus (enfoncer des portes ouvertes) et ceux qui sont comme un certain iconoclaste anar ronchon ( smiley) refusent (surement à juste titre) de se plier à quelque injonction que ce soit ...

    Mon sentiment perso est que comme à une certaine époque il était rassurant de pouvoir « se compter » pour ensuite se dresser face à une coercition caractérisée, il est tout aussi rassurant de pouvoir aussi constater une certaine résistance fût-elle hésitante (un peu maladroite ?) face à une nouvelle forme de coercition subtile rusée et implacable ...


    • Francis, agnotologue JL 8 janvier 2011 19:00

      Bonsoir herbe,

      et des iconoclastes anars ronchons qui refusent de se plier, il y en a beaucoup par ici ?

       smiley


    • herbe herbe 9 janvier 2011 14:50

      Bonjour JL !

      c’est un peu tardif ma (non) réponse mais je pense avoir l’occasion d’y revenir sur un autre fil.

      juste pour dire que ici comme ailleurs beaucoup d’égos s’opposent, se disputent ...

      Alors que tout simplement il faut changer ... :

      http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/changer-tout-simplement-39887

      Je reposterai ce lien à l’occasion ...

      Beaucoup de choses ont déjà été analysées, pensées (rien de nouveau sous le soleil), il suffira donc de tenter la pédagogie de la répétition


  • Dolores 9 janvier 2011 19:37

    @ l’auteur

    Quel texte alambiqué pour analyser le titre d’un ouvrage !

    N’importe qui peut comprendre que ce titre est un conseil, un appel, à une société qui ne s’indigne plus pour grand chose alors qu’il y a bien des raisons de s’indigner et où les idéaux disparaissent chaque jour remplacés par l’égoïsme et la consommation.

    Votre article se veut critique et objectif, cependant vous ne parlez en aucun cas du contenu de l’ouvrage où je vois une invitation à agir contre les injustices et les régressions plutôt que de se tordre les méninges pour découvrir dans un titre autre chose que ce qu’il est.

    Vous devriez plutôt être interpellé par le fait qu’un homme de 93 ans ait encore des sujets d’indignation en vivant dans le monde d’aujourdhui et le voir se préoccuper encore d’un avenir qui ne semble pas radieux pour l’ensemble du peuple français.

    Votre préoccupation pour la simple ou la double contrainte paraît bien futile en regard des indignations qui pourraient être les vôtres.

    En jugeant seulement le titre (sans l’avoir, semble-il, bien compris !) n’usez-vous pas vous même la double contrainte en essayant d’imposer votre propre vision et en détournant l’attention de ce qui est important, du texte.

     


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